Faire le tour des catacombes [ Anahé ]

La fatalité mène-t-elle à quelque part de concret? Prenons l’exemple d’un enfant qui se voit refuser quelque chose qu’il a eu toute sa vie jusqu’à présent. Quelle sera sa réaction face à ce changement? : la révolte. Il ne voudra pas accepter de ce fait ses punitions. Une colère profonde et rageante naîtra même si l’enfant est bon, sage et calme habituellement. Parce que s’il y a quelque chose que l’humain n’aime pas, c’est bien le changement. C’est naturel pour l’homme de réagir ainsi, peut-être est-ce parce que sa capacité d’adaptation est moins grande que celle de la plupart des autres espèces de notre monde? Alors, son cerveau, son intelligence lui permettrait de ne pas accepter la nouvelle norme et de la combattre? Par contre, est-il bon de combattre l’ordre des choses, ainsi… sans savoir ce qu’il en est? Je ne pense pas, car c’est la croyance de l’homme qui fait son innocence, son inconscience et son manque de savoir. L’homme croit qu’en créant de nouvelles armes, il protégera son pays, mais pensons-y bien; s’il n’y avait pas d’arme, rien ne pourrait être attaqué ou détruit. Ai-je tort? Hé non, j’ai bien peur que nous soyons rendus là messieurs, dames. Nous regardons dans la cours du voisin pour voir si le gazon y est plus vert et nous nous laissons berner par des mirages qui font en sorte que nous en voulons toujours et encore plus.

Alors, la fatalité deviendrait-elle utile si nous continuons l’ascension dans ce sens, mes amis? Je pense plutôt qu’il faudrait évoluer au lieu de dégrader dans cette montée. Changer de direction ou de destination complètement, car notre monde va nulle part. L’homme n’a pas encore tout à fait compris que ce qui est important, ce n’est pas à quel point nous sommes intelligent, mais c’est plutôt l’utilité qu’on en fait. Peut-être les Teremundos ont-ils raison de vouloir décimer la race humaine? Vous devez me trouver bien misanthrope pour dire cela, mais que voulez-vous, même la conscience à ses limites pour détecter ce qui est bien et ce qui est mal. Pour notre part, Anahé et moi, avons choisi de servir le bien en incarnant le mal dans notre ascension vers la mort. Nous avons décidé de quand même profiter de la vie, cependant, il vient de plus en plus difficile de ne pas être corrompus. Mais par qui, au juste? Quel clan est le plus noble? Faut-il vraiment chercher la noblesse? Dans mon cas, j’irais bien plus chercher la justice, cela me paraît bien plus approprié et à ma compagne aussi. Même si la Bliztness corporation a ses défauts elle aussi, elle est la justice humble et forte de Gaea et l’aide beaucoup. C’est ce qui importe dans un univers comme le nôtre, non?

Tout ce que je garde en tête continuellement est que les extrêmes ne mènent à rien. Le «trop» n’est pas applicable, on en fait jamais trop, cependant un être extrémiste de n’importe quelle philosophie, n’importe quel côté et n’importe quelle croyance est un maillon rouillé qui menace de céder dans la longue chaîne. Et, notre société actuelle est loin d’avoir besoin de ça, nous devons rester soudé et solidaire, quel qu’en soit le prix!
Après ce long discours, vous devez bien vous demander qui je suis. Eh bien, Je suis Tenraul, conscience et grande partie d’Anahé Alendiel. Je ne suis pas pour autant une fille, par contre, je peux vous garantir que nous sommes très peu nombreux. Cela n’est pas très utile lors des votes, mais être entouré de femmes à ses avantages…

Plusieurs se présenteront à vous en usant des contextes et des questionnements présents de la jeune, mais sage personne dont je fais partie. Pour la conseiller, nous apparaissons souvent dans ses rêves. Là où la barrière de l’imaginaire n’est plus. Certains arrivent même à rêver éveillé, malheureusement la même chose est vraie pour les cauchemars en ce qui concerne l’espionne.

En espérant éclairer les parties les plus sombres de la demoiselle pour votre compréhension.

Avec mes salutations distinguées,

Tenraul A.
Conscience et vice-président de la T.C.A.E.A.A. (Tête, corps, âme et esprit d’Anahé Alendiel)

Tenaul A.


Anahé était là… parmi les déchets en décomposition entrain de revivre ce moment. Ce baiser. Ces baisers avec cet homme qui lui était maintenant inconnu. Cette hantise était présente et terrifiante. Ce souvenir qui ne pouvait plus revivre parmi les cendres. La jeune femme était trop concentrée pour voir que quelqu’un était entré. Ce n’est que le «GrAmpf!!» qui la fit sursauter et se relever avec son air blasé habituel. La grimace sur le visage de la jeune femme lui fit lever un sourcil, mais elle lui dit quand même :

-Oh… je vois que j’ai de la visite, qui peut bien venir me voir dans un tel lieu des catacombes? Je suis Anahé Alendiel… enchantée… et vous?

Elle la gratifia d’un sourire et balaya du revers de la main et morceau de pourriture sur sa belle robe.

Cette… chose… euh, personne était bien particulière. Essayait-elle de se jouer d’elle en agissant ainsi à son égard? Eh bien… elle avait trouvé chaussure à son pied, car l’espionne ne se laisserait pas faire aussi facilement. Ces compliments, lancés au pif, cachaient certainement quelque chose. La jeune femme afficha un subtil sourire narquois et décida de prendre l’attitude de la nouvelle venue. Pour être le personnage… il fallait être le personnage.

Grett’, ça sonnait bien… Gentille, lapine et carnivore. Les lapins n’aimaient pas les carottes avant la viande? Ils ne sont pas herbivores? Mais pourquoi être comme les autres lapins? «Plus se joignent de voix diverses et contraires, plus merveilleux aussi résonne le concert.» Les différences étaient un concert de mélodies sopranos et basses. Les deux ne se joignant qu’à l’aide de leurs amis altos et ténors.

Amie? Si vite? «À partir d'un certain âge, on ne choisit plus tant ses amis que l'on est choisi par eux.» Peut-être était-elle arrivée à cet âge? Mais si elles s’auto choisissaient… elles choisissaient leur amie, non? Mais qu’en était-il d’un choix? Avaient-elles choisies d’être ici? Les choses étaient aussi bien faites… ? Réponses improuvables.

Manger n’était pas une mauvaise idée. Mais pourquoi manger le bout, quand on pouvait commencer par le début?

-Pourquoi ne pas y aller dans l’ordre des choses et manger le début avant le bout?! Est-ce tant le règne que tu cherches? Avoir fini avant d’avoir commencé quoi que ce soit? Ne serait-ce pas mettre la charrue un peu avant les bœufs?! Alors, ils vont faire comment pour la tirer, les pauvres! Et c’est qui qui va devoir tirer tout le fardeau encore? Eh bien, c’est bibi! Après, vous vous demandez tous pourquoi je suis fatiguée, ben, faut voir! On me demande de tout faire! Mais, revenons à nos moutons, ou devrais-je dire à nos lapins? Autant commencer par le désert! Comme ça on sera au bout du bout! Ce qui me rappelle deux p’tites phrases que ma mère m’a toujours dit :

La faim n’est rien comparée,
À la fin qui est bien parée

-Mais, ça, tu le savais déjà!

Anahé remarqua alors que son interlocutrice préparait une sorte de boisson quelconque avec ce qui se trouvait autour d’elles. Elle en but un peu avant de le tendre à la jeune femme et de l’inviter à en boire. Sa voix était agressive sur le moment, mais elle se reprit par après, comme si elle aussi avait décidé d’entrer dans la danse. Sur un coup de tête, toujours bien plongée dans son personnage, la martiale dit :


-Oh! Mais ton mélange manque certainement de quelque chose!

Sans attendre, le personnage prit de la mousse qui poussait sur les murs des Catacombes et la laissa tomber dans le mélange avant de tout le boire d’une traite. De toute façon… son estomac commençait à être habitué à toutes ces choses étranges. Et quand on y allait, autant y aller pour la peine!

Une fois tout le mélange avalé, l’espionne aurait bien apprécié un grand verre d’eau pour faire passer le goût de la charogne, mais même pas une goutte était à sa disposition si elle restait dans son personnage. Toujours concentrée et alerte, Anahé continua :

-Oh! Un resto! Enfin, ça va faire changement des repas peu culinaires de mon serviteur! Il ne fait pas bien mariner la viande! Imagine comment il la fait mal vieillir, alors! Pff… c’était la vraie catastrophe la semaine dernière. Et ça c’est sans oublier les fois où il se brûle au deuxième degré… c’est ce qui me met les nerfs à vif. Ah oui! Je disais donc! Resto! Je verrais bien un beau luminaire fashion en haut ici, oui… là… là! Il paraît que c’est très tendance de mettre ça sur les murs et d’être antigravitationnel.

L’espionne pointait le haut du mur à sa nouvelle amie pour lui indiquer exactement où elle le positionnerait.

Angelus Silesius, première citation
André Gide, deuxième citation

" Conclusion : Je t'aime bien. J'aimerais que tu rejoignes mon équipe de Teremundo Humanoïde... Euh, c'quoi ton nom déjà ? "

Quoi? Tout cela pour ça?! Elle l’avait manipulé ou quoi? Il était hors de question qu’elle joue le jeu de la fofolle encore longtemps si c’était pour être comme ça. Et puis… elle ne pouvait pas vraiment rejoindre trois équipes à la fois, cela serait traitre. Mais, à bien y penser, la jeune espionne était déjà traitre de se faire passer pour une Teremundo, alors qu’elle était toujours belle et bien humaine. Cependant, cela n’était pas ce qu’il y avait de pire dans la réponse de la jeune femme, le pire était qu’elle n’avait même pas prit le temps d’enregistrer dans sa mémoire son nom! Que dis-je, son prénom qui ne comportait que trois syllabes. A-na-hé. C’était pourtant assez simple non? Quoi qu’il fallait dire que son prénom à elle l’était encore plus! Peut-être avait-elle quand même de la difficulté à s’en souvenir quelques fois? Du moins, la jeune barbouze n’allait pas se laisser faire aussi facilement :

-Tu demandes aux gens dont tu n’es pas capable de te souvenir le nom de faire partie de ton équipe?

La jeune femme eut un léger joyeux et rajouta :

-Moi aussi je t’aime bien, mais dans quelle équipe veux-tu m’embarquer, ma belle? Et qu’est-ce qui te dit que je suis assez puissante pour faire partie de ton équipe?!

Elle la regarda dans les yeux. Que cherchait-elle à avoir d’elle? Et surtout qu’est-ce qu’elle pourrait lui apporter de bon? Neosis Blood, lui avait de quoi lui donner quelque chose, mais Grett’ était une inconnue des autorités. Grett’… cela lui disait pourtant quelque chose… Où est-ce qu’elle aurait pu la connaître. Il lui semblait bien avoir un doute, mais rien de plus ne lui venait à l’esprit, et puis, de toutes façons, elle le saurait bien à jour à continuer de parler avec elle ainsi. Alors, elle la questionna une autre fois :

-Cela fait longtemps que tu es une Tere? Ah oui… mon joli nom, c’est Anahé, mais appelle-moi Anah’!

Même si elle la soupçonnait de quelque chose, Anahé tenait à rester aimable et gentille avec elle, juste au cas qu’un jour, cela puisse lui être bien utile. La martiale devait quand même encore jouer un peu le jeu de celle qui était bizarre et prête à tout, sinon, cela n’aurait plus ni queue ni tête. Ça lui faisait repenser à sa pensée de tout à l’heure… elle se demandait elle-même parfois où elle allait tirer de telles choses… la combattante était, pour du moins, surprenante et souvent incompréhensible…

Comme ça, elle aussi voulait faire parler d'elle... alors, peut-être que cela ne serait pas une si mauvaise chose de faire équipe avec elle! Elle y gagnerait quelque chose finalement. Oui, c'était une idée, cependant, elle resterait toujours plus près de Neosis Blood, c'était une source plus sûre, même si elle ne l'était pas du tout. Et puis, elle voulait être Vosiem, ce n'était pas mal, mais Anahé espérait se classer un peu plus haut dans le classement. De plus, l'espionne ne voulait pas qu'on entende parler nécessairement des Teremundos, mais plus d'elle pour attirer plus vite la confiance des hauts dirigeants. La jeune femme se souvenait bien d'avoir lu sur la guerre, il y avait des tonnes de données dans la bibliothèque et les archives de la B. Corporation. Personnellement, elle n'avait pas participé à la guerre pour sa compagnie et une chance, sinon, sa couverture aurait été difficile à gérer, mais selon les écrits, le massacre avait été terrible pour les Teremundos même s'ils avaient bien mené la bataille.

L'agente devait trouver une raison valable assez vite pour ne pas faire attendre sa nouvelle collègue plus longtemps. Elle pouvait tout simplement s'informer sur les nouveaux Teremundos, non? C'était une bonne solution pour ne pas pousser un mensonge qu'elle ne serait pas capable de conserver si on lui posait quelques questions. Même s'il fallait avouer que la lapine n'avait pas l'air à être du genre à se questionner sur les détails.

Après avoir trouvé la raison de sa question, elle évalua sa réponse. Quelques semaines seulement... elle était donc encore «plus jeune» qu'elle techniquement. Alors, Anahé pourrait jouer la carte de l'âge et peut-être celle de la puissance. Ce serait sûrement à son avantage, c'étaient de bonnes nouvelles!

C'est alors que la jeune femme entendit un grognement derrière Grett'. Elle jeta un regard vers l'endroit d'où provenait le son et vit un bestial en fin de transformation. Il mourait sûrement de faim!

" Voilà ton épreuve... "

Quelle épreuve? Comment ça, son épreuve!? Elle devait donc le vaincre... ça ne serait pas une partie de plaisir, mais elle pouvait toujours tenter l'expérience rendue à ce point.

Le monstre était monstrueux et surtout dégueulasse. Il répugnait la jeune martiale. Pour démontrer sa puissance à sa nouvelle compagne, la jeune femme avait décidé de faire une évolution en puissance, elle lança donc une technique assez faible au départ. Environ deux Litres d'eau venait de jaillir des mains de la jeune femme.

«Fouet aquatique!»

Cette même eau se dirigea vers la bête pour la fouetter. Malheureusement pour la combattante, cela n'eut que quelques effets sur le bestial puissant. Alors, la jeune femme utilisa une autre de ses techniques en sortant son arc et ses flèches :

«Lunes de Mars»

Des clones identiques virent se joindre à elle. Puis, toutes en même temps, elles jetèrent un coup d'oeil à leur nouvelle compagne en disant avec une synchronisation complète :

- Toi aussi, tu veux t'amuser?

C’est ensemble que les deux jeunes femmes réussirent à vaincre cette goule en voie de transformation. Gret’ lui laissa très peu à manger ce qui ne dérangea pas du tout la martiale. Elle n’aimait pas du tout les goules au goût c’était encore pire que de l’humain! Anahé lui fit un sourire et posa sa main sur son épaule :

-Eh bien… merci pour cette rencontre, bien bonne chance pour ton resto! Au plaisir de te revoir… j’dois… heum, j’ai des trucs à faire tu vois?! Ciao!

La belle lui fit un clin d’œil et repartit, légère et gracieuse comme elle se devait de l’être. La jeune femme ne voulait pas rester plus longtemps pour le moment avec cette drôle de femme illogique. Elle devrait l’étudier plus avant de la revoir pour savoir mieux interagir avec elle.

La jolie femme prit la direction de la sortie et arriva dehors pour prendre une grande bouffé d’air frais qui lui fit un bien total. L’odeur de charogne était insupportable à la longue dans ces catacombes humides et sales. Cela allait être une belle journée.

-Fini-