Theoc Area
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
Voir le deal

 

 Loups d'acier: la revanche [SOLO]

Aller en bas 
AuteurMessage
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Jeu 25 Oct - 22:08

Précédemment dans loups d'acier: la traque


Les premières minutes de vol furent silencieuses, et même sinistres. Le wagon ne comportait aucune fenêtre ou hublot qui aurait pu donner un peu de lumière ou une quelconque indication sur l’endroit vers lequel il se dirigeait, et les commandos étaient donc aveugles dans tous les sens du terme.

Quand au compagnon de voyage de Varig, il n’avait pas dit un mot depuis qu’ils étaient arrivés sous le wagon gardant son casque intégral sur le visage.
Pour compléter cette ambiance pesante, les bruits assourdis de l’hélicoptère et du vent ressemblaient à des plaintes rauques et le compartiment tanguait allègrement, sans doute relié à l’hélicoptère par de simples câbles qui le livrait à la merci des caprices des courants d'altitude. Heureusement, les caisses étaient solidement fixées au sol et il suffisait donc aux deux mercenaires de s’y accrocher quand le wagon s’inclinait trop pour ne pas valdinguer à travers le compartiment. Pour un peu, Varig se serait cru sur un petit bateau pris en pleine tempête... A fond de cale.

Calé aussi confortablement que possible entre deux hautes caisses, le tueur réfléchissait. Il avait commencé par tenter d’observer l’équipage de l’hélicoptère avec ses lunettes tactiques, mais le froid du vent combiné à la chaleur des moteurs brouillait complètement le scanner thermique, l’obligeant à renoncer à les surveiller.
Utilisant la vision nocturne, il avait ensuite vérifié soigneusement chacun de ses équipements, imité par le mercenaire en armure. Pistolets, charges explosives, munitions, système de cross-com, couteaux, grappin, PDA…

-Mon GPS ne fonctionne plus, lança le sergent de sa voix toujours aussi rauque et métallique, transformée par le lourd casque blindé.

Varig s’empressa de vérifier le sien, sans doute plus performant. Il indiquait qu’ils se trouvaient actuellement sur Belladone, la lune de Gaea.

-Le mien aussi. Sans doute un système furtif sur l’hélicoptère… Louis avait prévu ça. C'est sans importance.

Le sergent haussa les épaules, continuant de se raccrocher à "sa" caisse.

Une fois leur matériel parfaitement vérifié, les mercenaires n’avait plus rien à faire… Et le voyage pouvait encore durer des heures. Varig décida donc de "briser la glace", plutôt que de s’infliger un ennui pénible et prolongé.

Il sortit un petit tube d'une des poches fixées sa ceinture et le plia en deux d'un coup sec. Celui-ci craqua avant de s’éclairer d’une lumière verte chimique, repoussant un peu les ténèbres. Le tueur se leva avec précaution et vint fixer le bâtonnet lumineux sur une caisse en face du sergent, qui suivait ses mouvements de son casque sans rien dire, son fusil d’assaut posé à la verticale entre ses jambes. Une fois le bâtonnet bien calé, il retourna s'assoir, fixant son compagnon d'arme du jour.

Impossible de savoir ce qu’il pensait avec son casque; d'ailleurs le tueur n’avait même pas vu son visage ou entendu sa véritable voix. Il allait risquer sa peau avec ce type, alors autant être un peu amical.
Il enleva ses lunettes tactiques, puis ôta sa cagoule, révélant son visage à la lumière verdâtre du tube posé devant lui.

-Je m’appelle Varig, dit il en tendant la main.

Le sergent fixa son visage durant une bonne dizaine de secondes. Le tueur fixa lui aussi les lignes dures du masque d’acier, sans ciller ni reculer la main.
Enfin, il défit sans hâte les sangles du casque et le posa sur son fusil, révélant ses traits à la lumière.

-Karl, dit il, laconique, serrant la main tendue.

Sa poignée de main était franche, ferme, ce qui n’avait rien d’étonnant pour un soldat. Il avait sans doute la trentaine, un visage dur et des yeux surement sombres, bien que la lumière ne permette pas à Varig d’en être sûr. Son crane était lisse, soigneusement rasé, renforçant cette impression de dureté. Sa voix était grave, et il parlait sans hésitation, clair et précis.

-Votre flingue, c’est un F2000? demanda-t-il en guise d’amorce de conversation.

Varig fit passer le fusil d’assaut devant lui et le tendit au mercenaire qui le récupéra par le canon.

-Oui. Balles perforantes, un lance grenade et un silencieux. Avec la lunette, ça donne un ensemble plutôt sympa.

Karl vérifia l’arme en quelques gestes experts, l’épaulant vers le sol pour tester la lunette infrarouge. Puis il le lui rendit.

-J’aime, même si je préfère mon Typhon. Tu veux le voir?

Varig hocha la tête, notant intérieurement que le sergent était passé au tutoiement naturellement, comme il le faisait avec le caporal qui avait dû faire demi-tour en début de mission. Apparemment son arme, impeccablement nettoyée et bien équipée lui avait fait bonne impression. Le tutoiement semblait d'ailleurs être de mise au sein des troupes des loups d'acier, sans notion de grade... Bon signe.

-Bien sûr, dit il en récupérant son fusil, qui retourna se clipser sur le rail magnétique fixé le long de son dos. C’est le dernier modèle?

Karl hocha la tête avec un demi-sourire et lui passa le fusil après en avoir vérifié la sûreté.

Lourd et puissant, le Typhon avait équipé les troupes gouvernementales d’Archivant avant la fusion avec la Blitzness corporation, et une nouvelle version en était sortie récemment.
Développé spécifiquement pour affronter des Teremundos, ce fusil tirait des balles de gros calibre avec une cadence de tir ultra rapide, déclenchant un véritable ouragan de feu et d’acier qui compensait largement sa précision moyenne à plus d'une cinquantaine de mètres. Les soldats y ajoutaient souvent une baïonnette, profitant de la longueur de l’arme pour asséner des coups puissants, et une lunette pour améliorer la concentration des tirs. Le faible recul permettait de littéralement noyer la cible sous les balles dont son nom: Typhon. Conçu pour tirer beaucoup en peu de temps, son rapport prix/puissance en avait fait l’arme préférée des mercenaires militaires.

Varig tira le levier d’armement, sur le côté de l’arme, et vérifia la chambre du doigt, sentant le froid de la balle à travers son gant. Il vérifia le chargeur, puis la lunette et la fixation de la baïonnette. Satisfait de son examen, il repassa le fusil à Karl.

-Les loups d’acier utilisaient l’ancien modèle à l'époque, expliqua-t-il de l'air satisfait de la mère de famille détaillant les bons résultats scolaires de sa progéniture à ses amies. Les troupes de Metrac ont le nouveau, du coup nous aussi. Pas de risque de manquer de munition comme ça. On se sert directement sur eux.

Varig acquiesça. Malin. Dommage qu’il n’y ai pas de possibilité d’adapter un silencieux efficace ou il aurait volontier fait de même…
Il profita de l’ouverture crée par le fusil pour ré-orienter la conversation.

-Tu es membre des loups d’acier depuis longtemps?

Le sergent devint pensif et se recula légèrement, comme pour cacher son visage dans l’ombre.

-Quelques mois. J’ai été promu sergent par Wolf il n’y a pas très longtemps, après l'embuscade à LéaFirma… Mais mon escouade a été décimée par Alenka, à Nabrest. Tous morts sauf moi. Tu as dû en entendre parler, non?

Varig hocha de nouveau la tête, soudain pensif. Les informations lues au cours des semaines écoulées défilèrent rapidement dans son esprit.

"Skull" Alenka... Le second de Metrac et son âme damnée. Il maniait des arts occultes de foudre et utilisait une armure redoutable, spécialement conçue pour lui. Célèbre pour son caractère impitoyable, il avait peint un crane grimaçant directement sur son casque, afin de bien se différencier des autres mercenaires de Metrac.
Les anciens loups d’acier avaient failli le tuer lors d'un assaut à Nabrest quelques jours plus tôt, mais c’est lui qui avait finalement remporté le combat, à six contre un.
L’une des rares nouvelles susceptible d’avoir amélioré l’humeur de Metrac ces dernières semaines... Varig ignorait d’ailleurs qu’Alenka avait laissé un survivant. Le sergent montait dans son estime.
Peu de gens pouvaient se vanter d'avoir échappé à cet adversaire redoutable...

Son grade également était intéressant pour comprendre son coéquipier. Sergent. Autant dire chef d’escouade... Peut être Karl espérait il venger ses hommes et laver le déshonneur d’être resté en vie là où ses soldats étaient tous morts. Après tout, la mission du jour devait ressembler à une mission suicide et personne ne pouvait vouloir y participer sans une bonne raison.

La vengeance était une maîtresse destructrice, mais une esclave efficace. Restait à savoir qui dominait l'autre chez le sergent...
Au moins, les motivations de Karl sur cette mission s'éclaircissaient un peu.

Varig allait demander pourquoi le sergent avait intégré les loups d’acier mais celui-ci le devança, se penchant en avant, à nouveau en pleine lumière.

-Et toi? Pas mal de bruits circulent sur ton compte, dans nos rangs… Tu travaille comme assassin au service de Louis, c’est bien ça?

Le tueur grimaça. La formulation attaquait son ego sensible.

-Je travaille avec lui oui, mais je ne suis pas à son service. C’est une forme de partenariat si tu préfère.

Karl prit un air songeur, sans rien répondre. Varig se fit la réflexion qu’il semblait assez intelligent, là où il se serait plus attendu à un homme sans finesse. Sous estimer quelqu’un était une erreur qu’il faisait pourtant rarement, mais le sergent était en train de l’amener assez habilement à parler de lui sans trop en révéler de son côtéet il ne l'avait pas vu venir.

-Hun hun. Je vois. Et tu bosse pour l’argent?

Le tueur réfléchit à sa réponse.

-J'ai mes propres raisons de faire mon travail plutôt qu'un autre. Tuer permet de résoudre bien des déséquilibres de ce monde...

Karl acquiesça à cette dernière remarque, tandis que le tueur se reculait à son tour légèrement pour masquer ses expressions dans l’ombre dense du wagon. La tournure que prenait la conversation ne lui plaisait que modérément, aussi se hâta il de repotourner la question à son interlocuteur:

-Et pour vous, les loups d’acier? Quel est votre motivation?

Karl sourit. Un sourire si carnassier, que Varig s’étonna presque de voir des dents plutôt que des crocs. Un sourire qui lui donna durant quelques instants de vrais airs de loup, rusé et impitoyable.

-Nous voulons la revanche...




La discutions se poursuivit un bon moment, et le bâtonnet fluorescent commençait à faiblir quand l’hélicoptère ralentit ses moteurs, puis se mit à décrire des cercles, signalant ainsi qu'il allait bientôt se poser.

Sans avoir besoin de se concerter, le tueur et le mercenaire se levèrent et se couvrirent à nouveau le visage. La pause était finie...
Dès que ses lunettes tactiques et sa cagoule antracite furent en place, Varig alla prudemment jusqu'à la trappe de maintenance qui leur avait servie à entrer et introduisit son omniclée dans la serrure.
Aussitôt le vent et les moteurs se mirent à hurler dans le compartiment, emportant même le tube lumineux qui disparu dans le vide.
Le sergent dû activer son communicateur pour se faire entendre, tout en se tenant fermement à une caisse à cause des manœuvres du pilote.

-Qu'est ce que tu fout? On est pas encore posés!

Varig passa la tête à travers la trappe, sans répondre, se tenant aux rebords pour ne pas tomber dans le vide.
Il était difficile d'y voir quoi que ce soit dans ces conditions, mais en contrebas, dans la nuit noire, quelque chose d'énorme parsemée de quelques lumières semblait bouger. Le tueur activa la vision nocturne, révélant un long bateau porte-conteneur qui glissait lentement sur une mer d'huile. Leur hélicoptère tournait autour de lui et ralentissait progressivement, sans doute pour ydéposr son "colis" avant d'y atterrir.

L'informateur de Louis n'avait donc pas mentit. La base de Metrac était un bateau... Pas bête. En évitant les coins les plus dangereux, avec un bon radar et des systèmes de camouflages, c'était un sacré QG flottant, facile à surveiller, facile à défendre et surtout mobile.

Varig activa son communicateur, tandis que l'hélicoptère s'approchait de la base. Bientôt, il passerait à nouveau au dessus du pont...

-Je part en avant. Tu connais tes objectifs. On limite les communications radio autant que possible. Bonne chance, camarade... Spectre, terminé.

Et le tueur plongea à travers la trappe, disparaissant aussitôt dans le vide.


Dernière édition par Varig Atorias le Jeu 7 Mar - 14:24, édité 6 fois
Revenir en haut Aller en bas
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Sam 27 Oct - 23:38

Varig avait sauté à travers la trappe, laissant le sergent seul dans l’obscurité du wagon. Remis de sa surprise, celui-ci s’avança avec précaution jusqu’à l’ouverture béante et la referma précipitamment. Aussitôt, le vacarme du vent laissa place à une rumeur plus lointaine, presque un chuchotement.

Karl se rassit à sa place, songeur. Son camarade de mission avait réussi à le surprendre, fait assez rare pour être notable… Il s’attendait à un assassin aussi mercantile que froid, mais le tueur lui laissait une impression trouble. En tout cas il semblait avoir plus de points communs avec les loups d'aciers et leur commandant qu'avec les criminels qu'ils traquaient, une bonne nouvelle.

Leur conversation avait été plutôt agréable, même si le tueur avait soigneusement évité de trop en dévoiler sur lui-même. Karl en avait fait autant d’ailleurs. C’était une règle chez les mercenaires; aujourd’hui si nos intérêts convergent, nous sommes alliés. Demain s'ils deviennent antagonistes, nous deviendrons ennemis. S'il y avait bien quelque chose qu'il avait appris dans la douleur, c'est que ce monde était trop cruel pour faire confiance au premier venu...

Toutefois, vu ce le matériel et les capacités qu'avait montré le Spectre, le sergent n’avait pas vraiment pas vraiment hâte que le jour où ils seraient ennemis n'arrive.


Toujours aveugle à ce qui se passait à l’extérieur, Karl tentait de deviner les mouvements de l’hélicoptère. Il lui semblait que le pilote avait fini ses manœuvres d’approche et se stabilisait, commençant même à descendre… Il vérifia son arme une dernière fois, bien qu’il la sache déjà aussi prête qu’elle puisse l’être. Une sorte de rituel, chassant un peu de l’appréhension du rude combat à venir.

La mission allait bientôt commencer pour de bon, et ce serait sans doute la plus difficile de sa vie. Bientôt, il allait avoir sa vengeance… Ou mourir. Sans doute les deux. Comme se plaisait à dire son père, la mort était la seule véritable certitude qu'on pouvait avoir sur son avenir. Tôt ou tard elle viendrait.


Votre objectif principal est la neutralisation des défenses de la base de Metrac, un ancien porte-conteneur qui croise quelque part au large d’Archivant. Un informateur nous a fournis un plan, mais ne comptez pas trop dessus et soyez prêts à vous adapter en cas d’imprévus. Vos cibles à tous les deux sont les trois batteries de DCA installées à l’arrière et à l’avant que vous devrez détruire pour qu’on puisse se poser, leur poste de sécurité secondaire où vous devriez trouver pas mal de renseignements sur le navire, ainsi que leur système de camouflage qui nous permettra de vous localiser. Vous serez accompagné d'un mercenaire, le Spectre. Vous avez entendu parler de lui ces dernières semaines je suppose... Lui sera chargé du centre de communication, des moteurs et surtout de saboter tout ce qui pourrait servir d’exfiltration à Metrac. En cas de mort ou de neutralisation d’un membre du commando, les survivants reprendront ses objectifs. Les troupes ennemies se composent théoriquement d'une soixantaine de soldats d'élite de Metrac mais sans certitude. Dans le doute, attendez vous au pire... Des questions?

Ce Spectre est un homme fiable, commandant?

Autant qu’un mercenaire puisse l’être. Restez sur vos gardes et s'il montre des signe de trahison, descendez le. Voici les plans de l'objectif, je vous laisse préparer votre mission. Sergent, je veux ton rapport avant le départ. Caporal, tu t'occupera de percevoirl'équipement.

Comptez sur nous commandant. Nous réussirons, je le sais.




Le wagon toucha le pont dans un claquement métallique, faisant vibrer le sol, ce qui manqua de jeter le sergent à terre.
Presque aussitôt, le bruit du moteur de l’hélicoptère s’éloigna, jusqu’à disparaître, remplacé par la rumeur de l'océan et par le ronronnement des machines du bateau.
Il était enfin arrivé à pied d'oeuvre.

Les hommes de Metrac devraient assez rapidement venir vérifier le chargement, aussi le sergent se plaça-il tout de suite à couvert derrière un groupe de caisses, activant le mode thermique de son casque pour voir ses adversaires à travers sa cachette. Il fit passer son son fusil dans son dos, mettant la main sur le manche du poignard fixé à son épaule. A cette distance le couteau serait plus adapté, et plus silencieux ce qui n'étais pas négligeable.

L’attente commença.


Elle ne dura que quelques minutes, mais sembla se prolonger des heures pour Karl, tant il était impatient de pouvoir quitter ce wagon et se lancer enfin dans l’action qui le libérerait des appréhensions et des questions qui tournaient dans sa tête.
Le plus dur avant une mission, c’était l’attente. Elle nourrissait la peur et diminuait la volonté avant même le début du combat.
Malgré les nombreuses opérations auxquelles il avait participé, le sergent détestait toujours autant ce moment. Seul et immobile, c’était tout simplement insupportable.


Enfin, un claquement sec de la serrure signala l’arrivée des hommes de Metrac. Après quelques secondes, le faisceau d’une lampe torche balaya rapidement les caisses avant de s’éteindre. Une voix rendue rauque par un casque parvint jusqu’au sergent en même temps qu’une forte odeur d'iode et de rouille traversait les filtres de son respirateur.

-Sarge, Havers, vous comptez les caisses. Il doit y en avoir exactement 29. Je vais m’en griller une en vous attendant, dit la voix.

Une autre voix, elle aussi déformée, répondit.

-Reçu caporal. Quand on aura fini on pourra s’en faire une aussi?

Quelqu’un ricana, et le rire n’était pas déformé par un casque. Sans doute le caporal venait il de l’enlever pour fumer sa cigarette… Amateur. Plus de protection sur la tête, c’était vraiment lui mâcher le travail. De ce point de vue, les casques de Blitzness, libérant souvent la bouche était mieux conçus.
Un nombre important d'utilisateurs de cette armure s'étaient fait "sniper" durant leur pause cigarette, ayant enlevés leur casque pour pouvoir satisfaire leur besoin de nicotine. Comme quoi on ne le répétera jamais assez: fumer tue.

-On verra. Allez-y, j'ais pas envie d’y passer la nuit.

La lampe se ralluma.

-Reçu.

Un premier mercenaire en armure pénétra dans le wagon, suivi de près par un second. Leurs fusils Typhon étaient nonchalamment mis en bandoulière et ils n’avaient qu’une lampe à la main, apparemment plus agacés par leur tache routinière que sur leurs gardes.

Leurs armures étaient plutôt impressionnantes quoi que classique pour des mercenaires. Le casque ressemblait vaguement à un crane et le reste de leurs protections étaient anormalement épaisses, leur donnant des airs de colosses aux muscles surdeveloppés.
Le long couteau sanglé à leur épaulette achevait de leur donner une apparence redoutable. Après tout elle était aussi faite pour ça, c'était même une des raison qui avait poussée la Blitzness corporation à s'en débarrasser, innondant ainsi le marché noir. Trop agressive pour une société pour qui l'image de marque devait être celle de défenseurs et non de tueurs.
Le sergent quand à lui nota surtout l’absence de vision nocturne trahie par l’usage des lampes et l’équipement minimaliste de leur Typhon. Étrange vu que la base était sensée être défendue par les meilleurs hommes de Metrac…
Il n’avait pas le temps d’y réfléchir, mais se promit de creuser la question.


Silencieux, il se tassa encore un peu plus derrière sa cachette. Le premier soldat passa rapidement devant la caisse, suivi de près par son camarade. Dès que celui ci la dépasserait, le sergent passerait à l’action…
Chacun de ses battements de cœur raisonnait dans ses tempes comme un coup de tambour, lent et puissant. Le temps semblait comme ralentit tandis que, concentré à l’extrême, il observait le soldat. Il se sentait étrangement calme. Libéré. Cette nuit serait une nuit de revanche...

Encore quatre battements et il attaquerait.
Encore trois.
Deux.
Un.


Silencieux comme un fauve, il se redressa et enjamba la caisse, se retrouvant derrière un de ses adversaire. Sans temps mort, il passa un bras autour de ses épaules, saisit le couteau sanglé à son épaulette gauche. Il fit sauter du doigt la goupille qui retenait l'arme, faisant jaillir la lame acérée de son fourreau et la passa sous la gorge de son propriétaire d'un geste fluide. Celui ci émit un gargouillement, qui fit se retourner son camarade.
Le couteau de combat avait déjà tourné entre les doigts du sergent et fila se planter dans sa gorge, la seule zone vitale véritablement laissée exposée par l'armure. Déchirant avec aisance la combinaison flexible de l'homme de main et traversant sa chair, l'impact le poussa en arrière. L'homme tituba, comme sonné et buta sur une caisse sur laquelle il s'écroula.
Sa tête qui pendait en avant empêcha le corps de tout à fait basculer, et on aurait dit qu'il s'était simplement assis pour piquer un somme.

Karl étendait déjà le corps de sa première victime en douceur, évitant le fracas qu'aurait causé sa chute. En une seconde, il l'avait traîné hors de vue, derrière une autre caisse de matériel.




A l'extérieur, le caporal qui ne s'était rendu compte de rien terminait le plus tranquillement du monde sa cigarette, accoudé au bastingage, regardant les vagues sombres venir s'écraser sur la coque. Inconscient de la courte lutte qui s'était produite dans le conteneur, il pensait à sa fiancée restée à Las Fantas, et qu'il ne pouvait appeler que quelques minutes chaque semaine à cause du black out imposé aux occupants du navire.
Avec les primes que payait Metrac ces derniers temps, il pourraient sans doute la demander en mariage et fonder sa famille avant la fin de l'année. Peut être même qu'il monterais en grade vu l’hémorragie de personnel de ces derniers temps...
En fait il aimait bien ces "vengeurs", tout bien considéré. Là où il était ils ne pouvaient pas lui faire grand chose à part faire monter les primes qu'on lui versait, et s'ils se pointaient, ils seraient chaudement accueillis. Metrac avait suspendu toutes les missions extérieures jusqu'à nouvel ordre, donc il était vraiment payé à ne rien faire, ou presque. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes...

Au bout de quelques minutes d'attente et une fois son tabac consumé, il sembla s'apercevoir de la lenteur de ses hommes. Ces deux types qu'on avait affecté à son trinôme depuis son arrivée étaient vraiment des incapables finis. Même pas foutus de compter des caisses.

-Eh! appela il. Je dois aussi vous apprendre à compter? Putains faut tout faire sois même...

Agacé, il se dirigea d'un pas rapide vers le wagon héliporté. Son casque était resté posé sur un tuyau d'aération, mais il ne s'en préoccupa pas, restant tête nue. Le système de communication était indépendant du casque de toute façon. Il était constitué d'un écouteur gros format et un micro placé au coin de sa bouche. Un dispositif confortable et léger.

Il pénétra sans hésitation dans le conteneur plongé dans l'ombre.
Le mercenaire fit un geste et une petite boule de lumière apparu dans sa main.

-Alors vous vous branlez quoi bandes de macaques?

Il ne possédait pas d'art occultes très puissants, mais il était plutôt fier de celui là. En plus il était plutôt utile pour draguer. Les filles étaient dingues de ces petites sphères lumineuses et...

Le caporal s'arrêta brusquement, soudain inquiet. Quelque chose n'allait pas. Mis à part la rumeur assourdie de la mer et des moteurs du navire, il n'y avait pas de bruit. Le caporal sentit un peu de sueur couler le long de son cou.

Si ces deux crétins lui faisaient une blague, ils allaient passer un sale quart d'heure... C'était bien leur genre à ces petits cons indisciplinés. De la racaille en armure... Mais bon pas le choix. Metrac recrutait large ces derniers temps.
Il intensifia la lueur et avança d'un pas.

-Sarge? Havers? Où... Ah!

Assis sur une des caisse, un des soldats dormait.

Ou du moins c'est ce qu'il cru avant de voir le sang qui avait coulé à flots depuis sa gorge sur le plastron de son armure et le manche de poignard qui depassait sous son menton.

-Putain!

Il resta une seconde paralysé avant de porter la main à son communicateur.

-N'y pense même pas.

Il n'y avait eu aucun bruit, aucun signe précurseur de l'attaque. Quelqu'un l'avait saisit et appliqué un poignard sur sa gorge avant même que sa main ne parvienne à son oreillette.
La pointe de l'arme lui piqua désagréablement la peau. Il lava lentement les bras, paumes ouvertes, sans chercher à résister. Quand à la boule lumineuse flottait toujours devant lui, inutile.

-C'est bien. Si tu fais le moindre geste pour activer de la magie ou tenter de saisir une arme je te tranche la gorge. Première question; est ce que Metrac est à bord?

Le caporal ne chercha même pas à mentir. Sa peau valait bien trop à ses yeux pour jouer les héros.

-Dans le poste de commandement à l'arrière du bateau, au sixième étage.

Le sergent sourit sous son casque, satisfait de la réponse. Un bon point.

-Combien y a il d'hommes à bord?

Le caporal se mordit la lèvre, réfléchissant.
La piqûre de l'acier contre sa gorge minimisa le temps de réflexion et il lâcha, très vite:

-Deux compagnies, au moins. Plus une compagnie affectée à la garde de Metrac.

Le sergent haussa les sourcils, surpris avant d'intensifier légèrement sa pression, faisant couler une goutte de sang le long de la lame.

-Mauvaise réponse. Tu me prend pour un con!? Ça fait plus de trois-cent hommes...

Le caporal commença sérieusement à s'inquiéter pour sa santé à court terme et répondit précipitamment, accélérant encore son débit déjà haché:

-C'est Metrac qui nous a concentrés en secret ici en attendant de passer à l'action...

Passer à ...?

-Pourquoi aurait il besoin d'autant d'hommes?

Le caporal répondit, presque soulagé:

-Pour réaliser son grand projet... Il veut s'emparer du soleil noir.



Le cerveau du sergent mis quelques secondes à intégrer et digérer l'information.

S'emparer du soleil noir...

C'était logique, à bien y réfléchir. Metrac disposait des meilleures troupes de l'organisation, nombreuses et bien équipés ainsi que de toutes les informations nécessaires à un "coup d'état" contre Kros.
Tout ce qu'il avait à faire c'était de tuer son chef actuel tout en ralliant ou éliminant les autres concurrents à la succession, et avec sa petite armée de soldats mercenaires, il pourrait bien y arriver...
Il avait déjà trahis les loups d'acier de la même manière, quelle raison aurait-il de se priver de recommencer avec les soleils noirs?

Ça expliquait le manque de conviction de sa victime, l'absence de réaction de Kros face à ces opérations contre un de ses alliés ainsi que le faible niveau de ces gardes, même si le caporal avait mentionné la présence d'une compagnie d'élite sur le navire.
Le souci de recruter massivement c'était qu'on se retrouvait avec de moins bons soldats...

L'information valait de l'or, mais elle ne servirait pas à grand chose s'il ne pouvait pas la transmettre dans les meilleurs délais.

Le gargouillement du caporal le tira de ses réflexions. Sans s'en rendre compte, il était en train de l’étouffer...
Il relâcha légèrement sa pression.

-Où je peux trouver un plan détaillé du navire? Demanda-t-il avec rudesse.

Le caporal reprit rapidement son souffle avant de répondre.

-Dans mon porte chargeur droit... Y a une carte d'accès aussi. Je ne suis pas très gradé donc vous ne pourrez pas aller partout, mais c'est mieux que rien. Évitez de louper Metrac, ou il me le fera payer d'accord? Et quand vous m’assommerez, tapez bien sur le sommet du crane. J'aimerais autant garder mon visage intac... Gargl!

Le sergent avait brutalement resserré sa prise, obligeant sa victime à lever sa tête et découvrir largement sa gorge. L'homme ne servait plus à rien et Karl avait une mission à remplir. Une revanche à prendre...

Il leva son couteau, mais au moment de l'abattre sur le cou du caporal, il hésita.
Ce type n'avait pas d'importance, et même pas l'envie de lui barrer la route ou la volonté de se battre. Il n'avait pas réellement besoin de le tuer, pourtant c'est ce qu'il se préparait à faire, presque machinalement.

Sa vengeance l'avait elle rendu à ce point insensible, indifférent à la vie humaine?

L'homme qu'il était avant n'aurait jamais tué ce type. L'homme qu'elles aimaient...

Le couteau tourna dans sa main levée, présentant désormais le manche plutôt que la lame. Il relâcha aussi sa prise, permettant au caporal de respirer plus librement.

-Tu n'as vu personne, on t'as assommé sans que tu vois tes agresseurs et tu n'as rien dit. Tu ne sais rien compris?

Le caporal toussota, s'étranglant à moitié et reprenant à nouveau son souffle.

-Oui... Oui oui bien compris. De toute façon Metrac va me tuer si je parl...

Le manche du couteau le frappa sur la tête, l'expédiant aussitôt dans les bras de Morphée.

Le sergent l'étendit ensuite au sol et récupéra son système de communication. Il le serra dans son poing, faisant éclater la fragile oreillette.
Quand il rouvrit la main, un circuit imprimé était resté intact au milieu des débris de plastique. Karl s'en empara et jeta le reste des débris au sol avant de l'insérer dans une fente prévue à cet effet derrière son casque. Il avait maintenant accès à toutes les communications que recevrait le caporal... Sans doute pas grand chose, mais mieux que rien.

Il activa son propre communicateur, tout en ligotant solidement son "prisonnier" à une conduite métallique. Au moins il ne bougerait pas avant un bon moment.

-Spectre, ici le sergent. Tu te débrouille?

La réponse mit quelques secondes à venir.

-Oui. J'ai pris pied sur le pont inférieur. Peu de résistance mais des gardes anormalement nombreux. Quelle est ton statut?

Karl fouillait le caporal. Une carte soigneusement pliée se trouvait effectivement dans son porte chargeur, indiquant les points intéressants et surtout sa position actuelle. Elle était accompagnée d'une carte magnétique. Karl empocha les deux se redressa, non sans avoir confisqué ses armes au caporal, toujours dans les vapes.

-J'ai récupéré pas mal de renseignements intéressants et neutralisé quelques gardes...

Il lui résuma succinctement ce qu'il avait apprit tout en fouillant les corps des deux autres mercenaires qu'il avait tué. Le Spectre l'écouta sans rien dire. Quand il eu terminé, il commenta sobrement:

-Intéressant. Ça explique pas mal de choses... On garde le contact radio contact. Je suis presque aux moteurs... Bonne chance sergent. Spectre terminé.

Karl coupa la communication et activa le mouvement. Il avait pris du retard sur ses propres objectifs, même si ça en valait la peine...

Il vérifia rapidement que la voie était libre avant de se risquer hors du wagon.

L'hélicoptère l'avait déposé dans un cul de sac sur le pont principal, à côté d'un impressionnant empilement de conteneurs qui formait un mur d'une bonne dizaine de mètres de haut. Le bastingage était à seulement quelques mètres de la porte, et le secteur semblait désert.

Il transporta rapidement les deux corps en armure et les jeta par dessus bord, ainsi que leurs armes, inutiles, avant de verrouiller son "cheval de Troie", dont il tapota affectueusement la paroi d'acier. Repérant au dernier moment le casque du caporal posé sur un tuyau, il le jeta lui aussi à la mer avant de se mettre en route. Les choses sérieuses pouvaient enfin commencer...


Dernière édition par Varig Atorias le Jeu 7 Mar - 16:41, édité 5 fois
Revenir en haut Aller en bas
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Mer 14 Nov - 11:49

Playlist de Varig Atorias: en territoire ennemi



Après avoir quitté le conteneur, le sergent avait longé le bastingage un moment en direction de sa première cible, rasant les murs de conteneurs et progressant aussi vite que silencieusement, pistolet silencieux et poignard à la main.
Au bout de quelques minutes, il profita d’un recoin obscur derrière un épais tuyau d’aération pour consulter le plan dont il s’était fraîchement emparé, bien plus précis que l’ébauche fournis à Wolf par Louis. Pour le lire, il utilisa le filtre rouge de la lampe intégrée à son casque pour être moins visible, prenant le temps de se familiariser avec les grandes lignes de la structure du bateau.

Sa première cible était la batterie de DCA installée à l’avant du navire, la plus isolée. Poser une des charges explosives qu'il transportait et l'amorcer rendrait la défense du bateau par les troupes de Metrac bien plus complexe lors de l’arrivée des loups d’acier dont les Fury pourraient appuyer et débarquer des troupes. De là, une bataille rangée pourrait s’engager dans de bonnes conditions pour les vengeurs.

Le meilleur chemin pour atteindre la tourelle semblait -d’après le plan du moins- être de passer par le haut des conteneurs empilés au centre du pont et qu'il longeait depuis un moment. De là, il pourrait arriver au dessus de sa cible et en observer les défenses…

Le sergent remit la carte dans une des poches fixées à son armure et éteignit la lampe avant de vérifier si la voie était libre.


Cet itinéraire était risqué. Et acrobatique.

En bref, ça allait lui plaire.




A quelques centaines de mètres de là, dans le poste de commandement blindé installé à l’intérieur la passerelle du bateau, Armin Metrac marchait de long en large, nerveux.

Ses mutagènes lui permettaient de tenir sans problème des horaires inhumains, qu'il infligeait aussi à ses hommes, qui se relayaient pour tenir le rythme. Il dormait peu, par phases courtes, se réveillait très facilement et passait donc l’essentiel du temps que les humains normaux passent à dormir à réfléchir, travailler ou donner des ordres.

Quand un type louche était venu le trouver presque trois ans plus tôt, lui et d’autres mercenaires des loups d’acier, il lui avait promis beaucoup de pouvoirs s’il acceptait de se faire infecter par les mutagènes. Et il avait dit vrai.

Metrac était devenu plus fort, plus rapide et plus endurant qu’avant et, malgré la perte de ses arts occultes, s’estimait bien plus puissant. Mais cette puissance lui avait coûté atrocement cher…

Comme la plupart des criminels, il n’avait jamais été un modèle de stabilité mentale ; toutefois depuis l’implantation, ses failles s’étaient aggravées jusqu'à la folie. Dans la même journée, il pouvait passer de l’euphorie joyeuse à une paranoïa agressive. Il piquait aussi des crises de colère incontrôlables. Mais surtout il y avait les migraines.


Plusieurs heures par jour, il sentait une main griffue qui lui labourait l’intérieur du crane avec une lenteur insupportable. Les premières semaines, il ne pouvait même plus bouger pendant les crises tant c’était douloureux, hurlant, pleurant, suppliant que l'atroce douleur s'arrête. Son nouveau corps combattait les drogues et les poisons comme les antidouleurs, qui devinrent rapidement aussi efficaces à le soulager qu’une goutte d’eau à affaiblir un brasier. Augmenter les doses n’y avait rien changé, même en dépassant des quantités normalement létales.

Les médecins n’y avaient rien put eux non plus, pas plus que les guérisseurs occultes qu’il avait discrètement consulté, puis tués le plus souvent pour protéger sa faiblesse secrète.


La plupart des autres mercenaires attirés par les mêmes promesses d'un corps inhumain et puissant étaient morts, et leur "fournisseur" avait disparu.
Il était resté seul à souffrir, sans personne à blâmer ou à punir, sans personne pour l'aider. Il avait même tenté de se tuer pour mettre fin à la souffrance. Rien à faire ; son nouveau corps était trop résistant pour être détruit de manière classique et il avait échoué piteusement à se supprimer.

L'humiliation et la souffrance avaient bientôt été dépassées par la haine, une haine d'autant plus forte qu'elle n'avait personne vers qui se diriger. Il s’était donc habitué autant que possible, apprenant à surmonter la douleur. Il avait traqué son ''fournisseur'', mais il n'avait finalement trouvé qu'un cadavre au bout de sa longue traque. Une autre main lui avait volé sa vengeance...

Il revint petit à petit dans le monde des assassins, mais les crises de migraine se poursuivirent. Extérieurement, il était fort, solide, sans pitié, indestructible et inarétable. En réalité, il crevait de peur, redoutant tant les crises que cela empoisonnait chaque instant de sa vie. Alors pour tenir la peur à distance, il se plongeait dans une haine sans bornes contre le monde injuste qui lui infligeaient cette souffrance.

Metrac avait aussi découvert que la douleur, l’adrénaline ou le meurtre tenait un peu le mal à distance. Ses avant bras étaient labourés de scarifications malgré sa vitesse de guérison inhumaine et il était devenu un des plus grands bouchers au service du soleil noir, torturant et massacrant avec frénésie. Un malade intelligent, certes, mais un malade tout de même.

Armin Metrac avait besoin de tuer comme d'une drogue. De faire mal. De souffrir.

Ce qui restait de sa raison s'était dissoute dans le sang de ses victimes. Il était devenu fou, aussi incontrôlable et imprévisible qu'un Teremundo. Même Kros, le tout puissant maître du soleil noir commençait à craindre son "serviteur".


Les attaques des anciens loups d’acier fort opportunément resurgis avaient mises en rages Metrac et le terrorisaient à la fois. Ils étaient invisibles, frappant puis disparaissant. Insaisissables. Pour la première fois depuis longtemps, il était passé de prédateur à proie, face à une menace presque aussi sournoise que le mal qui le rongeait.

Dan Kros prétendait les traquer, mais il était en réalité trop heureux de voir son rival s’affaiblir pour intervenir. Le rat.
Il ne savait pas ce qui l’attendait. Metrac avait concentrés des soldats, du matériel et des véhicules à bord de cette ‘’base flottante’’ et seuls ces loups d’acier fort inopinément revenus d’entre les morts l’empêchaient encore de mettre son plan à exécution…


Il s’arrêta de marcher de long en large pour se masser les tempes. Il ne fallait pas qu’il se fixe sur ce genre de contrariétés ou la migraine allait revenir. Il avait dû envoyer par-dessus bord un idiot négligent quelques heures plus tôt pour empêcher la souffrance d’exploser, et il n’avait plus personne à punir sous la main.

Metrac se laissa tomber dans son fauteuil de commandement, passant son regard sur les soldats en armure noires qui contrôlaient les systèmes autour de lui. Tous portaient un crâne blanc peint sur leur épaulette. C’était sa garde rapprochée, la compagnie skull. Des troupes d’élite qu’il soignait, le cœur de son projet grandiose pour le soleil noir.

L’un d’eux justement, qui contrôlait une console de radio, se tourna vers lui.

-Commandant, le Fury du capitaine Alenka demande l’autorisation d’atterrir. Vos
ordres ?


Metrac continua à se masser les tempes, les yeux mi-clos.

-Dites lui de venir ici. Au pas de course.

En bon paranoïaque, Metrac n’avait confiance en personne, pas même en son second, qu’il gardait étroitement sous contrôle. Il était même allé jusqu’à prétendre lui avoir implanté une mini-bombe qui s’activerait en cas de mort de son chef. Il n'avait pu lui faire implanter qu'un simple émetteur en réalité, mais il espérait la menace suffisante pour tenir Alenka et ses ambitions dans les limites qu’il avait fixé.

Alenka était son chien le plus efficace. C’était un tueur aux arts occultes affûtés, bien équipé et doté d’un sens tactique certain couplé à une absence totale de morale ce qui ne gâchait rien. Il aurait fait n'importe quoi pour sauver sa peau, et la ''bombe'' le mettait au maximum de ses capacités.
Un jour prochain, Metrac se débarrasserait de lui. Ce type était tout simplement trop efficace.

Pendant plusieurs secondes, il construisit des scénarios et visualisa de manière réaliste la mort de son second.

Puis, légèrement revigoré par la perspective prochaine de tuer quelqu’un, Metrac rouvrit les yeux. La migraine s'était éloignée... Pour un temps.







Un vent humide balayait le toit des conteneurs, rendus glissants par la fine couche de gouttelettes salées qui s’y accrochait. Des nuages commençaient aussi à s’accumuler dans le ciel, obscurcissant la nuit encore un peu plus. Toutefois ce n’étais pas le problème principal du sergent.

Son problème c’était le projecteur, dont le faisceau se baladait paresseusement le long du bateau.

Le sergent avait rengainé ses armes, escaladé le monticule de conteneurs stockés sur toute la longueur du bateau, et prit pied sur les hauteurs avec difficulté. Son armure blindée ne l’aidait pas beaucoup pour ce genre d’acrobaties…

Le "toit" des conteneurs formait une grande aire plane d’une vingtaine de mètres de large et sur toute la longueur allant de la grande tour habiritant la passerelle jusqu'à l’avant du bateau, totalement à découvert. Le projecteur était installé en hauteur sur la grande tour et éclairait un cercle réduit, qui fouillait l'ombre avec régularité.

Après une petite hésitation sergent s’était mis à avancer en haut des conteneurs. Courbé en deux, il courait maintenant vers son objectif.
Il avait profité d’un premier passage du projecteur pour se hisser au sommet de la pile, mais il devait maintenant échapper à son retour. Le bruit de sa respiration résonnait dans son casque, amplifié, presque étouffante.

Derrière lui, le projecteur se rapprochait, inexorablement. Le soldat réalisa qu’il ne courait pas assez vite quelques secondes avant que la lumière ne l’atteigne.

Plus par réflexe que de manière véritablement réfléchie, il se jeta sur le côté, bras en avant. Le projecteur passa à quelques centimètres de lui, tandis qu’il se réceptionnait rudement d’une roulade.
Son armure crissa sur le métal, et il manqua de peu de basculer de la pile de conteneurs, ses pieds finissant au dessus du vide.
Il était à une quinzaine de mètres du sol, et tomber aurait signifié mourir… Ou pire se faire repérer et faire échouer l'opération.

Karl se redressa et se remit à courir, profitant du bref répit pour gagner une cinquantaine de mètres de plus, haletant.
Quand le projecteur revint vers lui, il avait trouvé comment lui échapper.

Il se déporta sur le côté et sauta, disparaissant aussitôt dans le vide. Le projecteur passa là où il se tenait un instant plus tôt, continuant son trajet monotone avec régularité.
Au bord des conteneurs, deux mains gantées dépassaient, agrippées au métal glissant.

Karl s'était laissé tombé dans le vide avant de se rattraper, échappant ainsi à la lumière du projecteur. Le danger passé, le sergent se hissa à nouveau, les bras endoloris par la manœuvre périlleuse et le poids de l’armure. Il laissa échapper un grognement avant de franchir rapidement les derniers mètres au pas de course, parvenant au bout de la pile de conteneurs avant que le projecteur ne revienne à la charge.


Les derniers conteneurs étaient empilés en "marches d’escalier" de deux à trois mètres de haut chacun. Ils s’arrêtaient à une trentaine de mètres du bout du bateau, là où la tourelle DCA était installée, bien en vue, éclairée et gardée par trois sentinelles en armure noire.

Poursuivit par le cercle lumineux du projecteur, Karl ne ralentit pas et sauta sans hésiter sur le conteneur inférieur, passant ainsi dans l’angle mort de la sentinelle maniant le projecteur. Il atterri lourdement en pliant les jambes pour amortir un peu sa chute, dans un bruit de tôle encore bien audible malgré le bruit de fond de la mer et du bateau et ses semelles en caoutchouc. Il se plaqua aussitôt contre le conteneur qu’il venait de quitter, son fusil collé à la tôle.

Bien lui en prit. Une des sentinelles, hors de son champ de vision, avait presque aussitôt levé sa lampe vers le haut de la pile, d’où provenait le bruit. Heureusement le sergent était encore à une douzaine de mètres du sol et d’en bas, il était invisible, placé dans l’angle mort causé par le conteneur suivant.
Des voix s’élevèrent sans qu’il parvienne à comprendre ce qui se disait. La lampe torche balaya l’ombre encore quelques secondes, puis s’éteignit.

Le cœur battant, un peu essoufflé, Karl resta immobile un temps raisonnablement long, comptant sans hâte jusqu’à 200 pour être certain que les sentinelles n’éclaireraient plus la zone de manière inopinée. Arrivé au bout de son décompte, il s’accroupit avec lenteur et approcha du bord, à pas de loup. Les semelles en caoutchouc de son armure ne faisaient pas de bruit et la pénombre le masquait à un éventuel observateur. Il eu donc tout son temps pour observer son objectif.


Trois gardes portant la même armure que les premiers que le sergent ai rencontré étaient postées à côté de la DCA, éclairée par deux projecteurs reliés à un groupe électrogène, qui ronronnait doucement. Signe que l’installation de ce matériel était récente; probablement Metrac avait-t-il renforcé sa sécurité ces derniers temps...
Un des gardes regardait régulièrement vers la pile de conteneur tandis que les deux autres discutaient, détendus. Sans doute était-ce le mercenaire isolé qui avait braqué la lampe torche fixée sous son fusil vers les hauteurs. Si l'un d'eux posaient des problèmes, ce serait celui là.

Le sergent se mit à réfléchir intensément, vérifiant qu’il n’y avait pas d’autres gardes à l’aide de son scanner thermique. Il aurait du mal à tuer les trois soldats sans qu’ils alertent leurs ‘’amis’’, et se glisser discrètement jusqu’à la DCA semblait exclu. Trop de lumière et une zone complètement à découvert.

Il lui fallait une diversion, assez discrète pour ne pas éveiller l’attention de Metrac et assez efficace pour éloigner au moins deux gardes. Là il aurait sa chance…

Il dû réfléchir quelques minutes avant de trouver un plan. Rampant silencieusement, il recula dans les ombres.
Quelques secondes plus tard, un Fury passa en rase motte au dessus du pont. Son projecteur éclaira brièvement le toit des conteneurs.
Mais le sergent avait déjà disparu.




Les sentinelles levèrent machinalement la tête pour regarder l’hélicoptère passer, avant de reprendre leur conversation.

-Sans doute Alenka qui revient. Je me demande si la chasse a été bonne, se borna à commenter un d’entre eux.
-J’espère pour lui. Metrac est d’une humeur de chien. Il a balancé Veers par-dessus bord. Avec l’armure, m’étonnerais qu’il nage très bien…
-C’est pourquoi cette fois ? Négligence ? Couardise ?
-Non respect du code vestimentaire.

Les deux soldats se turent, méditatifs, tandis que leur camarade jetait des coups d’œil nerveux aux alentours, cherchant à percer les ténèbres au-delà de la zone éclairée par les projecteurs.

-En même temps, l’uniforme c’est la base de la discipline, lâcha finalement l’un d’eux, philosophe.
-Tu parle, ricana l’autre. J’étais dans le soleil noir avant de travailler pour Metrac. La discipline, c’est bon pour les flingueurs en rouge, pas pour nous. Je suis…

Le garde qui surveillait les alentours sans se mêler de la conversation se tourna brusquement.

-Vous feriez mieux de fermez vos grandes gueules. A moins de savoir nager en armure je veux dire. Si Metrac ou Alenka vous entendaient…

Il laissa la phrase en suspend, mais même les derniers des abrutis auraient compris la menace. Les deux soldats se turent à nouveau durant une minute, où on entendit seulement le bruit régulier et puissant du bateau fendant les flots. Enfin un des deux mercenaires bavard reprit la parole.

-En même temps à part parler tu veux qu’on fasse quoi ? On s’emmerde comme des rats morts…
-Rien à foutre. Joue au démineur sur ton PDA ? Fait des pompes… Ou encore mieux : tu fais ton putain de job et tu surveille le périmètre, Kopp.
-T’es trop stressé comme gars… Décoince-toi un peu du fion mec! Tu veux qu’il se passe quoi? Une attaq…

C’est à ce moment là que les deux projecteurs s’éteignirent, plongeant tout le pont avant dans le noir.

Les mercenaires réagirent aussitôt. Le plus vigilant se jeta sur le côté roula au sol avant de se mettre à couvert sur l’angle de la tourelle de DCA blindée, un genou à terre, arme braquée vers le groupe électrogène. L’un des deux bavards épaula son fusil d’assaut et alluma sa lampe regardant autour de lui, manifestement incapable de décider quelle conduite à tenir.
Quand au dernier, Kopp, il avait lâché son Typhon, s’était mis à genoux et psalmodiait quelque chose à propos de sa mère et d'un scooter volé.

Il y eu quelques secondes de flottement où il ne se passa strictement rien. Puis le soldat en position de tir claqua des doigts pour attirer l’attention de ses camarades. En réponse, celui debout braqua sa torche –et donc son arme- sur lui.

-Pointe ça ailleurs crétin, siffla il. Et va voir le générateur, je te couvre.
-Euh… Ok. Ok, répondit son camarade, manifestement pas très rassuré, exécutant malgré tout l'ordre.

Braquant sa lampe, il s'avança à pas lents du générateur hors de fonction.


Dernière édition par Varig Atorias le Jeu 7 Mar - 16:49, édité 9 fois
Revenir en haut Aller en bas
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Ven 23 Nov - 11:43

Afin d’approcher sans être vu, le sergent était descendu rapidement depuis les conteneurs jusqu’au au niveau du pont, assez loin pour être hors du rayon des projecteurs.
De là, il avait enjambée le bastingage et s'était accroché à celui ci comme à une barre de traction, pieds calé contre la coque pour faciliter sa progression.
Il avait ensuite avancé rapidement latéralement à la force des bras, comme il l’avait fait sur des dizaines de parcours militaires.

Mais ici contrairement aux terrains d’entraînement, il devait lutter à chaque instant pour ne pas glisser sur le métal humide et être précipité dans l’eau sombre que le bateau fendait à toute vitesse. A la faveur du tangage, les gerbes d’une écume noire de nuit montaient jusqu’à ses pieds, tels des bras qui chercheraient à l’agripper et le tirer dansles abysses.

Bien que dangereuse et difficile, la méthode d’approche avait payé ; le bastingage faisait écran entre lui et les sentinelles- qui ne regardaient d’ailleurs pas du tout dans cette direction- et il put les contourner en restant invisible malgré sa proximité avec eux.
Ils étaient si proches que le sergent entendait la rumeur de leurs conversations sans toutefois vraiment pouvoir saisir autre chose que des mots épars, à cause du bruit de fond causé par l’océan et les moteurs du bateau.


Une fois arrivé derrière les projecteurs et leur générateur, Karl remonta à la force des bras et repris silencieusement son souffle durant quelques secondes, profitan d’être juste derrière la lumière des projecteurs qui, face aux sentinelles, les empêchaient de le voir. Il n’avait franchis qu’une courte distance mais ses muscles et ses nerfs avaient étés mis à rude épreuve.

Quand il eut pleinement récupéré, il se pencha sur le générateur. Avec sa vision thermique, il pouvait voir le câblage et les circuits qui chauffaient. Il étudia rapidement le système et trouva le câble d’alimentation des projecteurs, qu’il arracha aussitôt de sa prise.


Le résultat ne se fit pas attendre : les projecteurs s’éteignirent brusquement, plongeant le pont dans les ténèbres. Exactement ce que Karl voulait. Grace à son scanner thermique, il vit distinctement la réaction de ses adversaires, bien moins redoutables que prévu. Un seul agit à peu près correctement, tandis qu’un autre restait planté en plein milieu et que le dernier s’effondrait pitoyablement. Un lâche.


Sans attendre, le sergent recula et passa à nouveau par-dessus le bastingage auquel il s’accrocha avant de revenir sur ses "pas" de la même manière qu’à l’aller, grimaçant sous l’effet de cet effort supplémentaire demandé à ses muscles. Au dessus de lui, le faisceau d’une lampe allait et venait, désorienté.

Un des soldats donna un ordre inaudible, à voix basse, et le faisceau disparu. Le sergent en profita pour se hisser silencieusement sur le pont, soulagé.

Il était à environ cinq mètres derrière la batterie de DCA, dans le dos des deux gardes. S’il avait voulu les éliminer, ça ne lui aurait prit que quelques secondes. Toutefois il préférait limiter les "disparitions" de gardes, multipliant ainsi les chances du commando d’être repéré tardivement.

De toute façon l’explosion de la charge qu’il allait poser tuerait tout le monde dans un large rayon.

Sans perdre plus de temps, il se glissa silencieusement jusqu’à la tourelle. Collé au blindage, il tâtonna quelques secondes dans une poche fixée à l'arrière de son armure avant d’en tirer un petit objet métallique de la taille et de la forme d’une pile d’assiettes à dessert.

-Alors ? demanda le garde posté tout prêt, à voix basse.

Le sergent fit tourner une petite poignée placée au centre de la bombe. Le dispositif émit une petite lumière rouge et la manette se détacha. Il s'agissait en fait d'une télécommande que le sergent mit aussitôt dans un des portes chargeurs vide fixée à son armure.

-On dirait…

Karl se coucha précautionneusement sur le ventre, ralentissant sa descente avec ses bras comme s'il faisait une pompe, se mis tout doucement et rampa de manière à avoir la tête et les épaules sous la tourelle. Prenant garde de ne pas faire racler son Typhon sur le plancher d’acier du pont, ce qui aurait pu alerter le garde tout proche, il appliqua sa bombe sur la tourelle, qui adhéra magnétiquement au blindage.

Et d’une.

-… Ouais c’est juste un fil qui a pété. Hé t'entend ça, Kopp? C’était juste une panne à la con. Tu peux arrêter ton cirque.

Le sergent recula et se redressa lentement, dégainant son pistolet silencieux en se maintenant au dessus du sol de son autre bras. Puis il se redressa et recula d'un pas prudent, courbé en deux, le canon de son arme pointé sur la tête du garde agenouillé près de la tourelle et qui lui tournait toujours le dos. La voix du troisième garde, Kopp, lui parvint. L'imbécile parlait très fort.

-... Et ma maman me... Hein quoi? Heu je le savais. Je faisais juste... Heu... diversion. Voilà je faisais courageusement diversion. Au cas où… Diversion.

Tout en continuant à reculer, Karl remplaça le filtre thermique de son casque par la vision tactique, qui combinait vision nocturne et une reconnaissance des objets et des ennemis. Plus adaptée pour avancer...Arrivé hors de vue, soulagé d’avoir fini, le sergent rengaina son arme se remit à courir, toujours en silence, vers l’arrière du bateau, profitant de l’ombre complice procurée par les nuages lourds d'un orage à venir. Il n'avait plus rien à faire dans le coin et préférait ne pas traîner. La nuit était loin d’être finie et il avait encore du pain sur la planche…


Malgré les nuages qui masquaient la lune et les étoiles, le sergent y voyait presque comme en plein jour. Le filtre de son casque amplifiait automatiquement la lumière des petites lampes fixées à intervalles régulier aux conteneurs pour améliorer sa vision. A la gauche du sergent, les conteneurs et par endroit la structurent du bateau formaient un véritable mur, tandis qu'à droite le bastingage le séparait du vide et de la mer, lui laissant un espace d'environ deux mètres de large, alternant ombre et timides flaques de lumière.
L'air frais et iodé traversait les filtres de son casque, mélée à la vague odeur de rouille et de graisse du bateau.
Karl respirait régulièrement malgré l'effort et le poids de l'armure; le revêtement en caoutchouc sous ses semelles étouffait le bruit de sa course et ses expirations réverbérée par son casque dominait la rumeur du bateau et de l'océan. Ses bras montaient et s'abaissaient régulièrement au rythme de sa course tandis qu'il compensait naturellement le roulis du bateau.

Sans prévenir, un soldat en armure déboucha d’un escalier latéral à quelques mètres devant lui, coupant sa route. Il fut aussitôt entouré d’un halo rouge par le filtre tactique du casque.

Le garde tourna la tête vers le sergent, resta une seconde sans réaction, puis épaula son Typhon, sa baïonnette vers l'inconnu en armure sombre qui courait vers lui. Incertain, il ne tira pas, ne sachant pas qui était face à lui. Allié ou ennemi ?

-Halte! Qui…

Erreur fatale. Le sergent ne ralentit pas, déjà au contact. Son adversaire aurait dû sortir un pistolet ou un couteau; le fusil, trop long, l’handicapait plus qu’autre chose à cette distance, même avec sa baïonnette.

Karl dévia le canon de l'arme de son coude gauche et entra dans la garde de son adversaire. Avant que l'homme ne réagisse, il saisit le haut de son casque et le fit tourner sèchement de toutes ses forces vers la droite puis vers la gauche avec un grondement de rage.

Les vertèbres du mercenaire craquèrent tandis que ses muscles devenaient mous.

Karl le saisit avant qu’il ne s’effondre sur le pont et le chargea sur ses épaules, utilisant la même prise que celle qu’il aurait appliquée à un adversaire vivant. Puis il balança brutalement le corps par dessus bord.
Le cadavre tomba durant quelques longues secondes et disparu dans l’eau sombre en soulevant une gerbe d'écume. Le bruit de sa chute fut couvert par ceux du bateau et de la mer.
Sur le pont, avant même que le cadavre n’ait touché l'eau, le sergent avait dégainé son pistolet silencieux de son holster sur la cuisse et l’avait braqué vers l'escalier dont le garde venait de déboucher et qui descendait dans les entrailles du navire.

Désert.

Karl regarda rapidement aux alentours en tournant sur lui-même, gardant une position stable, arme pointée et prête à faire feu comme il l'aurait fait à l'entraînement.

Tout était calme...
Karl rengaina le pistolet d'un geste fluide en refermant la porte de la coursive puis fit un pas de côté pour sortir de la flaque de lumière crée par la lampe fixée au dessus de l'escalier, rejoignant l'ombre protectrice.

L’engagement n’avait duré que quelques secondes, et personne ne semblait l’avoir repéré. Il avait eu de la chance…

Plus prudemment, toujours silencieux, il continua son avancée vers l’arrière du bateau.

Dans son porte chargeur, la télécommande de la bombe clignotait doucement... Le moment venu, il l'utiliserait pour déclencher toutes les charges, signant ainsi la fin d’Armin Metrac.





Ailleurs sur le bateau, ce dernier était en train de réfléchir, assis dans son fauteuil, quand la porte blindée du poste de commandement coulissa sans bruit livrant passage à un homme en armure noire suivi de quatre skulls. Ses seules armes semblaient être les deux katanas rangés en croix dans son dos, ce qui dénotait au milieu des armes à feu, omniprésentes sur tous les soldats du navire.

Il alla directement vers Metrac, d’un pas rapide et décidé. Arrivé devant lui, il ôta son casque -sur lequel était peint un crane blanc grimaçant- et inclina légèrement le buste.

Un fin sourire étira le visage de son maître. C’est lui qui avait imposé à tous ses officiers de s’incliner de la sorte quand ils se présentaient devant lui. Une manière de bien leur rappeler leur place, et la sienne autant que de flatter son ego, et leur mauvaise grâce à se plier à cette obligation humiliante renforçait son sentiment de domination. Ils subissaient son pouvoir…

-Alors Alenka, lança il d’une voix enjouée. Quelles sont les nouvelles ?

L’intéressé redressa la tête, plantant ses yeux dorés dans ceux de son chef. Il était jeune, avec un visage fin qui aurait été très beau sans la longue cicatrice rougie qui allait du haut de son front au bas de sa mâchoire, brisant ainsi la symétrie parfaite et la douceur candide de ses traits.

C’était Metrac qui lui avait infligé cette marque, un jour de colère. Souiller ainsi ce visage lui avait tellement plu qu’il avait interdit à Alenka de faire disparaître la cicatrice. De toute façon avoir un pareil visage pour un tueur sans pitié était une injustice qu’il se devait de réparer…

-Votre information était exacte, répondit l’officier d’une voix froide. L’escouade se trouvait bien à l’endroit prévu, sans soupçonner quoi que ce soit apparement…

Metrac souri encore un peu plus largement. Ses ennemis hébergeaient donc bien un traître, et celui-ci allait lui permettre d’en finir rapidement avec ces ennuyeux "vengeurs". Parfait. Il verrait bientôt si ses autres informations étaient aussi fiables.

-Et… ? lâcha-il au bout de quelques secondes de silence.

Akenka détourna les yeux et rajusta une mèche de cheveux noirs qui tombait sur son front.

-Ils ont tués cinq de mes hommes mais nous avons suivis vos ordres et fait des prisonniers. Ils sont tous dans la zone de détention.

Metrac se leva si vite que son mouvement fut imperceptible. La menace de migraine s’était totalement effacée, noyée par une irrésistible euphorie. Des bonnes nouvelles et des gens à "interroger", plus la possibilité prochaine d’exterminer les derniers loups d’acier… La nuit commençait bien.

-Je vais m’en occuper personnellement. Bon travail capitaine. Vous restez ici, je vous charge de la sécurité du navire jusqu’à nouvel ordre. Escouade 1, avec moi! aboya-t-il dans son communicateur.

Il passa à côté d’Alenka tandis qu’une dizaine de skulls entrait dans le poste de commandement, entourant aussitôt leur chef. Ils quittèrent la pièce et la porte blindée se referma derrière eux.

Alenka suivi leur sortie avec un regard indéchiffrable, tandis que les opérateurs continuaient leur travail sans broncher.

-Remontez un peu les lumières, lâcha-il enfin. On n’y voit rien.

Un des skulls exécuta son ordre, et une lumière encore légèrement tamisée inonda le poste de commandement, faisant cligner des yeux ses occupants, tous sans casque pour travailler plus à leur aise.
Metrac aimait rester dans l’ombre, la lumière agressant ses pupilles ultra sensibles de mutagène. Alenka, qui n’avait pas ce problème, préférait que les lieux où il travaillait soient bien éclairés.
Pensif, il remit son casque, cachant ainsi ses traits marqués.

-Mon capitaine ?

Un des opérateurs venait de lever la main. Alenka vint aussitôt vers lui et se pencha par-dessus son épaule afin de voir le terminal que l’homme surveillait.

-Un problème caporal ?

L’homme désigna des points rouges sur son écran.

-Plusieurs de nos hommes semblent avoir des problèmes de radio et ne répondent plus. C’est pas la première fois, mais il y en a vraiment beaucoup cette nuit…

Il se tu, attendant qu’Alenka lui dise quoi faire.

-Vous savez à quoi c’est dû ? demanda il finalement après un court silence.
-Le camouflage électro-magique du bateau, répondit le caporal sans hésiter. La plupart de nos radios sont de mauvaises qualité donc ça les brouillent assez facilement. C’est temporaire en général, mais là ça commence à durer...

L’officier fixa l’écran plusieurs secondes, dans un silence sans doute pensif.

-Mon capitaine ? Doit-on en informer Metrac ?

Alenka se redressa brusquement, comme si le nom de Metrac lui avait fait décider entre plusieurs options.

-Pas pour le moment. Ce genre de détails l’insupporte, et l’insupporter est… Mal avisé, lâcha il d’une voix rendue rauque par son casque. Prévenez-moi si ça évolue, et si ça se prolonge plus que d’habitude nous aviserons.

Sans ajouter un mot, il retourna vers le fauteuil de commandement, dans lequel il s’assit en tailleur.

Plus d’une dizaine de minutes s’écoulèrent en silence, seulement troublées par les indicateurs sonores des consoles. Les opérateurs surveillaient leurs écrans et dirigeaient la trajectoire du navire, tandis qu’Alenka jouait avec une petite sphère en verre.

Il la lançait en l’air puis exerçait ses arts occultes, créant des champs magnétiques pour la faire léviter ou y créer d’étranges formes lumineuses.
La balle était en effet un assemblage complexe de verre blindé, de circuits électriques et de métal sur laquelle ses arts occultes de foudre, maniés avec une extrême précision, pouvait engendrer toute une gamme d’effets. Ce petit jeu, presque l’unique distraction que s’accordait Alenka, n’avait pas échappée à Metrac qui avait déjà brisées deux de ces balles en guise de punition. Alenka gardait la dernière cachée autant que possible. Il n’avait pas souvent l’occasion de faire des courses…

Il s'exerçait ainsi depuis des années et, même si les sphères s’étaient perfectionnées et ses arts occultes développés, la balle qui lévitait doucement en brillant de milles feus lui rappelait toujours son enfance à Léa Firma. Son père utilisait la même technique avec une balle de presque un mètre de diamètre lors de spectacles, et lui avait transmis son savoir. C’était la seule chose qu’il avait gardé de sa famille…

Tout ce qui restait de l’innocence qu’il avait eu un jour était dans ces balles. Une innocence désormais bien lointaine…

La petite sphère s’éclaira d’une lumière bleutée tandis qu’Alenka se demandait combien de temps mettraient encore les loups d’acier montés à bord pour tuer Armin Metrac.




Placées de part et d’autre du bateau, les deux dernières tourelles de DCA, peu défendues et mal éclairées, n’avaient pas causées beaucoup de problèmes au sergent. Il avait quand même dû liquider deux gardes pour pouvoir placer rapidement ses charges, mais ça en valait la peine vu le temps gagné.

Car même si étrangement leur centre d’opération ne semblait pas trop inquiet de l’absence de réponse de certains gardes –s’en étaient ils seulement aperçu ?-, le temps était compté pour cette mission.

Satisfait d’avoir remplie la première partie de son objectif, le sergent avait trouvé une cabine déserte à proximité des batteries, servant à stocker des produits de nettoyage. C’est delà qu’il avait appelé son coéquipier. Dans ce genre de missions furtives, on évitait au maximum l’utilisation des radios pour limiter les risques qu’un ennemi ou une machine ne trouve la fréquence en cherchant au hasard. La probabilité qu’il tombe sur la bonne au moment ou les infiltrés parlaient était ainsi quasi nulle, renforçant la sécurité du cross com.

-Spectre, ici le sergent. Tu me reçois ?

La réponse arriva cette fois immédiatement.

-Oui. Tu en es où ?
-C’est bon pour la DCA. Et de ton côté ?

Il y eu un bruit de choc, puis un craquement sinistre que le sergent reconnu parfaitement. Une nuque brisée… La voix du Spectre ne varia pas de ton.

-Je me suis occupé de poser des charges sur les moteurs, et j’ai saboté les portes de lancement des Fury. Ils ne peuvent plus les utiliser... Je suis en route vers l’antenne du système de camouflage, j’aimerais m’en charger.

Le sergent retint un petit sifflement. D’après le plan, le bateau intégrait un système d’aires d’atterrissage et de décollage sur le côté du navire, sous le pont principal, comme pour un porte-avion. Toujours d’après le plan, il y en avait sept. Les saboter toutes en aussi peut de temps, en posant des charges sur les moteurs simultanément était un exploit.

-Bien reçu. Je vais me diriger vers leur centre de com dans ce cas. Il est temps d’appeler la cavalerie et d’en finir une bonne fois pour toute avec Armin Metrac…

Là encore il y eu un silence. Le tueur préférait sans doute que ce soit le sergent qui prenne contact avec le commandant Wolf pour lui exposer la nouvelle situation. Après tout, il pouvait mettre en doute la parole d’un mercenaire mal connu bien plus que celle d’un de ses hommes… Le sergent était convaincu que c’était pour ça que le Spectre souhaitait cet échange d’objectif, et vu la nature de ce qu’il devait annoncer, il le comprenait.

-Soit prudent, sergent. Leur absence de réaction m’inquiète… Ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Bonne chance, on se recontacte dès qu’on est sur nos objectifs. Spectre, terminé.

Le sergent coupa à son tour son communicateur, lui aussi pensif. C’est vrai que l’absence d’alerte commençait à se faire longue, même de nuit pour des troupes aussi nombreuses et mal organisées… Il vérifia sur sa montre. Déjà presque une heure qu’ils étaient à bord. Étrange... Enfin il était sur ses gardes, de toute façon.

Dès qu’il aurait atteint le centre de communication, envoyé l’ordre d’intervenir et déclenché les charges sous leur DCA, Metrac serait fini. Qu’il survive ou pas d’ailleurs...
Bientôt, il aurait sa vengeance.


Dernière édition par Varig Atorias le Jeu 7 Mar - 23:15, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Dim 9 Déc - 12:22

Les rats ont toujours faim. C’est dans notre nature, on n’y peut rien.

Pourtant on est intelligents, mais la faim, c’est un truc qui nous rend fou. On ne peut pas lutter contre elle... Ça nous ronge, si j’ose dire.

Alors on cherche. On fouille, on chasse, on explore, sans cesse en quête de notre pitance. Sur le poisson-de-métal, nous sommes partout, invisibles et silencieux. Le jour, nous dormons sous le cœur magique du poisson-de-métal, au chaud et serrés les uns contre les autres. Mais la nuit nous cherchons sans cesse de quoi calmer notre faim, parcourant chaque coursive et chaque conduit.

Forts et malins, c’est un peu notre devise. Rien à voir avec les souris, qui sont elles aussi légion dans le poisson-de-métal. C’est sournois une souris, vous savez ? Petit et rapide. Geignard et peureux. Rien au monde n’est plus méprisable que les souris…

Penser à elles me fait claquer des mâchoires. En plus, elles ont mauvais gout.

Enfin, c’est toujours mieux que d’avoir faim... Et là, j’ai faim.

Enfin comme d’habitude.

Non en fait j’ai vraiment faim.

Vraiment faim…

Je me dresse sur mes pattes arrière et lève le museau, reniflant autour de moi avec application. Peine perdue, aucune odeur de nourriture ne vient titiller mes narines… Dépité, je dois me rendre à l’évidence : il n’y a rien à manger dans le coin. Je vais devoir chercher ailleurs.

Je lisse mes belles moustaches –dont je suis très fier- et je me mets en chasse. Mobilisant les muscles de mes puissantes pattes, je me mets à courir à travers les entrailles du poisson-de-métal. Je suis rapide, et mes doigts griffus ne font aucun bruit en frappant le sol en cadence. Les peaux-de-métal ne remarquent même pas mon passage…

La faim me rend plus rapide, plus réceptif aussi. Mes sens sont en éveil et traquent le moindre signe de nourriture avec une efficacité dont seuls son capables les meilleurs chercheurs du clan. Le monde m'apparaît clairement, non tel que je le vois mais tel que les odeurs et les sons me disent qu’il est vraiment… Mes yeux transpercent l’obscurité, mais ils sont trop limités, trop faillibles pour que je me repose sur eux pour chercher dans une aussi large zone.
Je plaints les peau-de-métal, si limité qu’ils ne peuvent faire de même. Trop gros, trop lents, sourd et sans nez… A se demander comment cette navrante espèce survit.

Ma quête est vite récompensée. Bientôt une odeur appétissante et chaude vient titiller mes narines. C’est encore infime, mais je suis obstiné. Et j’ai faim… L’odeur me guide à travers d’étroits passages, me poussant à descendre toujours plus bas dans le poisson-de-métal. D’autres des membres de mon clan suivent eux aussi la piste, et nous sommes bientôt une petite dizaine à courir côte à côte, couinant mutuellement des encouragements et des informations dans un spectre sonore que les peaux-de-métal ne peuvent pas entendre avec leurs pauvres oreilles de sourds.

Une partie du groupe se sépare de nous pour traquer une souris qui, insolente, a cherché à suivre la même appétissante odeur que nous. Je leur souhaite bonne chasse, mais je doute qu’ils attrapent cette peste. Trop petite, trop rapide. Pour ma part je préfère continuer à suivre cette piste… A l’odeur, elle semble bien plus ragoutante.

Au bout de quelques minutes de course, un liquide poisseux et tiède remplace le métal froid sous mes pattes. Après l'effort...

Tiède et parfumé. Un régal. Ma langue vient laper la rivière pourpre qui coule jusqu’à nous, ruisselant dans la conduite métallique où nous nous pressons, de plus en plus nombreux, pour nous repaître du sang dont l’odeur sature l’air, couinant de plaisir.

Sans le vacarme des peaux-de-métal au dessus de nous, ce serait parfait.




Alenka et ses hommes avaient prit l’escouade du caporal Shane en embuscade du côté du marché de Phil, dans l'immense désert qui entourait la ville.

Les assaillants, qui les attendaient de toute évidence, avaient tentés de prendre un maximum d’entre eux vivant et l’escouade avaient pu leur résister avec succès durant quelques minutes. Du moins jusqu’à ce qu’Alenka ne mette brutalement fin à la fusillade avec ses arts occultes. Il avait totalement dominé les mercenaires, rendant toute stratégie inutile et écrasant ses ennemis en quelques secondes.
Le sergent commandant l’escouade avait été tué en premier et c’était Shane qui portait donc la responsabilité des survivants, ce dont il se serait bien passé…

Assommé par une des attaques d’Alenka, il n'avait repris conscience qu'un long moment après, soutenu par deux de ses hommes qui l’aidaient à avancer le long un couloir sombre à bord d’un bateau inconnu.
Encore sous le choc, il avait tenté de reprendre ses esprits tandis que les soldats de Metrac les menaient avec brutalité jusqu’à des cellules aménagées à fond de cale.

Une fois arrivés dans ce qui devait être leur zone de détention, les gardes avaient séparés leurs prisonniers et retiré ce qui restait leurs armures déjà endommagées par la bataille, ne leur laissant que la tenue camouflage qu’ils portaient dessous après une fouille minutieuse qui aurait faite passer les douaniers de Blitzness pour de vulgaires amateurs. Une fois la fouille terminée, ils les avaient enfermés séparés les uns des autres dans des cellules petites, suintantes d'humidité et de rouille.

Les balises cousues dans les vêtements n’avaient pas semblé inquiéter les mercenaires malgré les bips hystériques de leur détecteurs et le caporal en conclut que soit quelque chose les rendait inopérantes ici, soit ils voulaient que leurs camarades sachent où ils les avaient emmenés.
Il n’était pas très sûr de laquelle des deux possibilités il détestait le plus d'ailleurs.

L'attente ne dura pas plus d'une dizaine de minutes. Affalé sur le sol d’acier glacial, encore légèrement confus, Shane tentait d’évaluer la situation ou d’établir un plan pour sauver sa peau et celle des autres survivants, quand deux soldats de Metrac avaient pénétré dans sa cellule en lui hurlant de se lever.
Il tenta de s’exécuter mais reçu un violent coup de crosse dans le ventre avant même de s’être redressé. Des étoiles dansèrent devant ses yeux, et il n’eu que vaguement conscience d’être traîné sans ménagement hors de sa cellule.

Les deux geôliers le menèrent ainsi à travers long d’un couloir sombre et humide sur lequel semblaient donner les nombreuses cellules du bateau… Sonné, Shane n'y voyait que par éclairs flous et sombres, plus effrayants qu'utiles. Des parois rouillées et courbées, des grilles d'aération, des tuyaux, des marques... De sang?
Il tenta de se débattre, sans énergie mais un des garde le frappa derrière la tête, sans y mettre beaucoup de force mais assez brutalement pour le convaincre de se tenir tranquille.

Arrivé au bout du couloir, ses deux "anges gardiens" déverrouillèrent une grande porte, tapant un code dont les "bips" de chaque touche résonnaient étrangement. Les sons pré-enregistré presque joyeux étaient tout simplement trop décalé dans cet univers glauque d'humidité et de rouille...

La porte coulissa et les gardes poussèrent sans ménagement leur prisonnier dans une grande salle circulaire.

Trois autres soldats de l’escouade étaient déjà là, agenouillés au centre de la salle, mains derrière la tête, visages fermés.
Autour d’eux, une dizaine d’hommes en armes portant des armures sombres les surveillaient à plusieurs mètres de distance. Shane n’eu que le temps de remarquer les cranes blancs peints sur leurs épaulettes avant d’être jeté aux côtés de ses camarades.

-A genoux, mains derrière la tête ! aboya un des mercenaires en pointant son arme sur lui. Bouges toi vermine!

Le caporal se redressa péniblement, grimaçant à cause de la douleur causée par ses articulations endolories, mais exécuta docilement l’ordre, non sans gratifier ses camarades d’un signe de tête qui se voulait rassurant.
Peters, Natka et Gage... Ses hommes désormais.

Les deux premiers avaient l’air de bien tenir le choc malgré des traces de coups ou d’écorchures, mais Gage tremblait et on pouvait voir qu’il avait pleuré. Mais mis à part le gros hématome qu’il avait sur la pommette, sans doute dû à un coup de crosse, il ne semblait pas être blessé.

Le caporal détourna les yeux, regardant fixement devant lui, mâchoires serrées à se les briser. Gage était le plus jeune membre de l’escouade… Le gosse du groupe. Une recrue déçue de la Blitzness corporation, qui voulait vivre de vraies aventures au sein des loups d'acier. Aujourd’hui avait été son premier combat…

Quel gâchis.

Un des mercenaires en armure, le seul à ne pas porter d’arme à la main, se détacha du cercle de gardes et s’approcha d’eux…
Le chef sans doute.
Du coin de l’œil, le caporal évalua ses chances. Trop nombreux pour qu'ils puissent les maîtriser, conclu il aussitôt.

S’il prenait le chef en otage, ça resterait peut être possible. Suicidaire, mais plus tout à fait impossible. Dans tous les cas leur mort serait moins douloureuse que s'ils restaient sans réagir...
Même sans armes, perdu au milieu de l’océan et enfermé dans une salle remplie d’ennemis, il devait s’accrocher à la moindre possibilité de s’en sortir, ou bien il plongerait dans le désespoir et s’effondrerait. Il mourrait et ses soldats aussi.
C’est ce qu’il avait appris lors de son entraînement: toujours espérer le meilleur mais prévoir le pire.

Malheureusement les deux semblaient ici un peu trop proches.

-Bonsoir et bienvenue à bord du Polaris, mon navire, lança l’homme en guise de salut, avec quelque chose de moqueur dans sa voix déformée par son casque qui donnait l’impression de parler à une monstrueuse machine produisant chaque son en raclant un poignard sur quelque chose de métallique. Je suis Armin Metrac…

Il marqua une pause, comme pour juger de l’effet causé par cette annonce sur ses prisonniers.

Shane fronça aussitôt les sourcils, sans pouvoir retenir une moue de dégoût. Armin Metrac… L’ordure responsable de tout ça.
Malgré lui, son moral faiblit. Il avait entendu des histoires atroces sur ce que ce type faisait aux prisonniers. Les chanceux étaient peut être ceux qui étaient déjà morts.
Il serra un peu plus les dents, crispant ses muscles… Si c’était pour eux aussi le moment de mourir, cela risquait d’être long et douloureux.

-Alors ? Vous avez perdu votre langue ? demanda-t-il, ironique, apparemment très content du résultat de son annonce. Booooonnnnn, on va vous aider à la retrouver…

Un battement de cil avant il était devant eux, et le suivant il avait disparu. Gage lâcha un petit hoquet de surprise quand la voix s’éleva derrière eux, faisant tressaillir malgré lui le caporal et les autres "vengeurs".
Rapide…

-Qui commande votre escouade ?

Aucun soldat ne répondit. Il y eu un silence pesant, vite rompu par le claquement d’un pistolet que l’on arme.

-Je ne suis pas un homme très patient articula Metrac avec une lenteur calculée.

Gage lâcha un petit gémissement. En tournant la tête, le caporal put voir que Metrac lui avait collé son pistolet sur l’épaule. Nul doute qu’il le tirerait s’il ne répondait pas tout de suite…
Et peut être que parler pourrait détourner l'attention de Metrac du reste de ses hommes.

-Je commande, lança Shane d’une voix forte et assurée.

Le pistolet quitta l’omoplate de Gage -qui poussa un discret soupir de soulagement- et Metrac s’approcha du caporal à pas lents, jusqu’à arriver dans son dos. Il se pencha par-dessus son épaule, sa tête casquée juste à côté de la sienne. Shane fit un effort sur lui même pour rester impassible.

-Grade, nom ? demanda il à voix basse.

Le caporal ne chercha pas à gagner du temps ou à esquiver la question, répondant sèchement :

-Caporal Arthur Shane.

Metrac prit une voix presque aimable, autant que ça lui fut possible.

-Savez-vous pourquoi je suis ici caporal ?

Shane n’eu pas le temps de répondre que Peters lançait d’un ton moqueur:

-Je suppose que votre mère était ivre avec des gars une nuit et que ces types n'étaient pas des gentlemans... 9 mois plus tard…

Metrac se redressa et leva son arme à une vitesse effrayante, la pointant vers Peters en lui coupant la parole soudainement en rage :

-Toi!

Il respira bruyamment, comme essoufflé, tentant de reprendre le contrôle sur lui-même. Peters quand à lui continuait de regarder devant lui, le visage fermé mais un impercéptible sourire en coin. S’il n’avait pas autant craint pour lui et ses hommes, Shane aurait sans doute retenu un éclat de rire devant la remarque. Mais pas cette fois…

Par miracle, Metrac parvint à se calmer.

-Ne soit pas impatient… Ton tour viendra bientôt… lâcha-t-il.

Le pistolet resta pointé sur Peters, mais le regard de Metrac revint sur Shane.

-… Dès que le caporal m’aura donné la localisation de votre base.

Shane prit une grande inspiration avant de répondre d’une voix ferme.

-Je ne peux pas vous aider. Seuls les officiers ont accès à cette information.

Metrac abaissa son pistolet et croisa les mains dans le dos, sans mettre en doute l'affirmation. Il fit quelques pas en long en large derrière ses prisonniers, comme s’il réfléchissait.

