Vous les aimez rouges, blanches ou jaunes...? [PV : Ellissia]

Comme à chaque jour qui compose sa vie depuis prêt d'un siècle et demi, un jeune homme ouvre les yeux, martelé par les rayons du soleil qui pointent inlassablement chaque matin à travers le rideau troué de sa fenêtre. Comme à chaque matin, ses prunelles d'une légère teinte améthyste se pose sur le plafond parfois différent ce celui de sa chambre, signe que la nuit avait été bien remplie dans le lit d'un ou une inconnu(e) rencontré(é) la veille. Non, ce matin son plafond était bien le sien, mais cela n'empêchait pas de sentir un pois allongé sur son torse, signe que sa nuit avait été bien remplit quand même...

Caressant machinalement la tête du jeune homme allongé sur lui, Rhyme mit quelques secondes à s'échapper de son sommeil, quelques secondes pendant lesquelles il réunit ses souvenirs pour se rappeler du rôle qu'il jouait aujourd'hui : ce serait celui du fleuriste, étudiant en littérature bossant à mi-temps en accommodant des fleurs et papillonnant des yeux devant une femme au foyer un peu facile à manipuler lorsqu'un jeunot flirtait légèrement avec elle. Grâce à cela, la gérante n'était pas trop encombrante et ne posait guère trop de questions sur son intimité. En plus d'être sa patronne, elle était aussi celle à qui il devait payer le loyer. C'était plus simple ainsi...

Le matin parfois donc, Rhyme avait du mal à se resituer temporellement, les souvenirs se mêlant sauvagement au réveil avant de se démêler progressivement, jusqu'à le remettre face à la réalité. Aujourd'hui était une journée donc ordinaire, qui serait faites de travail à la fleuristerie, suivit de ses recherches sur des livres traitant de la force occulte ou la religion, camouflée en roman sur ses étagères quand il n'était pas là. Petit tour de passe-passe pour que d'éventuels fouineurs occasionnels ne trouvent rien...

Enlevant son bras de sous le blondinet qui dormais encore à point fermé, Rhyme se leva doucement pour s'étirer, après avoir déposé un léger baiser sur les lèvres légèrement entre-ouverte de son amant de la veille. Délicieux moment, mais qui n'allait avoir guère de suite; si Rhyme était quelqu'un qui s'attachait facilement, cela se saurait. Il commença donc à enfiler des vêtements sur son corps nu, avant agripper son tablier en sortant de sa chambre. Un rapide coup d’œil sur sa montre lui avait fait comprendre qu'il avait encore fait la grâce matinée... Ses obligations d'étudiant volage l'attendaient!

Un rapide nœud dans son dos pour fermer le tablier, et la voilà prêt pour sa journée. Encore heureux qu'il eut tôt fait de mettre en place les fleurs et remonter le rideau de fer avant que la gérante n'arrive, sinon il aurait passé un sale quart d'heure, joli minois ou non! Pendant une partie bonne partie de la matinée, Rhyme fut cantonné à demeurer dans l'arrière boutique, tandis que ce fut la gérante qui se chargea de l'accueil des clients; cela l'arrangeait. Car en plus d'être un chercheur-scientifique en matière de force occulte, Rhyme s'adonnait à quelques petites expériences dans le domaine botanique. Onguents, cataplasmes, crèmes... Toutes ces petites choses nécessaires à son job de médecin au noir n'apparaissaient pas comme par magie! Si la vocation de cette établissement n'était que de vendre des fleurs et autres végétales d'ornement, il possédait tout ce qu'il fallait pour faire pousser des plantes en tout genre, caché dans le fin fond de l'arrière-boutique, là où la gérante ne mettait jamais le nez. Et oui, le choix d'une fleuristerie pour faire sa nouvelle vie n'était pas anodin...

Alors qu'il soignait une plante - littéralement - grâce à son énergie vitale, lui redonnant la majestueuse verte couleur de sa tige, la gérante qui jusque là accueillait froidement ses clients appela Rhyme d'un ton mélodieux. Comme c'était étonnant... Rangeant son petit matériel d'alchimiste dans sa cache, Rhyme se dirigea vers l'avant du magasin pour se présenter derrière le comptoir, la gérante devant s'absenter pour régler un détail à l'autre bout d'Ethera City, un de ses fournisseurs qui prévoyaient d'augmenter ses tarif. Bref, tout un rendez-vous...

Assit derrière le comptoir, les pieds nonchalamment posé sur le comptoir, Rhyme lisait un bouquin traitant de magie basique. Ennuyeux, mais au moins il n'avait pas il n'attirait guère l'attention. Pendant qu'il lisait, à l'approche de l'heure du midi, seuls quelques amoureux transis en retard prenaient le temps de passer pour acheter une rose pour leur rendez-vous. Bien mal leur en prit, car certains dans leur précipitation avaient choisis une rose jaune, à la signification toute autre que l'amour... Mais cela, ce n'était que pour ceux qui avaient quelques connaissances en fleurs. C'était donc calme, bien qu'une cliente, sur laquelle il n'avait pas posé les yeux à son entrée, était en train de farfouiller dans son magasin pour une raison obscure...

Puis-je être utile...? D'une façon ou d'une autre?

Refermant le livre pour le poser à côté caisse, Rhyme se leva avant de se préparer à accueillir cette demoiselle, encore cachée derrière une étagère de hortensias, prêt à servir comme toujours.

La demoiselle, lorsqu'elle sortit de derrière l'étagère, apparue comme étant bien étrange aux yeux du jeune homme... Même pour lui. Son accoutrement, bien au-delà du fait qu'elle était si courtement vétue en ce mois un peu frileux, était d'un style bien différent de ce qu'on pourrait trouver dans cette ville. Certes, les habitants d'Ethera City sont certes frivoles mais guère exhibitionniste... Mais ce qui était surement encore plus surprenant, c'est que la jeune femme devait se déplacer en publique sans avoir le moins du monde l'impression que c'était quelque inconvénient de dévoiler autant son anatomie! Enfin, ce n'est pas Rhyme qui allait s'en plaindre, loin de là même, mais il n'allait pas se formaliser pour quelques bouts de tissus en moins; il en avait vu d'autres...

Celle-ci, se mettant à balbutier en le fixant avec des yeux de merlans frits, lui demanda des conseils sur des plantes pour la décoration d'intérieur. Tient donc... C'est marrant : elle avait tellement hésité à lui demander cette chose un peu banale qu'on dirait qu'elle voulait demander autre chose à la place. Rhyme se faisait peut-être un peu parano... Elle pouvait tout simplement être timide.

Ces obligations l'appelant à se mettre en quatre pour ses clients, Rhyme posa son bouquin sur le comptoir, se relevant de sa chaise en remettant son tablier en place. La rejoignant prêt des plantes, le jeune fleuriste improvisé s'approchant des divers pots renfermant des espèces de plantes différentes, ce pour en sortir différentes variétés : couleurs, longueurs, formes des pétales, etc... Les caractéristiques de ces végétaux variaient incroyablement, avant que Rhyme ne les pose sur les comptoirs et ne les étale, faisant signe à la cliente d'approcher.

Je ne peux pas vraiment vous aider quand à savoir quelles fleurs iraient le mieux... Mais je peux vous aider à l'imaginer. Et... Je suis sûr que vous saurez choisir comme il faut. On a pas besoin d'être artiste pour reconnaître ce qui est beau...

Rhyme lui avait dit cela avec un sourire charmeur, une rose entre les mains. Ca c'est sûr, il savait vendre du rêve à ses clientes la majorité du temps, et personne n'avait besoin de connaître ce qu'il devait vendre pour savoir le mettre en valeur.

Ainsi il montra différentes variétés de fleurs : les claques comme les roses, pétunia... Et quelques petites têtes qu'on voyaient un peu plus rarement dans les salons comme les catleïa ou les bégonia. Leurs couleurs variaient tout autant, et c'était à elle de se les imaginer par bouquets dans son appartement...

Mhm... Mais, l'agancement de votre appartement n'est pas le seul facteur, il a aussi l'ambiance. Par exemple, recevez-vous du monde souvent? Souhaitez-vous que ces plantes égaient vos invités ou seulement pour vous? Avez vous un compagnon ou un colocataire à surprendre avec de nouvelles fleurs à certaines périodes de l'année? Posez-vous ce genre de question, et vous saurez laquelle vous conviendra le mieux.

Mine de rien, Rhyme venait de poser une question insidieuse : était-elle en couple? Allez savoir si elle arriverait à percer à jour la question officieuse, et Rhyme le souhaitait. Un flirt subtil était parfois l'attaque qu'il fallait pour parvenir à percer la patience d'un client, et le faire acheter ce qu'on voulait!

Mal à l'aise? Surement les petits charmes de Rhyme qui faisait son effet. Il ne se doutait absolument de rien quant à la véritable identité de la jeune femme, du moins pas encore : biensûr qu'il sentait qu'elle était différente des autres humains, avec une aura aussi nette et brillante, mais ce n'était pas la seule dans cette ville quand même. Elle regorgeait même d'êtres aux pouvoirs surprenants, et ce n'était pas non plus un secret qu'elle était différente : rien que pas son apparence dévêtue
déjà elle apparaissait nettement en marge du reste de la populace.

Rhyme ne se laissait toutefois pas impressionner par un joli minois et des atouts de choix mis si bien en valeur. Le jeune homme s'appuya sur le comptoir pour la laisser faire son choix, essayant de la détailler le temps qu'elle fasse son choix. C'est vrai que quelque chose d'étrange émanait d'elle, de très spéciale, mais impossible de pouvoir dire en quoi elle était différente des autres énergumènes qui parsemaient cette ville, ou du reste des personnes qu'il avait pu côtoyer durant toute sa vie. Dure à dire... Mais j'avais un moyen très simple pour mieux analyser l'énergie qu'elle émettait...

Je m'approchais doucement, vu à quel point elle semblait méfiante. Elle reculait sans trop que je sache pourquoi lorsqu'elle sentit les fleurs, l'écoutant parler avec un peu plus de détails se qu'elle attendait...

Dans l'ombre hein... J'ai bien des Bergenias, ou des Millepertuis... Si vous voulez bien me suivre.

Pour lui montrer la direction, je montrais la réserve, où se trouvait les espèces qui justement ne poussaient qu'à l'ombre : on ne pouvait pas les exposer au grand jour, ça risquait de les faire faner... Et pour finir, je posais ma main sur son épaule nue, pouvant mieux percevoir alors l'énergie qu'elle dégageait, ou l'aura comme je l'appelais plus souvent... L'iris de mes yeux se dilata d'un coup, avant de se refermer juste après avec la même vivacité, pour enfin finir par retrouver sa taille normale... Ca me faisait ça dés que j'analysais une aura très intéressante... Ca n'avait rien d'humain, mais en même temps, il n'aurait vraiment pas su quoi dire ce que c'était précisément... C'était énormément de choses à la fois! Mais parmi tout ce fouillis il arrivait à discerner quelque chose de net... Bien net même.

Alors qu'il l'emmenait vers la réserve, la main toujours sur son épaule, un sourire se dessina sur son visage. Voyez-vous ça... Lorsqu'elle entra, je croisais les bras, prenant mon menton entre mes doigts avec un air réflecteur, tout à fait faux d'ailleurs.

Mais je pense savoir ce qui vous irait parfaitement... De l'herbe à chat, qu'en dites-vous...?

Elle avait quelque chose de félin dans son énergie en tout cas... Peut-être pas un chat, mais en partit en tout cas, peu importe le camouflage humain qu'elle utilisait : Rhyme avait depuis longtemps apprit à ne plus se fier à son regard...

Au milieu de la réserve, la jeune demoiselle qui cachait bien des choses à Rhyme se vit prise au piège, avec lui entre elle et la seule porte qui pouvait la mener à l'extérieur. L'érudit avait bien prit soin de ne lui laisser que très peu de portes de sorties... Ce qu'il avait perçu en touchant la jeune demoiselle, c'était bien dangereux pour la laisser sortir sans au moins lui donner un interrogatoire musclé. Et elle avait sentit le danger d'ailleurs, vu qu'elle avait sortir ses griffes pour le griffer au visage, lui faisant lâcher son épaule tout en reculant d'un pas. Vive, la tigresse...!

Alors qu'elle avait reculé, avant de repartir à la charge pour essayer de passer en force, Rhyme qui n'avait pas bougé de position serra la main dans le vide, son aura bleue se matérialisant tout autour de son corps, avant de se concentrer dans sa main pour faire apparaître un lien d'énergie bleutée. Il se servit de cette longue extentionpour attraper une cannée posée un peu plus loin sur une commode et la tirer vers lui, l'attrapant de son autre main pour asséner un coup dans la porte de la réserve pour la faire claquer, enfermant la demoiselle avec lui. Après quoi il fit un rapide bond en avant, se retrouvant devant son agresseur en pleine course vers la porte pour s'enfuir, et lui donner un nouveau coup de canne pour l'envoyer sur une étagère remplie de fleur empoté dans des pots en céramique, le tout s'écroulant comme un rien sous le choc! Rhyme n'y allait pas de main mort, et pour cause : cette femme était un véritable danger publique, aussi délicieuse soit-elle...

Rhyme passa alors sa main sur les grandes griffures de son visage, une lueur bleue sortant de ses doigts pour se concentrer dans ses griffures. Celles-ci se refermèrent presque instantanément... Elle avait été si vive qu'il n'avait pas eu le temps de concentrer son aura dans la peau de son visage pour la faire durcir. Un sourire assuré était imprimé sur son visage, mais le jeune homme se montrait maintenant très prudent avec elle. Surtout si elle était ce qu'il pensait...

Il n'y a pas d'autres issues, à moins que tu ne souhaites créer une ouverture dans ces murs, et risquer de te faire repérer... Tu as deux choix; soit tu insistes, et je me ferais une joie de t’occire comme nombre d'autres Teremundos avant toi...

Rhyme prit alors sa canne par le milieu, l'autre main saisissant la tête et tira dessus, révélant une lame acérée qui se cachait à l'intérieur de l'objet. L'arme entièrement dégainée, Rhyme se mit en position de combat, l'épée et le fourreau chacun dans une de ses mains... Puis il tendit la main tenant le fourreau en direction de la Teremundo, tendant un doigt dans la même direction.

L'aura qu'elle émettait était un drôle de mélange entre celui d'un animal, d'un Teremundo et d'un humain, à tel point qu'il était difficile de cerner la véritable essence de son être. C'est pourtant ce que cherchait Rhyme, mais il n'avait pas eu le temps de la toucher suffisamment longtemps pour y arriver... Mais il avait aussi sentit un étrange sentiment de sérénité, de paix, loin de la colère, la faim et la haine qui déchirait pourtant tous les Teremundo... Les rare cas qu'il avait pu sentir durant toute sa vie étaient spécifiques, et il voulait tirer cela au claire.

... Soit tu t'approches, et tu touches mon doigt suffisamment longtemps pour que je puisse décider si je dois te tuer, ou peut-être te laisser la vie sauve... Et je dis bien peut-être.

Il fallait qu'il arrive à déceler chez elle une nouvelle fois ce sentiment si rare chez les Teremundo... Car il ne fallait pas oublier - bien qu'elle ne pouvait pas le savoir - que Rhyme lui non plus ne voulait pas se faire remarquer. Montrer trop de puissance, ce serait comme se coller un néon géant disant "Pallier 6 ICI!", et même de risquer de montrer sa longévité anormale... Bref, il devait éviter le combat autant que possible, et pour ça il devait être sûr qu'elle n'était pas dangereuse, ce que lui avait dit son premier contact physique avec elle.

Rhyme attendait patiemment que la demoiselle s’exécute, car elle n'avait pas le choix si elle désirait éviter les combats comme lui... Aussi assurée soit-elle dans ses réponses, même si elle était "connue" dans le domaine de la destruction, Rhyme peinait à croire qu'elle puisse tuer un civil et détruire un bâtiment impunément. Aucuns crimes ne restaient impunis, même après des décennies, tôt ou tard elle paierait ses méfaits si jamais elle venait à faire un pas de travers, et dans le cas présent pas plus tard que dans la minute qui suive, empalée sur une lame...

Il avait du se montrer convaincant, car elle s'approcha de lui et de son doigt tendu, visiblement très méfiante, Rhyme l'étant tout autant bien qu'il était persuadé qu'elle ne ferait rien, pour les raisons énoncées plus haut... Si toutefois elle était assez intelligente pour cela, ce qui n'était pas sûr pour un Teremundo. Mais si elle se révélait être un abrutie finie, alors Rhyme devra se montrer encore plus prudent vu qu'il ne serait plus capable de calculer la réaction de la demoiselle...

Leurs deux doigts s'approchèrent doucement, n'étant bientôt plus séparés que par quelques centimètres... Rhyme lui était impassible, sa position impeccable et immuable, la fixant droit dans les yeux en essayant de décrypter la moindre envie de passer à l'offensive, le moindre cillement qui pourrait trahir une pensée agressive. Vu le côté animal qu'elle avait, ce ne serait pas surprenant...

Et enfin elle toucha son doigt, et à nouveau les pupilles de Rhyme, entourées d'aura bleue, se dilatèrent et se refermèrent exactement de la même façon que tout à l'heure. L'aura qui enveloppait tout son corps s’étalèrent maintenant jusqu'à la main de la demoiselle, Rhyme s'en servant pour tenter de démêler cette énergie bâtarde de plusieurs types... Humain, félin, Teremundo... Tout ces genres se mêlaient l'un à l'autre, et Rhyme essayait de faire passer son énergie dans le corps de la demoiselle, remontant à la source de son énergie...

Tu es... Je vois... Une sacrée curiosité de la nature.

Doucement, l'aura qui enveloppait le corps de Rhyme et celui d'Ellissia se dissipa, et disparu totalement quand il rompit le contact entre leurs doigts. Le jeune homme fit tournée son épée autour de sa main pour pouvoir la prendre à l'envers, et l'enfoncé dans son fourreau pour reformer la canne initiale, avant de la faire disparaître dans un éclair de lumière bleue.

C'est alors qu'il passa ses doigts un peu sale à cause de la terre des pots qu'il remuait toute la journée dans son tablier pour se les essuyer, marchant sur le côté vers un casier, avant d'ôter le tablier en question pour le ranger dans le vestiaire... Et il oubliait la présence de la Teremundo? Oui, et non... Il avait pu sentir cet état apaisé chez la demoiselle, le fait qu'elle n'était pas habitée par une faim insatiable qui caractérisait pourtant tous les Teremundo. Mais même si c'était rare, Rhyme s'attendait à ce quelque chose d'un peu plus intéressant à vrai dire...

... Toutefois, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais... Dommage.

La gérante n'allait pas tarder à rentrer, et Rhyme devait vite s'atteler à ranger la réserve mise sans dessus dessous à cause du début d'affrontement d'à l'instant. Le jeune homme se dirigea vers les pots cassés, les ramassant avant de les jeter sur la poubelle à côté; redressant ce qui restait du meuble intact, balayant la terre qui maculait le sol, etc... Et pendant ces quelques minutes, il ignora totalement la demoiselle encore plantée au milieu de la réserve, mais il finit bien par reposer son regard sur elle, un air interrogatif sur le visage.

... T'es encore là? Les clients n'ont pas le droit d'être dans l'arrière-boutique tu sais, et puis t'avais l'air pressée de sortir il me semble, non?

Il lui parlait comme si rien qui sortait de l'ordinaire ne s'était produit ici, et qu'elle était en fait juste une cliente de plus... Ce qui était bien vrai au final, vu que comme il le disait, elle n'avait pas été ce à quoi il s'attendait à la base...

Le "jeune" homme se remit à faire le ménage et à trier les plantes de l'arrière-boutique, comme si la journée était des plus banales, alors qu'il avait pleinement conscience qu'une Teremundo se trouvait dans son dos et se balladait librement. Il pourrait craindre biensûr, se méfier, la surveiller, mais il n'en était rien : si elle avait vraiment voulu le tuer, il serait déjà au courant... Et surtout quelqu'un qui voulait vous tuer ne se montrait pas aussi agréable verbalement.

Ainsi donc, il était fascinant? Compliment fort appréciable, surtout venant d'une inconnue d'une race d'ordinaire très hostile aux humains. Il serait même plus précis de dire qu'elle devrait d'ordinaire essayer de le croquer plutôt que de parlementer avec lui. Mais si Rhyme ne cherchait pas non plus à lui tanner le cuir, c'est surtout par manque de convictions : elle était certes une Teremundo, mais il ne chercherait certainement pas à attirer l'attention plus que de raisons en se mettant à dos quelqu'un.

Ses convictions commencèrent à virer de bord lorsqu'elle lui parla alors d'une certaine personne en train de souffrir le martyre, une maladie qu'elle ne savait gérer... Rhyme devait admettre que ça avait de quoi éveiller sa curiosité, même si son "invité" n'était pas du même avis, et préféra tourner les talons pour s'en aller. Ca pourrait être intéressant... Mais surtout, voir un peu le quotidien de cette Teremundo en vadrouille l'était bien plus! Elle parlait, marchait et semblait même vivre parmi les humains. Quel genre de Teremundo pouvait donc à ce point mettre de côté ses instincts pour s'intégrer dans la société humaine? Ce malade pourrait être un moyen de répondre à cette question...

Rhyme laissa tomber son tablier, et ne s'encombra de rien d'autre pour repasser dans la boutique, tombant sur une scène amusante mais fort peu convenable vu les circonstances. Un bougre empêchait la demoiselle de sortir de la fleuristerie, plus attiré par les courbes de la demoiselle que par les ramures de leurs plantes... Si il avait eu le mérite de la retenir, il était temps qu'il tire sa révérence. Rhyme s'avança naturellement vers eux, et lorsqu'enfin ce pervers posa les yeux sur lui, la main de Tobias elle se posa sur son front, tandis qu'un léger flash bleutée jaillissant de sa paume fit tombé net cet opportun dans les bras de Morphée. Sa technique Komoriuta était toujours aussi efficace pour se débarrasser de la plèbe encombrante.

Ne le laissant toutefois pas s'étaler sur les étagères de plantes domestiques et créer un capharnaüm sans noms dans la boutique, Rhyme le souleva et la porta sur son épaule comme un rien en sortant de la boutique.

Allons voir ton camarade. Je suis médecin, à mes heures perdues... Je pourrais peut-être apporter mon aide.

Il s'avança dans la rue, passant devant la terrasse de café du bar à côté de la fleuristerie, apposant le vieux croulant sur une des chaises. Celui-ci ronflait bruyamment, à tel point que le gérant mettrait tout juste quelques minutes pour s’apercevoir de sa présence et commencer à essayer de le réveiller. Pour le punir d'avoir essayer d'abuser de quelques manières que ce soit une jeune femme, Rhyme avait mit la dose avec son Komoriuta : il allait dormir quelques heures, même si on lui mettait des baffes!

S'écartant un peu des ronflements, Rhyme regarda Ellianne, les mains dans le poches.

... Tu peux m'appeler Rhyme... Et maintenant, amène-moi à lui. Je verrais ce que je peux faire pour rétablir sa santé.

Rhyme garda les mains dans les poches, laissant Ellissia lui faire un petit topo de la situation de son patient : rien de bien jojo visiblement. Une fille aux apparences naives, certes sexy, qui cachait une demoiselle parlant de clients, de missions et de règles la forçant à un comportement plus stricte qui n'y parait. Des missionnaires, à n'en pas douter. Et au pluriel, car les mercenaires ne se déplacaient jamais seul... Double raison de se méfier d'elle, et d'en même temps en savoir un peu plus : cette histoire l'intriguait de plus en plus.

En silence, il suivit les pas de la demoiselle, même lorsqu'ils arrivèrent dans un bâtiment par un accès dérobé. Face au garde il resta calme et impassible, de façon à ce que l'histoire de la Teremundo paraisse réelle : avoir un air étonné ou de pas savoir ce qu'il faisait là, ça risquait de créer des problèmes... Jusque là aucuns problèmes, mais le fait de ne rencontrer guère d'autres récalcitrants, ça avait le don d'éveiller sa méfiance encore plus. Quand même... On était censé être dans un endroit secret connu que de ceux qui connaissaient le "client", et on avait pas plus de sécurité que cela? Un peu d'esbrouffe à l'entré et nous voilà libre à l'intérieur? Trop simple... Ca ne devait pas non plus aller jusqu'aux patrouilles autour du bâtiment et à la DCA sur le plafond, mais tout de même... Qu'à l'intérieur, on ne croire pas plus de monde que cela, c'était très suspect.

Sa méfiance fut mise de côté lorsqu'il arriva dans la chambre du client, Ellissia lui précisant tout ce qu'elle avait tenté jusque là... Une infection de toute évidence. Première chose à faire, réparer les dégâts de l'infection pour parer au plus urgent. Curieux que jusque là ça n'ait pas eu d'effets...

Voyons voir...

Takumi n'avait pas peur de toucher des plaies infectés : ses mains étaient son outils de travail, il ne fallait pas les encombrer de gants. Avec une main enserrée autour d'une entaille noire due à l'infection, un Kagura pour commencer, et sa grande surprise, cela n'a pas eu d'effets... Elle resta toujours aussi noir... Il fronça les sourcils : cette maladie était-elle aussi vigoureuse? Tonnant, vue qu'il ne semblait guère souffrir grandement. C'était inquiétant certes, mais il ne souffrait pas le martyr non plus... Ses deux mains posées sur son bras tout entier, une lumière bleue plus intense jaillit de ses mains, tandis qu'il injecta son énergie curative directement dans ses plaies... Et il cerna d'avantage le problème : sa magie était comme rejetée par son organisme, alors que c'était de la pure énergie vitale. Même son Mikagura ne pouvait altérer son état d'insanité. Oh non, ce n'était pas juste une infection, quelque chose de bien plus gros avait élu domicile dans son corps...

Mademoiselle, tenez le bien... Si vous trouvez qu'il a l'air de souffrir, ce n'est rien comparé à ce que je vais faire.

Ce qu'il avait réellement, Rhyme ne pouvait pas vraiment le dire : que sa magie n'arrive pas à pénétrer son corps, c'était autre chose qu'une infection. Pour l'instant, il fallait sauver ses organes de l'infection : le Satokagura était le plus adapté. Rhyme se plaça à genoux sur le lit devant le malade, avant de placer ses mains l'une en face de l’autre... Doucement son aura bleu s'en échappa, et gonfla entre ses mains pour former une sorte de sphère d'énergie bleu qui flottait dans les airs... Puis il la plaça juste au dessus du cœur du client, avant de vérifier qu'elle le tenait bien... Et l'enfonça de force violemment dans son corps, le malade se cambra d'un coup en hurlant de douleur! Rhyme usa de son autre main pour le plaquer sur le lit, tandis que la bulle d'énergie enveloppant le cœur détruisait l'infection, non sans-douleur, tout en essayant de lutter contre cette force qui tentait de l'expulser! La manipulation étant déjà douloureuse, nulle doute qu'il devait souffrir le martyr...

Humpf!! Tant pis pour la discrétion...! Surveiller l'entré! Si le garde arrive, je doute qu'il me laisse continuer!!