Fanfic Pokémon : Une harmonie parfaite, trop parfaite...?

Bonswar à tous ! Je vais poster ici la fanfiction sur laquelle je travaille depuis plus de deux ans maintenant. Oui, j'ai été lent, donc soyez indulgent, entre le début et la fin, mon style d'écriture, ainsi que la manière dont je conçoit des intrigues, a considérablement évolué.

Hésitez pas à commenter si jamais vous en avez envie, ça fait toujours plaisir ! J'attaque donc par... le prologue !

Prologue : Départ

Lyco a, selon ses parents, toujours été un garçon des plus étranges. Il s'intéressait à tout et à rien, et ne faisait aucun effort pour se socialiser, malgré les efforts de sa famille pour cela. Non pas qu'il n'ait pas de cœur, mais ce jeune garçon n'avait en effet rien en commun avec toutes les autres personnes de son âge. Lorsqu'il avait huit ans, et que ses camarades de classes passaient leur temps à jouer au football, où à clamer qu'ils deviendraient les plus puissants des Maîtres Pokémons, Lyco était toujours assis sagement sur un banc, à lire un ouvrage qu'il avait emprunté à la bibliothèque municipale, où alors s'allongeait dans l'herbe de la cour de l'école, rêvassant et regardant les nuages.

A quatorze ans, tandis que ces mêmes camarades étaient à présent plus intéressés par les formes des jeunes filles ainsi qu'à leur apparence physique, le pré-adolescent était le seul garçon qui arrivait en classe avec le même T-shirt que la veille, voir même avec un pantalon plein de boue, souvenir de ses randonnées. Car oui, Lyco passait tout son temps dehors, dans la forêt, dans les hautes herbes, près des étangs...La seule passion que l'on ne lui avait jamais connue était la nature, les Pokémons.

Malgré cela, il n'en possédait aucun. Lorsque l'on lui demandait pourquoi, il prétendait que c'était parce qu'il souhaitait être un ami plutôt qu'un dresseur pour tous les Pokémons du monde, et qu'il ne capturerait jamais de son vivant un Pokémon, ni même n'achèterait une Poké Ball.

Ainsi, malgré son jeune âge, il n'était pas rare de voir Lyco en train de faire la planche avec les Magicarpes, de confectionner un abri pour des Fouinettes, où de grimper sur un arbre pour ramener sur leurs nids des bébés Roucools tombés.

Durant toute sa jeunesse, il n'avait jamais eu un seul ami. Les enfants, cruels à cet âge, le bizutaient pour sa différence, et les Pokémons, trop profondément sauvage, ne restaient jamais souvent dans la région. Et lorsqu'un rare Pokémon restait quelque temps avec lui, un adolescent du village, par simple envie d'ennuyer Lyco, le capturait, puis l'envoyait dans une région très lointaine.

Malgré cela, Lyco ne garda jamais de rancœur envers quiconque. Il était tout simplement heureux. Aller dans la forêt tous les jours suffisait à son bonheur, et il songeait avec joie que, quand il serait majeur, il quitterait le logis familial pour explorer le monde par ses propres yeux. Ses parents le suppliaient de trouver un emploi, qu'il puisse au moins vivre, mais le jeune garçon s'y refusait.

Un emploi, c'était déjà une forme d'entrave. Lui, il désirait parcourir le monde sans aucune contrainte. Pour vivre, il se contenterait des Baies, des cours d'eau, et de la mendicité en cas de besoin. Il n'éprouvait absolument pas de honte à cette idée. Tant pis s'il était considéré par ses pairs comme un rebut de la société. Il ne voulait pas entrer dans le cercle des « gens civilisés ». Il considérait qu'un Pokémon « domestique » avait perdu tous les privilèges qu'il avait en tant que Pokémon sauvage. Lui, il aspirait à devenir un « humain Sauvage ». Il vivrait de ce qu'il trouverait, sans s'inquiéter du lendemain.

Et cela, ses parents ne pouvaient absolument pas le comprendre. Ils avaient fait tant d'effort pour lui, mais cet être marginal leur en était certes reconnaissant, mais n'avait quand même aucune envie de rentrer dans le moule de la société moderne.

Ce fut cela qu'il partit, la nuit même de ses dix-huit ans, de son domicile familial, avec pour seul souvenir de lui un innocent bout de papier sur la table de la cuisine. Lorsqu'elle le trouverait, sa mère hurlerait sûrement. Tant pis, une nouvelle vie commençait pour lui. Loin de tout.

Chapitre 1 : La jeune fille aux cheveux blancs

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que Lyco avait commencé son voyage, et pourtant il n'avait rien perdu de la passion qui l'habitait. Les quelques vêtements qu'il avait emporté s'étaient presque tous usés, et du fait du peu d'argent qu'il possédait et de la vie qu'il souhaitait mener, le jeune homme se contraignait à les réparer lui-même, avec les moyens du bord. Il avait ainsi vite appris à se servir de dards de Dardargnan morts comme d'une aiguille, et avait constaté que la soie de Mimigal était bien plus résistante et souple que celle des humains. Ainsi, il raccommodait patiemment ses possessions, jusqu'à ce qu'elle perdent tout lien avec la civilisation. Lyco n'en avait pourtant cure. Un vêtement devait être efficace, et vivre de cette manière, presque en communion avec la nature, le rendait très heureux. Pour dormir, il cherchait généralement une grotte non-habitée par des Ursarings où Hariyama depuis qu'il avait fait une très mauvaise rencontre en cherchant un abri sous la pluie, où bien dormait carrément sous un arbre.

Les Pokémons sauvages, saufs les plus agressifs, n'accordaient plus beaucoup d'importance à lui. A force de vivre dans les forêts, sur les montagnes, sans jamais s'arrêter, Lyco avait développé une attitude qui le différenciait de ses congénères humains. Eux, ils pénétraient un endroit pour le traverser, et s'attiraient généralement des problèmes venant des Pokémons résidents. Lui, il agissait comme s'il allait y habiter, et s'habituait aussitôt aux « coutumes » locales. Ainsi, les Pokémons le considéraient également comme un Pokémon, et lui adorait cela.

Découvrir chaque jour de nouvelles choses en toute liberté...Quel bonheur...

Cependant, il gardait une importance toute particulière à son hygiène. Devenir sauvage ne signifiait pas vivre comme une bête, et il tenait à rester propre, ne serait-ce que pour éviter les maladies. Ainsi, au moins une fois par jour, il passait à un cours d'eau du coin pour se décrasser, utilisant comme savon un mélange de Baies de son invention qui donnait plutôt de bons résultat, et lorsqu'il n'en trouvait pas, il se frottait au sable.

Quelques temps plus tard, il s'était parfaitement adapté à la vie sauvage, et avait également appris les dangers auxquels étaient confrontés les Pokémons. Ainsi que le plus grand de tous, les dresseurs.

Aucun Pokémon sauvage n'avait l'envie d'être capturé, et pour cette raison, la plupart fuyaient en sentant l'odeur d'un humain. Évidemment, ils ne le faisaient plus devant Lyco, qui avait fini par prendre l'odeur de la forêt, mais ils tenaient absolument à éviter de finir dans une Ball. De plus, si le dresseur était puissant, c'était pire, car cela signifiait qu'il était capable de détruire la moitié de l'habitat naturel des Pokémons seulement pour en capturer un. Lyco avait déjà vu un Montagnard qui avait provoqué l'éboulement d'une grotte uniquement pour capturer le Gravalanch Shiny qu'il y avait repéré. Gravalanch qu'il avait réussi à capturer d'ailleurs.

Le jeune homme, lui, fuyait ses pairs pour de toutes autres raisons. Il savait que si jamais un homme le voyait, habillé comme un pouilleux et vivant comme un Pokémon, il préviendrait aussitôt la gendarmerie et des agents Jenny risqueraient de venir le chercher, chose qu'il voulait à tout prix éviter !

Ce fut ce jour-là que tout débuta. Lyco courrait, à moitié affolé. Autour de lui, une nuée de Piafabec s'envolait en poussant des cris perçants. Devant lui, le reste de la forêt, touffu et dense. Son salut. Derrière lui, deux Démolosses qui le poursuivaient, la langue pendante. Un humain passait dans la forêt, et Lyco avait eu la mauvaise idée de se cacher dans un tronc d'arbre creux. Mais il n'avait pas prévu que l'humain en question aurait avec lui deux Pokémons au flair aiguisé. Cet homme était de la pire espèce, un simple chasseur de prime qui capturait les Pokémons rares pour les revendre. Et ses Pokémons avait repéré l'odeur d'un Pokémon étrange, qu'ils n'avaient jamais senti avant. A cette nouvelle, l'homme s'était frotté les mains. Un Pokémon rare ! Peut-être même unique ! Si il le vendait , il pourrait vivre dans le luxe jusqu'à la fin de ses jours !

Et il ordonna à ses Pokémons d'utiliser Lance-Flamme sur le tronc.

Lyco cru qu'il allait mourir, dans cette fournaise. Ses vêtements commençaient déjà à s'embraser mais, dans un sursaut d'énergie, il bondit hors de sa cachette, profitant de la fumée qui se dégageait pour s'enfuir. La forêt commençait à brûler, et le chasseur suivait Lyco, persuadé d'avoir affaire à un Pokémon rare.

Un humain est capable de détruire toute une forêt juste pour capturer un Pokémon.

Les humains sont...des parasites. Les monstres. Les monstres. LES MONSTRES !

Dans l'esprit embrumé du jeune homme commençait à se forger une haine implacable envers le genre humain, qui asservissait le monde Pokémon sous ses pieds. Une haine froide, destructrice. Lyco ramassa une grosse branche qui commençait à fumer et fit brutalement demi-tour. Le chasseur ne s'y attendait pas, les Démolosses furent pris de court. La branche en feu s'abattit sur le crâne de l'humain qui s'effondra, inanimé.

Lyco lui cracha dessus.

Les Démolosses, perdus sans les instructions de leur propriétaire, tournaient en rond, incapables de savoir quoi faire. En cet instant, Lyco aurait pu, sans aucun regret, tuer l'humain qu'il avait sous les yeux. Mais il ne le fit pas. Pourquoi ? Il ne le sut pas. Peut-être qu'au fond de lui, il savait que s'il commettait l'impardonnable, il serait irrémédiablement perdu. En tout cas, il reposa la branche et s'éloigna en courant.

La forêt commençait à brûler entièrement, si ça continuait...Elle serait détruite. Une si belle forêt, si luxuriante si...pure. Détruite à jamais à cause des humains. Lyco courait au hasard, cherchant désespérément une source d'eau qui pourrait éteindre le feu.

L'adolescent remettait toute son existence en question. Pokémons et humains ne pourraient jamais vivre parfaite osmose. Le but qu'il poursuivait s'envolait en fumée, comme la forêt dans laquelle il se trouvait.

Cette pensée le ramena à la réalité. Pour l'instant, la seule chose qui importait était de réussir à éteindre le fléau qui consumait la forêt. Lyco couru pendant de longues minutes, à la recherche d'un cours d'eau, n'importe quoi qui pourrait lui permettre d'éteindre l'incendie. Ainsi, Lyco erra. Jusqu'à apercevoir une grotte. Sans vraiment comprendre pourquoi, il se sentait attiré à l'intérieur. Son instinct lui soufflait qu'il trouverait ce qu'il cherchait à l'intérieur.

Sans hésiter, le jeune homme entra dans la grotte d'où venait le son, il faisait sombre, les parois étaient tapies de Nosferapti effrayés. Pas un ne tenta de s'interposer, ils étaient tous morts de peur suite à l'incendie. Au fur et à mesure qu'il avançait, Lyco en rencontrait de moins en moins, jusqu'à ne plus en voir du tout. Et étrangement, ce lieu semblait préservé de la fureur de l'incendie qui rugissait dehors. Il était presque...paisible. Alors le jeune garçon aperçu une lumière au bout de la grotte. Lorsqu'il l'atteignit, il dut se couvrir les yeux d'une main pour ne pas être ébloui par la luminosité ambiante, qui contrastait avec celle de la grotte. Quelque taches dansèrent devant ses yeux, il les chassa mentalement avant de pouvoir regarder ce qui se passait devant ses yeux. Et la suite le laissa sans voix.

La scène qui se déroulait devant ses yeux apparaissait comme un oasis dans un désert. Un magnifique lieu de verdure. Des fleurs qu'il n'avait jamais vu y poussaient, fleurs de couleurs si vives qu'elles rappelaient celles de l'Arc-en-Ciel. Des arbres à fruits poussaient également, ainsi que des Noigrumiers et des Baies. Lyco se surprit à avoir l'eau qui lui venait à la bouche. Ces fruits semblaient tellement juteux...

Et au milieu de ce paradis végétal, un étang trônait majestueusement, décoré par quelques nénuphars qui flottaient paresseusement. Et au milieu de tous cela, IL trônait.

Au beau milieu de l'étang, mais il n'étais pas dans l'eau, qui était si claire que Lyco n'avait qu'une envie, c'était d'y plonger ses mains pour la boire avidement. Non, il était sur l'eau. Lui, le félin aquatique.

Suicune.

Le jeune garçon porta les mains à son visage, et tomba à genoux. Suicune était...si majestueux ! Autour de lui flottait une légère vapeur, où peut-être était-ce son aura ? Si...beau...Si...puissant...

Pour Lyco, qui pleurait de bonheur maintenant, ces adjectifs n'étaient que de doux euphémismes...Suicune était bien plus que ça !

Et ce fut à ce moment qu'il l'aperçut.

Sur le dos du Pokémon Légendaire, une fine silhouette se distinguait. Lyco cru un instant qu'il s'agissait d'un Pokémon, mais déchanta bien vite. Un...humain. Où plutôt une humaine. Comment osait-elle se servir de Suicune comme d'une vulgaire monture ?
Sans même réfléchir à ce qu'il faisait, Lyco chargea. Où plutôt tenta de charger, car le félin de l'eau cracha aussitôt un jet d'eau qui projeta le jeune homme à terre. Celui-ci resta au sol quelques secondes sans comprendre. Pourquoi la défendait-il ? Elle l'avait pourtant réduit en esclavage...

Quelques cendres qui voltigeaient dans les airs le firent revenir à la réalité. Difficilement, il se redressa...et se jeta à genoux devant Suicune.

- Je vous en supplie, Suicune ! La forêt est en flamme ! Je...Je ne peux pas arrêter cela ! Aidez-moi je vous en prie !

Le Pokémon Eau le fixa quelques secondes, puis à son tour, il s'accroupit, laissant descendre de son dos l'humaine, qui mit pieds à terre sans se presser. Dès que son dos fut de nouveau libre, Suicune fila comme une flèche par la grotte d'où venait Lyco, et quelques secondes plus tard, une pluie torrentielle s'abattait sur la forêt.

Lyco se redressa, soulagé. La forêt...La forêt n'allait pas être détruite par sa faute. Et soudain, il se souvint de la présence de l'humaine. Une moue agressive au visage, le jeune homme se retourna, et la fixa sans aménité.

Sans même hausser un sourcil, la jeune fille le dévisagea, d'un air imperturbable. Et sans même s'en rendre compte, il se mit à faire de même.

Elle était jeune, dix-sept ans au maximum, avait de grand yeux violets et des cheveux blancs qui lui tombaient jusqu'aux épaules. Mais ce qui étonnait le plus n'était pas son visage, ni sa fine taille. Non, c'était sa tenue.

Naturelle.

C'était le mot qui aurait pu en un mot décrire son espèce de robe. Contrairement aux vêtements de Lyco, ce n'étaient pas un vêtement humain à l'origine, qu'elle avait raccommodé. Non, il était clair qu'elle avait tout fait elle même, elle avait tissé des fils de soie qu'elle avait teint à l'aide de purée de Baies. Le tout paraissait simple mais...Le jeune garçon ne comprenait pas pourquoi une humaine portait ce genre de vêtements.
Aurait-elle choisit le même mode de vie que lui ?

- Tu m'as vue.

Lyco mit quelques secondes à comprendre qu'elle venait de lui parler. Il en fut si surpris qu'il oublia de paraître irascible et agressif. Il laissa tout simplement pendre la mâchoire avant de secouer la tête, perturbé. Il n'arrivait pas à comprendre sa tenue, et pourquoi était-elle avec Suicune.

-Tu m'as vue.

Cette fois, il redressa la tête aussitôt. Dès qu'il croisa son regard, la jeune fille porta deux doigts à ses lèvres et émis un long sifflement. Aussitôt, un Roucarnage apparut, et plongea vers elle. Sans hésiter, elle tendit les bras, et s'accrocha à ses serres. Le Pokémon Oiseau l'emmena dans les airs à toute vitesse, tandis que le jeune homme avançait de quelques pas, tendant le bras dans un geste dérisoire pour la retenir, mais elle n'était déjà plus qu'un point lointain à l'horizon.

Lyco resta stupidement figé sur place.

Qui...était-elle ?

Chapitre deux : Incompréhensions

La première fois que je le vis, il m'agressa avant que je n'ai le temps de comprendre. Sans Suicune, il m'aurait peut-être frappé, voir même tué. Il avait déjà ses cheveux châtains qui bouclaient dans tous les sens. Mais la chose qui m'étonna le plus, c'était le regard de haine qu'il m'avait adressé la première fois qu'il m'a vue. Le vrai problème est là. Un humain m'a vu, un humain haineux qui plus est. Que dois-je faire ? Je ne sais pas. Je ne sais plus.

Longtemps après que le Roucarnage ait disparu du champ de vision de Lyco, le jeune homme était toujours là, debout et immobile, devant l'étang qui avait abrité pendant quelque temps le plus beau des Pokémons qu'il avait jamais vu. Pourtant, ce n'était pas vers Suicune que ses pensées s'orientaient, mais vers la fille. Il avait envisagé toutes sortes d'hypothèse, mais ne parvenait toujours pas à en trouver une qui pourrait expliquer le lien entre une...humaine et un Pokémon légendaire.

Il savait que dans le passé, plusieurs humains avaient déjà rencontrés les Pokémons unique, mais de là à en chevaucher un...Il y avait une différence ! Différence que le jeune homme se jurait d'éclaircir. Il voulait...comprendre ! Monter Suicune...Qui parmi ces humains pouvait se révéler digne de le faire ? Et un autre question s'ajoutait à l'esprit torturé de Lyco. Elle avait appelé un Roucarnage en sifflant. Alors qu'elle ne portait aucune Ball sur elle. Mais...quel genre de lien avait-elle avec les Pokémons ?

La pluie qu'avait déclenché Suicune arrivait maintenant sur lui. La température des gouttelettes, si fraîche par rapport à celle que l'incendie avait crée, le réveilla. D'un pas morne, Lyco se mit à l'abri du déluge né des pouvoirs de Suicune. Les Nosferaptis, toujours autant apeurés, ne lui prêtèrent pas plus d'attention qu'avant. Le jeune garçon se mit à l'entrée de la grotte, et regarda la pluie tomber, et éteindre les quelques flammes qui restaient. Voir cela lui mettait la nausée. Même si la forêt avait échappé à la destruction, elle était quand même sérieusement touchée. Et savoir que c'était un seul humain qui avait causé tous ceci, dans le seul but de l'attraper suffisait à inspirer de profondes bouffées de haine. Les humains étaient...tous des parasites. Savoir qu'il partageait un patrimoine génétique avec ces vermines lui faisait serrer le poing, et parfois, sous le coup de la colère, Lyco donnait un féroce coup de poing dans la paroi de la grotte, jusqu'à se faire saigner et fuir les Nosferaptis.

Il finit cependant par s'endormir, sans même s'en rendre compte, bercé par le son de la pluie qui s'abattait sur la terre de la forêt, ainsi que sur les arbres calcinés.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il faisait nuit noire. Lyco s'étira, pris le temps de se remémorer les évènements récents, avant de se redresser. Alors il mis son sac à dos et sortit de la grotte. Il tremblait. Tremblait parce qu'il avait pris sa décision. Il voulait revoir cette fille. Il voulait savoir si son rêve était accessible. Si humain et Pokémon pouvaient vraiment vivre en paix. Et pour cela, il fallait qu'il retrouve l'être qui lui semblait le plus proche de son rêve.

Mais...il allait devoir passer par des villes humaines pour cela. Sinon il ne la reverrait jamais .Mais cela lui faisait peur. Le jeune homme leva la tête. D'après la position de la Lune, il avait quelques heures avant le lever du soleil. Quelques heures pour se faire une identité, et la rendre crédible.

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Yune était une petite ville, le genre de coin qui dépend d'une préfecture beaucoup plus grosse, et qui ne peut rien faire par elle-même. Néanmoins, il y faisait bon vivre, et ses habitants n'auraient jamais dit vouloir déménager ! Enfin...mis à part le boulanger, mais lui, c'était un râleur, il n'admettrait jamais qu'il était parfaitement heureux de sa situation ! Dans cette ville, chaque matin, Martha Faque passait un coup de balai sur son perron. Peu importe le temps, son état de santé où autre chose, à huit heures cinquante-trois précise, il était certain que l'on allait voir la porte de la doyenne de Yune s'ouvrir et de la voir sortir, armée de son balai. Quand on lui demandait pourquoi, elle disait :

- Ça fait soixante-trois ans que je balaye mon perron à cette heure là, je vais pas changer mes habitudes pour une dizaine de flocons qui se battent en duel !

C'est pour cela que lorsque Martha sortit, ce matin, elle fut la première à l'apercevoir. Un jeune homme, qui entrain péniblement dans la ville. Étonnée, Martha donna quelques coups de balais distraitement avant de faire le lien entre la forêt d'à côté qui avait brûlée la veille et l'état de délabrement de l'homme. En effet, ses vêtements étaient dans un état déplorable, ils étaient noircis par endroits, et le tissu qui le composait tombait pas fils calcinés. Pendant un instant, la vieille Martha cru même voir des flammèches jaillir du pull de l'inconnu.

Ce dernier fit quelques pas mal assurés, avant de s'effondrer. Martha consulta sa montre. Huit heures cinquante-quatre, elle avait rempli son devoir. Aussi elle lâcha son balai, et claudiqua jusqu'au blessé, qu'elle secoua vigoureusement.

- Eh ! Gamin ! Réveille-toi !

- A...A boire...

Deux minutes chrono plus tard, Martha était allé s'accrocher à la cloche de son voisin d'en face, le boulanger, qui lui avait ouvert la porte en maugréant comme quoi elle était pas bien de réveiller les honnêtes gens à une heure pareille, puisqu'il ne travaillait pas le dimanche. Ce a quoi la doyenne lui avait répliqué que de toute manière, c'est elle qui s'occupait de ses enfants tous les mercredis soirs. Une minute plus tard, le grognon chargeait le blessé sur son dos, et l'emmenait dans la maison de Martha. A sa demande, il le déposa sur le canapé, et alla réveiller le médecin tandis que la vieille dame apportait avec empressement un verre d'eau au blessé.

Lyco bu avidement le verre d'eau que lui tendait la doyenne de Yune. Apparemment, il avait réussi à faire croire qu'il était mal en point. Le tout n'avait pas été extrêmement difficile. Ses habits étaient déjà abîmés par endroits, suite à l'incendie, et il était difficile de voir que ses vêtements avaient été raccommodés avec les moyens du bord. Ensuite, il avait également noircis son visage et ses bras. Lyco avait ainsi pu dire qu'il étudiait les Pokémons Insectes dans la forêt lorsque l'incendie s'était déclaré, et qu'il avait du se mettre à l'abri tant bien que mal.
Martha ne mit pas sa parole en doute, le boulanger râla à cause des jeunes qui se trouvaient aux mauvais endroit au mauvais moment, et le médecin annonça que mis à part ses légères brûlures, il était en parfaite santé.

Le jeune garçon resta quelques instants seul. Maintenant...il fallait qu'il trouve des informations. Mais par où commencer ? Lorsque Martha revint, chargée d'un plateau de sandwich, Lyco eut si peur qu'il sursauta. Il fallait vraiment qu'il apprenne à se contrôler...Si il prenait peur à chaque fois qu'il voyait un être humain il ne s'en sortirait pas !
Heureusement, la brave dame mis son trouble sur le compte de la fatigue, et se montra très aimable :

- Tiens mon garçon ! Mange, ça te fera du bien !

- Merci, madame Martha.

Alors qu'il grignotait son sandwich, Lyco se surprit à jeter de fréquents coup d'œil à la doyenne de Yune. Elle semblait gentille. Semblait seulement, car malgré tout, elle restait humaine, donc...elle devait forcément être froide et impitoyable envers les Pokémons. Malgré ses pensées, Lyco remercia chaleureusement la vieille femme, avant de lui poser la question qui lui tenait à cœur :

- Excusez-moi, Madame Martha mais...Avez-vous déjà vue une fille aux cheveux blancs ?

Martha mis quelques secondes avant de répondre « Aux cheveux blancs ? Hum...Il y a Lynne, la fille du boulanger...Pourquoi, tu la connaît ? »

-Peut-être...Pourrais-je aller la voir ?

Bien qu'elle trouve son pensionnaire étrange, Martha ne fit aucun commentaire. Son grand âge lui avait fait voir toute sorte de chose, et il était clair qu'il était important pour lui de voir Lynne. En plus, il ne semblait pas être un mauvais garçon. La doyenne n'hésita donc pas à indiquer le chemin de la boulangerie au jeune homme, après quoi ce dernier se leva, et pris congé poliment.

Alors qu'il marchait tranquillement, Lyco vit les regards curieux qui lui jetaient les habitants. Les étrangers ne devaient pas être chose courante dans cette ville, encore plus lorsque l'étranger en question avait des vêtements à moitié brûlés. Toutefois, il ne s'en soucia pas et continua sa route d'une traite vers la boulangerie. Devant laquelle il s'arrêta net, frappé de stupeur.

La boulangerie semblait avoir été financée par le Pentagone. C'était un véritable chef d'œuvre de sécurité, elle ne s'arrêtait pas aux désormais classiques caméras. Non, scanner d'empreinte digitale, et le tout semblait relié à la gendarmerie du secteur. Mais lorsque l'on voyait ça, le tout ne devait pas s'arrêter là...Qu'est ce qui pouvait quelqu'un à développer une telle paranoïa ?

Lyco déposa sa main contre le scanner, attendit que la porte s'ouvrit, puis entra, peu rassuré d'entrer dans un tel bastion. Le boulanger était derrière le guichet, en train de vendre une baguette à une cliente. Il aperçu aussitôt le jeune homme et grommela :

- Voilà ce merdeux...Ça va mieux ? T'avais pas l'air frais tout à l'heure.

- Oui...merci...Euh...dites moi...Vous euh...avez vu une f...

Mais alors qu'il s'apprêtait à poser sa question, Lyco aperçut une forme accrochée à la jambe du boulanger. Une toute petite petite forme. Curieux, il s'approcha, et découvrit une toute petite fille, apeurée. Elle enfouissait son visage dans le tablier du boulanger, et s'y accrochait comme si elle avait peur de ne plus jamais le revoir. Sa fine chevelure blanche se déversait d'une traite et s'étendait jusqu'à son dos. Ah...C'était...

- Quoi ? Pourquoi tu regardes ma fille comme ça ?

- P-Pardon ! Je me disais juste qu'une chevelure blanche ce n'étais pas courant...

- Parce que tu trouves que ta tête d'épouvantail elle est courante ? Lynne est ma fille, avec où sans cheveux blancs. Alors tais-toi.

Donc c'était bien elle, Lynne...Pas de chance, ce n'était pas elle qu'il cherchait. Mais c'est vrai qu'elle était mignonne. Elle devait avoir quoi...quatre ans ? Sentant le regard du boulanger sur lui, Lyco redressa la tête, un peu paumé, puis dit, intrigué et désireux de changer de sujet :

- Euh...Dites...Pourquoi vous avez besoin d'autant de protection pour votre boulangerie...?Vous pensez que des voleurs pourraient réussir à rentrer ?

- Des voleurs non...Mais lui...

Avant qu'il n'ait le temps de finir sa phrase, les voyants de l'écran de contrôle situé derrière le guichet devinrent brusquement rouge. Le boulanger blêmit, avant de lâcher un juron. Une voix électronique retentit « ATTENTION, UN PROGRAMME NON-AUTORISE EST EN TRAIN D'ENTRER DANS VOTRE SYSTEME. VEUILLEZ REDEMARRER VOTRE ORDINA*sblip* ».

- RAH ZUT !

Alors qu'il grondait de nouveau, un visage apparut sur l'écran. Le visage d'un garçon qui ne devait pas avoir plus de dix-sept ans. Un visage espiègle et moqueur.

-Désolé mon vieux ! Tu réussiras à me stopper une autre fois !

- Sale gosse !

A ces mots, la porte de la boulangerie s'ouvrit automatiquement, laissant entrer, le même adolescent qui venait d'apparaître à l'écran. D'une démarche tranquille et provocante, il alla chercher quelques pains, qu'il rangea sans s'affoler dans sa besace. Ignorant superbement Lyco, il fit :

- Allez, ça sera pour la prochaine fois !

- Je t'aurais un jour ! Tu m'entends ? Je t'aurais !

Sans même l'écouter, le garçon était déjà sorti. Lyco resta stupidement planté sur place. Le boulanger rageait toujours autant :

- Fichu gosse ! Il vient CHAQUE JOUR pirater le système de ma boulangerie ! Si il veut trouver de quoi bouffer, il a qu'à se chercher un boulot ! Avec ce qu'il sait faire en informatique ça devrait être pas dur ! Mais non, MÔSIEUR préfère...

Sans écouter le monologue du père de Lynne, Lyco se dirigea vers la sortie. Mais c'était quoi ce type ? Il avait réussi en une fraction de seconde à pirater le système de sécurité hyper perfectionné du boulanger ! Lyco sortit, et tenta d'apercevoir le jeune garçon dans la rue. Franchement...qui pouvait être ce type ?

Lyco passa le reste de la journée à interroger les habitants sur la fille aux cheveux blancs. Mais à chaque fois, il obtenait la même réponse « Tu parles de la fille du boulanger ? ». Finalement, Lyco conclut que ce n'était pas ici qu'il trouverait des informations. Il résolut de quitter Yune le soir même. Il repassa chez Marta récupérer ses affaires, puis fit ses adieux à la gentille dame. Avant de partir, il lui emprunta une carte. Alors...pour rejoindre la prochaine ville, d'après la direction qu'avait pris le Roucarnage... Il fallait qu'il passe par la zone de forêt qui n'avait pas brûlée...Plein Sud. Martha insista pour qu'il emporte la cinquantaine de sandwichs qu'elle avait passé l'après-midi à préparer. Un peu gêné, mais touché de l'affection que la vieille femme lui portait, Lyco finit par accepter.

Alors qu'il se dirigeait vers la forêt, le jeune homme méditait sur les humains. Comment pouvaient-ils être si différents ? Être chaleureux, comme Martha, où monstrueux, comme le chasseur...Est-ce que Martha était également cruelle avec ses Pokémons ? Lyco peinait à l'imaginer, mais avec les humains, il était impossible de savoir...

Et ce fut à cet instant qu'une tête déboula devant lui. De surprise, Lyco poussa un cri et tomba en arrière. Devant lui, le même adolescent que toute à l'heure, le hacker si doué, se pendait par les pieds et le considérait avec suffisance. Lyco balbutia :

- Whoah ! Q-Qui est tu ?

- Avant de demander un nom, on dit qui on est !

L'inconnu accompagna ses paroles d'une pirouette pour atterrir souplement sur le sol. Il s'approcha de Lyco.

- Je t'ai vu dans la ville aujourd'hui. T'est dans le genre stalker alors ? Interroger une ville complète pour retrouver une minette, je te demandes un peu !

- Je...

- