Et encore un boum

L

a journée commençait bien pour ce bonhomme à blouse blanche. Les grands classiques qu’offrait toute entreprise, la queue à la machine à café, discussion avec les collègues de son étage. Il avait de bons souvenirs de ses premiers jours de travails dans ces lieux qui sentaient les produits désinfectants à plein nez. Les labos avaient besoin d’être stérilisés. Il aimait cette odeur. S’il aimait les explosions, il était navré pour le petit personnel qui passait derrière lui. Tous ces dégâts. Les affres de la science. La découverte avait un prix. Et puis après tout, c’était leur boulot. Il passa vite à autre chose. Il penserait à cotiser pour un éventuel arbre de Noël des agents de surface ou autre. Boarf.

Il avait une longue liste de choses à faire. Beaucoup de recherches en suspens. Le patron s’était mis en tête de déléguer ses subalternes toutes les recherches qui ne l’intéressaient pas, c’est-à-dire une grande partie des affaires courantes. L’équipe devait mettre les bouchées doubles. Enfin, ils avaient été prévenus à la signature du contrat. Et puis, tant qu’il pouvait travailler avec un tel budget, Ryley ne se souciait pas trop de ce genre de détails. La division biologique n’était pas des plus animées, il y avait besoin de sang neuf. Ryley faisait partie du nouveau personnel. Apparemment il y avait eu quelques soucis mais il n’avait pas été tenu au courant. On n’avait pas l’air de vouloir lui en dire plus et cela ne le souciait pas outre mesure, chacun avait ses petits secrets après tout, lui compris. Il ouvrit la porte de son labo, plongé dans le noir. Les débuts de semaine…

Il ouvrit les stores au maximum pour profiter un peu de la vue sur la ville éternellement sombre, animée par les éclairages de la ville. Il appréciait cette lumière douce qui lui parvenait de son étage. Il vérifia ses cultures. Ses virus se portaient bien. Ils étaient dormants dans la chambre froide. Ils notaient cependant de petits changements, entre autre dans leur développement. Ils avaient l’air de se reproduire, dans certains échantillons, malgré le froid. Intéressant. Il chargea un des échantillons dans son arme. Direction les stockages de cobayes. Ces petites bêtes étaient bien braves. Il aimait les caresser un moment avant l’injection. L’échantillon devait se réchauffer pour pouvoir faire une étude comparative. L’animal avait l’air heureux. « Profites en » se dit-il. Le temps passa jusqu’au moment fatidique. Il reposa l’animal, pris la peine d’insensibiliser la zone et injecta le virus au petit animal. A chaque virus qu’il cultivait, la charte lui demandait de fournir un sérum équivalent. Peut-être réussirait-il à le trouver à temps, sait-on jamais. Un petit défit de plus, toujours agréable aux yeux du myope.

Maintenant que les travaux premiers étaient accomplis, place aux poisons. Ils lui prenaient plus de temps à élaborer et constituaient surtout une plus grande tentation pour notre bonhomme. Les poisons développés en labo étaient d’origine plus ou moins synthétiques la plupart du temps. Par conséquent, cela impliquait une quantité conséquente de combinaisons chimiques à expérimenter. Le souci étant que certaines combinaisons étaient risquées en matière de conséquences. Plus elles étaient dangereuses plus elles étaient excitantes à ses yeux.

« Allé, contrôle toi » se dit-il.
Il ne devait pas recommencer. On lui avait demandé un rapport sur un remède à un poison ou au moins une analyse de sa structure. Une petite dose dans chaque tube. Un test de chaque contrepoison connu dans un peu de sang. Comme souvent, pas grand-chose n’en aboutissait, considérant que les savants des différentes factions s’évertuaient à donner une entorse cérébrale à ceux d’en face qui tentaient d’analyser leurs créations. Question de patience il faut croire.
Il vit une petite réaction dans une des fioles. Oh ? Un intérêt soudain lui vint pour ce précipité noir. Peut-être ? Et avec un peu de… ? Non non nooon, il devait se contrôler. Il céda. Il recueillit le précipité et le divisa en plusieurs petites parties.

« Celui-ci, celui-là et peut être celui-ci nous verrons bien… »

Il continua ainsi plusieurs minutes. Il était en transe. Hélas, ce qui devait arriver arriva. Deux des échantillons se mirent à siffler dangereusement. Quelques secondes passèrent. Une explosion retenti (un troisième échantillon dégoulina mollement sur le sol, se disant qu’exploser c’était vraiment trop mainstream).
Souffle violent, flammes. Extase. La porte avait été soufflée. Le scientifique avait été projeté dans le couloir, serrant contre lui l’échantillon le plus prometteur. Il riait un bon coup sous la pluie des systèmes à incendie. Décidément, c’était une bien belle journée.

Felli était revenu de sa mission dans le désert depuis peu et avait fort à faire à présent, devant s'occuper des dossiers de la sécurité et des divers rapports de missions de ses agents et autre. Ne pas avoir de bon lieutenant pouvait être une véritable plaie parfois. Elle portait la tenue habituelle des capitaine, une manteau noir plus long à l'arrière que l'avant, un peu typé détective, avec une cravate rouge foncée et une chemise blanche, une jupette noire, de longs collant noir qui remontaient jusqu'à la mi de cuisses un peu comme une écolière, finissant par de longues bottes qui montaient presque jusqu'aux genoux. Bref, ce moment mode à part, elle travaillait tranquillement avant de recevoir un coup de fil.

– Felli à l'appareil j'écoute.... Des activités suspectes dans la tour ?... Vous êtes sûr ?... Étage 89 ? Ne me dites pas que ce crétin de Cal'nain est.... C'est pas lui ? Je vais jeter un---

Elle n'avait pas le temps de finir sa phrase qu'un bruit sourd lui fit repousser le portable de son oreille avant que dans son bureau, un voyant de s'allume, alerte dans l'étage de la section scientifique. La capitaine soupirait et se redressait en quittant son bureau, des fantômes, unités d'élites réservées à cette section, ne tardant pas à la rejoindre, au nombre de deux en plus de nombreux autres soldats, histoire de calmer les éventuel excités de service. Felli prenait l’ascendeur et filait vers l'étage dans lequel il y avait eu une explosion, sa simple présence fit pâlir des visages.

– Éteignez l'arrivée d'eau !! Bouclez le périmètres, personne n'entre ni ne sort... ET COUPEZ MOI CETTE PUTAIN D'ALARME !

Les soldats s'exécutaient rapidement, coupant l'alarme et bouclant le périmètre, la belle toujours escorté par les deux tireurs d'élite. Felli approchait de la zone d'explosion, voyant un scientifique qui tenait un échantillons, bien sûr, dans le doute, les deux fantômes braquaient leurs armes sur lui, tout comme des soldats proches... Autant dire que pour le coup il ne fallait pas trop plaisanter avec la petite assassine.

– Toi là, debout immédiatement. Déclines ton identité, ton matricule, ton grade et ton affiliation. En cas de refus de coopérer, je suis habilité a gaiement te péter les dents.

C'était assez clair ce qu'elle venait de dire. Bien sûr l'homme ne devait pas avoir besoin qu'elle décline son identité. Sa tenue, la longue écharpe rouge avec le logo de la section XI brodé dessus ainsi que son autorité en disaient déjà long : La little queen de la blitzness, le capitaine Felli Loss de la section XI, oui Loss, car son vrai nom était caché et inconnu de tous, quoi qu'il en soit, son regard bicolore était sévère et son visage clairement énonciateur de sa colère.

– Je préfère être franche tu vois, destruction de matériel et d'édifice militaire, tu encours la cours martiale et la prison mon grand, daaaaaaaa-kaaaaaaa-raaaaaaa (ndr:c'est pourquoi) Elle inspirait un coup en souriant. BOUGES TOI LES CUL SOLDAT J'AI PAS QUE CA A FOUTRE !!! C'est sur ces cris qu'elle attendait la suite des événement, Ryley étant dans une posture assez délicate.

S

ifflement. Les explosions sont peu recommandées pour la santé, c’est bien connu. Se tenir à côté encore moins. Un chef enragé de voir son équipement ravagé l’est beaucoup plus. Mais ça, sur le coup, le scientifique ne s’en préoccupait pas. Deux choses se présentaient à son esprit, retrouver ses lunettes et mettre l’échantillon au frai. Il ne voulait pas risquer de le perdre.

Un moment de tâtonnement pour retrouver ses carreaux. Compliqué quand on y voit aussi mal. Limite cartoonesque. Enfin bon. Ce n’est pas le sujet. Il rattrapa ses lunettes plus ou moins vaporisées et très certainement fondues et les posa sur son nez.

Il se releva et cru entendre qu’on lui demandait son nom et son matricule. Ou son bidule, il n’avait pas trop bien compris. D’autant qu’il ne voyait pas de quel bidule la demoiselle qui hurlait (il pensait qu’elle hurlait vu que pour lui cela revenait à parler relativement bas) pouvait bien lui demander. Il se releva péniblement en un léger fou rire.

« Mon nom est Kjell, prénom Ryley. Je crains de ne pas avoir eu vent d’un matricule, j’ai été recruté en tant que scientifique, pas en tant que soldat. »

Il voyait les hommes le tenir en joue. Pas la première fois. Les patrons n’aimaient vraiment, vraiment, vraiment pas qu’on abime le matériel mis à disposition.
« Vous pouvez dire à vos hommes de poser leurs armes ? Si vous voulez bien me laisser le temps de ranger ça dans la zone de conservation, ce serait très urbain de votre part. »

Elle avait raison de vouloir le punir, il avait même désobéi à sa promesse de pas faire de vague trop vite. Et cette promesse il l’avait faite à lui-même. Et il connaissait la sanction quand il manquait à sa parole. Il tendit l’échantillon à un des spectateurs, chargea une légère dose de sa « Douleur liquide » (très simple à la fabrication d’ailleurs) et la versa sur une de ses plaies ouvertes. Vous avez déjà pris du sel sur une coupure ? Vous avez déjà pris du citron sur une écorchure ? Imaginez les deux combinés. Vous vous faites à l’idée ? Vous la tenez bien ? Bon. Maintenant, multipliez par 10. Vous y êtes ? La douleur infligée par la solution était encore pire. Heureusement, ce n’était pas mortel quand la solution n’était pas injectée directement dans le corps. Juste très douloureux. Il referma son poing et grogna. Pas la première douleur qu’il ressentait. Pas la dernière. Heureusement d’ailleurs.

« Je vous laisserai décider de ma punition plus tard si vous le voulez bien. Retenez les dégâts sur ma paye, encore que je pense la plupart du matériel soit récupérable sans trop de soucis. »

Il avait l’habitude de ce genre de situations. Pas la première, pas la dernière, comme souvent. Il se retourna pour aller ranger le tube à essai qu’il avait sauvé au péril de ses os.

« Si vous voulez me tirer dessus, si vous pouviez vous arranger pour que je ne brise pas le flacon en tombant, ça serait profitable pour tout le monde je pense ».

Il avait rapidement regardé le costume de la demoiselle. Un capitaine, du moins c’est ce qu’il avait cru comprendre. Par conséquent accompagnée de soldats d’élite, ce qui le rassura un peu. Il était au moins sûr que des débutants ou des balourds de gardes ne briseraient pas son précieux résultat. Son esprit passa vite outre l’incident, regardant avec fascination le liquide gélatineux qui irradiait doucement d’une activité moléculaire prometteuse.

«Joli petit, qu’est-ce que tu es ? J’ai tellement hâte de le savoir, ne t’en fais pas, si ce n’est pas moi d’autres devraient venir pour percer tes secrets. » Susurrait il tout prêt du flacon. Ce petit trésor qui lui coûterait probablement une nouvelle cicatrice dans la mapmonde que les petits incidents de laboratoire avaient dessiné sur son corps au fil des ans.

Il s’en alla sans regarder en arrière.

L'homme semblait plutôt à l'aise, à vrai dire, il semblait même se fichtre complètement de la situation dans laquelle il était, donnant nonchalamment quelques réponses à Felli, commençant par donner son nom... Ryley, tout en ajoutant qu'il n'avait pas eu de matricules, étant scientifique plutôt que soldat. Aussi tôt, un homme un peut plus loin sortait son PDA et semblait faire quelques rechercher, alors que l'un des sourcils de Felli sautait nerveusement quand l'homme leur sommait de baiser leur armes, pour être respectueux.

– Ooooh ? C'est assez ironique de me parler de politesse après avoir fait sauter une partie des locaux...

La voix de Felli retranscrivait plutôt bien l'énervement du moment présent, elle n'aimait pas ces fichus scientifiques excentriques tout droit sortie de divers films, et parfois des navets, et qui étaient complètement déconnectés de la réalité des choses. Quoi qu'il ne soit, la demoiselle ne comptait pas non plus détruire le travail des autres sections, elle ordonnait aux hommes de baisser leur hostilité d'un signe de la main, ces dernier baissant lentement leurs armes et s'écartant un peu. Il se redressait en disant qu'on pourrait décider de sa punition plus tard dans la journée, et retenir tout ça sur sa paye.

– C'est pas aussi simple.

Fit simplement Felli en le regardant se redresser et l'écoutant dire que si on lui tirait dessus, autant le faire sans briser l’échantillon qu'il avait sauvé durant l'explosion. Felli devinait rapidement que l'explosion qui venait d'avoir lieu avait rapport avec la création dudit échantillon... Ridicule, tout faire exploser pour un misérable flacon. Enfin dans tout les cas, comme Feli y avait songé plus tôt, elle ne pouvait pas briser le travail, même si l'homme n'allait pas passer au travers des mailles du filet.

– Fais donc, mais dépêches toi, je vais pas te laisser filer et j'ai pas du temps infini à te consacrer, figures toi.

L'homme ne l'écoutait plus, à vrai dire il parlait à son flacon, faisant faire la grimace à Felli, encore un scientifique complètement frappé, comme s'il n'y en avait pas déjà assez dans le monde de Gaea. Quoi qu'il en soit, l'homme se fichait visiblement de l'accord ou non de la capitaine et comptait faire ce qu'il voulait dans tous les cas. Felli le laissait simplement faire, alors qu'il marchait jusqu'à un frigo – sait on comment épargné par l'explosion – dans lequel il posait l'échantillon.

– Oye, maintenant que t'as finis... Messieurs, attrapez-le et conduisez le au bureau le plus proche, je vais l'y interroger.

La belle prenait les devants et laissait les soldats s'occuper de Ryley, sans violence sauf s'il résistait bien sûr, les soldats ne se tuaient pas entre eux, déjà qu'ils étaient pas nombreux à se bouger le fion... Quoi qu'il en soit, la capitaine déverrouillait le premier bureau qui passait – ah le joie d'avoir tout les accès de sécurité – et se posait à une chaise, le scientifique ne tardant pas à arriver, avec politesse ou traîné par les soldats selon ses réactions précédentes. Un de ces soldats justement, donnait son pda à Felli qui le lisait rapidement.

– Ryley Kjell, aime les explosions, les recherches, les imprévus, la biologie... Engagé dans la blitzness, plébicité pour ses compétences en biologie... Tout ça à l'air clean, le hic, c'est que si t'aimes les explosions comme quatre-vingt-quinze pour cent de la blitzness... TU PEUX PAS FAIRE CA A L’INTÉRIEUR DU BUILDING UN PEU DE BON SENS MERDE !!!

Felli avait criée à la fin, faut dire qu'elle n'était pas spécialement réjouit de devoir perdre du temps avec un sbire qui aimait tout faire péter, comme Lucia, ou Raph, ou Aten, ou Alwine, ou toute la blitzness en fait aimait tout faire péter, mais quand même... Faire péter son lieu de travail ? Ca c'était du niveau de Yukai, au moins. La demoiselle soupirait alors qu'un homme lui faisait parvenir une feuille sur laquelle elle commençait à écrire.

– Bien... Quelques questions, faisons bref, pas d'explications scientifiques, pas d'arguments pour se justifier, pas de mensonges. Cause de l'explosion ? Nature des recherches ? Taux d'avancement de l'expérimentation ? Pourcentage de risques d'une nouvelle explosion en reprenant les expériences ?

Des questions concises, claires et précises...

R

yley suivait la jeune femme, encadré par deux molosses. Il soupira. C’était tellement classique. Des gardes, une volonté d’impressionner, de la testostérone qui suintait sur les murs. Les affres des responsables de la sécurité. Il restait dans ses pensées en déambulant dans les rares couloirs qu’il connaissait. Il entendit une porte d’ouvrir plus loin. Il aurait aimé travailler

« Perte de temps » souffla t’il.

Les deux gardes lui jetèrent un regard noir. AH oui, c’est vrai. Tout ce remue-ménage. Bon. Allé. Fallait assumer. Il soupira un bon coup et pressa le pas, pour aller vers la salle qu’il pensait être ouverte pour un petit « entretien ». Il prit à gauche. Le bureau était à droite. Oups. Il s’arrêta une jambe en l’air, un doute relatif à sa capacité de localisation dans l’espace incrustée au burin sur son visage. Quand les gardes le rattrapèrent, avec pour objectif de le plaquer au sol avec potentiellement le bonus de lui péter le nez et une ou deux articulations, leur course fut stoppée par un Ryley figé, statufié. Il leur adressa un petit sourire gêné.

Quelques minutes plus tard, la porte du bureau claqua et deux hommes verrouillant les bras de Ryley l’assirent de force.

« Hehe, désolé, désolé. Petite confusion. Après tout je suis nouveau ici. »

« – Bien... Quelques questions, faisons bref, pas d'explications scientifiques, pas d'arguments pour se justifier, pas de mensonges. Cause de l'explosion ? Nature des recherches ? Taux d'avancement de l'expérimentation ? Pourcentage de risques d'une nouvelle explosion en reprenant les expériences ? »

Les questions claquèrent comme des balles de fusil. Etant donné que la surdité de Ryley n’était pas encore totalement passée, il n’entendit que des tirs d’arme d’enfant.

« Nature de la recherche ? Et bien, je dirais développement de nouveaux composés chimiques utilisables en pharmacie à faible coût, tentative de développement d’un contrepoison et j’espérais aussi pouvoir créer une substance capable de conscience et d’auto mobilité. En bref, je tâtonne. Et j’espère bien pouvoir mener cette recherche jusqu’au bout. Cela peut être assez amusant. Pour nous en tous cas. L’explosion n’était pas prévue, quoi qu’assez jolie. Ce sont des flammes violettes que j’ai vu non ? »

Il arborait un petit sourire fasciné et se balançait d’avant en arrière, en repensant à la déflagration.

« Taux d’avancement entre au début et tout proche de la fin, j’avance en aveugle. L’échantillon récolté est stable, je l’espère en tous cas. D’ailleurs, je peux vous emprunter une feuille, il faut que je me dépêche de noter le détail du procédé avant qu’il ne m’échappe. »

Il regardait Felli dans les yeux, sans vraiment la voir. De un ses carreaux étaient dégueulasses ce qui ne permettaient pas vraiment une vision optimale –cela le poussa d’ailleurs à un nouvel essuyage de lunettes- mais en plus il pensait déjà aux nouvelles possibilités. Le sang noir avait réagi à son « battement de cœur ». Prometteur, vraiment prometteur. Il pensait déjà aux développements de la substance qu’il venait de créer. Son pieds gauche tremblait nerveusement à l’idée de nouvelles découvertes.

Les questions étaient posées et Felli écrivait son rapport avec un air blasé, tout ça lui tapait sur les nerfs, clairement... D'autant que le scientifique semblait s'en amusait, ce qui n'était pas vraiment en sa faveur, car à ce rythme il finirait par recevoir une coup de pied dans les dent qui le sonnerait bien plus que son explosion... Quoi qu'il en soit, il disait rapidement ce qu'il devait dire, dévoilant la nature des recherches... un antipoison et une matière qui s’auto-gérait hein... Il n'y avait vraiment que ces imbéciles de scientifiques pour tenter de créer des blob... A cette idée la petite assassine fit une grimace discrète... Beurk, des blob.

– Hm hm..

Furent les seuls soins qui sortaient de la bouche de la demoiselle alors qu'elle continuait de noter la déposition de l'homme... Il n'avait pas prévu l'explosion, même s'il la trouver super belle selon ses propres mots, ce qui fit hausser un sourcil à la jeune fille qui notait ça en le soulignant dans le rapport, lui, il allait se faire surveiller par les bras droits... Si les explosions étaient vivement encouragées en dehors de la blitzness, ce n'était pas le cas dans ses infrastructures. Il abordait finalement la partie qui intéressait le plus Felli, expliquant qu'il ne savait pas vraiment si'l approchait de la fin ou s'éloignait du début, avançant en aveugle.

– ...

Restant interdite, Felli continuait d'écouter et de noter, ce qu'il disait, voyant rapidement qu'il s'en foutait clairement de ce qu'elle disait, demandant simplement une feuille pour noter ce qu'il avait à noter avant d'oublier. La demoiselle teminait donc son rapport en notant un vif refus d'obéir aux supérieurs et une moralité très relative, un personne qu'il fallait surveiller sous peine de revivre des accidents comem K, Velvrev ou Shuurin... En sommes. Elle ne lui donnait pas sa feuille en outre, se montrant bien moins amicale à présent.

– Je suis pas certaine que tu captes dans quelle situation t'es le binoclard... Je me contrefous que ta paie serve à réparer les dégâts et je m'en fous encore plus de l'avancée de la science, ce que je vois, c'est que t'as faillit tuer des frères d'armes avec tes expériences à la con, alors j'te conseil vivement de vite me prendre au sérieux, parce que sinon, je vais gaiement te montrer comment on explose une face de con avant de la mettre en prison... Capiche ?

Et la réputation de Felli était assez claire la-dessus, elle respectait ses sbires, mais si ce respect était unilatéral, elle se montrait rapidement moins amicale et plus caustique, comme ça commençait à être le cas envers cet homme qui ne l'écoutait pas et qui ouvrait ses oreilles quand cela l'arrangeait. Felli faisait tournoyer son stylo dans sa main, si l'homme tentait de prendre une femme, il se ferait agrafer la main dans le bureau à l'aide du stylo, Felli pouvait de toute façon le soigner après coup.

– Je vais faire simple pour ton cerveau remplie de blob à quatre vingt quinze pour cent... Encore la moindre explosion, la moindre émanation de gaz dans les bureaux... Et je ferait en sorte que tu ne puisses plus jamais expérimenter quoi que ce soit ? Alors décidé à m'écouter à présent ?

Sur ces quelques mots, si il écoutait enfin, elle lui donnait sa feuille pour noter... Sinon la situation resterait la même et il se ferait planter la main dans le bureau en tentant d'en prendre une... A lui de tester sa chance ou non...

S

Les cris de la cheftaine de la sécurité tirèrent Ryley de sa rêverie scientifique. On l’avait embauché pour développer de nouveaux armements quel qu’en soit le prix. Apparemment, la communication n’était pas à son maximum dans les différentes sections. Il n’avait pas vraiment prévu que ce genre de situations surviendrait.

– Je suis pas certaine que tu captes dans quelle situation t'es le binoclard... Je me contrefous que ta paie serve à réparer les dégâts et je m'en fous encore plus de l'avancée de la science, ce que je vois, c'est que t'as faillit tuer des frères d'armes avec tes expériences à la con, alors j'te conseil vivement de vite me prendre au sérieux, parce que sinon, je vais gaiement te montrer comment on explose une face de con avant de la mettre en prison... Capiche ?
Je vais faire simple pour ton cerveau remplie de blob à quatre vingt quinze pour cent... Encore la moindre explosion, la moindre émanation de gaz dans les bureaux... Et je ferait en sorte que tu ne puisses plus jamais expérimenter quoi que ce soit ? Alors décidé à m'écouter à présent ?

Ces phrases le marquèrent. Vraiment. Il détestait donner la mort, bien qu’il n’en ait pas toujours le choix. Voyant qu’on ne lui donnerait pas de feuille, il releva une de ses manches et prit une de ses seringues vides.

"-Je vous demande une petite seconde, ce ne sera pas long. Je comprends tout ce que vous me reprochez. Je me ferai une joie de vous répondre le plus humblement possible. Je n’ai pas voulu vous offenser… Capitaine ?"

Il entreprit de graver dans son bras le plus succinctement possible la formule, pour ne pas faire attendre la demoiselle qu’il ne voulait pas fâcher outre mesure. Son écriture pate de mouche effleura à peine son centre de la douleur. Il était habitué et d’autres préoccupations raisonnaient dans sa tête. Il lui fallait atteindre le sang pour que la formule soit bien lisible ultérieurement. Tant pis. Il prit quelques secondes pour noter ça correctement.

« -Navré de ce petit contretemps. »
Il joignit doucement les mains et s’inclina le plus profondément possible sans se lever pour ne pas faire plus de gaffe protocolaire.

« -Il faut que vous sachiez que dans le contrat de l’équipe scientifique, chacun d’entre nous accepte les risques liés à ce genre d’incidents. Chacun sait qu’un jour une expérience malheureuse peut survenir, aux résultats bien plus effrayants que la mienne quand nous travaillons sur ce genre de produits. Nous sommes en première ligne quand ça se passe mal et nous le savons.
Demandez au professeur Descolles. Il me fit signer une telle décharge. Vous pourrez également trouver une copie de la circulaire de service nous incitant à nous montrer le plus entreprenant et efficace possible. Nous sommes en guerre. Notre travail est de développer un armement qui sauvera les vies de nos frères d’armes comme vous dites, sur le champ de bataille. Cette tâche nous honore. On ne me fit pas part d’un tel bunker à mon arrivée. J’y demanderai ma mutation dès demain.
Je pensais faire montre de mon plus profond respect en menant ma tâche à bien le plus rapidement possible. Une matière autogérée pourra permettre d’agir sur le terrain à la place de nos soldats. Je pensais vous démontrer mon respect, à vous ainsi qu’à tous nos frères d’arme, en développant ce genre de biotechnologies le plus rapidement possible, d’où ma petite digression de tout à l’heure.

Maintenant, puisque je peux constater que j’ai été au mieux impoli au pire insultant envers vous, permettez que je m’occupe moi-même d’une première sanction. »

Ce n’était pas la première fois qu’il se punissait ainsi. Il n’avait pas pensé quand il travaillait, que qui que ce soit eu put être blessé. Il n’avait décidément pas l’habitude de travailler en équipe. Il lui fallait en payer le prix fort. Il avait été franc avec la capitaine. Mais il ne savait pas comment elle réagirait. Il lui fallait être sûr qu’il en paye un minimum les conséquences. Sa curiosité maladive prenait trop le dessus. Peut-être que cela la briderait suffisamment. Peut être. Il tira doucement son arme de son holster, dans des mouvements très, très lents, pour ne pas effrayer qui que ce soit dans la pièce.

« -Ne craignez rien, ce n’est pas une menace. » dit il calmement.

Il tira son autre manche pour préserver ses notes. La pointe de 15 centimètres sortit de son étui. Il l’enfonça dans son bras et tira d’un coup sec, le sang coulant à grosses perles rouges. Il avait visé un des points les plus douloureux de ce membre. Des larmes coulèrent. Oh, pas des larmes de douleur, il en avait trop l’habitude.
Des larmes de rages contre lui-même roulaient sur ses joues, son visage éternellement impassible dans des situations pareilles.

« Peut être puis je vous offrir quelque chose à boire pour vous prouver ma bonne volonté ? »

L'homme semblait plus réceptif aux derniers mots de Fleli, la belle ne manquait pas de plisser légèrement les yeux, malgré son côté excentrique il semblait accorder une certaine valeur à la vie... Il n'avait donc pas encore franchit la ligne jaune avec ses expériences... Personne dans la blitzness voulait voir un second K naître... Un seul suffisait largement, c'est sans doute pour ça que Felli était plus méfiante avec les scientifiques que les soldats, ils n'étaient pas moins dangereux, très loin de là même. L'homme s'excusait alors et se gravait sa formule sur le bras, faisant pousser un soupire à Felli.

– Vous autres scientifiques avez vraiment un problème...

Son soupire ne se voulait pas agacée, mais plutôt décontenancée, comme si elle avait renoncée à tenter de résonner ou comprendre les blouses blanches. L'homme semblait en tout cas faire acte de repentance cette fois, donc le message était passé, c'était l’essentiel, mais l'homme partait cette fois-ci dans un long discours, visiblement il avait fort à dire maintenant que sa formule était gravée quelque part et ses travaux 'sauvegardés'.

– Je suis consciente de l'existence de ces document, mais le bunker est là pour contenir ce que le bâtiment ne peut pas contenir lui et... ?!

Elle n'avait pas le temps de finir que l'homme s'infligeait une punition en s'attaquant lui-même... Pour une surprise, Felli ne savait pas si elle devait le regarder comme un saint se scarifiant en se rendant compte de ses erreurs... Ou comme un fou complètement atteint... Alors elle faisait un peu des deux, arquant un sourcil avec la bouche un peu entrouverte, ce qui contrastait avec son visage naturellement parmi les plus beau de Gaea.

– Hm... D'accord... Mais plus de scarifications, tu te tiens devant un sage de Lumac, je risquerai de te soigner et de te faire perdre tes notes.

Felli commençait à comprendre comment parler à cet homme... Il ne fallait pas parler à l'homme mais au chercheur... L'attaquait sur son terrain. Il serait bien plus hésitant à se punir si cela affectait ses recherches plutôt que son propre corps. Felli terminait le rapport en signant et apposant son sceau, la conclusion étant que l'accident, bien que banal, avait vue sa source être réglé et qu'une punition minime avait été infligée au responsable en plus d'un avertissement. Se redressant la capitaine se fit un peu plus souriante et lumineuse.

– Puisque t'as proposé, allons boire quelque chose, mais c'est toi qui invite ♥ Ah et... Cache ce bras, c'est flippant... Et je vais finir par craquer et le soigner intégralement.

Felli se redressait donc, la mise à pied c'était du passé, pour le moment, restait à voir ce que sbire-kun pouvait faire qui énerverait ou calmerai Felli à présent qu'il n'était plus plongé dans ses recherches... En tout cas, la demoiselle quittait le bureau avec lui, le suivant en comptant bien avoir son coup à boire comme promis par le scientifique.