-Pouvez-vous prendre contact avec eux ? demanda-t-il finalement, pensif, en s’arrêtant derrière Shane.

Le caporal continua de regarder droit devant lui et répondit sans hésiter.

-Même si je le pouvais, je ne le ferais pas.

Il y eu un silence puis Metrac se racla la gorge, ce qui produisit un bruit de métal froissé.

-C’est votre dernier mot ?

Shane ne répondit pas. Metrac laissa s’écouler quelques secondes et leva son arme, tirant deux fois sur la poitrine de Gage, qui fut jeté à terre sous l’impact.
Les détonations résonnèrent dans l’espace confiné, couvrant les cris de douleur du blessé et faisant siffler les oreilles des prisonniers, auxquels on avait retiré leurs protections auditives. Les douilles tintèrent sinistrement au sol.

-Gage!

Peters fit mine de se précipiter sur le blessé, mais un des gardes lui coupa la route et l’envoya au sol d’un coup de crosse au menton avant de braquer son arme sur lui.

-Remet toi à genoux ! aboya-t-il. Tout de suite!

Les autres skulls levèrent eux aussi leurs fusils, figeant le caporal et Natka, qui commençaient à se relever pour aller aider leur camarade. La mort dans l’âme, ils se remirent à genoux, tandis que les gémissements de Gage remplaçaient le sifflement causé par les tirs.

-J’ai mal, pleurait il. Putain que j’ai mal…
-Silence, espèce de lavette! Souffre en silence!

Metrac lui tira de nouveau dessus sans même lui jeter un regard, dans le genou cette fois, lui arrachant un long cri de douleur.

Alors qu'il hurlait, son bourreau qui fixait jusque là le caporal se tourna vers lui avec lenteur.
En un battement de cœur, il était à côté de lui.

-Ferme ta gueule! Ferme ta GUEULE!

Shane fit de nouveau mine de bouger, mais le soldat devant lui avança le poussa en arrière avec le canon de son fusil, l'obligeant à se remettre à genoux.
Gage continuait à gémir, plus doucement.

Hors de lui, Metrac l’attrapa au col et le souleva du sol d’un geste sans douceur, arrachant un nouveau cri au blessé.

-TU VAS FERMER TA PUTAIN DE GRANDE GUEULE ?! hurla-t-il, hors de lui.

Il jeta Gage contre le sol et le souleva à nouveau, répétant le même geste de plus en plus brutalement, pris d’une rage incontrôlable, sans doute à causée par l’agression infligée à ses tympans ultra-sensibles qui faisait resurgir la migraine qui rodait aux frontières de son esprit.

-FERME LA, FERME LA!

Le premier impact arracha un gémissement au blessé, puis Gage devint silencieux, alors que sa tête laissait une flaque de sang de plus en plus large sur le plancher d’acier.

Metrac frappa sa tête contre le sol durant une quinzaine de secondes, produisant à chaque fois un bruit écœurant, comme celui d’un gros fruit qu’on aurait écrasé à coups de pied. Le caporal détourna les yeux, prit de nausée.
Sans les fusils des gardes braqués sur eux, il se serait surement jeté sur Metrac.

-Alors !? Tu fais moins le malin maintenant !? lança-t-il de sa voix rauque.

Metrac éclata d’un rire dément et se mit à marteler le visage du jeune mercenaire à coups de poings puissants, utilisant aussi la crosse de son pistolet comme un marteau. En quelques instants, il transforma les traits du blessé en une bouillie sanglante qui aspergeait copieusement son armure noire.

Il frappa ainsi durant une longue minute pulvérisant totalement la tête de sa victime.
Enfin, il sembla se lasser et se releva, balayant les plus gros morceaux qui s’accrochaient à son blindage d’un revers de main comme il l'aurait fait pour un peu de terre.
Il se tourna ensuite vers les autres prisonniers, une main sur son casque et tenant de l'autre nonchalamment son pistolet contre sa jambe.

-J’ai un peu… Perdu mon calme. C’est ok, c’est ok… On va tous respirer un bon coup et reprendre calmement du début, ok ?

Personne ne répondit à la remarque. Pour chacun des prisonniers, la folie de Metrac était devenue évidente, et la mort qui les attendaient aussi.
Dans un silence de mort, Metrac marcha sans se presser jusqu’au caporal. A ses pieds, le sang de Gage ruisselait lentement sur le sol, formant une longue rivière pourpre qui disparaissait dans une petite grille prévue à cet effet au centre de la salle.

-Qu’est ce qu’on disait déjà ?

La voix était moqueuse, pleine d’une joie cruelle, et on devinait le sourire sadique derrière le casque. La haine balaya la peur de Shane.

-Vous pouvez tous nous tuer, répondit-il, méprisant. Aucun d’entre nous ne vous aidera.

Metrac fléchis sur ses jambes pour mettre au niveau de son regard et posa sa main droite sur la tempe de Shane, son pouce à quelques centimètres de son œil gauche. Le sang de Gage colla aussitôt à ses cheveux coupés ras, et coula dans son cou. Le contact lui donna à nouveau envie de vomir.

-Nous verrons cela… La nuit va être longue.

Et d’un geste foudroyant, il lui creva l’œil, enfonçant le pouce dans l’orbite. Le sang du caporal jaillit, éclaboussant le casque de son bourreau, tandis que son hurlement résonnait dans les canalisations du bateau, se perdant aussitôt dans la rumeur de l’océan.





Les étroites coursives du bateau étaient plongées dans une semi pénombre, seulement éclairées par des veilleuses jaunâtres. Moins nombreux que de jour, les gardes de Metrac patrouillaient ou restaient fixes près ce qu’ils protégeaient, parfois complétement endormis.

Le sergent se faufilait de couloir en couloir, jouant au chat et à la souris avec les mercenaires en armure, une tactique qui lui réussissait plutôt bien.

Karl avait jusqu’ici soigneusement évité d’entrer dans le navire, profitant des ombres et de l’espace du pont extérieur pour échapper aux gardes. Mais pour parvenir à la salle de communication, il n’avait pas le choix… Il avait du pénétrer dans la tour arrière.

Il était parvenu sans trop de problèmes au premier étage, évitant les mauvaises rencontres.
Le commando avait dégainé son poignard et avançait silencieusement à travers un couloirs aux murs métalliques. Longeant la cloison, il s’approchait d’une intersection. Il passa devant une porte, à demi cachée dans un petit renfoncement, qu’il contourna prêt à se jeter sur le côté si elle faisait mine de s’ouvrir.

Mais la porte resta inerte à son grand soulagement et il parvint sans mal au bout du couloir, qui s’achevait sur un croisement en "T".

Prudent, il passa la tête pour observer le terrain.

Le couloir de droite était vide, mais dans celui de gauche, deux gardes avançaient vers le croisement en discutant à voix basse, à seulement quelques mètres de lui.


Le sergent recula aussitôt hors de vue, craignant d’être repéré, tandis que les battements de son cœur accéléraient d'un seul coup.

Il calcula rapidement ses possibilités. Les soldats étaient trop proches pour qu’il rebrousse chemin jusqu’au bout du couloir et espérer réussir à les tuer en silence de face était plus qu'hasardeux.

Il n’avait qu’une seule cachette possible…

Karl se précipita vers le renfoncement devant lequel il venait de passer, et observa rapidement le système de fermeture de la porte. Un système à carte magnétique, comme pour les autres…

Il hésita. La porte allait faire du bruit en coulissant, ou délivrer un sonore "votre niveau d’accès est insuffisant pour accéder à cette porte, veuillez contacter votre supérieur pour en obtenir l’accréditation" si la carte qu'il s'était approprié ne convenait pas. Il avait déjà failli être repéré une fois à cause de cette saleté de message pré-enregistré et ne tenait pas à recommencer l’expérience…

Trop tard pour chercher une autre issue.

Karl se plaqua contre la porte et se tassa au mieux dans le renfoncement, espérant que les gardes choisiraient l’autre couloir ou passeraient sans le voir.

Les deux soldats avançaient sans se presser, plutôt détendus.

-T'as touché combien ce mois ci?

Les voix se rapprochaient, de même que les pas. Ils arrivaient dans le couloir...

-1 700. Et toi?

Le sergent se tassa encore un peu plus dans le renfoncement, cherchant presque à traverser le métal. Ils étaient tout proches...
Instinctivement il retint sa respiration, comme s'ils avaient pu entendre son souffle.

-Looser! Je suis à 2 200!

Ils passèrent devant Karl sans même regarder dans sa direction, continuant leur discutions. Si près qu'il aurait put toucher l'épaule de l'un d'eux en tendant le bras. Puis ils sortirent de son champ de vision.
Le sergent poussa un -discret- soupir de soulagement tandis que les voix s'éloignaient. L'alerte avait été chaude.
Son poignard toujours à la main, il risqua un oeil prudent hors de son abri, quand soudain...

-Qui va là!?

Quelque chose venait de claquer bruyamment dans le dos du sergent, manquant de le faire bondir en avant et faisant aussitôt se retourner les gardes.

La porte venait de s'ouvrir!


Dernière édition par Varig Atorias le Ven 15 Mar - 10:50, édité 7 fois
Revenir en haut Aller en bas
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Jeu 13 Déc - 13:59

La porte s’était ouverte sur un homme musculeux aux cheveux bleus, une couleur pour le moins originale, ainsi qu'un air endormi et des cernes à en faire pâlir de jalousie Rhhena Saster et Verlvrev Aikawa
Mais ce qu'il avait de plus remarquable, c’était son caleçon winni l'ourson, l'unique vêtement qu'il portait.

L’inconnu manqua de buter sur le sergent qui avait fait volte face par réflexe. Il recula d’un pas, semblant ne pas bien comprendre l’information que ses yeux injectés de sang transmettaient à son cerveau. Les deux hommes se fixèrent ainsi en silence durant une seconde…

-Qu…!? commença-t-il.

Il ne termina jamais sa phrase.

Karl s’était jeté sur lui.

Au corps à corps son armure lui donnant l’avantage et il avait l'effet de surprise. Déséquilibré, son adversaire bascula en arrière et heurta violemment le sol écrasé par le poids du sergent et incapable de frapper autre chose que des plaques blindées.
Iln'en eu pas le temps. La main gantée du commando se plaqua sur sa bouche juste à temps pour étouffer sa plainte de douleur tandis que son bras se levait, lame prête à tuer.
D’un geste précis et rapide, le sergent planta son poignard dans la gorge de l’homme aux cheveux bleus, qui devint aussitôt inerte. La moelle épinière tranchée, une mort instantanée...

Le sergent pu même l'éclat de la vie disparaître dans ses yeux tandis que les pupilles se figeaient.
Habitué, il ne s'y attarda pas. Ce n'était ni la première fois qu'il tuait au couteau. La première fois remontait à loin...

Le meurtre n’avait duré qu’une seconde, et Karl se relevait déjà souplement.

-T’as entendu ça ? fit un des gardes du couloir, juste assez fort pour que le sergent le remarque.

Le claquement d’un fusil qu’on arme tint lieu de réponse. Sans perdre un instant, Karl activa la fermeture des battants, espérant qu’ils terminent de se refermer avant que les gardes ne soient arrivés à son niveau.

Le sergent avait réagit juste à temps. Quand les deux gardes alertés par le bruit parvinrent devant la porte, elle était déjà close et ils étaient seuls dans la coursive.

Karl expira longuement, dos collé à la paroi d'acier.

Il était en sûreté… Pour le moment du moins.



A l’extérieur, un des deux gardes alla jeter un œil au croisement tout proche, puis revint, perplexe.

-Personne, chuchota il à son camarade. On fait quoi ?

Incertain, le second vérifia son fusil d’assaut histoire d’avoir quelque chose pour lui occuper les mains le temps de prendre une décision.

-On peut essayer de frapper à la porte, proposa-t-il finalement. Juste pour vérifier que tout va bien.

L’autre recula d’un pas, les yeux fixés sur la porte, comme pour bien se désolidariser de l’idée.

-C’est la cabine de Freaks. Si on le réveille ça va chier pour nous… lâcha-t-il toujours à voix basse. Le lieutenant n’est pas vraiment connu pour être de bon poil quand on le tire du lit. On devrait juste repartir en patrouille…

Le second garde insista, plus décidé.

-T’as entendu ce bruit comme moi non ? La porte s'est ouverte puis fermée… Imagine qu’il se passe vraiment un truc? Franchement je préfère me faire emmerder par le lieutenant Freaks pour l’avoir réveillé que jeter par-dessus bord par Metrac pour négligence.

Laissant son camarade de méditer la menace, il frappa à la porte.

-Lieutenant Freaks? Monsieur ? C’est la patrouille de nuit… Tout va bien ?



A l’intérieur, le sergent faisait marcher ses neurones à plein régime pour se sortir du guêpier dans lequel il s’était lui-même fourré.
Il avait déjà rapidement caché le corps, avant que le sang ne coule sous la porte, et essuyé la trace rougeâtre du mieux possible avec le côté non visible des oreillers pour bien masquer son forfait avant de le remettre en place. Ça ne réglait pas son problème, mais il gagnait quelques secondes de réflexion supplémentaire.

Debout au milieu de la pièce, il détailla les lieux d’un regard circulaire, à la recherche d’une solution.

Apparemment, il s'était enfermé dans la cabine de l’infortuné lieutenant Freaks. La chambre était plutôt spartiate; quelques mètres carrés meublés par un bureau avec ordinateur, des étagères, une grande armoire en acier protégée par un cadenas, un lit défait et un coin toilette minuscule dans une salle attenante dont la porte était restée ouverte et que le commando avait refermé. Pas de hublot ou de sortie de secours évidement… Coincé.

Le sergent se mordit la lèvre, stressé par les appels du garde à l'extérieur, pas décidé à s’en aller et qui l’empêchaient de réfléchir calmement. Il n’arriverait surement pas à les éliminer tous les deux en silence et n'avait plus l'effet de surprise… Il y avait surement une meilleure solution mais laquelle ?
Il devait faire le vide dans son cerveau, ce concentrer et trouver un plan. Vite…



-Monsieur, insista le soldat de l’autre côté de la porte, plus fort. Mon lieutenant !?

A mesure que ses appels redoublés restaient sans réponse, le mercenaire devenait plus soupçonneux que nerveux. Quelque chose n’allait pas… Le lieutenant Freaks avait le sommeil très léger en temps normal, se levant même pour venir hurler sur les gardes qui patrouillaient trop fort devant chez lui.
Les deux mercenaires se consultèrent du regard et celui resté en retrait arma son fusil avant d’hocher la tête.

-Monsieur ? Je vais entrer monsieur.

Enfin, une voix étouffée par l’acier et déformée par un casque répondit enfin de l’autre côté de la porte, un peu hésitante:

-Non non... Ça ne sera pas… Heu… Nécessaire. Tout est sous contrôle.

La réponse fut suivie d’un claquement métallique sonnore, dont il était difficile de définir l’origine. Les deux gardes se regardèrent à nouveau, sans pouvoir se consulter du regard à cause de leurs casques intégraux.

-Vous êtes sûr que tout va bien monsieur ? insista le soldat après un court silence. On a entendu du bruit…

Il y eu un nouveau choc métallique, suivi de quelques secondes de silence.

-Tout va bien, répondit finalement la voix de l’autre côté du battant. Je fais juste… Heu… Du rangement.

Les deux gardes se regardèrent à nouveau. Du rangement ? Au milieu de la nuit ? Bizarre… Et même franchement suspect. Définitivement, quelque chose n’allait pas.
Le garde hésita quelques secondes, jusqu’à ce qu’un nouveau choc suivi d’un raclement le pousse à agir.

-Lieutenant, peut on entrer?
-Heu... Négatif, ça ne sera pas nécessaire soldat...

Sans tenir compte de la réponse, le garde sortit une carte magnétique d’une poche fixée à son armure, tandis que son camarade se plaçait face à la porte, en position de contact. Il fit signe à son camarade qu'il était prêt.

Le garde approcha son pass du scanner, mais avant même que la carte ne touche le capteur de la porte, elle s’ouvrit en grand, le faisant bondir en arrière.



Les soldats de Metrac levèrent, puis baissèrent aussitôt le canon de leurs armes.
Le lieutenant, en tenue de combat intégrale et casqué venait d’ouvrir la porte de l’intérieur. Son armure, noire avec des marquage bleus, était facilement reconnaissable.

-Un problème soldats ?

Ils se mirent aussitôt au garde à vous.

-Pas de problème mon lieutenant… On croyait juste…

Le garde jeta un regard vers son camarade, en quête de soutien. Peine perdue, celui-ci ne vint pas à son aide.
Connard…

-Il y avait de drôles de bruits… S’empêtra-t-il. Heu… Des bruits… Heu… Bizarres… A cause de… Enfin… Vos rangements… On s’était dit…

Le mercenaire s’arrêta de parler, penaud. A leur grande surprise, le lieutenant répondit avec bonne humeur :

- Bon ce n’est pas grave. Personne n’est mort après to… Hum, ce n’est pas grave. Pas grave du tout.

D’un geste dégagé, il referma la porte de la cabine derrière lui, avant de reprendre, plus assuré.

-J’allais justement partir pour une inspection surprise. Ne dites pas que je vous m’avez croisé si vous voyez vos camarades, ou même un supérieur. Compris ? Sinon ça ne serait plus une inspection… Heu… Surprise.

Le garde resté en arrière répondit aussitôt, mielleux :

-A vos ordres mon lieutenant. Vous pouvez compter sur nous, on sera muets comme des tombes.

Le second mercenaire en armure eu une moue dégoutté, heureusement cachée par son casque intégral. Lèche bottes…

-Je vais au centre de com, annonça le lieutenant. Les sentinelles là-bas sont à leur poste ?

Le garde haussa les sourcils mais ne dit rien, laissant l’autre se démerder.

- Heu… lâcha-t-il, hésitant. Vous avez fait réduire le nombre de gardes hier soir monsieur… Il n’y en a plus aucun au centre de com. Selon les ordres du commandant Metrac il me semble… Il n’y qu’un sergent de pont à l’intérieur, mais ce n’est pas vraiment une sentinelle… C'est depuis qu'on a relevé la compagnie Skulls à ce poste mon lieutenant…

Le "lieutenant" ne dit rien durant une seconde.

-Bien sûr, je voulais vérifier si mon ordre était bien passé. Vous pouvez reprendre votre ronde, je commence mon inspection. Continuez à ouvrir l’œil...

L’officier les salua avant de partir d’un pas assuré dans la direction inverse à celle de la patrouille.

Le mercenaire le plus suspicieux, le suivi du regard, pensif.
Au delà des bruits étranges, quelque chose clochait, quelque chose qui titillait son instinct de combattant. Et pourtant il n’arrivait pas à mettre la main dessus. Agaçant…

-Tu viens ? appela son camarade.

Plongé dans ses réflexions, il lui emboîta le pas sans répondre.




Le "Lieutenant" quand à lui passa le tournant d’un pas rapide. Puis, s’assurant qu’il était bien hors de vue, il s’accouda au mur et respira profondément. Après toute cette pression, il avait besoin de souffler.

Juste une quelques secondes…


Enfermé dans la cabine avec les deux gardes devant la porte, le sergent avait dû réfléchir en vitesse. Cacher le cadavre ne lui avait pris que quelques instants, et pas apporté plus de solutions.

L’idée d’endosser l’identité de l’officier lui était venue assez vite, alors qu’il cherchait désespérément comment se tirer de ce piège.
Et quel meilleur outil pour ça que son armure, qui se trouvait surement dans la chambre?
Le seul endroit de la pièce où l’officier pouvait stocker son armure, c’était l’armoire cadenassée.

Fracturer la fermeture d’un coup de poignard avait été rapide mais bruyant et échanger les armures avant que les soldats n’entrent, un vrai tour de force. Il avait pulvérisé son record personnel de vitesse d’équipement d’ailleurs.

Il avait jeté sa propre armure sous le lit à la hâte, abandonnant au passage son fusil d’assaut, et à peine pris le temps de récupérer ses pistolets silencieux et de fixer la pochette à explosif sur sa nouvelle armure avant de sortir de la pièce.

Karl avait été le premier surpris que sa petite comédie prenne aussi facilement. Il fallait dire que le casque cachait les traits et modulait la voix, rendant difficile d’identifier les soldats autrement que par les signes de reconnaissance ajoutés sur les uniformes ou une forme de casque particulière…
La peur des soldats d’être punis avait sans doute fait le reste.


Calmé, il profita qu’il était seul dans le couloir pour inventorier rapidement son équipement.

Outre ses pistolets et le poignard dont le fourreau était fixé à l’épaulette de l’armure du feu lieutenant -Freaks, c'était le nom qu'utilisaient les soldats- il lui restait une charge explosive et le détonateur relié aux charges qu’il avait placées sur la DCA.
Il n'avait pas d'autres chargeurs pour ses pistolets, ce qui risquait de poser problème en cas de combat…

Tant pis il ferait avec. Se balader avec un fusil d’assaut et un sac de matériel avec ce déguisement aurait fait trop suspect de toute façon.

Question combinaison, il avait peut être gagné au change. C’était une armure haut de gamme, pratique et confortable renforcée sur les endroits stratégiques avec un alliage adamantium.
Côté tactique, outre la carte magnétique du lieutenant fixée à son gantelet, permettant sans nul doute d’accéder à nombre de zones, le casque comprenait un système de communication amélioré, des filtres de vision augmentée et même un module d’air. Le nec plus ultra des commandos… Décidément Metrac était bien équipé.

Profitant d’une vitre qui protégeait un extincteur fixé à la paroi du couloir, le sergent observa son reflet sous la lumière jaunâtre des veilleuses. L’armure était intégralement noire mis à part des marquages bleus peints sur le blindage, avec un casque blindé et un fourreau pour poignard sur l’épaule. Elle lui allait parfaitement malgré l’odeur discrète du parfum de son ancien propriétaire qui flottait encore dans le casque.

Le sergent se remit en marche vers le centre de communication, tout en réglant son transmetteur. Il franchit les derniers escaliers et couloirs au pas de charge et ne s’arrêta que plusieurs minutes plus tard, une fois arrivé dans le couloir devant sa cible. Il ne croisa qu’une seule patrouille, qui l’avait simplement salué, dupe du déguisement.
Cette armure lui facilitait vraiment les choses, et lui faisait gagner beaucoup de temps. L'opération serait terminée dans un temps record.


Comme prévu, le couloir devant le centre de com était effectivement désert. Pas de sentinelle… Négligence fatale.
Adossé au mur, le sergent manipula rapidement le communicateur synchronisé à son casque.

-Spectre ? chuchota-t-il dans son micro. Spectre tu m’entends ?

La réponse arriva presque aussitôt.

-Affirmatif. Je suis presque à l’antenne du camouflage électro-magique, j’escalade le pont en ce moment même… Où en es-tu ?

Karl regarda nerveusement autour de lui. Même s’il avait isolé son casque et qu’aucun son n’en sortait, il ne se sentait pas à l’aise.
Mais les alentours étaient bel et bien déserts… C’était presque trop facile.

-Je suis au centre de com, sous l’armure d’un officier ennemi. Je vais sécuriser la pièce et appeler la cavalerie. J'ai liquidé son propriétaire, un certain Freaks...

Dans le prolongement de sa phrase, le sergent abaissa le chien de ses pistolets sans les sortir de leurs holster à la ceinture. Prêts à servir...

-Reçu, bien joué. Un enfoiré de moins pour la bataille qui s’annonce, il était surement dangereux.

Le sergent sourit sous son casque. Il n’avait pas vraiment eu le temps de l’être…

-Ah et au fait, ils viennent de confirmer la présence de la cible principale à bord, sur le canal général. Apparemment il interroge des prisonniers dans le bloc de détention… Transmet l’info à "la cavalerie".

A l’évocation de Metrac, le poing du sergent se serra. Au bloc de détention…

Dès qu’il aurait envoyé son message, peu importe les ordres il irait tuer cette ordure de boucher de ses propres mains, même si ça signifiait y aller tout seul contre toute une armée de mercenaires, avec de grandes chances d’y rester. Il était venu pour ça après tout… Et s’il échouait, d’autres le vengerait.
Oui. Bientôt, Metrac allait payer. Pour elles et toutes ses autres victimes...

-On se recontacte dès que les objectifs sont sous contrôle, continua son coéquipier, inconscient de ses sombres pensées. Attaquer leur centre de commandement pourra être un bon objectif pour continuer, on doit pouvoir y pirater plusieurs dispositifs de contrôle. On verra ça après avoir sécurisé les objectifs principaux... Bonne chasse sergent. Spectre, terminé.

Karl ne répondit pas, remettant son casque en position normale, pour pouvoir à nouveau parler et être entendu. Il respira profondément pour retrouver un semblant de maîtrise de lui-même.
Puis, plus prêt que jamais, il marcha d’un pas martial jusqu’à la porte du centre de communication.



Plus loin dans le bateau, les deux soldats de la patrouille continuaient leur surveillance, inconscients de ce qui se tramait. Ils venaient de faire une fois de plus le tour de l'étage, et repassaient devant la porte de la chambre du lieutenant Freaks.
L’un des deux s’arrêta d’avancer, fixant la porte avec intensité. Son camarade, qui avait continué de marcher, s’en aperçut quelques mètres plus loin.

-Qu’est ce que tu fous encore là ? Allez vient !

L’autre ne bougea pas.

-Y a un truc pas normal, lâcha il. Je le sais…

L’autre revint vers lui, agacé.

-Tu vas pas recommencer… T’as vu ce que ça a donné la dernière fois ? Et puis c’est pas en fixant cette porte que tu…
-Myles ?
-Oui ?
-Ta gueule.

Le soldat s’avança jusqu’à la porte et sortit sa carte magnétique.

-Who who who ! C’est la chambre du lieut’ je te signale! Qu’est ce que tu fous Tom !?

Le mercenaire déverrouilla la porte et entra dans la cabine, regardant autour de lui.

-Mon job. Surveille le couloir.
-Mais si on nous choppe ça va…

La porte se referma avant qu’il ait put terminer sa protestation. Bougon, Myles lâcha tandis qu'il se plaçait de manière à faire le guet:

-Et après il ose se plaindre qu’il est moins payé que moi ce con…

A l’intérieur de la cabine le second mercenaire, Tom, fusil dans le dos, regardait autour de lui concentré à l’extrême. A première vue tout était normal…
Mais à mieux y regarder des détails clochaient. Le cadenas de l’armoire blindée était ouvert, la lumière était encore allumée… Et quelque chose poissait sous ses semelles.

Le mercenaire se baissa, frottant songant contre la substance.

Du sang. Très peu mais du sang quand même… Qui semblait étendu, comme si on avait traîné quelque chose de sanglant vers le fond de la cabine… Quelque chose ou quelqu’un.

Il fit passer son fusil d’assaut dans ses mains, et mis la crosse contre son épaule. A pas lents, il s’approcha de l’armoire, posa la main sur le loquet. Il respira profondément.

Le mercenaire ouvrit brusquement le casier en reculant d’un bond, son canon pointé en avant…

La grande armoire d’acier était vide, mis à part un quit d’entretien pour armure et des boites de munition calibre 45 sur une étagère supérieure.

Le fusil s’abaissa, et Tom pesta intérieurement. Rien... A quoi il s'attendait de toute façon? Un cadavre?

Il remit l’armoire et son cadenas comme il les avait trouvés avec la nette impression qu'il perdait la boule ces temps ci… Le sang devait provenir d'une blessure du lieutenant. Si ça se trouve ça n'était même pas du sang. Et Freaks était réputé pour sa bizarrerie.
Myles avait sans doute raison, il en faisait trop.

Tom fit demi- tour et se prépara à ressortir bredouille quand sa main s’immobilisa, juste au dessus du bouton d’ouverture de la porte.


Un détail venait de le frapper. Il fit volte face et rouvrit l’armoire pour vérifier ce qu’il savait déjà.
Les munitions. Du calibre 45, comme les revolvers qu’utilisaient presque tous les officiers… Certainement pas comme les longs pistolets semi automatiques équipé de silencieux que portait le "lieutenant" à sa ceinture quand il était sortit de la chambre. Maintenant, il les revoyait clairement ces pistolets, alors qu’ils ne les avaient presque pas remarqués sur le coup… Les mystères de l'esprit humain.

Ce détail, c’était ça qui le tiraillait ! Pourquoi garder des munitions pour une arme qu’on ne portait même pas, et pourquoi porter de tels pistolets à bord ? C’était incohérent, sauf si…


Fébrile, le mercenaire repris sa fouille du regard.
Sur le bureau, il finit par voir le revolver, éparpillé et soigneusement démonté. Seul le canon dépassait de sous un torchon, noir de poudre. Sans doute Freaks passait il ses insomnies à le nettoyer...

A côté de l’armoire, il y avait une petite porte. Celle de la salle de bain de l’officier sans doute…

A nouveau en posture contact, fusil à l’épaule et canon pointé à mi-hauteur, il s’approcha à pas lents et activa l’ouverture de la porte.

La salle de bain était petite. Une douche, une toilette sur un sol en plastic blanc, un évier et un miroir. Un vrai luxe à bord…

Un luxe dont ne jouirait plus le lieutenant Freaks qui gisait là dans son propre sang, qui s’écoulait doucement à travers le trou dans le sol destiné à évacuer l’eau de sa douche.
Rien qu'à sa peau blanche comme le sol, il ne faisait aucun doute qu'il était bien mort.

- Merde, lâcha-t-il entre ses dents. Merde !

Tom fit volte face, et marcha jusqu'au lit dont il arracha les couvertures et trancha en deux le matelas d’un grand coup de baïonnette.
Sous le sommier, une armure gris sombre et un fusil d’assaut avaient étés laissé sur place, preuve supplémentaire du passage de l'intrus

-Merde merde merde !

Le soldat activa son communicateur tandis que Myles, attiré par les jurons sonnores avait ouvert la porte de la cabine.

-Un problème ? demanda-t-il, inquiet.

Tom fit un signe de tête vers la salle de bain où gisait le cadavre.

-Si tu sais pas encore nager en armure c’est le moment ou jamais d’apprendre, lâcha il. Centre de commandement? On a un intrus à bord !





Quand le "lieutenant" entra dans le centre de communication, tous les mercenaires présents dans la pièce se levèrent d'un seul bloc.

-Officier sur le pont ! lança le seul en armure, qui claqua des talons dans un impeccable garde à vous.

Les autres, qui portaient des tenues civiles sombres et pas des armures ne saluèrent pas, restant seulement debout. Prudent, le commando ne s’en offusqua pas, supposant que c'était normal.

-C’est bon, repos sergent, répondit-t-il en lui rendant son salut. Je passe juste vous inspecter. Reprenez le travail.

Les civils se rassirent tandis que le sergent de pont se mettait au repos.

Karl étudia rapidement la pièce.

Rectangulaire, plutôt profonde avec un plafond bas, les murs de la salle étaient tous couverts d’écrans et de consoles sauf sur la paroi de la porte et celle qui lui faisait face, occupée par une vitre large offrant une vue plongeante sur le pont du porte conteneur.

Beaucoup trop haut pour pouvoir sortir par là, conclut aussitôt Karl. D'après son plan, ils se trouvaient au quatrième étage...

Au centre de la pièce, un fauteuil était fixé au sol, entouré d'épaisses consoles pouvant fournir une bonne couverture si besoin.

Les opérateurs, devant les écrans, ne semblaient pas armés. Surement des hackers mercenaires recrutés par Metrac... Seul le sergent de pont, en armure noire, portait un gros revolver à la ceinture.
Un gros calibre, voilà qui pourrait être utile… Mais le sergent regretta de ne pas voir de fusil d’assaut dans la salle. Tant pis, il ferait avec.

-Vous pouvez vous rasseoir sergent.

Il se plaça face à la fenêtre, observant le pont de l’immense navire tandis que le sous officier reprenait place dans son fauteuil, l'œil à nouveau rivé sur ses écrans.

Tout en vérifiant que personne ne le fixait il compta les occupants de la pièce grâce au reflet sur la vitre.

Sept, dont deux femmes.

Le commando ne pouvait pas prendre le risque de les menacer, tous ayant un micro fixé à leurs serre tête. Désarmés ou pas, il allait devoir tuer tout le monde assez vite pour les empêcher de donner l'alarme…

Il écrasa le début de doute qui commençait à monter en lui sous une vague de haine pure envers sa cible...
La vengeance, rien d’autre ne comptait. Pas de pitié pour ceux en travers de sa route.

Il se retourna et marcha jusqu’au fauteuil du sergent de pont, qui lui tournait le dos. Il dégaina silencieusement son couteau, main gauche sur son pistolet encore au holster, puis le fit passer sous le menton alors que sa victime se retournait vers lui.

-Lieutena…? 

L’homme ne comprit pas ce qui se passait. Il porta ses mains à sa gorge, ouverte et sanglante, tentant de bégayer quelque chose, sans succès.

Sans s'attarder, Karl dégaina un premier pistolet silencieux tout en remettant son couteau au fourreau. La scène se passait comme au ralenti...

Les civils ne portaient aucune protection contre les balles et aucune arme. Eux non plus ne comprirent pas assez vite ce qui se passait.
Le commando visa rapidement la tête du technicien le plus proche et pressa la détente. Le pistolet silencieux tressauta dans un claquement métallique, et la console se couvrit de sang tandis que l'homme s'effondrait, raide mort.

Son voisin fit mine de se lever mais Karl l'aligna d’un mouvement souple et tira à nouveau sans hésiter, tout en dégainant son second pistolet de l’autre main. Le troisième opérateur parvint à se lever et à se retourner avant de recevoir une volée de balles dans le torse, son assassin pressant la détente jusqu'à vider son chargeur. Son cadavre fut projeté contre son fauteuil, sur lequel il s'effondra.

Karl tourna la tête vers l’autre côté de la salle, où les opérateurs s’étaient retournés et commençaient à crier, se protéger bien inutilement de leurs bras ou à supplier.

A cette distance, ils n’avaient absolument aucune chance. Le pistolet tressauta, semant la mort sans pitié.

Les hackers s’effondrèrent aussitôt, fauchés par les balles.

Le sergent s'arrêta de tirer et balaya la pièce du regard. L'une de ses cibles remuait encore, et il l'acheva impitoyablement d'une seule balle, tout en rengainant son deuxième pistolet.

L'ultime douille tinta sur le sol, signant la fin du massacre. La scène n’avait pas duré plus de cinq secondes.


Dans la salle désormais silencieuse, il ne restait que deux vivants; le "lieutenant" et une opératrice terrifié qui s’accrochait désespérément aux accoudoirs de son fauteuil. Choquée, son regard allait des cadavres immobiles à "l’officier".
Ses vêtements et une partie de son visage étaient tâchés du sang de ses collègues.

-Pou… Pourquoi ? lâcha-t-elle enfin.

Karl vérifia son pistolet en le gardant pointé sur la jeune femme.

-Vous êtes la plus fluette, lâcha il de sa voix rendue caverneuse par son casque, répondant volontairement à côté de la question, comme pour éviter d'avoir à se justifier du carnage. J’avais besoin de quelqu’un de vivant pour faire marcher ce matériel et si vous résistez je pourrais vous tuer plus facilement… Debout.

Elle ne réagit pas tout de suite. Une larme se mêla au sang sur son visage.

-On n’est pas des soldats… On ne…

Agacé, le sergent fit un pas vers elle, et elle eu un mouvement de recul. D'un geste brutal, Karl lui arracha son casque micro et le brisa dans son poing, lui arrachant un petit cri apeuré. Elle n'avait désormais plus aucun moyen d'appeler des renforts...

-Vous travailliez pour cette ordure de Metrac, vous auriez dut vous douter de comment ça finirait. Debout ! répéta-t-il, plus rudement, en la tirant par le bras.

Elle s'exécuta, terrifiée et s'immobilisa, alors que le pistolet de Karl était toujours braqué sur elle.

Le sergent la fixa une seconde, son expression cachée sous son masque d'acier. Elle devait avoir une vingtaine d’années peut être moins. Plutôt jolie avec des cheveux noirs et des yeux verts souligné de maquillage, mêlés à du sang qui n'était pas le siens et à ses larmes.

Sa détermination vacilla un peu, sans que son interlocutrice puisse s'en apercevoir.

Une gamine… Depuis quand avait il admit que menacer, frapper ou tuer une gamine désarmée était un sacrifice acceptable à sa vengeance, fusse une agent au service de Metrac ? Il n'était même plus sûr que tuer les autres est été son unique option... Qui était-t-il devenu?

Hésitant, il la lâcha et enleva son casque, gardant son communicateur à l’oreille mais révélant ses traits. Il dut faire un effort sur lui même pour durcir son expression. Menaçant, il planta ses yeux noirs dans les siens et baissa son pistolet sans le remettre dans son holster.

-J’ai besoin de prendre contact avec quelqu’un sur Archivant. Aide-moi, et je te laisserais en vie, dit-t-il simplement.








La salle de commandement était désormais bien éclairée par la lumière électrique des lampes et il regnait un quasi-silence seulement perturbé par le ronronnement des machines qui remplissaient la pièce.
Concentrés sur leurs écrans, les skulls semblaient s'ennuyer ferme. Pourtant aucun ne faisait mine de piquer du nez ou les échanges entre eux étaient courts et à voix basse. Ils contrôlaient tout depuis les terminaux, aussi bien les communications que la trajectoire du navire.
Hermétiquement close et lourdement blindée, c'était sans doute la zone la plus sûre du bateau.

Confortablement instalé dans le siège de commandement le capitaine Alenka faisait voloeter sa sphère devant lui, sans se lasser de son petit jeu. Celle ci émettait une étrange lueur argentée quand la communication de la patrouille arriva.

-Comment !? … Qui a… Le lieutenant Freaks !? … Où vous dites ?

L'opérateur qui venait de recevoir le message se tourna aussitôt vers le capitaine, fébrile.

-Monsieur !? Il y a un problème… Un gros problème.

La sphère s'immobilisa, à un bon mètre de hauteur et la lumière qu'elle émettait s'éteignit doucement.

-Quel genre de problème? répondit l'officier, d'une voix si froide qu'elle en était menaçante.

Le skull déglutit, pas franchement enchanté d'être un porteur de mauvaises nouvelles.

-Le lieutenant Freaks a été tué. Quelqu'un a pris son armure et se dirige vers la salle de communi...

La sphère émit un petit flash rouge, coupant aussitôt le skull dans sa phrase. Il reprit, tandis que tous les opérateurs s'étaient tournés vers lui ou tendaient l'oreille:

-Heu... Monsieur? hasarda-t-il. On déclenche l'alerte générale?

Alenka réfléchissait à toute vitesse, et son hésitation était parfaitement visible par tous les skulls puisqu'il ne portait pas son casque.
Les crétins infiltrés à bord s'étaient fait repérer trop tôt... Impossible de savoir qui d'eux ou de Metrac était en position de force. Tout reposait sur la DCA, surement leur objectif principal. Tant qu'elle était opérationnelle, les loups d'acier ne pourraient pas débarquer ou couler le navire sans subir de très lourdes pertes.

-Mon capitaine?

L'officier hésitait sur la marche à suivre. Il pouvait tuer tout le monde dans la pièce et espérer que les commandos infiltrés réussissent à saboter la DCA, voir s'en charger lui même mais c'était hasardeux.
Essayer de leur faire gagner un peu de temps était nettement plus prudent. Après tout, Metrac pouvait encore gagner.
Quelle poisse...

-Négatif, lâcha il finalement. Je ne veux pas alerter ces rats et ils ont surement pris nos radios... Personne ne bouge. Mettez moi en liaison avec Metrac.

Discipliné, le skull obéit sans discuter tandis que les autres opérateurs retournaient à leurs écrans, l'oreille toujours tendue.

Alenka se leva de son fauteuil, faisant passer la sphère de verre et d'acier dans son dos, hors de vue de la caméra montée sur l'écran principal.
Le visage de Metrac apparu sur l'écran mural qui surplombait les terminaux. Celui ci était filmé depuis l'intérieur de son casque.

-Tu ne perd rien pour attendre, petit soldat... lança il à un interlocuteur, hors champ. Je reviendrais bientôt. Alenka, que se passe-t-il? J'espère que vous avez une bonne raison de me déranger en plein interrogatoire...

Le visage de l'officier ne variât pas, mais intérieurement il souriait largement. Metrac allait piquer une sacrée crise... Et Alenka avait découvert que les crises de son chef étaient aussi handicapantes que douloureuses.

-Des commandos ennemis sont montés à bord, annonça il d'une voix parfaitement posée. Au moins un, qui a volé un uniforme et éliminé le lieutenant Freaks... Quels sont vos ordres?

Le visage de Metrac resta figé une seconde, comme s'il digérait l'information.

Et puis il éclata de rire, apparemment très amusé et satisfait de la nouvelle. Alenka en resta quelques instants stupéfaits avant de se reprendre.

Il s'attendait à toute sorte de réactions mais pas à celle-ci.

-Bien joué Alenka! Vous venez de prolonger votre vie... Si vous aviez tenté quoi que ce soit pour masquer leur présence, j'aurais eu la preuve que c'était vous le traître que je cherche...

Alenka sentit monter un début de panique, sans faire varier son visage. Le... Traître?
Metrac ne semblait absolument pas surpris d'apprendre que des Loups d'acier s'étaient infiltrés à bord...
Son esprit fit rapidement les déductions qui s'imposaient.
Metrac savait... Depuis le début il savait qu'ils étaient là. Et pire, il savait qu'un de ses officiers l'avait trahi en renseignant ses ennemis. Il le soupçonnait...
Mais comment?

-Je... Je ne comprend pas chef, lâcha il finalement, pris de court.

Le rire de Metrac s'amplifia, suprêmement satisfait d'avoir si facilement déstabilisé son second.

-Quelqu'un chez nos ennemis semble avoir sentit le vent tourner et travaille désormais pour moi. Les "vengeurs" ont été renseignés sur note base par un informateur en notre sein... Je suis toujours persuadé que c'est vous d'ailleurs. J'ai suivi leur pitoyable tentative d'infiltration depuis le début. Vu le nombre de cadavres qu'ils on semés, j'attendais de vous que vous les repériez avant d'ailleurs...

Dans la salle, tous les opérateurs fixaient leurs écrans avec une attention passionnée, observant un silence religieux. Alenka les balaya rapidement du regard...
Lesquels savaient dès le départ, cachant l'infiltration pour mieux piéger les saboteurs sur ordre de Metrac?

-Fort heureusement pour vous, continua il, vous allez avoir l'occasion de vous rattraper. Je vais avoir besoin de tous mes soldats, et vous serez le plus zélé de tous.

Alenka grimaça. Metrac avait un coup d'avance et risquait bien de l'emporter sur les vengeurs...
Et se retrouver dans le camps des perdants ne faisait pas partie du programme du capitaine.
Même si la mort de son chef était quelque chose qu'il espérait sincèrement il ne sacrifierait pas sa vie pour l'obtenir.
Celui ci l'avait bien compris d'ailleurs. Alenka allait devoir faire tout son possible pour retourner dans ses bonnes grâces.

-Voulez vous que je traque les saboteurs? proposa-t-il finalement.

Metrac eut une moue méprisante.

-Non, leur sort est déjà réglé. Restez ici, et attendez mes ordres...

Vaincu, Alenka inclina la tête.

-A votre guise.

Le sourire de Metrac s'amplifia.

-Oui... A ma guise. Ne commettez plus jamais l'erreur de vous croire plus malin que moi, Alenka. Je vois plus loin que vous... Et je sais ce que vous pensez avant même que vous le pensiez. Vous m'appartenez tous, ne l'oubliez pas et vous vivrez pour me servir. Sinon vous mourrez. Metrac, terminé.

L'image disparue. Alenka se rassit dans un silence de mort, pensif.

La situation ressemblait de plus en plus à un noeud de vipères. Quelqu'un renseignait les anciens loups d'aciers et quelqu'un d'autre renseignait Metrac. Finalement, c'était lui qui les avait tous dupés, dominant totalement la situation...
Et Alenka allait se retrouver en désagréable situation. Restait à espérer que Metrac le jugeait assez utile pour que le prix à payer ne soit pas trop élevé...
Machinalement, son doigt suivi sa cicatrice tandis que sa sphère venait doucement se poser au creux de sa main.

-Capitaine? Toutes les commandes viennent d'être dérivées vers le bloc de détention... signala le skull le plus gardé. Nous captons les communications mais ne maîtrisons plus rien monsieur. Que doit on faire?

Alenka ne répondit pas tout de suite. Metrac lui avait ôté tout moyen d'agir, et déplacé son poste de commandement... Il avait vraiment tout prévu pour mettre son subordonné hors circuit, au cas où il tenterait tout de même "le tout pour le tout".

Son plan devenait évident. S'il n'avait pas tué les commandos, c'est qu'il voulait attirer un maximum de ses ennemis dans un piège... Et quelle meilleur appât que lui même?

Les vengeurs allaient se jeter tête baissé sur sa base et, là, y seraient décimés. Un coup de maître, qui lui permettrait de rediriger ses troupes contre le soleil noir sans délais.

-Nous attendons, lâcha-t-il enfin.





Dans le centre de communication, Karl surveillait sa "prisonnière" du coin de l'oeil tandis qu'elle manipulais les instrument de la console centrale.
Le commando avait lui même suivi un entraînement et pouvait comprendre ce qu'elle faisait, mais sans les codes d'accès dont elle disposait la manoeuvre aurait été longue et pénible alors que l'opératrice ne semblait pas rencontrer de problème particulier pour établir la connexion.

Elle n'essayait même pas d'envoyer un avertissement au reste du bateau. Tant mieux.

Il se frotta les yeux et fit jouer ses épaules en grimaçant. La mission avait déjà duré, et demandé beaucoup à son organisme qui commençait à fatiguer. Vivement que tout soit fini...

-Voilà, fit elle d'une voix mal assurée au bout de seulement quelques minute de travail. J'ai terminé... Liaison dans trois-cent secondes.

Karl acquiesça, d'un air absent et se pencha sur le cadavre du sergent de pont, récupérant son revolver et les munitions correspondante sans s'émouvoir le moins du monde.
Il vérifia le barillet en activant son communicateur.

-Spectre? Salle de com sécurisée, liaison établie. Où en es tu?

Il jeta un coups d'oeil vers l'opératrice, qui le fixait avec inquiétude. D'un geste de son revolver, il lui fit signe de se mettre dans l'angle de la pièce là où il pouvait la surveiller facilement lors de sa communication.

-Je place ma charge sur l'antenne de camouflage. Ça neutralisera les communication aussi, c'est la même antenne... Et je doute d'avoir une connexion satellite ici. Tu peux appeler les renforts et tout faire sauter. Finissons en avec Armin Metrac!

Le sergent sourit, carnassier, s'approchant de la grande fenêtre de la pièce qui s'était opacifiée et affichait une barre de chargement. Un écran transparent... Bien pensé.

-Bien reçu... Toutes les charges sont reliées à mon détonateur donc tout explosera en même temps. Du joli travail camarade, je n'aurais pas cru qu'on réussirait aussi bien...

Le tueur ne répondit qu'après quelques secondes, acquiesçant du bout des lèvres.

-Hun hun. Appelle Wolf et déclenche les charges, je me met à couvert.

La barre de chargement achevait de se remplir et le sergent coupa la communication avec son coéquipier.

Le visage du commandant Wolf s'afficha sur l'écran-fenêtre. Karl le salua, un sourire satisfait sur son visage.

-Sergent! Dis moi que vous avez réussi!?

Karl lui détailla succinctement les nouveaux renseignements et leurs actions sur "le Polaris".
A la fin de l'exposé long de plusieurs minutes, Wolf mis son casque, sur lequel était peint le symbole des anciens loups d'acier.

-Très bien, nous adapterons notre stratégie en conséquence... Nous arrivons, dès que le camouflage sera neutralisé nous vous localiserons. Mes félicitations sergent... Transmet aussi mes compliments au Spectre.

Karl sortit le détonateur de son porte chargeur avec un sourire carnassier.

-Merci commandant.
-Faites attention à vous deux. Metrac risque de chercher qui vient de détruire ses plans avec toute son énergie... Wolf terminé.

L'image disparu, et Karl s'avança jusqu'à la fenêtre, redevenue transparente comme si elle n'était composée que de verre.
Il réactiva son communicateur.

-Les renforts sont en route. Spectre, tu es à couvert?
-Affirmatif. Tu peux déchaîner l'enfer.

Le sourire disparu, remplacé par un visage dur et impitoyable.

-Armin Metrac... Tu vas payer!

Et il écrasa le détonateur.


Dernière édition par Varig Atorias le Ven 15 Mar - 11:44, édité 7 fois
Revenir en haut Aller en bas
Varig Atorias
♟ Tueur indépendant ~ Conspirateur à ses heures perdues... ♟
Varig Atorias


Messages : 2361
Date d'inscription : 17/09/2011
Age : 31

Carte d'identité
<font color='#B5AA96'><strong>Palier</strong></font> Palier:
Loups d'acier: la revanche [SOLO] 1155/10Loups d'acier: la revanche [SOLO] 416  (5/10)
<font color='#C4B8A2'><strong>Prime-Mérite</strong></font> Prime-Mérite: 5800 penas-5450 points
Jobcard(s): Aucun & aucun

Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1Mar 18 Déc - 22:32

Playlist de Varig Atorias: baroud




Il y eu une longue seconde de décalage entre l'activation du détonateur et l'explosion. Une seconde de calme avant l'ouragan...

Les charges ébranlèrent le navire, faisant vibrer la coque et grondant comme un légendaire dragon, manquant de jeter le sergent et tous les occupants de la tour à terre. Dans le coin de la pièce, l'opératrice lâcha un gémissement, mains plaquées sur les oreilles tandis que le rugissement se prolongeait.

Alors que la détonation achevait de résonner et que le bateau se stabilisait à nouveau, Karl se redressa en s’appuyant à la vitre, cherchant des yeux le résultat de ses efforts.

En dessous de lui, les deux seules tourelles de DCA qu’il pouvait voir étaient intactes et le bateau continuait sa route comme si rien n’avait vraiment perturbé son avancée. Pourtant au moins une charge avait explosée...

Abasourdit, le sergent fixa les batteries tandis que des silhouettes sombres couraient en tous sens sur le pont, paniquées.

-C’est pas possible... lâcha-t-il enfin dans un souffle. Pourquoi…

Il avait placé lui-même les explosifs sur les cibles, et pourtant ils n'avaient pas fonctionné.
Une charge défectueuse était un cas qui aurait pu arriver. Mais deux…

Non.

Son expression se durcit à mesure qu'il comprenait.

Pas défectueuses. Sabotées!



Avant qu'il ne puisse vraiment faire les déductions qu'imposaient la situation, son communicateur s’activa et la voix de Spectre cria un seul mot:

-Embuscade!

Sans même réfléchir, le sergent se jeta à terre, ses réflexes de combattant prenant automatiquement le dessus sur le reste de ses pensées.

Alors qu’il plongeait au sol, une balle de gros calibre fit exploser la vitre au dessus de lui, y creusant un impact large comme une main avant d’aller se perdre dans le plafond en sifflant, passant exactement où se trouvait sa tête un instant plus tôt. Puis avec une seconde de décalage, la détonation retentit comme un coup de tonnerre.

Sniper!

Sans même y penser consciemment, Karl avait dégainé le revolver prit sur le sergent de pont et s'était plaqué contre la paroi d'acier sous la fenêtre. D'un mouvement souple il mit un genoux à terre en prenant bien garde de ne pas faire dépasser sa tête du mur et réfléchis rapidement à la position du tireur. Les battements de son cœur ralentissaient peu à peu.

Vu le temps de latence entre l’impact et la détonation du tir, le sniper devait être à environ 400 mètres, tout au bout du navire.

La bonne nouvelle c’est que vu qu'il n’avait pas entendu de moteur d’hélicoptère, le seul poste de tir possible restait le sommet des conteneurs entassés sur le pont. Le tireur était donc en dessous de lui, avec un angle de tir exécrable et une impossibilité totale de viser la partie de la pièce qui n’était pas juste devant la fenêtre.
La mauvaise nouvelle, c’est qu’à cette distance, Karl n’avait rien pour riposter. Jeter des cartouches à main nue serait aussi efficace que de tirer vers lui, d'autant qu'il ne connaissait pas sa position exacte…

A l’extérieur, des rafales d’automatique et des cris lui parvinrent ainsi qu'une explosion. Varig serait-t-il lui aussi...?
Le sergent glissa rapidement le long du mur d’acier, largement assez épais pour encaisser une balle de gros calibre. Le sniper l’avait compris puisqu’il ne tirait plus… Sans doute visait-il le dernier endroit où il avait vu sa cible, attendant qu'elle ressorte pour l'abattre.

Arrivé à l'angle entre la large fenêtre et le mur de la salle, le sergent se risqua à lever la tête, juste de quelques centimètres pour voir le pont, qu’il balaya d'un regard rapide tandis que les rafales d’automatiques se poursuivaient avant de se baisser à nouveau, juste à temps. Une balle vint exploser contre le métal, passant à quelques millimètres de l’endroit où se trouvait le front de Karl, alors que celui-ci n’avait pas passé plus de deux secondes à découvert et que son visage n’était pas sortit de plus d’une dizaine de centimètres.

Il fallait reconnaître à ce sniper qu’il tirait sacrément bien ce sniper, et sacrément vite… Un peu plus et la balle l’aurait décapité. Il ressentait même la brûlure laissé par le frôlement de la munition sur son crâne rasé.

-Merde, merde, merde ! jura-t-il.

Il était sorti juste assez longtemps pour voir ce qu'il voulait. Les tirs ne venaient pas du pont, sinon il aurait aperçu la lumière des détonations.
Le combat devait donc se dérouler à l’arrière du bateau, probablement sur le toit près de l'antenne détruite par la charge de Spectre… Car cette explosion là avait bien eu lieu.

Il chassa la douleur de la brûlure sur son crane, concentré sur les conséquences de ce qui venait de se passer.

De toute évidence, les mercenaires les attendaient. Les charges sur la DCA et les moteurs avaient étés désamorcées et la bataille semblait très mal engagée alors que Wolf et ses hommes se mettaient déjà en route, inconscients du sabotage de l'opération...
Pour vérifier son intuition, le sergent testa rapidement son GPS, qui fonctionnait bien que n’ayant aucun réseau pour une éventuelle communication. Spectre avait donc bien détruit le camouflage et l’antenne de communication… C'était donc bien une embuscade, pas une coïncidence.

Le commandant des mercenaires voulait qu'ils sabotent ces deux objectifs et appellent Wolf avant de détruire eux même leur seul moyen de communication.
Quelqu’un les avaient trahis et Metrac avait maintenant l’opportunité de détruire tous les vengeurs d’un coup. Mais qui avait …?


Le sergent se concentra à nouveau sur le combat, faisant passer sa réflexion au second plan. La première étape s’était de rester en vie et de quitter les lieux en vitesse… Il réfléchirait plus tard à qui avait fait quoi, s’il y avait un plus tard pour lui.

Revolver toujours au poing, il se jeta en avant et effectua une roulade vers consoles au centre de la salle, qu'il rejoignit courbé en deux, espérant être dans l’angle mort du sniper.

Aucune balle ne vint siffler à ses oreilles, et il supposa qu’il était effectivement hors de danger… Pour le moment.


Soulagé de cette menace imminente, examina la salle un coup d’œil circulaire. Son otage était resté sagement terrée dans l’angle de la pièce. Elle n’avait rien même si elle tremblait comme une feuille… Parfait. Tant qu’elle était là, le sniper ne risquait pas de la toucher à sa place.

Dehors les tirs d'automatiques cessèrent, et l’alarme du bateau se mit enfin à hurler. Soit le Spectre était mort, soit il avait tués ses assaillants. Ou leur avait faussé compagnie... C'était un assassin après tout. Disparaître une fois ses forfaits accomplis était sa spécialité.
En tout cas, Karl n’avait plus beaucoup de temps avant que tous les mercenaires ne se concentrent sur lui.

Il se redressa tout à fait et remit rapidement son casque qu'il récupéra sur la console, activant aussitôt son communicateur.

-Spectre, tu me reçois? On a est dans la merde…

Aucune réponse... Il grogna, agacé par le mugissement de l'alarme.

-Si t'es encore vivant, il faut détruire cette DCA avant l’arrivée de Wolf. On doit...

Karl se figea puis se retourna brusquement vers l’entrée de la pièce, levant son revolver d'un geste fluide.
L’opératrice avait profité qu'il avait le dos tourné pour ramper silencieusement jusqu’à la porte, dont elle tentait de désactiver le verrouillage avec précipitation. L'alerte l'avait verrouillée, mais elle allait y parvenir.

Alertée par le brusque silence du sergent, elle se figea puis fit demi tour avec lenteur, les yeux baissés. Voyant le canon pointé sur elle, la hackeuse leva les mains, paumes ouvertes comme pour bien montrer qu’elle n’avait pas d’arme.

Doigt sur la détente, le sergent était aussi immobile qu’une statue d'acier, son visage à nouveau couvert par le casque intégral. Le viseur de l'arme était placé sur le front de la jeune femme.

Ils restèrent face à face sans bouger de longues secondes.

Puis la porte blindée de la salle coulissa dans un chuintement.
L’opératrice regarda la porte ouverte, puis son regard revint sur le canon pointé sur elle.

Lentement, elle recula. Le canon la suivie. Le doigt toujours sur la détente, Karl ne tirait pourtant pas.

Dès qu’elle fut dans le couloir, la jeune femme en noir se mit à courir, disparaissant aussitôt de son champ de vision. Le commando baissa son revolver et marcha lui aussi vers la porte, à pas rapides.
Il n’avait que peu de temps avant qu’elle ne rameute les gardes -si le sniper ne l’avait pas déjà fait- et il allait devoir bouger vite...

Pourtant il n’avait pas tiré et ne le regrettait pas. Malgré sa haine, trop de celui qu'il était restait pour qu'il commette ce meurtre. Certaines choses étaient plus importantes que la vie...



Il allait franchir le seuil quand une courte rafale de fusil d’assaut retentit, toute proche. Si proche que le sergent perçut sans effort le tintement des douilles sur le sol métallique du couloir.
Tous ses sens alerte, le commando se plaqua contre le chambranle de la porte, arme pointée vers le haut, et risqua un œil prudent hors de son couvert.

L’opératrice gisait un peu plus loin dans le couloir, ses yeux verts ne fixant plus rien. Son buste avait été lacéré par les balles perforantes qui l'avaient projetée en arrière.

A quelques mètres d'elle, un groupe de soldats de Metrac en armures noires avançaient en formation vers la salle de communication, fusils encore fumants. Le sergent n’eu que le temps de noter le crane blanc peint sur leurs épaulettes avant qu’ils ne le repèrent.

-C’est lui, abattez le! aboya l’un d’eux.

Aussitôt, la fusillade commença. Karl rentra la tête juste à temps, évitant de peu d’être abattu grâce à ses réflexes pour la deuxième fois en quelques minutes.
Les mercenaires déchaînaient un véritable déluge de balles, qui sifflaient autour de la porte ou éclatait contre les blindages des murs de la pièce, qui se couvraient d’impacts. Sans les bouchons antibruit, le vacarme aurait été assourdissant.

Coincé.

-Avancez, aboya la voix métallique d’un des mercenaires sans que le crépitement des fusils automatiques ne cesse. Mille penas à celui qui le choppe!

Les tirs se firent nettement moins précis mais restaient trop denses pour pouvoir riposter sans risquer d'être abattu. A moins de disposer de puissants boucliers magiques pare balle pas moyen de passer.

-Spectre, tu me reçois? lança le sergent dans son communicateur, entre ses dents. J’ai vraiment besoin d’un soutien là !

Comme il s’y attendait, personne ne lui répondit.

-Et merde !

Il s’accroupit et respira calmement. Les balles perforantes ne parvenaient pas à entamer le blindage du mur, mais les mercenaires devaient être en train de se rapprocher. Heureusement qu’il n’était pas sortit à découvert. Sans l’opératrice, c’est sans doute lui qui serait étendu là, mort…

Le sergent tira à quatre reprises à l'aveugle, avant de recharger le barillet en quelques gestes experts.
Les tirs s’espacèrent, signe qu’il avait un peu refroidit les ardeurs de ses adversaires.

-Halte au feu !

Les tirs cessèrent aussitôt. Le sergent sortit la tête une demi-seconde et se remit en sûreté. Ils avaient bien avancé, certains étaient même à moins de dix mètres… La situation était vraiment critique.

-Hé toi ! Si tu te rends, tu as ma parole de t’épargner. Tu t’es bien battu mais tu n’as aucune chance... T’as fait ton job, mais maintenant c’est fini. Crève pas connement! Alors tu te rend?

Le sergent se releva silencieusement et sortit à moitié à découvert, ouvrant le feu à trois reprises en moins de deux secondes avant de se remettre aussitôt à l’abri tandis que la riposte suivait immédiatement, nourrie mais inutile.

Le recul du revolver était puissant mais il était sûr d’avoir touché au moins deux soldats un peu trop imprudents. Des balles calibres 45, perforantes et explosives. Ça traversait le blindage des armures et explosait à l’intérieur, dans la chair.
Une balle de ce type tuait généralement sur le coup, quelque soit la zone touchée.
Cela les feraient surement réfléchir.

-Ça vous suffit comme réponse ? lança il, sacrifiant à la vieille tradition de plaisanter pendant les fusillades tout en réintroduisant une balle restée dans son ancien barillet dans celui qu'il venait d'entamer.

Dans le couloir, le chef d’escouade répondit d'un juron sonore et donna ses ordres par signes à ses hommes, silencieusement cette fois.

Ces mercenaires n’avaient pas grand-chose à voir avec les gardes qu’il avait croisé jusque là. Ils se mettaient à couvert avec professionnalisme, avançaient sans se soucier des pertes et tiraient juste, utilisant des armes variées et pas seulement des Typhons. Leurs armures aussi étaient différentes…

Sans doute la compagnie d’élite de Metrac. Au moins une escouade, soit huit contre un… Ça partait mal. Étrangement ils ne lui tiraient pas de grenades. Soit ils avaient reçu ordre de le prendre vivant, soit ils craignaient d’endommager quelque chose dans la structure...

Sa main gauche descendit vers le pistolet silencieux à sa ceinture, puis quitta la crosse de l'arme pour aller toucher la pochette fixée dans son dos. La dernière charge explosive...

Il écarta aussitôt l'idée. La détonation tuerait certainement tous les ennemis de l’étage, mais mourrait aussi. Sans personne pour les prévenir ou saboter la DCA, Wolf et ses hommes se jetteraient dans un piège et Metrac gagnerait… Intolérable.

Malgré la nuée de balles qui continuait à siffler autour de lui, il n'avait pas peur de mourir, seulement la certitude qu'échouer à tuer Metrac signifiait que ses frères d'armes mourraient tous en vain. Celui ci continuerait alors ses crimes...

Sa main remonta et il dégaina son pistolet silencieux. Il acheva de vider son dernier chargeur à l’aveugle pour obliger ses assaillants à se mettre à couvert, qui cessèrent momentanément leur tir de barrage pour ne plus tirer qu’au coup par coup.
Karl jeta ensuite le pistolet désormais inutile et sortit juste assez de lui-même pour faire feu avec son revolver, canon appuyé au creux de son coude gauche pour en améliorer son contrôle du tir.

Les hommes de Metrac s’étaient mis à couvert dans les couloirs latéraux et ressortait déjà pour avancer à nouveau. Il ne tira qu’une fois, faisant exploser le casque mercenaire le plus proche avant de devoir se remettre à couvert, sous une grêle de balles. L'une d'elle avait même éraflé la coudière blindée de son armure.
Ils étaient trop nombreux pour réussisse à les arrêter…

Le sergent cherchait une solution quand une volée de balles mal ajustées vinrent frapper son épaulette, le plaquant violemment contre le mur auquel il était adossé.
Un autre groupe l’avait contourné, arrivant en face du premier pour le prendre en tenaille et "l'homme de tête" venait de surgir devant lui, tirant aussitôt avec son MP5.
Avec un cri de rage, Karl leva d'un réflexe rapide son revolver et tira une seule fois sur ce nouvel assaillant qui fut à son tour projeté contre la cloison, un large trou au milieu du torse, lâchant une longue rafale qui alla se perdre dans le couloir durant sa chute.

Karl grimaça sous son casque. Les balles de petit calibre du skull n’avaient pas traversé le blindage occulte de l'armure, mais son épaule était douloureuse…
Le commando se redressa et tira une fois à l’aveugle dans la direction des soldats du couloir de gauche puis pressa de nouveau la détente. Son arme émit un "clic" caractéristique. Chambre vide…

Profitant que son adversaire soit à court de munition, un des skull du couloir à sa droite enjamba le cadavre de son camarade et couru vers lui, prêt à le cribler de balles.
Mais avant qu’il ne puisse presser la détente, Karl lui tira une balle en pleine tête, qui l’envoya contre le mur à côté du cadavre de son camarade, laissant au passage une longue trace de sang sur la cloison.

Le commando changea de barillet en quelques gestes experts tout en reculant dans la salle de communication dont il activa la fermeture et le verrouillage, profitant que les soldats ennemis restaient à couverts et continuaient à tirer sur le seuil de la porte, temporairement immobilisés.

-Une chambre vide avant la dernière balle du revolver. Je sais plus dans quel western j’ai apprit ça, amigo, mais ça marche bien… lança-t-il vers le cadavre pour faire diminuer son stress tandis que la porte se refermait complètement.

Une fois les battants clos, le sergent dégaina son couteau et l’enfonça brutalement dans le boitier d'ouverture de la salle qui grésilla et émit de petits éclairs avant de s’éteindre, hors service. Puis il se retourna et balaya la pièce des yeux, à la recherche d'une sortie.

La porte blindée allait ralentir ses ennemis un moment, mais il était maintenant enfermé.

Les cadavres des opérateurs ne seraient pas utiles et faire le mort ne marchant pas à moins d'enlever sa précieuse armure. Se déguiser pas plus, les mercenaires au crane ayant démontrés qu’ils n’hésitaient pas à tirer "au cas où" sur leurs propres hommes, armés ou pas.

Les écrans de la pièce diffusaient en boucle des messages d’erreur, rien à tirer non plus de ce côté-là… Quand à Spectre, il ne donnait toujours aucun signe de vie.

Il était pris au piège.

Le sergent serra les poings, en rage. Si près du but, après tout ce qu’il avait parcouru et sacrifié… Il ne pouvait pas échouer. Il devait trouver un moyen!

A l’extérieur, les soldats tiraient sur la porte, sans succès. Ils leur faudrait des explosifs pour l’ouvrir, mais ils finiraient par en avoir…
Karl s’avança, cherchant encore une idée quand un objet bien connu passa à travers la fenêtre pour aller rouler jusqu'aux consoles au centre de la pièce dans un tintement métallique.


Grenade !


Le sergent se plaqua à terre une seconde avant que la grenade offensive n'explose, projetant des shrapnels en tout sens tandis que son souffle pulvérisait tout ce qui était encore intact dans la salle.
Karl ne fut sauvé que par son armure d’officier, lourdement blindée, et par les consoles qui absorbèrent le gros de l’impact. Il fut tout de même arraché du sol, projeté avec violence contre la porte de la salle et légèrement sonné, laissant échapper son révolver qui roula dans la poussière.


Le lanceur de la fameuse grenade se trouvait juste au dessus de la fenêtre désormais entièrement détruite de la salle de com, avec deux autres skulls à ses côtés. Tous les trois étaient suspendus perpendiculairement à la façade et étaient descendus du toit en rappel grâce aux câbles fixés à leurs ceinturons pour surprendre leur cible.

Bien entraînés, ils se propulsèrent en arrière d’un bond tout de suite après l’explosion de la grenade tout en lâchant un peu de mou sur leurs cordes. Pistolets au poing et fusil dans le dos, ils vidèrent leurs chargeurs à l’aveugle sur la salle pleine de la fumée produite par l’explosion. Sans cesser de tirer, ils traversèrent l'ouverture béante dans un mouvement de pendule parfaitement calculé et atterrirent sur leurs pieds, amortissant leur chute en fléchissant les genoux.

D’un même geste parfaitement synchronisé, ils se redressèrent en passant leurs casques de la vision nocturne à la vision thermique tout en éjectant leurs chargeurs vides de pistolet de l’autre main.
C'est là que la fusillade reprit.



Le sergent avait été légèrement sonné par l’explosion, mais il récupérait vite. Les deux balles de 9mm qui l’avaient touchées par hasard lors du mitraillage des skulls n’avaient pas percées le blindage de son armure, et il se redressait déjà malgré ses oreilles encore sifflantes et sa vue floue.
Il ramassa son revolver à tâtons et passa lui aussi en vision thermique, repérant ainsi facilement ses cibles malgré la fumée.

Aucun des trois soldats n’avait fini de recharger, il avait donc l’avantage.

Sans hésiter, il leva son arme et tira sur le mercenaire de droite qui décolla du sol et fut propulsé en arrière par l'impact. Il repassa à travers la fenêtre détruite avant de tomber dans le vide. Sa corde arrêta sa chute et il était maintenant suspendu, hurlant de douleur. Son bras avait été arraché par l’impact mais il était encore en vie grâce à son réflexes de plonger sur le côté… Karl visait son coeur.

Les deux skulls survivants n’avaient pas attendus la fin de la chute et s'étaient jetés sur le côté dès le premier coup de feu, s’évitant ainsi de subir le même sort.

Karl rata deux tirs réflexes coup sur coup, qui se perdirent dans la nuit.

Le skull de gauche, qui avait continué de recharger en vol, se réceptionna d'une roulade impeccable et se mit en positon de tir, un genou à terre. Un exploit vu qu'il était toujours accroché à son câble...

Karl et lui tirèrent en même temps, en pleine tête l’un et l’autre.

La balle de 9mm du pistolet Glock ne fit que ricocher sur le casque lourd du sergent alors que la balle de 45, elle, creusa un trou bien net dans le blindage et explosa dans la tête du skull, qui fut jeté en arrière, mort avant même de toucher le sol.


Le dernier mercenaire avait jeté son pistolet plutôt que de recharger et dégainé son couteau de combat tout en effectuant un plongeon en avant pour esquiver le tir qui lui était destiné, qui rafla seulement sa jambière. Pendant que son camarade tirait sur le sergent, il se réceptionna en fléchissant les genoux avec fluidité puis bondit en avant, par-dessus les débris des consoles qui traînaient encore au milieu de la salle.
Encore désorienté par la balle qui venait de percuter son casque, Karl tenta de ramener son canon vers cette dernière menace, mais le skull encore en suspension dévia le revolver du bras et la détonation claqua dans le vide.

Le mercenaire atterri dans la garde du sergent et le projeta au sol d'un puissant uppercut en plein casque avant de se jeter sur son adversaire à terre, frappant un coup de couteau de haut en bas vers la gorge de Karl.

Celui ci, à qui son revolver avait échappé durant sa chute, rattrapa le poignet de son adversaire arrêtant ainsi la pointe du poignard à quelques centimètres de sa gorge sans autre protection que la combinaison qu'il portait sous son armure.
Au milieu de la fumée, les deux hommes luttèrent, poussant chacun sur le couteau à deux mains en tentant de faire céder l'autre.

Le sergent faiblissait plus vite. Il avait de multiples entailles superficielles dues aux shrapnels et les effets de l'adrénaline commençait à faiblir alors que le skull était frais et dispo. Plus important sans doute, là ou son adversaire avait la rage de tuer, lui ne se battait plus que par désespoir.
Inexorablement, la lame descendait vers sa gorge, millimètre par millimètre alors que les muscles douloureux du sergent criaient grâce.

Les deux ennemis se fixaient, haletants, les yeux dans les yeux à travers leurs casques.

-Tu vas… Mourir, lâcha calmement le skull de sa voix métallique déformée par son casque, sur lequel éteint justement peint en blanc un poignard courbé.

La lame se rapprocha encore un peu plus, venant piquer la chair du sergent à travers le tissu.
Dans la tête de Karl, de multiples images défilèrent. De son enfance, de sa vie. De ses erreurs, de ses succès et de toutes ces choses qui n’avaient plus vraiment d’importance maintenant.

Était-ce ainsi quand on mourrait?

Pourtant il ne voulait pas mourir... Il avait trop de choses à terminer, trop de gens dépendaient de sa survie...

La brûlure de l'acier donna au sergent l'adrénaline qui lui manquait pour lui résister encore un peu, repoussant même la lame d'un précieux centimètre...
Un peu de sang tâchait la pointe du poignard à la lame anthracite et coulait goutte à goutte le long du cou de Karl.
Agacé par cette résistance, le skull lâcha un grognement, intensifiant sa poussée.

La lame se remit à descendre, sans espoir de remonter cette fois...

-Crève! lâcha-t-il de sa voix transformée par son casque.

La porte de la salle émit un bruit aigu, faisant immédiatement lever la tête aux deux adversaires.
Le bruit caractéristique d'une charge explosive qui s'armait...

Profitant de la distraction, Karl dévia les poignets du skull de toutes ses forces et cessa de pousser. L’arme vint frapper le sol à côté de sa tête, déséquilibrant son propriétaire.
Le sergent frappa ensuite son ennemi sous le menton d'un coup rapide mais peu puissant puis le saisit à gorge tentant de le faire basculer en envoyant brusquement les jambes de côté. Déséquilibré, le skull tomba sur le ventre, sans perdre son poignard. Le sergent était maintenant à genoux, au dessus de lui...

Sans lâcher le poignet armé de son adversaire, Karl se redressa d'un mouvement vif, passant ainsi derrière son adversaire encore au sol qu’il redressa et emprisonna d'une clé violente, manquant de peu de lui casser le bras et lui faisant enfin lâcher son arme.

Le skull avait maintenant la main droite au dessus de son épaule gauche, son propre bras faisant pression sur sa gorge, incapable de baisser la tête ou de frapper. Le sergent le fit tourner, l'obligeant à se placer face à la porte, l’utilisant comme un bouclier humain...

Le skull tenta de se débattre, mais sans succès. Il frappa deux fois le sergent de son coude libre et tenta de lui briser la cheville à coup de pied, mais l'armure de son adversaire amortissait trop pour que des coups sans élan fassent de dégâts.
Au bout de quelques secondes, la charge creuse posée de l’autre côté de la porte s’activa faisant voler en éclat le blindage dans une onde choc puissante


L'explosion propulsa les deux adversaires à l'autre bout de la pièce, aveuglant totalement les scanners thermiques qui se désactivèrent d'eux même.

Aussitôt la porte détruite, les skulls se précipitèrent dans la salle, noyant la pièce sous un déluge meurtrier de balles perforantes en vidant leurs chargeurs à travers la fumée.

Le sergent fut bien protégé par le corps de son adversaire affalé sur lui, qui n'eu pas cette chance. Quelques balles perforantes frappèrent sans pénétrer le blindage mais les protections de son armure cédèrent en quelques secondes, le faisant tressauter comme une marionnette devenue folle alors que les projectiles le lacéraient.

Les skulls tiraient en automatique, touchant même le sergent à travers son "bouclier". Mais son blindage absorba sans problème les impacts des balles ralenties par l'armure du skull.

Enfin le mitraillage s'arrêta, et le bruit des chargeurs qui tombent à terre remplaça le fracas des tirs.

Le sergent, dont chaque cellule hurlait de douleur en profita pour ceinturer le cadavre sanguinolent affalé sur lui.
Mobilisant ses ultimes forces, il se leva et se laissa tomber en arrière, traversant en une seconde l'ouverture béante avant de tomber dans le vide.

Au dessus de lui, une nouvelle rafale crépita, mais trop tard.



Karl tombait dans le vide. Le haut le bas tournoyaient, sans qu'il parvienne à discerner autre chose que des flash flous.
Le pont du bateau, couvert de conteneurs multicolores, le skull amputé suspendu par sa corde dont les hurlements couvraient le mugissement de l'alarme et le ciel noir de nuages s’entremêlaient dans une sarabande cauchemardesque...

La chute s'interrompit brutalement au bout de quelques mètres, et il du s'accrocher de toutes ses forces au cadavre pour ne pas aller s'écraser sur le pont plusieurs mètres plus bas.
Comme il l'avait prévu le câble du skull, accroché à son ceinturon, fonctionnait toujours et il était maintenant suspendu au dessus du sol.

Ignorant la douleur qui le tiraillait, il jaugea rapidement la hauteur en dessous de lui avant de chercher à tâtons la commande du treuil sur le ceinturon malgré l'effrayant mouvement balancier de la corde.



A l'autre bout du navire, le sniper de Metrac avait suivi la dernière manoeuvre du sergent à travers sa lunette thermique, impressionné. C'était lui aussi un skull, et un tireur d’élite.

Le sniper bougea légèrement de sa visée, un mouvement infime vu de l'extérieur mais qui modifia le trajet virtuel de la balle d'une quinzaine de mètres. Son travail exigeait de la précision...
Le skull ne voyait plus sa cible, masquée par les conteneurs. Il remonta à nouveau vers la salle de communication, où les soldats semblaient ne pas avoir compris assez vite ce qui se passait... Il allait s'en charger lui même.

Le sniper fit encore remonter son viseur et aligna le point d'ancrage des cordes de rappel, une gaine d'aération située sur le toit, sans se préoccuper de la fumée causée par l'explosion de l'antenne qui montait derrière son objectif.
Il bloqua sa respiration, poumons remplis au maximum, et stabilisa au mieux sa visée sur son étroite cible. Il rattrapa le jeu de la détende de son fusil barret jusqu'à sentir la résistance du chien. Enfin il tira.


La détonation raisonna comme un coup de tonnerre, recouvrant durant en instant tous les autres bruit tandis que le fusil reculait brutalement contre l'épaule de son propriétaire.
La balle fila durant une demi seconde dans les airs dans les airs et frappa sa cible à plus de 400 mètres de distance, faisant complètement exploser le tuyau d'acier.

Tous les câbles se décrochèrent, précipitant du même coup le skull au bras arraché et le sergent dans le vide.

Celui ci n'eu pas vraiment le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Brutalement lâché, il s'accrocha de toutes ses forces au cadavre de son adversaire, se préparant à l'impact.
Le corps inerte amortit sa chute, mais l'impact fut extrêmement violent, lui brisant instantanément la jambe malgré son armure. Son épaule émit elle aussi un craquement de protestation, sortant de son logement puis se remboîtant aussitôt à cause de la pression des plaques d'armure.

Le skull blessé n'eu pas cette chance et son hurlement s'acheva dans un fracas écoeurant d'os brisés.

La douleur manqua de peu de faire sombrer le commando dans l'inconscience, mais il parvint à se maîtriser grâce aux restes d'adrénaline, lâchant seulement une plainte entre ses dents.
Tout était flou autour de lui, et du sang avait giclé sur son casque, obscurcissant encore plus sa vision parcourue de points blancs aveuglants. Son corps atteignait ses limites...

Karl tenta de se mettre à quatre pattes, mais le haut et le bas étaient devenus des notions abstraite et il ne parvint qu'à rouler sur le dos, face aux nuages noirs. Le corps brisé du skull au couteau gisait juste à côté de lui, définitivement immobile...
Incapable de faire plus, il resta ainsi plusieurs secondes, respirant péniblement, tout son corps n'étant plus que souffrance. Les sons lui parvenaient comme lointains, à travers un brouillard.

Se mêlant à l'alarme, des pas se rapprochèrent de lui sans qu'il puisse en déterminer la provenance. Puis un canon de fusil entre dans son champ de vision.

Il avait atterri sur le pont principal, entre deux conteneurs et un groupe de soldats de Metrac l'avait repéré et encerclé, s'approchant à pas prudents, armes pointées sur lui.

Il tenta à nouveau de bouger mais ne parvint qu'à se faire encore plus mal.
Deux mercenaires le relevèrent rudement en le tenant sous les épaules et lui enlevèrent son casque en hurlant des ordres que le sergent ne comprit même pas, sonné.
Du sang coulait sur son visage, tiède et épais.

L'un des gardes lui tordit violemment le bras, envoyant tout son corps en avant et manquant à nouveau de le faire défaillir. Un premier coups de poing arriva sans qu'il le voit venir, en pleine tempe. Un second coup de poing suivi, puis un puissant coup de pied aux côtes que l'armure ne put absorber, lui faisant cracher un peu de sang sur le sol d'acier.

Péniblement, il leva la tête, pour se trouver face au canon d'un revolver, immense et noir.

Ça finissait donc ainsi...

Dans une dernière pensée, le sergent regretta de ne pas même pouvoir mourir sous la lumière de la lune. De mourir seul au milieu d'ennemis et en ayant échoué...

Puis la douleur explosa dans son crane, annihilant toute pensée.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Loups d'acier: la revanche [SOLO] Empty
MessageSujet: Re: Loups d'acier: la revanche [SOLO]   Loups d'acier: la revanche [SOLO] Icon_minitime1

Revenir en haut Aller en bas
 
Loups d'acier: la revanche [SOLO]
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Loups d'acier: la traque [Solo]
» L'avènement du seigneur des loups (solo)
» Retrouvaille entre deux loups... [PV]
» La loi des fauves (solo)
» Apprentissage (Solo)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Theoc Area :: Le Monde de Gaea :: Océan Enoillytique-
Sauter vers: