Réunion au sommet [PV Elvanshalee]

Avant de recontacter Elvanshalee, Varig avait laissé s'ecouler deux semaines. Le temps pour elle de se remettre de ses blessures, mais aussi de faire retomber les éventuels soupcons qu'aurait pu éveiller la bataille.
Il avait fixé le rendez vous à l'ile de la pomme toujours dans le meme souci paranoiaque de laisser le moins de traces ou d'indices possible.
Varig n'était très familier de l'ile, n'ayant que très peu voyagé "pour le plaisir" et jamais ici. A titre d'exemple il avait passé ses dernières "vacances" à courir derrière Sugita à travers tout l'archipel Franceza... La seule chose qui l'avait convaincu de fixer le rendez vous à cet endroit était la réputation de tranquillité du lieu.
Louis lui avait balisé le terrain sans poser de question sur cette nouvelle "mission personnelle". Le flegmatique intermédiaire posait rarement des questions d'ailleurs. Varig le soupconnait de ne pas considérer que c'était utile. Après tout, un coups de fil à ses "amis" lui suffisait à etre informé de tout ce qui pouvait se passer aux quatre coins de Gaea... C'était l'avantage de disposer d'un immense réseau de contact et de beaucoup d'argent. Quoi qu'il en soit, avant même d'avoir posé un pied sur l'île, le tueur disposait d'un véhicule, d'une chambre d'hôtel et d'une table réservée pour ses "retrouvailles" avec Elvanshalee.
Varig détestant les bateaux, il avait emprunté un avion. Les contrôles étaient plus drastiques, mais il ne s'en préoccupa pas. Il ne transportait pas même un cure dent. Après avoir passé le dernier contrôle, où le soldat de Blitzness chargé de la surveillance n'avait jeté qu'un coups d'oeil distrait à sa fausse carte d'identité (de toute façon indécelable à moins de mener une longue enquête démontrant que la personne décrite n'existait pas), Varig se dirigea vers le parking. Il longea les fils de voitures, cherchant le numéro de place indiqué par Louis sans prêter la moindre attention au chaud soleil et au paysage idyllique et verdoyant de pommiers et de bord de mer qui entourait l'aéroport. En revanche il repéra soigneusement caméras, grillages et soldats disséminés autour de lui. Les aéroports n'étaient pas l'endroit idéal où déclencher une fusillade toutefois l'option n'était jamais à exclure.
Il trouva rapidement ce qu'il cherchait: un Hummer banalisé noir au vitres teintées garé entre deux autres véhicules. Avec un sourire satisfait il se pencha sur la roue avant et tâtonna une seconde avant de trouver les clés, scotchées à l'intérieur de la carrosserie exactement comme prévu. Il les décrocha d'un mouvement sec et les tira de leur cachette.
Trois clés étaient fixées au trousseau: deux clés de voiture et une portant une marque d'hôtel et un numéro de chambre. Le tueur rajusta ses lunettes. Tout se passait comme prévu. Il déverrouilla la portière et monta à bord du véhicule.
Les Hummer sont des véhicules lourds, coûteux, facilement repérables mais qui présentes deux avantages majeur pour le genre d'usage qu'en avait Varig: un blindage à toute épreuve et un maximum de distance entre lui et les civils. Louis connaissait les besoins et les goûts des tueurs, et n'avait pas du hésiter longtemps sur le modèle à fournir.
Avec une intense satisfaction, le tueur mit le contact et fit ronfler le puissant moteur. A côté de lui, un sac de sport contenait toutes les armes qu'il n'avait pas pu transporter dans l'avion. Il s'équiperait plus tard... Pour le moment il devait se rendre au point de rendez vous.
Le Hummer quitta le parking et rejoignit la grande ligne droite qui traversait l'île de part en part. Varig accéléra, libérant les 245 chevaux du véhicule. Il aimait conduire vite. Pendant quelques minutes, il n'y eu rien d'autre que la vitesse et la sensation exacerbée de chaque petit mouvement, de chacune des taches de couleur qui composait désormais un monde qui se distendait et se fondait. Le tueur sentit un peu d’adrénaline l'envahir et doper encore ses capacités surhumaines de mutagènes. La vitesse lui permettait de se rapprocher un peu de l’enivrante sensation que lui procurait les combats et le meurtre.
Au bout d'une dizaine de minutes à ce rythme, il du ralentir. Un panneau indiquait son hôtel à moins d'un kilomètre. Varig rajusta ses lunettes de très bonne humeur. Il avait juste le temps de se préparer pour son rendez vous.
Quelques heures plus tard, il se trouvait assis au bord d'une terrasse à regarder le soleil décliner lentement sur la mer. Devant lui sur une jolie table napée de blanc Deux couverts étaient disposés. Sa main gantée tenait un verre de cidre local. Varig regarda rapidement sa montre avant de reporter son attention vers le globe ardent se rapprochant lentement de l'horizon. Son invitée avait encore une dizaine de minutes avant d'être en retard, ce qui ne l'aurait guère étonné. Il avait le temps après tout...
Et puis le paysage avait de quoi faire passer agréablement le temps. Le restaurant auquel il avait convié Elvanshalee était construit en haut d'une des falaise de l'île et dominait la mer, entouré comme partout de pommiers. Pour l'heure, il n'y avait aucun autre client, et aucune autre table n'était mise. La terrasse au dessus du vide sur laquelle était disséminée les tables offrait un magnifique panorama et la cuisine du lieu était réputée excellente, même si ce n'était pas ce qui avait fait choisir l'endroit à Varig, qui fixait l'horizon d'un air impassible.
Des bruit de pas l'informèrent qu'une personne s'approchait. Le tueur se leva sans hâte et se tourna vers son invitée.

-Bonsoir Elvanshalee, je suis heureux que vous ayez pu venir... Comment allez vous depuis la montagne? Le voyage ne vous a pas fatiguée?

Il lui tira sa chaise et l'invita à s’asseoir avec un grand sourire.

Cela faisait deux semaines maintenant. Deux semaines que le massacre était finit. Deux semaines qu'elle avait passé à penser ses blessures. Qui tardaient à guérir. Les griffures de goule c'est jamais beau. Puis Elva avait utilisé bien trop d'art occulte ce jour là. Elle avait dût laisser le temps guérir sa plaie. Mais la cicatrice elle ne partirai jamais. Aucun soin n'avait réussi à la supprimer. Une longue et noueuse bande blanche traversait le dos d'Elva dans toute sa largeur. La cicatrice était mal placée. En bas du dos, pile poil en dessus d'une quelconque ceinture. Donc impossible à cacher sans haut long. Et vu sa sensibilité, c'était même pas la peine d'essayer. Mais bon, Elva découvrait un nouveau mode vestimentaire, donc ça n'avait pas que des désavantages. Et les gens lui foutaient un peu plus la paix. Comme quoi ça peux aider, d'être marqué.

