[Flashback] Dans les serres de l'aigle [Pv Aslinn]

Je me souvenais souvent du passé ces temps-ci, sur un balcon les cheveux dansant au rythme du vent, je me souvenais de l'époque où j'étais encore soldat... Pas sous les ordres de Lucia et Alwine non... Bien plus loin quand j'étais encore un simple gamin engagé et commando... Je me demande... Pourquoi je me suis mis à me souvenir de ce qui m'a en partie motivé à réaliser mes objectifs... Hmpf je me fais vieux... J'attrapais un verre non loin et buvais quelques gorgée.


<< Flashback, Bunker de la Blitzness, 10:00Am, il y a près de 10 ans >>




A cette époque je n'avais encore que la vingtaine et j'étais un commando depuis peu. On m'avait assigné une mission, que je ne pouvais pas refuser, le dossier était classé SS, en gros le simple fait d'en parler pouvait ma valoir qu'on me fasse taire de gré mais surtout de force. Cela consistait à surveiller une cellule de la prison, une cellule de haute-sécurité qui plus est. Je soupirais longuement, c'était un boulot pour Cifer et Grimslade ça... Pas pour un commando, mais bon maintenant je n'avais plus le choix. Je me dirigeais vers le bunker non sans trouver ça pour le moins... Chiant.

J'entrais dans les niveaux les plus bas où il y avait à peine assez de lumière pour être sûr qu'on allait pas se manger un mur dans le nez... Au final, rien n'aurait pu me préparer à ce que j'allais voir dans cette fameuse cellule de haute-sécurité. Alors que je me retrouvais en poste devant, j'y voyais un gamin, sans doute même pas encore majeur et dans un état... Déplorable disons-le. Mon regard se portait sur le soldat à côté de moi, celui que je remplaçais, et lui demandais ce qu'il se passait avec ce gamin. Il ne savait pas, tout ce qu'il savait c'est que les scientifiques venaient régulièrement le prendre. Le reste, n'était pas à savoir.

Une fois l'homme disparu dans la noirceur des couloirs, je soupirais et prenais une trousse de soin avant d'ouvrir la première porte qui se refermait derrière moi avant que la seconde ne s'ouvre, comme une putain de banque. J'approchais du gamin qui n'avait pas l'air dans son assiette. Le regardant fixement avec mon regard violacé de haut-en bas, en quoi étions nous différent de ce taré de docteur K si on faisait des trucs pareils à un gamin ? Foutus scientifiques... Cela dit, il était comme une bête acculée, rien ne me disais qu'il n'allait pas me sauter à la gorge. Je me décidais à lui dire :

«  Hey gamin, sors de ta torpeur, j'ai apporté de quoi faire les premiers-soins. Qu'est-ce qu'un gamin comme toi à pu faire pour se retrouver dans un cellule de ce genre sérieusement ? »

Je posais et ouvrais la trousse de soin, commençant par sortir du coton et du désinfectant que je plaçais au bout d'une longue pince qui ressemblait à une longue pince d'épilation, et je l'approchais doucement de certains de ses blessures, les désinfectant, il n'allait sans doute pas aimer, mais c'était mieux comme ça.

«  Bouges pas pendant que je soigne ça, si tu tentes quoi que ce soit, je t'assomme. Ah ouais d'ailleurs, je suis ton nouveau ' gardien', Tu peux m’appeler Yuuri. Allez fais pas la tête de mule et montres moi tes blessures, je suis pas un taré en blouse blanche nan ? Regardes, je suis tout de rouge vêtu. »

Je me redressais attendant qu'il fasse quoi que ce soit. Il n'était visiblement pas attaché, sans doute n'était-il pas assez fort pour traverser les blindages, contrairement à un teremundo, ce qui me faisait me demander encore plus ce qu'il pouvait bien foutre là. Le haut-parleur résonnait alors dans la pièce ; un scientifique un peu hautain me demandait de ne pas traiter avec le sujet. Le sujet ? Hey c'était un gamin pas un sujet. Souriant en coin je lançais au scientifique :

«  Hey la blouse blanche, quand tu auras connu la mort et le feu du combat, on reparlera de ce qui est humain ou pas , d'ailleurs, depuis quand un petit scientifique lambda se permet de donner des ordres à un commando ? Je travaille à ma façon, si vous êtes pas content j'aviserai Velv' de ce que vous faite ici »

Je prenais des risques avec cette menace mais bon... Le scientifique abandonnait, quittant sa salle d'observation. Finalement toujours pas très sûr des réaction du gamin je lui lançais :

«  Je vais pas t'appeler gamin toute la journée tu sais, dis quelque chose, genre ton nom. »

Ca faisait beaucoup de questions sans connaître les réactions tout ça... Enfin j'aviserai, selon ce qu'il se passerai, après tout, c'était mon fort, de m'adapter, même si je me faisais mal à la situation là...

- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
- Roh bâillonnez le à la fin j'arrive pas à me concentrer ! Et resserrer les ceintures aussi il bouge trop !

Mes poings serrés, mon corps en sueur en suspend tant il était tendu sous la douleur, je hurlai... Hurlai à m'en arracher les cordes vocales ! J'essayais de me débattre, de me soustraire à cette souffrance sans non mais je ne pouvais rien faire... J'étais trop solidement attaché et chaque mouvement faisait douloureusement bouger les aiguilles plantées dans ma chair.
Les larmes roulaient sur mes joues imberbes alors que mes cheveux collaient à mon visage transpirant. Deux ans que durait cet enfer... Deux ans dont j'avais perdu toute notion. Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais enfermé ici à subir leurs expériences de tarés. J'avais 16 ans à peine. A vrai dire, si j'avais su quelle date nous étions, j'aurais pu vous dire que mon anniversaire était il y a deux jours.

- AAAAAAAAAAAAAAAAH !!!! HMMMMMMM !!!!! HMMMMMMMM !!!!

Le bâillon qu'on attacha autour de ma tête étouffa mon nouveau cri de douleur, plus déchirant encore que tous les autres. Ils allaient me tuer !!! Personne ne pouvait soutenir une telle chose ! Surtout pas un ado comme moi !
Les liens de cuire mordirent ma peau et me clouèrent sur la table de torture sur laquelle chaque jour je me voyais attaché et charcuté. Je sentis les métaux de leurs instruments fouiller en moi, écartant, plantant, étirant, découpant mes chairs, faisant couler mon sang.

Je ne savais pas ce qu'ils faisaient j'avais du mal à suivre leurs thermes mais je crois qu'ils vérifiaient si les gênes prenaient bien et pour se faire, ils devaient étudier sur mon corps. Un prélèvement était hors de question évidemment ! Il fallait des cellules vivantes et non découpées de moi...
BANDE DE CONNARS !!!!
Les heures passèrent, interminables, m'arrachant cris et larmes. Je ne savais pas comment je faisais pour "supporter" tout ça sans leur claquer entre les doigts, mais jamais mon cœur ne cessait de battre... Pourtant souvent, je l'aurais souhaité. J'aurais préféré crevé dans ce putain de labo et avoir la paix !
Peu à peu, l'agonie se faisant trop forte, trop atroce, je sombrai dans les ténèbres, tombant à moitié dans l'inconscience. Tout ça était trop pour mon corps il ne supportait plus. Il fuyait la réalité et se réfugiait dans les ténèbres.

- Allez ça va pour aujourd'hui. Vous pouvez le ramener !

Je rouvris faiblement mes yeux pour voir la grosse lampe au dessus de moi s'éteindre et sentir les liens se défaire autour de moi. J'aurais voulu sauter sur mes jambes et foutre une branlé à ses salopards, mais j'étais incapable de bouger. Mon corps était saisit de convulsions tant chaque nerf avait été mit à mal et se retrouvait à vif. J'entendis aussi claquer les gants des scientifiques, qui les retiraient pour les foutre à la poubelle.

- Ca vous dit une pizza ? s'éloignèrent leurs voix tandis que je me sentis empoigné pour être ramené jusqu'à ma "chambre de luxe"...

Ils me trainèrent dans les couloirs. Je n'étais plus qu'un pantin désarticulé... Têtes et membres ballants, je me laissai porter, puis poser sur mon lit dont les draps se tachèrent de sang dès que mon corps les rencontra.
Roulé en boule, tremblant, je les regardai s'éloigner et refermer la porte avec une lueur animal, presque sauvage dans mes yeux. Je les haïssais ! Je les haïssais tous !! AAAAH ! Bordel de merde ! Ce que j'avais mal !
Fébrilement, j'essayai de me pencher légèrement afin d'apercevoir ma plaie et de me rendre compte des dégâts du jour, mais en fis sauter une des agrafes qui la tenait fermée afin que je ne me vide pas de mon sang. Demain si ça se trouve ils les retireraient et retourneraient fouiller dedans...
En tout cas, ce fut le mouvement de trop. Je grognai en plaquant mes mains dessus et me rallongeai, en nage, violemment convulsionné. Je fermai mes yeux, essayant de dominer la souffrance, de maîtriser en vain la torture qui me lacérait le corps...

Mais je ne me concentrai pas longtemps.
Dès que j'entendis les lourdes portes s'ouvrir, mes paupières firent de même, vives, se rivant immédiatement sur l'intrus que je glaçai de mes iris d'un bleu polaire, ma respiration toujours courte et bruite...
Il me dévisagea de haut en bas et j'eus juste envie de lui demander de façon cinglante si il voulait ma photo mais encore une fois la souffrance me bloqua la parole. A la place, je serrai les dents et assombris mon regard assassin.
Il voulait quoi lui ?! Et c'était qui d'abord ?! On pouvait pas me foutre la paix 5 minutes nan ?!

- Hey gamin, sors de ta torpeur, j'ai apporté de quoi faire les premiers-soins.

Je gardai un regard diablement noir fixé sur lui. Je lui en foutrais moi de la torpeur !
Je ne pus réprimer un gémissement. Plus je m'énervais, plus je me contractais, plus j'avais mal. Cercle vicieux puisque plus j'avais mal, plus je m'énervais. Ouai, vie de merde...

- Qu'est-ce qu'un gamin comme toi à pu faire pour se retrouver dans un cellule de ce genre sérieusement ?

Je le laissai dans son délire à poser des questions qui n'auraient pas de réponse. Je savais même pas moi-même ce que j'avais fait pour me retrouver dans cette putain de situation alors qu'il me pose pas la question ! C'était lui l'alien qui venait de dehors !
Hagard, je suivis cela dit chacun de ses gestes sans en perdre une miette. Je devais ressembler à un animal sauvage acculé et près à mordre au moindre mouvement suspect de sa part. J'avais tellement mal que je ne parvenais pas à rester silencieux. Chacune de mes respiration était une torture à elle seule alors se transformait en un son plaintif et rageur à la fois. Je souffrais le martyrs...
Ma respiration se fit de plus en plus rapide à mesure que je vis sa pince et son coton s'approcher de moi et lorsque finalement le coton imbibé effleura une de mes plaies, je me mis à grogner à nouveau sous la douleur.

- Aaaaaah !!!

Je ne hurlai pas car la brûlure même si insupportable était bien moins pire à endurer que tout ce qu'on m'avait déjà fait. J'essayai néanmoins de m'y soustraire, tentant un mouvement pour dégager le bras de ce mec tandis que les larmes revinrent noyer mes yeux farouches et haineux .

- Bouges pas pendant que je soigne ça, si tu tentes quoi que ce soit, je t'assomme.

Essaie pour voir connard !

- Ah ouais d'ailleurs, je suis ton nouveau 'gardien', Tu peux m’appeler Yuuri.
"nan je préfère connard moi..."

Je voulus lui dire d'aller se faire foutre, méfiant, sur la réserve, mais mon corps me l'interdit tant il continuait de souffrir et de trembler, cherchant à respirer malgré la difficulté.

- Allez fais pas la tête de mule et montres moi tes blessures, je suis pas un taré en blouse blanche nan ? Regardes, je suis tout de rouge vêtu.

Incertain, je le regardai encore à travers mes larmes que je maudis. Je n'aimais pas être faible ! Mais j'étais encore jeune et pas encore l'homme que je serai dans quelques années qui aurait apprit à tout canaliser et à ne plus hurler sous leurs tortures. Je ne savais pas encore endurer parfaitement. J'étais encore vulnérable et brisable... Pas encore assez endurcit...
Il était pas en blouse blanche et alors ? Il était ici non ?! Il était mon "gardien" et donc chargé de s'assurer que je n'aille nulle part ! Il s'attendait à un merci ?!

Le haut-parleur se mit à grésiller alors que la caméra se tourna vers le lit, puis une voix trop familière se mit à parler. De ce que dit le scientifique je ne reteins que le mot "sujet" et grognai avec un regard meurtrier en sa direction, avec une furieuse envie de sauter sur le son de cette voix et l'arracher du mur, mais Yuuri me devança toute action de par ses mots.

- Hey la blouse blanche, quand tu auras connu la mort et le feu du combat, on reparlera de ce qui est humain ou pas , d'ailleurs, depuis quand un petit scientifique lambda se permet de donner des ordres à un commando ?

Un commando comme gardien ? Bah putain ils avaient des moyens à la B-corp ! Et lui du temps à perdre...
Aïe ! Bordel ! Une convulsion plus violente que les autres me secoua et fit péter une seconde agrafe. Entendre parler l'autre con dans son micro m'avait mit hors de moi, ce qui n'était pas bon vu mon état. Je me mis à glavioter du sang avec lequel je m'étouffai à moitié avant de tousser plus fort, le liquide rouge carmin quittant ma bouche pour couler le long de mon menton et de ma gorge, m'arrachant de nouvelles larmes.
Tout ça était un cauchemar... Je voulais me réveiller maintenant ! J'en pouvais plus !

- Je travaille à ma façon, si vous êtes pas content j'aviserai Velv' de ce que vous faite ici.

Velv ?

- Je vais pas t'appeler gamin toute la journée tu sais, dis quelque chose, genre ton nom.
- Aslinn... articulai-je avec peine avant de presser plus fort mes mains sur ma plaie, me pliant en deux. AAAH !

J'étais dans un très sale état, mais je profitais d'avoir un mec de dehors avec une gueule assez grande pour faire flipper deux secondes les scientifiques pour essayer de recueillir des infos.
Le blouseux avait du partir en courant prévenir ses supérieurs que le nouveau gardien traitait avec le cobaye malgré son avertissement...

- C'est qui Velv...? On est quand là ? Quelle année ? Hhhhh !

A nouveau je fus forcé de me taire et me remis à cracher du sang tandis que ma blessure se remit à saigner. Parler était dur pour moi et je recommençais à m'agiter, voulant à tout prix savoir ! J'avais des tonnes de questions avant que les autres abrutis ne débarquent pour reprendre à l'ordre Yuuri...

- Pourquoi... vous me soigner...?

Ca servait à rien du tout... Demain on reviendrait me chercher et tous les soins n'auraient servis à rien... Le soir venu je serai dans le même état que maintenant. Peut-être un peu moins pire, peut-être un peu plus...
Cela dépendrait de leurs nouvelles idées à me faire subir...

On pouvait dire qu'il avait du répondant et du mordant ce gamin, enfin pas étonnant vu son état, il était comme une bête sauvage apeurée et dans ses derniers retranchement. Enfin ça faisait longtemps que j'avais arrêté de compter le nombre d'hommes brisés que j'avais vu... Par la guerre... Ou par d'autres choses. Je le fixais en m'occupant des quelques blessures dont je pouvais m'occuper avec mon niveau de compétence. De toute façon, ils allaient sûrement faire pire ensuite.. ; Même s'ils allaient mettre de la réserve tant que je serais présent. Il me disait se nommer Aslinn...

- C'est qui Velv...? On est quand là ? Quelle année ? Hhhhh !

Avec cette blessure il n'allait rien faire... Je sortais le couteau qui était attaché à un holster sous forme de cuissarde et l'approchais d'une bougie non loin, plaçant le couteau au dessus, il était facile de savoir ce que j'allais faire. Même si savoir et endurer étaient deux choses différentes c'est un fait. Je regardais l'homme longuement, avant de soupirer doucement.

«  Velv' est mon capitaine. Nous sommes en 2002, tu ferais mieux de ne pas trop poser de questions. Plus tu en sauras, plus ton esprit s'évadera et plus le retour à la réalité sera dur. »

Je tournais le couteau pour chauffer à blanc le second coté. Il était vraiment dans un état pitoyable, c'était plus de la plomberie ou de la récupération que des soins, que j'allais pouvoir lui donner. Mais bon... Malgré tout, je me demandais bien ce qu'il faisait ici, s'il était un teremundo de telles blessures ne seraient pas aussi contraignantes pour lui... J'avais déjà entendu parler de choses louches avec la section scientifique depuis bien longtemps, rien que le docteur K était un bon exemple de ce que pouvait devenir un esprit de science... Mais de là à penser qu'ils iraient jusqu'à bafouer les droits humains.

- Pourquoi... vous me soigner...?

«  Et pourquoi pas ? On m'a donné deux bras et je les utilise tout deux pour te soigner, alors pourquoi s'en plaindre, hein ? Cela à part, dis moi. Tu as quelqu'un à qui tu tiens gamin ? Quelqu'un que tu aimes ou quelqu'un dont le souvenir t'est cher ? Alors penses-y bien fort et mords toi la lèvre inférieure.  »

J'approchais avec mon couteau chauffé a blanc et une gnôle que j'ouvrais. Je versais l'alcool de la gourde sur lui avant de l'essuyer pour ne pas lui mettre le feu tant qu'à faire... Puis posais le plat de la lame brûlante sur sa plaie la plus importe pour la cautériser par le feu. De toute façon entre une plaie et une brûlure le choix était vite fait... Il devais souffrir, j'avais pitié pour ce gamin dans u ncertain sens. Me redressant après mon travail de barbare, je posais le couteau sur une table non loin avant de sortir mon neuf millimètres que je pointais sur lui.

«  Je vais te poser une question moi aussi, réfléchis-y bien. Veux-tu mourir et faire cesser toutes ces souffrances, ou un spectre du passé te pousse à devoir vivre. Si tu n'as plus la volonté de survivre et de vivre, alors laisses moi t'aider à y mettre fin. »

Mon visage était froid... J'étais sérieux, s'il me le disait, j'allais appuyer sur la détente, pour le libérer. Les conséquences ne me faisaient pas peur... Puis c'était une façon de le tester. S'il était lâche, il continuerait de se faire détruire et reconstruire sans que jamais les scientifiques ne se lassent de ses souffrances et de ses pleures. Toujours avec le même regard et le même ton froid j'ajoutais :

«  Si tu vis, que tu gardes espoir peut-être que les choses changeront, peut-être pas. Si tu meurs, tu abandonneras tout, mais ce sera terminé... Alors que veux-tu ? Je suis le génie et t'accorde un vœux, choisit le bien. »

La douleur me paralysait. J'avais beau vouloir de toute ma volonté essayer d'en faire abstraction, ça m'était impossible. Mon corps ne cessait de trembler tant chacun de mes nerfs était à vif. Je me sentais poisseux à cause du sang et de la transpiration dans lesquels baignaient mon corps. J'en avais même le goût dans ma bouche et mes lèvres craquelaient tant elles étaient sèches à force de mes halètements convulsifs pour essayer de trouver ma respiration qui était pour l'instant plus que laborieuse... Respirer me faisait un mal de chien ! Au moins autant que cligner des yeux ou bouger un cheveux !
Bande de connards de blouses blanches !

Et il voulait quoi lui là ! Il pouvait pas me laisser agoniser tranquille !? Qu'est-ce que j'en avais à s'couer moi qu'il soit "tout de rouge vêtu" ! Moi aussi j'ai du rouge d'abord ! Même qu'il est carmin c'est autrement plus classe ! Oh et détail ! Il sort de moi !!!!!
Bah ouai on a la classe ou on l'a pas hein. Aïeeeeeeeeuh !!!

Une nouvelle quinte de toux me prit et à nouveau je crachai du sang avant de m'étouffer à moitié avec. Malgré ça je me forçai à garder mes yeux perçants sur Ruuri, surveillant le moindre de ses faits et gestes.
Lorsque je vis le couteau, mon regard se durcit et la tension dans mon corps se fit pire encore ce qui n'arrangea pas ma souffrance physique... J'en pouvais plus... Je vaguais entre conscience et inconscience tant mon corps était épuisé et je pleurais à m'en dessécher totalement. J'avais horreur de ça ! J'avais horreur de me montrer dans cet état mais là c'était plus fort que moi. Les larmes coulaient toute seuls sur mes joues ensanglantées comme si jamais ne devait s'en tarir la source...

Je savais pas d'où elle sortait sa bougie, mais j'aimais pas le fait qu'il promène sa lame dessus ! Je voyais ses mouvements flous à cause de l'omniprésence des larmes dans mes prunelles bleu acier, mais je les voyais quand même ! Pourtant je ne bougeai pas. J'en étais incapable...

- Velv' est mon capitaine.

Son capitaine il l'envoyait souvent faire des missions à la con comme ça ? Si il était mercenaire ou j'sais pas quoi il avait pas mieux à faire que de jouer les infirmières dans une "chambre" des labos ?

- Nous sommes en 2002...

Je me figeai, cessant de respirer quelques secondes alors que mon cœur manqua plusieurs battements sous le choc.
2002 ? Deux ans que j'étais dans cet enfer ?! Deux ans qu'on me charcutait et qu'on jouait à docteur maboule avec moi ?! Deux ans que...que...
Les visages de mon père et de ma mère passèrent devant mes yeux clos. Les larmes redoublèrent et une rage renouvelée s'empara de moi et m'arracha un cri entre la colère et la douleur alors que sans savoir comment je réussis à cogner dans le mur à côté de moi de mon poing qui retomba ensuite inerte à côté de moi.

- ...tu ferais mieux de ne pas trop poser de questions. Plus tu en sauras, plus ton esprit s'évadera et plus le retour à la réalité sera dur.

Pourquoi il me soignait lui avais-je demandé.
Pourquoi alors qu'on reviendrait me chercher dans quelques heures pour recommencer ? Le sang recoulerait là où il l'aurait essuyé. De nouvelles plaies naîtraient près des anciennes qui seraient quant à elle probablement rouvertes également... C'était mon quotidien depuis deux putain d'années et j'étais toujours vivant...
Ca je me l'expliquais pas vraiment. Je savais juste que parfois je voulais mourir et en finir avec tout ce que je devais endurer jours et nuits... Mais que très souvent ma rage de vivre et de me barrer de cet endroit reprenait le dessus. J'avais deux yeux bleus à revoir...
Deux ans... Elle avait du apprendre la nouvelle de ma mort le jour où le bus avait explosé... Je devais lui dire que c'était un mensonge ! Qu'il n'y avait personne d'enterré à côté de mes parents ! Que les certificats de décès étaient falsifiés ! Que j'étais en vie...
Enfin là je ressemblais plus à un zombi un peu beaucoup flippant mais quand même !

- Et pourquoi pas ?

Tsss c'était ma réplique ça !

- On m'a donné deux bras et je les utilise tout deux pour te soigner, alors pourquoi s'en plaindre, hein ?

Bah peut-être parce que j'aime pas trop ce que tu fais avec ton bras droit au dessus de la bougie...

- Cela à part, dis moi. Tu as quelqu'un à qui tu tiens gamin ?

Je devins méfiant plus encore et une nouvelle fois mon corps me le rendit... Une grimace se dessina sur mon visage assujetti à la douleur atroce, qui s'ensuivit d'un gémissement de douleur.

- Quelqu'un que tu aimes ou quelqu'un dont le souvenir t'est cher ?
- En quoi... ça t'regarde...! crachai-je, voulant protéger Alwine contre je sais pas quoi...

Bah ouai cuuuuurieusement, j'avaisun peu de mal à faire confiance...

- Alors penses-y bien fort et mords toi la lèvre inférieure.

Hein ? Pourquoi ?
OH PUTAIN !! NON MAIS IL SE FOUTAIT DE MA GUEULE OOOOH ! HEEEEE !!!!!

- AAAAAAAAAAAAH !!! hurlai-je alors que l'alcool vint me brûler comme de la lave en fusion sur mes chairs à vif. PUTAAAAAAAAAAAAAAAIN !!!!!!!!!

Je serrai les dents, haletant, en nage, mes poings agrippés férocement aux draps du lit. J'étais pas con j'avais compris ce qu'il voulait faire mais pour la millième fois, ça semblait à rien !
Bref comme je pouvais toujours pas bouger, je le traitai intérieurement de tous les noms d'oiseau que j'pouvais et même d'inventés, puis regardant avec appréhension la lame chauffée à blanc s'approcher de mon corps en sueur, prit mon courage à deux mains... Ma respiration se fit plus bruite et plus rapide sous l'appréhension... J'avais la sensation que mon cœur allait sortir de ma poitrine tant il cognait à tout rompre !

Et finalement, la chaleur cuisante - c'était le cas de le dire-, me dévora. Tout mon être se tendit alors que je me mis à hurler comme un dément entre mes dents serrées, mettant ma lèvre en sang ! Mon dos ne touchait même plus ce que me servait de lit tant je me cambrai sous la souffrance insupportable qui l'espace d'un instant j'en fus sur, allait me tuer !
Je finis néanmoins par me laisser retomber sur ma couche, respirant à grandes bouffées entre plusieurs sanglots convulsifs. L'odeur de chair brûlée me porta violemment au cœur... Ma tête me tournait... Je me sentais vraiment pas bien là... Pendant quelques secondes, je ne fus plus capable de rien de rien... Le sang qui restait encore dans ses veines s'étaient mis à circuler avec énergie dans tout son corps, et la cuisante douleur m'avait tétanisé...

En revanche je revins vite sur terre lorsque je vis le canon d'une arme pointé sur moi... C'était une blague ou quoi ? Il jouait à quoi ? Sérieux ils voulaient pas me foutre la paix deux secondes tous ?

- Je vais te poser une question moi aussi, réfléchis-y bien.

Il venait de me cramer façon barbec' ! Il croit que j'avais les neurones assez frais pour répondre à ses questions là maintenant tout de suite ?!

- Veux-tu mourir et faire cesser toutes ces souffrances, ou un spectre du passé te pousse à devoir vivre ? Si tu n'as plus la volonté de survivre et de vivre, alors laisses moi t'aider à y mettre fin.

Je le considérai un instant, pensant avoir mal entendu... Mais il était sérieux. Il me proposait ce que j'avais parfois souhaité avec ardeur et me le donnait sur un plateau d'argent...
Haletant, épuisé je le considérai de mon regard glacial qui le scrutait, cherchant l'entourloupe... Je me sentais bizarrement un peu anesthésié. Il venait de me faire tellement mal qu'à présent mon corps semblait plus choqué encore qu'à l'accoutumé. La douleur que je ressentais là tout de suite semblait, même si désagréable, bénigne comparé à l'épisode "Jeanne d'Arc"...
JE VOULAIS ME BARRER DE CE TROU A RAAAAAAT !!!!!!!!! J'EN AVAIS ASSEZ QU'ON S'AUTORISE DES TRUCS SUR MOI !!!!!!!!!

- Si tu vis, que tu gardes espoir peut-être que les choses changeront, peut-être pas. Si tu meurs, tu abandonneras tout, mais ce sera terminé... Alors que veux-tu ? Je suis le génie et t'accorde un vœux, choisit le bien.
- Fous-toi ta lampe dans l'cul monsieur le génie ! Je sortirai d'ici !!! Aaaah !

Aslinn ! Agitation = ça fait mal ! Imprègne-toi ça dans le crâne !
Si j'étais bel et bien là depuis deux ans et pas encore mort, je pouvais tenir encore jusqu'à ce que je trouve un moyens de me tirer !

- Par contre tu peux m'le laisser je saurai quoi en faire !

Allongé, je jetai un regard haineux vers la caméra qui restait constamment rivée sur moi... Elle ne me lâchait jamais ! Même quand j'pissais fallait qu'elle me regarde ! J'en pouvais plus d'être observé 24h/24 et 7j/7 ! D'entendre leur voix dans cet haut-parleur ! Cet endroit allait me rendre dingue !

Vif, sans prévenir, j'arrachai le pistolet de la main de Yuuri "tout vêtu de rouge" et la braquai hargneusement vers le dispositif de surveillance, avant d'appuyer fermement et résolument sur la gâchette !
Et ouai... Là je me trouvai un peu sacrément con... Aucune balle ne partit, aucune explosion de matos ne se produisit...
Surpris, je regardai l'arme à feu puis rappuyai successivement sur la détente, mais ce ne fut qu'une succession de petits cliquetis sourds qui retentirent.

La frustration aux trippes je balançai le flingue sur Yuuri et retombai lourdement sur le matelas tâché de mon sang.

- C'est quoi ta blague ?! Ca vous fait bander tous de torturer un ado ?!

Les larmes affluèrent à nouveau. J'étais en colère ! Las aussi... J'avais l'impression que tout le monde s'acharnait sur mon dos et j'en pouvais plus là...

- Tu comptais me flinguer comment sans chargeur dans ton arme ?! JE VEUX M'BARRER D'ICIIIIII !!!! explosai-je violemment.

Je me mis à m'agiter, faisant abstraction de la douleur physique. Là c'était le cœur qui souffrait ! C'était pire que tout ! Je pétais un câble et mes nerfs lâchaient ! Mes plaies se rouvrirent alors que je me forçai à me redresser, tombant parterre dans ma précipitation. Mes jambes étaient incapables de me porter... Mais je m'en foutais !
J'essayai de me relever sans grand succès, le feu de la haine et de la détermination brûlant dans mes yeux. Je n'abandonnais pas ! Depuis deux ans je me battais alors j'allais pas arrêter ! J'avais soif de liberté et de survie !
Non je ne voulais pas mourir ! Je voulais partir ! Je me sentis devenir pire qu'un animal sauvage blessé qu'on chercherait à acculer. Si on m'approchait, je mordrai ! Ce furent des prunelles incandescentes qui se posèrent sur la porte de ma cellule qui s'ouvrit. Un feu qui s'attisa à la vue des blouses blanches arrivés en courant avec leur seringue de calmant à la main.
Je me mis à grogner et à feuler... Ils m'approchaient, je les tuerai !
J'avais pas besoin de calmant ! J'étais juste terrorisé et happé par la situation qui semblaient m'engloutir quelque soit la force avec laquelle je m'en débattais...! J'étais totalement désemparé et quelque part oui, désespéré bien que pas encore totalement brisé.

Il restait un petit fil encore qui me faisait tenir debout et pas ployer les genoux devant la fatalité de tout ce qui m'arrivait.
Et il s'appelait Alwine.
Mais elle était si loin... et le fil donc fragile... Et là il était prêt à se briser à la vue de l'aiguille gouttante...

Le gamin semblait complètement déphasé lorsque je lui parlais de l'année à laquelle nous étions. Je devinais, il continuait de hurler encore et encore, malgré la douleur. Vu ses façon de réagir et les paroles qu'il lançait, il cachait quelqu'un, il y avait sans l'ombre d'un doute quelqu'un d'important pour lui, mais il ne voulait pas dire qui, par peur que quelqu'un ne fasse en sorte que tout ce qui était proche de lui disparaisse. L'alcool lui brûlait les plaie, dans un hurlement qu'il ne cherchait pas à étouffer, de toute façon s'il ne sortait pas par sa bouche, il sortirait par ailleurs... Ses blessures finissaient cependant par être cautérisées, pour les plus graves en tout cas.

A cet instant, présentement, je tenait un revolver vers lui, vide mais il ne pouvait pas le savoir, lui proposant la lâcheté et la facilité, la fin de tout... Ou bien le courage et les souffrance, l'avancée vers le futur. Il voulait partir d'ici hein... Ce n’était pas de mon ressort malheureusement, puisque la mission était classée secrète, c'est moi qui aurait des ennuies, ainsi que mon capitaine, si je venais à dévoiler les agissements de ces gars là, je prendrais la place du gamin, et a ne collait pas avec mes plans. Il me lançait de lui laisser l'arme avant de regarder vers la caméra. Je me doutais parfaitement de ce qu'il allait faire ce crétin... Je relâchais la pression sur mon pistolet et l'instant d'après le gamin me le volait. Mais rien ne sortait.. J'attrapais l'arme qu'il me renvoyait en souriant en coin.

- C'est quoi ta blague ?! Ca vous fait bander tous de torturer un ado ?! Tu comptais me flinguer comment sans chargeur dans ton arme ?! JE VEUX M'BARRER D'ICIIIIII !!!!

Je remettais le pistolet dans son étuis en haussant les épaules le regardant se débattre, il tentait de se relever, empirant ses blessures et ne tenant même pas sur ses deux jambes. Cependant je ne le prendrai pas en pitié, je le regardais comme un seigneur regardait un serf. Je voulais voir jusqu'où sa détermination pouvait aller. Des scientifiques arrivaient alors avec leurs calmant, je me tournais vers eux, ils n'avançaient pas. Ce qui me faisait rire, d'un ton glacial je disais alors :

«  Alors c'est tout ? Vous croyez que vous alliez le soumettre parce que c'est un gamin ? N'importe qui peut dresser un loup entravé. Cassez-vous, vos piqûres ne servent à rien. »

Malgré tout, un scientifique plus vieux, approchait, avec un seringue... Je voyais clairement que c'était des drogues plus que des calmant, je sortais mes gants blancs de ma veste et les enfilais avant de fondre sur l'homme portant un coup de poing vif dans ses côtes puis un coup de pied pour le renvoyer dans le couloir, attrapant la seringue et la brisant entre mes mains. Prit de peur, entre un gamin enragé et un commando d'élite pas très coopératif, les scientifiques quittaient de nouveau la pièce. Je me tournais vers le gamin.

«  T'es un vrai crétin comme on en fait plus tu le sais ça ? Tu es courageux, mais même si ce pistolet était chargé, il y a plusieurs soldats, défenses automatisées, portes blindées, d'ici jusqu'à la sortie. Tu veux sortir et protéger quelqu'un hein ? Ca se voit. Tu la protégeras comment, si tu meurs en fuyant ? Allez, viens, si tu veux vraiment t'échapper attaques moi ! Signes ton arrêt de mort , fuis, lâche comme tu es, vers la mort. »

Ce que je faisais au juste ? Je tentais de tellement l'enhardir qu'il mettrait sa douleur de côté.. ; Même s'il se ruait sur moi, je le maîtriserai sans la moindre difficulté et surtout sans drogue. Finalement je m'approchais de lui, un loup appeuré ne me faisait pas peur, aussi fort mordrait-il, s'il ne tuait pas à la première morsure, ce serait lui qui serait tué. Je le relevais et le plaquais contre le mur, avec puissance, approchant de son oreille pour lui parler sans être entendu par les micros.

«  S'il y a vraiment quelqu'un à qui tu tiens, je vais te donner la possibilité de lui écrire. Écrits lui une lettre, je la lui donnerai dans quelques temps quand je la verrai, pour l'instant ça m'est impossible. Je peux aussi t'apporter des renseignements sur l'extérieur, mais c'est tout ce que je peux faire, gamin. Fais comme si je t'insultais, il ne faut pas qu'ils se doutent que je fais double jeu, s'ils le savent, tu perdras bien plus que moi. »

Je me reculais en souriant arrogant avant de lui décocher une droite puissant et rapide au visage puis un coup de genoux au ventre pour le 'calmer', reculant et refermant la porte en faisant quelque signe à l'autre garde, l'air de lui dire de s'occuper des soucis avec les scientifiques. Je me tournais vers le gamin et reprenais ma comédie.

«  Alors ça fait quoi d'apprendre que tous tes proches sont morts ? Tu continues à grogner petit chien ? Regardes-toi, tu ne tiens même pas sur tes jambes. Un louveteau qui ne sait pas mordre ne devrait même pas tenter de montrer les crocs à des tigres. Coupez la caméra, je vais le corriger un peu, ce serait dommage que ce soit enregistre, m'voyez. »

Le voyant du micro et de la caméra s'étaient coupés et le second garde n'était plus là. Je soupirais de contentement, ce genre de situation, c'était la grosse merde, je détestais le fait de devoir faire une mission secrète au sein d'un autre mission secrète tout en m'ajoutant des objectif comme un crétin Miriamien..

«  Plus jamais de mission en agent double... Alors gamin, tu vas encore gueuler ? Que tu sois docile ou non ne change rien pour moi, c'est toi qui voit » Je sortais une lettre vierge et un stylo «  trouves la force d'écrire, c'est ton seul moyen de faire savoir à quelqu'un de dehors que tu es toujours là sinon déchire ce papier et abandonnes l'idée de revoir tes proches. »

Je surveillait le voyant et le couloir, pour ne pas me faire avoir tout en me plaçant de façon à ce que le champ de la caméra ne voient pas le gamin écrire et gardant un champ de vu sur le couloir.Croisant les bras j'ajoutais :

«  Pourquoi je t'aide ? Tu crois être le seul à avoir tout perdu et souffert ? Je peux pas te sortir de là, mais rien ne m'empêche d'être un lien vers l'extérieur. Enfin... C'est toi qui voit, petit louveteau. »

Je souriais finalement légèrement, attendant la suite des évènements, j'avais vu que ce gamin n'était pas un lâche, maintenant il fallait voir s'il était con comme un manche, ou malin...

Il aboyait fort, mais n'avait pas plus de crocs qu'une puce d'eau douce. Quoi qu'il en soit son état était pitoyable, il s'écroulait sur son lit, visiblement à la verge de la perte de connaissance, tout ce qui devait le motiver à présent, était la promesse et la possibilité de ce lien avec l'extérieur... Même s'il ne devait pas y croire, mais bon ça c'était son problème, pas le mien. Les bras croisés je le regardais qui grommelait sur son lit.

- Qu'est-ce qui... me dit que... je peux te... faire confiance ?

«  - Absolument rien. C'est à toi de voir »

Je haussais les épaules en souriant, quoi que je pouvais lui dire ou faire, un animal en cage ne ferait pas confiance à ceux qui font partie des détenteurs de sa libertés et de ses droits, c'était à lui de choisir de montrer ses petits crocs ou non à qui il le voulait en espérant être nourrit.. ; Si on aime les métaphore. Quoi qu'il en soit, il semblait disposé à écrire vu son regard sur le stylo et sur la feuille, je souriais en coin.

- J'suis pas un louveteau...

«  - Oui oui, allez Tigrou range tes griffes et écris, avant que ce soit trop tard. »

Il avait l'air d'avoir du mal avec le stylo, mais il savait écrire, il n'était donc pas un gamin pioché au hasard parmi des gosses seuls ou réfugiés... Ca semblait être autre chose. J'allais devoir fouiller un peu. Mais chaque chose en son temps. Je gardais un œil sur le couloir et sur la caméra micro, toujours sur OFF, tout allait bien pour l'instant... Enfin même si j'aurais préféré faire disparaître le gamin, façon spectacle de Las Fantas. Quoi qu'il en soit il tendait la lettre tout juste écrite vers moi.

- Elle... s'appelle Alwine... Alwine Azamalon... Elle vit.. sur l'île de la pomme...

Puis la rapporter vers lui ajoutant que si je la touchais, il me tuait. Je riais en évitant que ça ne débordes aux éclats pour ne pas me faire stupidement griller. Je prenais la lettre et la rentrais dans ma cuirasse, personne n'irait la chercher ici... A par une demoiselle en rut à la limite, mais je doutais qu'il y en ai beaucoup ici... Enfin bref, toujours souriant je regardais le gamin.

«  Alwine Azamalon hein... C'est un beau nom, je tacherai de m'en souvenir. Et je n'touche pas aux gamines, et avant de menacer de mordre, fais toi les crocs.. Petit louveteau. »

Des bruits se firent entendre dans les couloirs, un collège à moi qui restait au bout et faisait le guet... Décidément je ne pouvais rien cacher à mes équipiers... Mais ça allait faciliter les choses. Quoi qu'il en soit je m’asseyais non loin après avoir formé une chaise avec mes arts occultes et m'étirais, regardant vers le gamin. Je riais de façon moqueuse.

« L'amour hein.. ; C'est une bonne raison de se sortir les doigts du cul. Je t'aime bien gamin, mais t'es conscient que personne pourra t'aider à sortir ? Même le capitaine de ma section, pourtant la seconde plus importante, ne sait rien de tout ça... »

En effet, même les capitaines n'avaient pas vent de ce qui était classé SSS sauf s'ils étaient directement concernés... Ce qui n'était pas le cas de ma section... Mais puisqu'on m'avait recommander pour cette mission, peut-être qu'il y avait anguille sous roche... Enfin peu importait au final, les choses étaient comme elles étaient. Je lançais un chewing-gum au gamin, ça n'allait pas le tuer... Même si ça allait se mélanger avec le goût du sang.

« Bon alors un topo de l'extérieur. Les escarmouches contre les teremundo font rages un peu partout depuis deux ans, l'île de la pomme est épargnée t'en fais pas, faut dire que les goules sont pas fan de vergers. La vie bat son court normal, sauf pour toi et peut-être d'autres... La comme ça c'est le gros du lourd, qu'est-ce que tu veux savoir sinon ? Ah ouais et si tu veux faire causette, explique moi comment t'as finis ici. »

Disais-je en me triturant le menton avec mes doigts, me demandant ce qui allait suivre ensuite.

Ecroulé sur mon lit de rêve - quoi on peut rêver ! - je continuai à pisser le sang de la lèvre. Sérieux il tournait pas rond ce mec ! Il me cramait pour cautériser les plaies et en rouvrait d'autres. Faudrait savoir à un moment donné !
Enfin... Il prit la lettre et j'eus un pincement au cœur en me disant qu'il allait la voir. Lui et pas moi...

- Alwine Azamalon hein... C'est un beau nom, je tacherai de m'en souvenir.
"Tu m'étonnes que t'as intérêt à t'en souvenir ! Je viens de perdre 5 litres d'eau rien que pour t'écrire cette putain de lettre alors tu ferais mieux ouais !"
- Et je n'touche pas aux gamines, et avant de menacer de mordre, fais toi les crocs.. Petit louveteau.
- Je t'emmerde, haletai-je difficilement.

Rah c'était beau les échanges sociaux ça m'avait manqué !
En entendant des bruits dans le couloir je ne pris même pas la peine de me redresser. Je me contenterai d'un coup d'œil blasé vers la porte, las. Toute façon j'en étais incapable. Si on venait encore pour me péter la gueule, navré mais il restait pas un pet de mon corps en bon état ! Revenez dans quelques jours merci et surtout prenez un ticket d'ordre de passage.
C'est que j'étais très sollicité moi.
Le temps de fermer les yeux pour inspirer et contrôler la douleur qui raisonnait dans tout mon corps, Yuuri était assis sur un chaise qu'il devait sortir de son cul je voyais pas d'autre explication... Mais je cherchai pas trop à comprendre. J'étais trop fatigué pour réfléchir là. Je voulais juste qu'on me foute la paix. J'avais mal partout même en des endroits dont je n'aurais jamais soupçonné l'existence. Et on pouvait avoir mal dans des endroits d'endroits d'endroits... d'endroits...?

- L'amour hein...

Je tournai à nouveau mon regard bleu injecté de sang vers lui, sur la défensive. J'aimais pas trop parler de ça. Puis je savais ce que pensais les gens de son âge des amourettes d'ados. "C'est mignon". Dans le sens choupinet tout plein mais c'est sans importance tu trouveras mieux.
Ouais mon cul ! C'était pas pour rien qu'on disait le premier amour le plus fort et le plus marquant d'une vie. Les adultes savent pas aimer. Je crois qu'ils oublient ce que c'est en prenant de l'âge. Quand on est ados c'est plus simple on se laisse porter. On vit le moment sans se poser de questions du genre où ça va mener et tout ce genre de conneries.

- C'est une bonne raison de se sortir les doigts du cul.
"Mais il est dégueu ce mec !"
- Je t'aime bien gamin, mais t'es conscient que personne pourra t'aider à sortir ?
" Non sans dec'..."
- Même le capitaine de ma section, pourtant la seconde plus importante, ne sait rien de tout ça...

Je grimaçai mais ne lui répondis rien... Je me doutais que ce qu'on me faisait ici ne devait pas être vraiment hurlé sur les toits... Mais je demandais d'aide à personne ! Je me barrerai d'ici ! Qu'on m'aide ou non ! Ca prendrait le temps qu'il faudrait mais j'endurerai jusqu'à y arriver !
Puis d'abord pourquoi on me refilait une nounous tout d'un coup ? C'était quoi leur délire du mercenaire surveillant la porte du gamin-cobaye ? Ils tournaient sérieusement pas rond à la B-corp... Quand j'étais dans ma chambre de luxe ils voulaient que je me barre où ? J'avais aucun moyen de me barrer... Ma chance était pendant mes transferts au labo ou carrément dans le labo... Mais dans ma prison ? A moins d'être un passe-muraille foutrement doué je voyais pas...
Je regardai le chewing-gum qu'il me balança tomber à côté de moi. Classe super sympa sauf que j'étais incapable de bouger... Puis faire des bubulles au délicieux goût de sang ça me donnait pas plus envie que ça à vrai dire... Mais je le garderai pour plus tard. C'était déjà cool de sa part même si j'aurais préféré un bon steak-frites... snif... J'en avais marre de leur bouffe de merdre !

- Bon alors un topo de l'extérieur.

J'haussai un sourcil. J'étais enfermé... Qu'est-ce qu'il voulait que ça me foute de savoir ce qui se passait dehors ! Je voulais le voir par moi-même moi !

- Les escarmouches contre les teremundo font rages un peu partout depuis deux ans...

Hein ?!

- ...l'île de la pomme est épargnée t'en fais pas...

Ouai bah t'aurais pu commencer par là !

-...faut dire que les goules sont pas fan de vergers. La vie bat son court normal, sauf pour toi et peut-être d'autres...
- Faut que je ris là...?

Sauf pour moi...
Heureusement qu'il est là pour me le faire remarquer ! J'aurais pas deviné tout seul !
Quoi j'étais aigri ? Oui et alors !? J'avais mal bordel de merde ! Et j'étais frustré ! Je voulais sortir de ce putain d'endroit et porter moi-même le message de ma lettre à Alwine ! JE voulais la voir ! Pas envoyer Yuuri lui annoncer que j'étais prisonnier et torturé depuis deux ans !

- La comme ça c'est le gros du lourd, qu'est-ce que tu veux savoir sinon ?

Que-ce que je voulais savoir... La seule chose qui m'intéressait il pouvait pas me renseigner dessus... je voulais savoir si Alwine allait bien. Si elle avait cru à ma mort qui avait été annoncée. Parait que j'avais une superbe pierre tombale à côté de celles de mes parents...
Putain mes parents... Mon regard s'obstrua de larmes. Je pouvais même pas aller leur dire à eux que j'allais bien... Je pouvais même pas fleurir leur tombe...
Je crispai mes doigts de rage sur le drap. En sortant d'ici je crois que je ferai un massacre...

- Ah ouais et si tu veux faire causette, explique moi comment t'as finis ici.

J'avais pas vraiment envie de parler là. Je voulais surtout pleurer mais je voulais pas me laisser aller devant lui. Il m'avait vu dans un état assez pitoyable comme ça... Je ne pouvais pas retenir les pleurs qui roulaient sur mes joues, mais je pouvais au moins éviter d'éclater en sanglots.

- J'en sais trop rien... J'étais dans un bus avec mes parents. Il a explosé. Tout le monde est mort sauf moi...

C'était douloureux de parler de ça. Je sentis mon cœur se serrer, à la torture. Au moins la douleur émotionnelle anesthésiait la douleur physique mais j'étais pas certain de la préférer...

- Je sais pas comment mais j'ai été soufflé à l'extérieur du bus quand il a explosé... Je pense que les sièges sous lesquels j'ai été projeté m'ont protégé... J'ai vu... la carcasse du bus brûler sous mes yeux... avec mes parents dedans.

Un sanglot me secoua quand même... Toute l'horreur de la situation me revint... Je sentais à nouveau la chaleur cuisante des flammes me lécher le visage... L'odeur de ferraille et de chair brûlée qui m'avait soulevé l'estomac avant que les ténèbres ne me réclament comme leur...

- J'ai sombré dans l'inconscience... et quand je me suis réveillé j'étais ici... On m'a dit que mes parents était morts et on m'a balancé dans cette cellule...

Rageur, révolté par tout ça, par mon passé, par mon présent, je poussai un cri de colère mêlé à une douleur intense et frappai dans le mur près de moi au prix de mes ultimes forces. Je hurlai à nouveau, mes phalanges ouvertes, mais je ne les sentais même pas. Je ne sentais plus que le supplice qu'étaient les battements de mon organe de vie qui paradoxalement, me faisait agoniser à chaque fois qu'il pulsait mon sang à travers mes veines...

- T'as dit... que personne ne m'aiderait... Mais je m'en...fous... J'ai survécu à une explosion... Je survis à ce qu'on... me fait ici...depuis deux... ans... Je sais pas pourquoi...et je veux pas le savoir mais... Je vais m'en servir !

J'avais visiblement un don pour tromper la mort. Et bien tant mieux. J'allais jouer encore un peu à chat avec elle... Qui sait peut-être serait-ce moi qui la rattraperait !

- Je vais...endurer...!

J'avais un air combatif et déterminé dans mon regard malgré la souffrance physique évidente qui se peignait sur mon visage à m'obliger à converser avec autant de ferveur.

- Le temps qu'il faudra... jusqu'à ce que je sois...assez fort et capable...

J'avais du mal à parler mais je me forçais. Yuuri ignorait pourquoi j'étais là. Mais moi j'entendais parler les scientifiques quand j'étais étendu sur leur table de docteur maboule.

- Je sortirai...!

Je n'avais pas encore compris exactement les desseins des scientifiques à mon égard. Ils restaient vagues en la matière, mais je prenais des mots de leurs conversations. Et j'avais notamment compris que d'une certaine façon, ils cherchaient à me rendre plus fort.

C'était parfait. Ils seraient les instrument de leur propre perte !

La question était indiscrète en effet... Et le temps qu'il pouvait passer à jouer double jeu n'allait pas augmenter tout du contraire. Yuuri fixait le gamin avec un air neutre, ses larmes continuaient de couler d'elles-mêmes alors qu'il semblait se retenir... Pas étonnant, le soldat avait dû être le seul lien avec l'extérieur qui avait approché le garçon, sans doute avait-il reprit espoir... Ou bien avait-il totalement sombré dans la folie, difficile à dire, l'homme était un soldat, pas un psy... Les bras croisé... Il continuait de réfléchir à tout ça... Mais fut rapidement sortie de ses songes par la voix teinté de souffrance d'Aslinn.

- J'en sais trop rien... J'étais dans un bus avec mes parents. Il a explosé. Tout le monde est mort sauf moi...
- … hm

Il écoutait, c'était rare, mais Yuuri ne disait rien, il laissait le gamin déverser son histoire, peut-être que ce vide le ferait se sentir mieux, sans doutes... Cependant plus il en apprenait, plus le chevalier trouvait cette affaire louche. S'il devait livrer cette lettre à cette Alwine... Ne tenterait-elle pas de libérer l'être aimée ? Mourant sûrement de ce fait... Yuuri était tiraillé entre la promesse qu'il venait de faire, ainsi que le souhait de n'envoyer plus personne vers la mort.

- Je sais pas comment mais j'ai été soufflé à l'extérieur du bus quand il a explosé... Je pense que les sièges sous lesquels j'ai été projeté m'ont protégé... J'ai vu... la carcasse du bus brûler sous mes yeux... avec mes parents dedans.

Une fois encore Yuuri gardait le silence, n'était-il pas affecté ? Sans doute pas plus que ça, il avait vue des tueries et des morts bien plus horribles, tout en ayant un âge similaire au gamin... Il avait surmonté ça, mais savait à quel point cela pouvait être difficile. Finalement il lui disait avoir perdu connaissance avant de se réveiller dans une cellule... Étrange, la blitzness avait réellement agit ainsi alors qu'il y avait un monde fou aux alentours ? Yuuri plissait les yeux en écoutant cette histoire, ça tenait débout et il ne mentait sûrement pas, mais difficile de tout comprendre.

- T'as dit... que personne ne m'aiderait... Mais je m'en...fous... J'ai survécu à une explosion... Je survis à ce qu'on... me fait ici...depuis deux... ans... Je sais pas pourquoi...et je veux pas le savoir mais... Je vais m'en servir !
- Ne te surestimes pas gamin, ce que tu subis est cent fois plus léger que ce que d'autres ont subi avant toi. Il haussait les épaules avant de faire disparaître sa chaise invoquée. Tant mieux si tu as la volonté de survivre, mais n'oublies pas une chose, il y a toujours pire que sa propre situation tigrou.

Yuuri était un bon exemple certes... Lui avait vue des dizaines de personne se faire dissoudre dans de l'acide, découper, dévorer, démembrer, transpercé et toute autre forme de mort, devant ses yeux... Tous des proches... Il connaissait cent fois pire que pouvait connaître Aslinn, mais ce qui l'ennuyait était que ce ne soit pas un fou ou des teremundos qui fassent ça, mais la blitzness... Dans quel but ? Sous quelle égide ? Il devait trouver tout ceci... En tout cas le gamin brûlait d'une nouvelle détermination. Il allait être endurant hein et...

- Le temps qu'il faudra... jusqu'à ce que je sois...assez fort et capable... Je sortirai...!
- Hmpf, bien parlé. Je commençais à me demander si tes couilles avaient pas flambées dans l'accident.

Yuuri regardait son collègues qui lui faisait de nombreux signes... Visiblement, les gars n'allaient pas tarder à arriver, ce qui précipitait un peu les plan du futur dissident. Il plantait son regard sur Aslinn, le regardant longuement, avant de faire un nouveau sourire plus amical et rassurant que moqueur cette fois-ci, un peu comme le ferait un grand frère en réalité... Un sourire auquel il ajoutait quelques mots :

- Comme promis, j'irais trouver ta tendre Alwine, mais je ne lui ferais part de ta survie que lorsque j'aurais trouvé le fin mot de cette histoire, sauf si tu veux l'impliquer et la conduire vers une mort certaine.

Yuuri voyait son collège que faisait de plus en plus de signes discrets, l'air de dire que les gardes se rapprochaient pour sommer le soldat de quitter la zone. Il souriait en coin, moqueur, quelle bande de rapace apeuré... Il se baissait pour ramasser le pistolet lancé par terre et le remettait à son holster de cuisse avant de mettre une pichenette sur le front du gamin.

- Serre les dents et les fesses, tant qu'il auront besoin de toi, ils ne te tueront pas et un jour, tu pourra leur kicker l'cul... Et moi je vais devoir supporter un sermon. Allez gamin... Mon temps est écoulé on dirait... On se retrouvera quand tu sortiras, j'en suis sûr.

Yuuri quittait donc la cellule en clignant de l'oeil... Pour lui il était temps de faire front aux soucis, apportant une petite journée de répit au gamin... Le temps que l’attention ne quitte Yuuri pour revenir sur lui....


– Retour dans le présent –

Yuuri posait son verre vide sur la table avant de soupirer longuement, il n'avait pas repensé à cette histoire depuis longtemps, il fallait dire qu'il avait perdu la mémoire entre temps... Et aussi qu'il était mort une fois... Enfin il ne comprenait pas pourquoi ce fragment de son passé revenait tout d'un coup mais... Il devait faire quelque chose à propos de tout ceci.

- Aslinn hein... J'me demande ce qu'il est devenu ce gamin...

<< Fin de rp pour moi, n'ayant plus rien à raconter... Comme convenu, on pourra en refaire un dans le présent. Merci pour ce super rp agréable tout du long ! >>