Deux semaines n'avaient pas apporté une seule mission. La section 8 sombrait peu à peu. Ses hommes la maintenait à flot en l'absence du Capitaine, mais cette absence se faisait sentir. Tout le monde attendait avec impatience son retour. En attendant, Elva réfléchissait. Toujours le même problème. Ses collègues l'évitaient. Elle avait dût renvoyer ses ' hommes parce qu'ils avaient des doutes. Il était clair que le fait qu'elle se soit battue aux cotés de teremundo n'allait plus rester secret longtemps. Et maintenant qu'elle en était un ... elle ne savait pas combien de temps elle allait pouvoir cacher se secret. Il était sur que si elle croisait le Capitaine Hadeus tout serai fichu. Son œil lui permettrai de voir qu'elle était un teremundo. Et il était clair qu'on ne la laisserai pas fuir, comme l'autre fois. Elle se demandait si le PDG était au courant de son retour, et si oui, pourquoi il n'avait encore rien fait. Il ne fallait pas lui en laisser le temps.

- Elvanshalee? Une lettre pour toi.

Elva leva la tête de son bureau, qu'elle fixait depuis presque une heure sans bouger. Une lettre était posée sur un coin du bureau, à l'opposé d'elle. L'homme la lui ayant apporté n'était déjà plus en vue. Il n'y rien d'écrit sur l'enveloppe en dehors de son nom. Elva l'ouvrit. Elle contenait une fine feuille de papier. Une élégante écriture. Une invitation. A un diner, sur l'île de la pomme. Et signé par une connaissance. Le Spectre. Elle se rappelait qu'il avait parlé ce jour là d'une invitation. Cela ne faisait que deux semaines. Elva était étonnée qu'il ai laissé si peu de temps passer. Mais elle ne le regrettait pas, au contraire. Elle se leva et récupéra ses armes. Son seul bagage. Avec un porte-monnaie planqué à un endroit invisible des yeux extérieurs.

- Je pars pour l'Île de la Pomme.

Personne n'avait rien dit. Et elle avait laissé son portable et sa radio sur son bureau. Elle ne voulait pas être dérangé. Le rendez-vous était pour le soir même. Elle avait largement le temps d'y arriver. Elle prit donc le bateau, moyen bien plus lent mais bien plus agréable que l'avion. Le ciel était clair. La nuit promettait d'être magnifique. L'odeur des pommes se fit sentir bien avant que l'île soit en vue. Le bateau arriva au port sans qu'Elva n'ait bougé du pont. Elle descendit du bateau de justesse avant son retour à Archivant. Le restaurant ou elle était conviée était à l'autre bout de la ville. Même si ça allait être juste, elle décida de s'y rendre à pieds.

Elle arriva au restaurant en courant, avec dix bonnes minutes de retard. Un serveur vint aimablement lui indiquer qu'elle était attendue sur la terrasse. Des gens aimables, quel bonheur. Ça changeait radicalement de son isolement au boulot. Assis à une table drapée de blanc, un verre à la main, le Spectre attendait. Une main gantée. Rien n'avait l'air d'émousser la prudence de cet homme, pas même la beauté des lieux. Un modèle parfait d’efficacité. Il devina son arrivée avant même de la voir.

-Bonsoir Elvanshalee, je suis heureux que vous ayez pu venir... Comment allez vous depuis la montagne? Le voyage ne vous a pas fatiguée?

Il lui tira galamment la chaise, retardant ainsi une réponse qu'elle aurait été bien incapable de donner. Après la course qu'elle venait de faire, elle peinait à retrouver son souffle, bien qu'il se remit considérablement le temps qu'elle s'asseye. Elle ôta avec soulagement la veste qui avait plus pour fonction de cacher sa cicatrice que de tenir chaud. Cicatrice qui la lançait terriblement, comme à chaque fois qu'elle marchait. La douleur passerai, comme toujours. Le Spectre s'assit en face d'elle. Il était fort peu probable qu'il ai raté la marque qui barrait le dos d'Elva.

- Je suis heureuse de vous voir. Je vois que vous n'avez pas changé d'un poil, toujours ce même modèle d'efficacité, vous êtes impressionnant. Quand à ma santé ... elle hésita quelque secondes ... elle laisse à désirer. Mais rien d'inquiétant. Juste une plaie mal guérie. Alors, pourquoi vouliez-vous me voir?

Elvanshalee semblait avoir couru, vite même. Elle en était encore essoufflée. Le tueur l'observa en quelques secondes à travers ses lunettes noires. Lors du combat en montagne, Varig n'avait pas vraiment eu le loisir d'étudier en détail la jeune femme; pas plus que dans leurs précédentes missions, étant occupé à échapper aux multiples tentatives de meurtres et regrettables accidents qui visaient tout ce qui se trouvait autour d'elle. Toutefois, il était visible qu'elle avait changée depuis leur première rencontre dans la jungle de bambou. Elle semblait à la fois plus sérieuse et plus forte... Mais aussi plus fragile.
Tandis qu'elle s'asseyait, Varig qui lui prit sa veste, découvrant son dos. Une longue cicatrice blafarde marquait le haut de ses reins, sans nul doute un "souvenir" de la montagne au temple. Il était visible qu'elle en souffrait. Le tueur se rassit, sans cesser de sourire, mais son expression avait changée. Plus franche et amicale que le sourire de circonstance qu'il arborait tantôt.
Son invitée réfléchit durant de longues secondes avant de lui répondre avec un je ne sais quoi d'hésitant.

-Je suis heureuse de vous voir. Je vois que vous n'avez pas changé d'un poil, toujours ce même modèle d'efficacité, vous êtes impressionnant...

Le tueur inclina légèrement la tête, sensible au compliment.

-Quand à ma santé ...

Elle chercha ses mots.

-... Elle laisse à désirer. Mais rien d'inquiétant. Juste une plaie mal guérie. Alors, pourquoi vouliez-vous me voir?

En un éclair des dizaines de flash défilèrent sous les yeux de Varig. Des images, des mots, des souvenirs ou des émotions se bousculèrent durant une fraction de secondes. Blessures. Souffrance. Goules. Mort. Blessures... Des corps mutilés. Des laboratoires. Des crocs. Tuer. Douleur.
Son trouble disparu avec la même soudaineté qu'il était apparu. Son visage s'était à peine crispé. Ces "épisodes" étaient un des effets secondaires des mutagènes; mais il estimait s'en tirer bien. D'autre étaient devenus fou ou avaient si peu de maîtrise de certaines de leurs nouvelles capacités qu'elles finissaient par les tuer. Ces quelques flashs incontrôlés étaient finalement un moindre prix à payer en compensation de ses capacités inhumaines, d'autant qu'ils s’avéraient parfois utiles en concentrant en un instant tout ce que sa mémoire avait d'un thème donné.
Son esprit se reprit remarquablement vite, et il douta qu'Elvanshalee en eu rien remarqué. Il continua donc à lui sourire et remplit son verre de cidre.

-Et bien d'abord parce que cela fait plusieurs fois que nous faisons équipe et que je commence à vous apprécier... Aussi je dois dire que passer un moment au calme avec vous sur cette île magnifique m'a paru être une agréable manière d'apprendre à nous connaitre autrement qu'en essayant seulement de survivre à des hordes déchaînés décidées à nous tuer... Ne croyez vous pas?

L'expression de Varig ne variât pas, pas plus que le ton de sa voix, et il était difficile de dire s'il plaisantait ou pas.
Avec une extrême application, le tueur acheva de remplir le verre et reboucha la bouteille de cidre.

-Quand à la seconde raison, elle attendra le dessert si vous le voulez bien. Ce paysage est magnifique ne trouvez vous pas?

Le serveur arriva en portant des plats, empêchant Elvanshalee de répondre.

-Voici vos entrées et votre plat... J'espère que cela vous conviendra.
-Merci Karl. Je me suis permis de commander, cela ne vous dérange pas?

Le serveur s'esquiva rapidement. Varig contempla le contenu de son assiette, des pommes vertes cuites dans une sauce à l'odeur alléchante. Sans faire mine d'y toucher, il tourna son regard vers le soleil, qui achevait de se coucher. Il y eu un petit moment de silence. Varig se remémora ce qu'il savait de la jeune femme. Finalement pas grand chose... Toutefois, il n'en avait pas vraiment besoin pour l'apprécier, et pas seulement en tant que machine à tuer, un fait suffisamment rare pour qu'il se montre aussi familier qu'il l'était avec elle. Peu de gens pouvait se vanter d'avoir été invités à dîner par Varig.

-Que disions nous déjà? Ah oui... Comment trouvez vous ce cadre? C'est un très bon restaurant parait il, et la vue est vraiment magnifique...

Il prit une gorgée de cidre en attendant une réponse qui ne vint pas. Il reposa son verre.

-Quelque chose ne va pas?

Il n'agissait pas tout à fait de la manière habituelle. Elva ne l'aurai jamais pensé sensible aux compliments. On en apprends tous les jours ! Mais ça lui donnait un petit coté ... humain. Coté humain qu'il ne semblait pas avoir en tant normal, du moins aux yeux d'Elva. Parce qu'un humain ne peux pas être aussi ... efficace ... Ce n'était pas une insulte, au contraire. Elle admirait cet homme, autant l'avouer. Autant qu'elle avait admiré ses frères avant qu'ils ne sombrent dans la folie familiale. Il était étonnant d'ailleurs qu'Elva n'y ai pas encore sombré. Ou si c'était le cas, elle ne s'en apercevait pas. Enfin, bon, laissons ses pensées de coté. Elvan était plus que curieuse du pourquoi de cette invitation. Mais bon, ça pourrai attendre. Car arriva son premier problème: le cidre.Comment dire ça, Elva l'aime bien, le cidre, mais son corps ne semble pas le supporter lui. Rien que l'odeur lui faisait tourner la tête. Heureusement qu'ils étaient en extérieur ! Elle espérait que le Spectre n'aurait rien remarqué, bien que ce soit fort improbable.

-Et bien d'abord parce que cela fait plusieurs fois que nous faisons équipe et que je commence à vous apprécier... Aussi je dois dire que passer un moment au calme avec vous sur cette île magnifique m'a paru être une agréable manière d'apprendre à nous connaitre autrement qu'en essayant seulement de survivre à des hordes déchaînés décidées à nous tuer... Ne croyez vous pas?

Elle ne pût s'empêcher de sourire. Il était vrai que toutes leurs rencontres avaient eu lieu dans des circonstances assez ... violentes. La chasse de ses frères, le massacre aux temples, à chaque fois qu'ils se voyaient le tout tournait en massacre. Les combats c'est certes bien, mais pour faire connaissance c'est vrai qu'il y à mieux. Puis une pause de temps à autres ça ne tue pas. Et Elva était curieuse d'en apprendre plus sur ce mercenaire qui l'avait tant aidée. Comme savoir son vrai nom par exemple. Mais si il ne voulait pas lui en parler, elle ne poserai pas la question. En attendant, elle était sur la même longueur d'onde que lui. Ce rencontrer dans un restaurant, c'est bien mieux qu'au milieu d'une horde de goules.

-Quand à la seconde raison, elle attendra le dessert si vous le voulez bien. Ce paysage est magnifique ne trouvez vous pas?

Le serveur arriva, empêchant ainsi Elva de répondre, et la coupant dans sa réflexion de comment faire tomber son verre sans que le fait que ce soit volontaire ce voit. Ça paraissait impossible, elle allait devoir faire avec. Puis ce problème passa assez vite secondaire. Le soulagement d'Elva fût visible quand le serveur s'en alla. Pendant une seconde, elle avait eu envie de le bouffer. Depuis qu'elle était scellée, ce genre d'envie lui prenait de temps à autres, et repartait aussi vite qu'elle venue. Et la disparition du sceau n'avait pas arrangé les choses. Au moins lui, elle n'avait pas envie de le manger, c'est déjà ça. Manger la personne qui vous invite au resto, c'est encore plus mal que de manger le serveur.

-Voici vos entrées et votre plat... J'espère que cela vous conviendra.
-Merci Karl. Je me suis permis de commander, cela ne vous dérange pas?
- Bien sur que non, c'est même gentil de votre part.

Le serveur était bien plus appétissant que le plat ! Cette pensée tira un sourire amusé à Elvan. Elle espérait que le Spectre n'aurait pas compris la raison de son sourire, ça serai ... problématique. Non qu'elle veuille le lui cacher, c'est juste qu'elle craignait sa réaction. Si il lui posait la question sur ce sceau, elle ne lui mentirai pas. Mais elle ne se rappelait pas l'avoir découvert en sa présence, du moins pas volontairement. La délicieuse odeur du plat la détourna de son idée de dévorer le serveur. Puis ça se fait pas. Des pommes cuites dans une sauce. A l'odeur, du caramel salé. Le Spectre lui semblait plus intéressé par le soleil qui se couchait que par son plat.

-Que disions nous déjà? Ah oui... Comment trouvez vous ce cadre? C'est un très bon restaurant parait il, et la vue est vraiment magnifique...

Elva ne répondit pas. Quelque chose n'allait pas. Elle avait peur, peur qu'il découvre qu'elle avait été scellée ... et qu'elle ne l'était plus. Mais si elle partait maintenant, il comprendrait que quelque chose clochait. Elle ne savait pas quoi faire. Cette situation, elle vivait la même au travail. Mais étrangement elle se moquait qu'il puisse être au courant. Il n'était pas de la B-corps. Exterminerait-il une '' amie '' si elle se transformait devant lui sans pour autant en avoir après lui? La question restait sans réponse. Tant pis.

-Quelque chose ne va pas?

Elle le fixa sans rien dire. Allait-elle lui révéler se '' secret'' ? Ou le savait-il déjà? Qu'allait-il faire quand il l'apprendrait? Bah, se poser tant de question sans réponses n'est pas bon. Elle décida de les laisser de coté. De toute manière les réponses arrivent toujours au moment ou on ne les attends pas, donc il est inutile de les chercher. Elle reporta son regard sur son assiette. La nourriture humaine ne l'attirait pas. Seule l'odeur était alléchante. Depuis qu'elle était un tere, elle ne trouvait plus aucun gout à la nourriture. Elle n'avait aucun souvenir de sa transformation. Que c'était-il passé lors de cet entrainement avec le Capitaine Hadeus? Elle y était entrée scellée. Et elle en était ressortie sans ce sceau. Elle se prit machinalement la tête entre les mains. Elle ne comprenait pas.

Elvanshalee ne répondit toujours pas et se mit la tête dans ses mains. Manifestement ça n'allait pas. Parler de la "pluie et du beau temps" n'était pas une bonne idée et de toute façon le tueur détestait les banalités. Il fallait trouver un autre sujet, et vite... Le médaillon lui chauffait toujours l'avant bras. Lors de la montagne au temple la profusion de Teremundo aurait pu affoler l'objet, mais plus maintenant où ils étaient seuls. Elvanshalee était donc bien un membre de la "race"? Après tout, il fallait bien que ça vienne à un moment ou à un autre de la soirée...
Varig releva sa manche gauche et détacha le petit médaillon en forme de tête de loup qui se trouvait incrusté dans une bande serrée autour de son avant bras. Il remit sa manche et présenta l'objet à Elvanshalee. Les deux yeux bleus de la figurine brillaient de magie.

-Vous ne savez pas ce que c'est je suppose? C'est un objet assez peu courant à vrai dire.

Il posa le pendentif sur la table et le fit glisser vers elle d'une pichenette. Un des derniers rayons de soleil le fit briller d'un éclat glacé.

-On appelle cela un médaillon de chasseur. Ça sert à détecter les Teremundos. Il chauffe dès qu'il est à proximité d'un d'entre d'eux... Je porte toujours cet objet sur moi depuis... Une certaine rencontre désagréable.

La mchoire du tueur se crispa légérement à l'évocation d'Ellianne. Les Kaktuks et la lapine lui étaient toujours en travers de la gorge.

-... Après tout, nous sommes bien placés pour savoir que les gens ne sont pas toujours ce qu'ils prétendent être...

Elvanshalee fixa l'objet posé sur la table sans y toucher. Le tueur soupira et fit disparaitre le médaillon dans une de ses poches avant de reprendre.

-Ce que je cherche à vous dire c'est que je sais ce que vous êtes, et à vrai dire cela m'importe fort peu. Ce qui est important, et qui fait que je discute paisiblement avec vous au lieu de vous tuer, c'est qui vous êtes. Vous combattez au côté des humains, vous les protégez. Vous avez gagné le droit d'être cosidérée comme tel à mes yeux.

Le soleil acheva de disparaître à l'horizon, plongeant la terrasse dans une ombre confortable sans être handicapante. La lumière des étoiles et de la lune rendait en fait cette pénombre agréable.
Il y eu à nouveau un silence. Les yeux du tueur parcoururent machinallement les allentours. Tout était came. Quand à Karl, il suivait strictement ses instructions et restait dans le batiment, hors de vue. Varig ôta ses lunettes et planta ses yeux bleus acier dans ceux vairons de son invitée.

-La Blitzness corporation tente d'imposer l'idée qu'être humain est une question de race, de sang. C'est une aberration, mais une aberration que partage de nombreuses personnes. Si vous êtes découverte, et ça finira apr arriver, vous serez traquée...

Le tueur parlait calmement, lentement. Il avait passé de longues années à travailler sa voix pour la rendre plus persuasive et parvenait maintenant à des résultats intéressants mêlant différentes inflexions. Il n'avait pas eu besoin de préparer son discours, les mots venaient seuls. Il avait déjà fait le même genre de discours avec Etel...

-Vous serrez traquée comme un monstre, poussée au crime. Et vous finirez par tuer, ou par vous laisser rattrapper. Vous deviendrez un monstre parce que ce sera le seul choix qu'on vous laissera... Je suis prêt à vous offrir une nouvelle vie, où vous n'aurez jamais à vivre ça, ou vous pourrez être qui vous êtes vraiment... Et vous offrir quelqu'un sur qui vous pourrez compter. Si vous préférez partir, je comprendrais et ne chercherais pas à vous retenir. Que décidez vous?

Un point assez intéressant. Un être plutôt. Non, l'envie de manger le serveur lui était passée. Mais le fait que le serveur en question observe, hors de sa vue, indiquait que le Spectre ne lui était pas inconnu. Mais peut être n'était-ce qu'une impression. En tout cas, sentir sa présence et ne pas le voir mettait Elva mal à l'aise. Mais bon, à se laisser déconcentrer par des choses aussi simples on en oublie les plus importantes. Le Spectre avait sortit de sa manche un médaillon. Une tête de loup. Des yeux qui brillaient. Mais pas un effet d'optique, vu que les yeux du médaillon brillèrent de plus belle quand le Spectre le lui présenta.

-Vous ne savez pas ce que c'est je suppose? C'est un objet assez peu courant à vrai dire.

Elle en avait entendu parler, mais pensait qu'il ne s'agissait que d'une rumeur. La rumeur d'un objet capable de '' ressentir '' la magie des teremundo. Il fit glisser le médaillon vers elle. Celui-ci se mit à briller encore plus. Il dégageait en plus une étonnante chaleur. Quelque chose dans se regard bleu brillant de magie captivait Elva. Le soleil donna au médaillon une lumière froide. Elvan mourait d'envie de le jeter au loin. Qu'on puisse voir un teremundo si facilement l'effrayait.

-On appelle cela un médaillon de chasseur. Ça sert à détecter les Teremundos. Il chauffe dès qu'il est à proximité d'un d'entre d'eux... Je porte toujours cet objet sur moi depuis... Une certaine rencontre désagréable.

Elle en avait entendu parler avant. Sayanel avait dût prononcer ce nom une ou deux fois quand il parlait de son travail de mercenaire. Mais Elva pensait que ce genre d'objet ne pouvait détecter que les teremundo faible. Mais au contraire, il semblait que plus le teremundo était puissant, plus l'objet parvenait à l'identifier. Un changement dans la voix du Spectre lui fit lever la tête. A la mention de cette '' rencontre désagréable '' son visage c'était crispé. Il n'avait pas l'air d'en garder un bon souvenir du tout. Il était rare de le voir montrer ses émotions comme ça.

-... Après tout, nous sommes bien placés pour savoir que les gens ne sont pas toujours ce qu'ils prétendent être...

Ce fut au tour d'Elva de faire la grimace. Sur ce point, elle avait bien été servie. Rien que ses trois frères battaient les records. Et Sayanel, n'en parlons pas. Aucune personne dans ce monde ne pouvait prétendre n'avoir jamais rencontré de personnes cachant la vérité. Parce que l'être humain est fondamentalement menteur. Elva n'était pas innocente, loin de là. Personne n'est innocent quand on parle de vérité. Mais bon, passons. Le Spectre ôta le dur choix qu'Elva était en train de prendre entre aplatir le médaillon et le brûler en le récupérant et le remettant dans sa poche.

-La Blitzness corporation tente d'imposer l'idée qu'être humain est une question de race, de sang. C'est une aberration, mais une aberration que partage de nombreuses personnes. Si vous êtes découverte, et ça finira apr arriver, vous serez traquée...
- J'ai déjà été découverte ...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Elle n'en eut pas l'envie non plus. Elle se rappelait un peu ce qui c'était passé. La perte de contrôle de sa magie. Une voix dans sa tête qui lui proposait de la puissance. Un réveil des plus étrange, avec un sceau, et le Capitaine Descoles qui lui expliquait qu'elle était maintenant un teremundo scellé. Puis elle était allé voir le Capitaine Hadeus et ...

-Vous serrez traquée comme un monstre, poussée au crime. Et vous finirez par tuer, ou par vous laisser rattrapper. Vous deviendrez un monstre parce que ce sera le seul choix qu'on vous laissera... Je suis prêt à vous offrir une nouvelle vie, où vous n'aurez jamais à vivre ça, ou vous pourrez être qui vous êtes vraiment... Et vous offrir quelqu'un sur qui vous pourrez compter. Si vous préférez partir, je comprendrais et ne chercherais pas à vous retenir. Que décidez vous?

Un flot d'image. Le PDG. Raph qui lui faisait signe de fuir. Une couse dans le bunker. Une impression de déchirement. Les gardes. Du sang. La douleur ... pattes tranchées ... courant, mais après quoi ... une forêt ... du sang ... Les images se succédaient sans ordre dans la tête d'Elva. Elle ressentait une intense terreur. Elle se reprit la tête dans les mains, la serrant comme si elle allait exploser. Les yeux grand ouverts, fixant le vide. Si elle n'avait pas manqué de mettre le feu à la table, elle se serai laissée emporter par cette peur qui montait en elle. Elle inspira profondément. le Spectre devait se poser des questions. La table fumait. Mais au moins, elle ne brulait pas.

- Vous offririez une nouvelle vie à un monstre? Incapable de contrôler ses émotions? J'ai bien faillit mettre le feu à cet endroit ! J'ai déjà été traquée. Mais je ne me rappelle de rien ! Juste quelques souvenirs, et du sang. Je ne me rappelles que de ça, l'odeur su sang ! Je ne sais même pas ce que j'ai bien pût faire après qu'on m’ait descellée !

Elle avait bouclé ses sentiments au fond de son cœur, après s'être éveillée au milieu de cadavres. Humains, animaux? Impossible de le dire au vu de ce qu'il en restait. Mais cette discutions malmenait le contrôle si fragile qu'elle avait d'elle même. Elle avait besoin de savoir. Et en même temps, elle craignait de savoir. Elle serrait si fort l'accoudoir de sa chaise qu'il en était brisé. Elle reprenait peu à peu le contrôle qu'elle avait perdu, et se promit de tout faire pour ne plus perdre se contrôle. C'est tout ce qui lui restait. Hors de question de s'en séparer.

- ... je suis désolée ...

Pendant quelques instants, Elvanshalee resta immobile. Dans la poche de Varig la chaleur du talisman enfla lentement, jusqu'à devenir brûlante à travers le tissu. Le tueur banda ses muscles, alarmé. Les yeux d'Elvanshalee et son visage exprimait une terreur totale, le genre de terreur qu'on ne ressent que dans ses cauchemars les plus sombres. La table se mit légèrement à fumer, de même qu'un buisson de plantes grimpantes proche. Elle leva son regard vers lui, et cria plus qu'elle ne dit:

-Vous offririez une nouvelle vie à un monstre? Incapable de contrôler ses émotions? J'ai bien faillit mettre le feu à cet endroit ! J'ai déjà été traquée. Mais je ne me rappelle de rien ! Juste quelques souvenirs, et du sang. Je ne me rappelles que de ça, l'odeur su sang !

Déjà été traquée? Elvanshalee lui lançait des informations, mais il n'avait pas le temps de les analyser. L'urgence était de la calmer... Si elle invoquait un zombie de feu, comme elle l'avait fait à la montagne au temple, il devrait la neutraliser en vitesse, et il n'était pas sûr d'y parvenir.

-Je ne sais même pas ce que j'ai bien pût faire après qu'on m’ait descellée !

Descellée? Le mot évoqua un écho dans sa mémoire, mais il le refoula. Pas le temps de penser à ça. Il fallait calmer la jeune femme, d'urgence. Dans un éclair, il se remémora les apprentissage qu'il avait effectué auprès des Runikad du credo et comprit ce qui se passait.
Le tueur se maudit. L'instabilité, les pertes de contrôle, la peau diaphane, les efforts fatigants rapidement, la régénération perturbée... Elvansghalee avait faim, tout simplement, et ce n'était pas la misérable assiette de pommes qui allait la nourrir. Personne ne lui avait appris ce que les Teremundos savent d'instinct: se nourrir. Elle mourrait de faim en tentant de réfréner ses pulsions. Si elle n'avait rien mangé depuis deux semaines après l'effort fournit...
L'accoudoir de la chaise d'Elvanshalee se brisa dans un craquement sec, interrompant la réflexion de Varig. Elle inspira profondément plusieurs fois d'affilée et se reprit petit à petit. Dans la poche de Varig, le médaillon refroidissait également. Quand enfin elle eu à nouveau le contrôle minimal d'elle même, elle baissa les yeux.

-Je suis désolée...

Le tueur se détendit très légèrement. Il était en face d'une véritable bombe à retardement... Mieux valait la désamorcer au plus vite.

-Ne soyez pas désolé... C'est moi qui aurait du prévoir ça. Vous ne pouviez pas savoir...

Il tira quatre petites billes rouges et jaunes d'une de ses nombreuses poches et les posa devant Elvanshalee. Des billes occultes.

-Avalez ça, vous vous sentirez déjà mieux.

Elle regarda les billes avec un air de suspicion qui sembla de très mauvaise augure à Varig. Le talisman dans sa poche recommença à chauffer.

-Vous avez besoin de consommer de la magie régulièrement et de vous nourrir, ajouta il. Sinon vous vous affaiblissez et vous risquez de perdre le contrôle. Ça vous aidera, faite moi confiance.

Elle sembla convaincue et ramassa les billes avant de les avaler d'un seul coups. Son visage se détendit instantanément et elle prit une grande inspiration, comme libérée d'un poids invisible.

-Ça va mieux?

Elle hocha la tête. Varig lui laissa quelques secondes pour récupérer.

-Vous voyez, vous n'êtes pas un monstre. Vous êtes seulement lâchée dans un monde cruel et hostile dont personne ne vous a expliqué les règles. Vous pouvez vivre avec ce que vous êtes... Il vous suffit de me laisser vous aider.

-Ne soyez pas désolé... C'est moi qui aurait du prévoir ça. Vous ne pouviez pas savoir...

Prévoir quoi? Et qu'est ce qu'elle ne pouvait pas savoir? Qu'est ce que ça veux dire tout ça? Elva ne comprenait pas. Comment il pouvait rester aussi calme. Pourquoi il n'essayait pas de la tuer. Il le lui avait expliqué ... mais tout tournait. Il y avait trop d'informations, trop de vide, le tout formait un impressionnant maelström. Impossible de garder longtemps une pensée cohérente. Du moins pas longtemps. Tout est une question de contrôle. Il ne faut pas chercher à arrêter le maelström mais à ... l'organiser.

-Avalez ça, vous vous sentirez déjà mieux.

Il venait de lui poser sous les yeux ... des billes occultes? Les avaler? Mais ce n'est pas dangereux? Pourquoi? Pourquoi il ferai ça? Mais cela n'avait aucune logique! Le maelström dans sa tête s'amplifiait. Mais en même temps, quelque chose attirait assez l'attention d'Elva pour qu'elle mette de coté le chaos dans sa tête. Mais aussitôt la pensée connue, elle secoua la tête pour l'en expulser. On as dit pas manger la personne qui invite ! Pendant une fraction de secondes Elvan s'était demandé quel gout le Spectre pouvait bien avoir. En parlant de gout... les billes étaient posées devant elle, et elle les fixait d'un regard suspicieux, incapable de savoir ce qu'elle allait en faire.

-Vous avez besoin de consommer de la magie régulièrement et de vous nourrir. Sinon vous vous affaiblissez et vous risquez de perdre le contrôle. Ça vous aidera, faite moi confiance.
- Consommer de la magie?

Les teremundo n'avaient-ils tout simplement besoin que de chair fraîche? Mais en même temps, pourquoi privilégier les humains? Ce n'était surement pas une affaire de gout ! Et les humains possédant plus de magie que la plupart des animaux ... Pourquoi mentirait-il? Depuis leur toute première rencontre, Elvan sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Au pire, qu'est ce que de si petites billes pourraient lui faire? ... elle préférai ne pas y penser. Quand on attire les emmerdes vaut mieux pas y penser, parce qu'elles arrivent deux fois plus vite pour vous remercier. Avant de recommencer à se poser des questions elle prit les billes occultes et les avala tout rond.

- Ça va mieux?

La sensation n'avait pas tété immédiate. L'espèce d'apocalypse mineure en do qui se jouait dans son esprit avait laissé place au bordel habituel. Oui, Elvan arrive à penser dans un foutoir pas possible, c'est de naissance. Le reste avait suivit avec plus ou moins d’enthousiasme son esprit. Le plus problématique fut l'envie de manger la personne en face d'elle. Malgré les billes, ben Elva avait toujours faim. Maintenant qu'elle avait comprit que c'était la faim en question qui avait mit le foutoir, elle comprenait un peu mieux. On est jamais calme quand on à faim ! Et une chose bizarre lui arriva, une pensée pour être plus précise, qui était tellement amusante qu'elle éclata de rire pile au moment ou il se remettait à parler.

-Vous voyez, vous n'êtes pas un monstre. Vous êtes seulement lâchée dans un monde cruel et hostile dont personne ne vous a expliqué les règles. Vous pouvez vivre avec ce que vous êtes... Il vous suffit de me laisser vous aider.

Elva n'était pas pour le moment en état de répondre. Elle pleurait de rire. Faut dire aussi que ses nerfs avaient besoin de se détendre un peu. Il valait mieux se moquer de quelqu'un que de tuer tout ce qui bouge ! Mais les paroles du Spectre avaient apaisé ses peurs. Et même si elle en avait absolument pas l'air elle y réfléchissait sérieusement. Bon, déjà, arrêter de rire comme une débile. Fait. Maintenant, respirer lentement, jusqu'à que les larmes arrêtent de couleur. Fait. Donc elle pouvait enfin parler. Mais ses larmes ... étaient-elle vraiment juste un fou-rire? Ou l’expression d'une tristesse enfouie qui se serai révélée sous un masque?

- Désolée, vraiment, j'ai eu pendant un instant dans l'idée d'essayer de vous manger, mais ... comment dire ça .. la raison de mon hilarité ... ce n'est peut être pas si marrant, et je ne veux pas vous vexer, mais je ne pense pas que vous ayez bon gout, une simple impression. Quand à votre aide ... Comment? Comment vous pourriez m'aider?

Les nerfs d'Elvanshalee avaient apparemment étés soumis à rude épreuve et elle rit un long moment sans retenue aucune. Une manière d'évacuer le stress sans doute. Le médaillon ne chauffait plus, bon signe quand à sa stabilité mentale. Les petites billes avaient vraiment eu un effet salvateur.
Enfin elle se reprit et essuya les larmes qu'elles avait lâchées en abondance sur la nappe martyrisée qui recouvrait la table, achevant ainsi de la rendre inutilisable. Sa "crise passagère" avait chauffé à blanc les couverts, laissant des marques noires sur la table et fait bouillir les plats.
En tout cas elle allait vraiment mieux.

-Désolée, vraiment, j'ai eu pendant un instant dans l'idée d'essayer de vous manger, mais ... comment dire ça ... La raison de mon hilarité ... Ce n'est peut être pas si marrant, et je ne veux pas vous vexer, mais je ne pense pas que vous ayez bon gout, une simple impression.

Varig lui sourit, amusé. Effectivement, les mutagènes mêlés à son sang étaient un poison mortel pour les Teremundos. L'idée d'être vu comme de la nourriture lui semblait étonnamment divertissante. Peu de gens devaient pouvoir ainsi rire d'une telle idée, mais Varig avait toujours eu un humour... Particulier.
Elvanshalee inspira pour se calmer tout à fait avant de reprendre:

-Quand à votre aide ... Comment? Comment vous pourriez m'aider?

Varig redevint lui aussi sérieux. On en revenait au vif du sujet.

-Et bien, je sais ce dont ont besoin les Teremundos pour vivre. Je peux vous offrir un nouveau travail, une nouvelle identité et une nouvelle vie qui conviendront à ce que vous êtes et à qui vous êtes. Un nouveau visage même. J'ai les moyens de vous faire disparaître des registres de Blitzness... De vous offrir un nouveau départ.

Le tueur la fixa dans les yeux.

-Je recrute une équipe... Des gens qui, comme vous, ne se reconnaissent pas ou plus dans le système de Blitzness, des gens prêt à combattre du bon côté. Des gens sur qui je puisse compter...

Son équipe se résumait pour le moment à lui même, Louis et peut être Etel. encore qu'on soit en droit de se demander si Louis pouvait vraiment être compté dans le lot.

-Ce que vous étiez va disparaître, mourir. Je peux organiser cela avec vous... Pour Blitzness vous serez morte en héroïne de l'humanité, et vous pourrez renaître... Vous serez mon associée à mes opérations, mais vous resterez totalement libre d’accepter ou de refuser mes ordres et les contrats.

Le tueur baissa les yeux sur la nappe, définitivement ruinée.

-Vous avez un talent certain pour la destruction, déclencher des catastrophe et mettre le feu partout... Enfin bref vous avez compris l'idée. Mais vous êtes courageuse, douée pour maintenir vos coéquipiers en vie, inventive, puissante et surtout vous êtes quelqu'un de bien... C'est tout ce que je demande.

Il se leva avant de lui tendre la main.

-Rejoignez moi.

Chose étonnante, le Spectre prit bien le fait qu'elle le comparait à de la nourriture, mieux, il semblait s'en amuser. Quel homme vraiment étrange. Mais pas dans le mauvais sens du terme. Elva jeta un coups d’œil à la table. Les plats avaient brulé, avec la nappe, et les couvert avaient fondu. Et sa crise de larme avait créé une mare dans cette mer de brulé. Elva mourrait d'envie de faire un bateau avec du pain survivant et de faire une bataille navale. Bawi, elle à ses moments gamins aussi. Elle réussi cependant à se contrôler, et se mit à fixer le Spectre.

-Et bien, je sais ce dont ont besoin les Teremundos pour vivre. Je peux vous offrir un nouveau travail, une nouvelle identité et une nouvelle vie qui conviendront à ce que vous êtes et à qui vous êtes. Un nouveau visage même. J'ai les moyens de vous faire disparaître des registres de Blitzness... De vous offrir un nouveau départ.

Teremundo. Elle avait du mal à s'y faire. Alors qu'avant elle se battait contre eux, elle en était maintenant un. Mais en quoi était-ce un problème. Ça ne devait pas l'empêcher de se battre. Le fait de simplement penser pouvoir hésiter la contrariait. Mince, le médaillon devait chauffer. Ça c'était un peu ... embêtant. Elva n'était pas capable de se contrôler au point d'échapper au médaillon. Il allait souvent chauffer dans les mois à venir, pauvre Spectre ... Et quitter la B-corps... Certes, elle y avait pensé, mais l'entendre dit comme ça. Comment allaient réagir les gens, en voyant qu'elle ne revenait pas de mission? Allaient-ils croire à sa mort?

-Je recrute une équipe... Des gens qui, comme vous, ne se reconnaissent pas ou plus dans le système de Blitzness, des gens prêt à combattre du bon côté. Des gens sur qui je puisse compter...

Ne plus se reconnaitre dans le système? Elva fronça les sourcils. Elle n'y avait pas pensé. Le système lui convenait mais ... mais ... Comment un PDG peut-il desceller un employé bon sang? Elle en était venu à cette conclusion après avoir réfléchit aux événements. Le PDG était le seul à avoir le pouvoir de faire ça. Peut être que quelque chose n'allait plus dans le système, justement. Elle était un teremundo, et alors? Avec le sceau, elle n'aurait jamais fait de mal à personne. Mais maintenant ... Disparaitre n'était pas une si mauvaise idée, finalement. Si quelqu'un se doutait qu'elle avait en fait fuit, ils la chercheraient, sans doute pour la tuer.

-Ce que vous étiez va disparaître, mourir. Je peux organiser cela avec vous... Pour Blitzness vous serez morte en héroïne de l'humanité, et vous pourrez renaître... Vous serez mon associée à mes opérations, mais vous resterez totalement libre d’accepter ou de refuser mes ordres et les contrats.

Pour certaines personnes, ça mort causerai sûrement de la souffrance. Comme son Capitaine par exemple, ou Alwine. Elle se demandait si Elli la croirai morte, elle aussi. Et changer d'apparence... justement le seul moyen de s'échapper correctement. Car oui, pas la peine de se voiler la face, Elvan fuyait. Mais ou est le mal, quand on fuit pour sa vie? Elle passait de la colère à un sentiment de vide. Franchement, le pauvre médaillon devait en avoir mare. Elvan peinait à se décider. Mais elle y gagnerai une certaine forme de liberté ...

-Vous avez un talent certain pour la destruction, déclencher des catastrophe et mettre le feu partout... Enfin bref vous avez compris l'idée. Mais vous êtes courageuse, douée pour maintenir vos coéquipiers en vie, inventive, puissante et surtout vous êtes quelqu'un de bien... C'est tout ce que je demande.

En parlant de catastrophe ... Elle avait fait ça sans même sans apercevoir. La table c'était transformé en un champs de bataille entre des bouts de pain et des flammèches qui luttaient autours d'un lac. Le tout était en train d'achever la pauvre table, parce que les flammèches gagnaient. Heureusement qu'elle s'en était aperçu, parce qu'elle tira la nappe vers elle de justesse, empêchant une dizaine de flammèches de monter sur le Spectre. Il ne valait mieux pas savoir ce qu'elles étaient parties pour faire.

- Rejoignez moi.

Il se leva et lui tendit la main. Elva ne bougeait pas. Elle réfléchissait. Mais bon, réfléchir c'est mauvais pour la santé faut pas l'oublier. Et elle avait déjà tous les éléments qu'il lui fallait pour prendre sa décision. Elle aurait certes pût refuser et partir dans son coin mais elle avait confiance en cet homme. Et étrangement, elle voulait l'aider. La décision était donc prise. Elle soupira un bon coups, évacuant tous ses doutes, se leva et prit la main du Spectre.

- Ce sera un plaisir de travailler avec vous.

Varig ne bougeait pas d'un millimètre, retenant presque son souffle... Il était persuadé de l'avoir convaincu que la Blitzness corporation serait bientôt invivable pour elle... Mais avait il réussi à la rallier à son projet? Si elle refusait elle disparaitrait... Un Teremundo lâché en solitaire, surtout celui là avait peu de chance de ne pas...
Si elle faisait ce choix, il devrait l'en empêcher. Fondamentalement il le savait avant de venir, sans même s'être posé la question... Sinon pourquoi choisir un endroit désert tenu par un "ami" plutôt que la confortable sécurité de la foule?
Mais quand Elvanshalee expira longuement et se leva, ses yeux vairons dans les siens, il su qu'il avait gagné. Elle lui prit la main.

-Ce sera un plaisir de travailler avec vous.

La poignée de main était ferme mais sans violence. tant mieux. Varig détestait autant se faire broyer les doigts que de serrer une main flasque. Le tueur lui sourit

-Ce sera un plaisir et un honneur pour moi aussi... Camarade.

Après quelques secondes, il lui lâcha la main sans cesser de sourire.
A partir de cet instant, il avait déjà à peu près tout préparé de la mort d'Elvanshalee... Ça serait des plus amusant. Une sortie spectaculaire pour une soldate d'élite... Avec beaucoup de bruit, d'explosions et de débris qui partent dans tous les sens. Exactement le genre de choses qui se passait naturellement durant leurs missions communes en fait.
Il se pencha sur la chaise quelque peu brûlée par l'énergie de la jeune femme et lui remit sa veste sur les épaules, constatant au passage que la cicatrice dans son dos, avait presque totalement disparue.
Varig tira une enveloppe de sa veste qu'il posa bien en évidence sur la table avant de prendre le bras d'Elvanshalee et se dirigea à pas lents vers le bâtiment.

-Bon pas question de vous laisser plus longtemps seule au milieu des agents de Blitzness, c'est trop risqué pour vous... Vous allez disparaitre dès demain. Il vous faudra un nouveau nom, et un pseudonyme de mercenaire. Une idée? Le mien est "Spectre". Vous prendrez aussi vos affaires de combat, rien de plus ou un fouineur pourrait trouver suspect qu'il manque trop de choses là où vous vivez... Vous avez beaucoup de gens qui vont... Disons se poser des questions sur votre mort? Ou des gens qui savent pour votre... Transformation?

Au dernier étage du bâtiment, un des rideaux eu un frémissement tandis que le canon d'un fusil s'en relevait. Le serveur, que Varig avait appelé Karl éteignit la lunette thermique qui lui servait à viser à travers le tissu et le verre de la vitre avant de ranger l'arme dans une valise posée au sol avec soulagement. Quand la table s'était mise à chauffer perturbant son arme, il avait eu un sérieux coups de stress, et même hésiter à tirer. Seul les ordres précis donnés par Varig l'avaient arrêté... Ne pas tirer sans le signal. Il avait obéit, et finalement il avait eu raison.
Il fixa une seconde le WA2000 posé devant lui, pensif.
La vie de restaurateur paisible avait de nombreux avantages par rapport à la dure vie de soldat qu'il menait naguère: ça rapportait bien, n'impliquait que rarement d'être pris pour cible par des ennemis décidés à tuer, n'obligeait pas de porter une armure rouge aussi lourde que voyante et il n'y avait pas d'officier pour vous donner les ordres avec indifférence. Malgré tout il se demandait s'il avait bien fait le bon choix...
Il referma la valise noire avec un soupir avant de descendre les escaliers en rajustant sa tenue blanche.
Karl parvint à la réception juste avant que Varig et sa nouvelle coéquipière ne passe la porte de la terrasse. Il leur lança son tout nouveau "sourire commercial". Ils n'avaient pas mangé, mais ce n'étais pas tout à fait une surprise...

-Vous avez passé un bon moment?

Le tueur lui sourit, et pour une raison étrange ce sourire le mit légèrement mal à l'aise.

-Tout était parfait Karl... Je vous remercie. Je vous ai laissé un supplément sur la table...

"... Enfin ce qu'il en reste..."

Supplément? Le restaurateur haussa un sourcil mais ne fit pas de remarque. Il avait pourtant bien insisté pour que son invité ne paye rien... Il lui devait la vie après tout. Toutefois la présence de la jeune femme aux cheveux blanc le dissuada de parler.

-Au revoir monsieur, madame... Et à bientôt?

Le sourire de Varig s'agrandit.

-Qui sait?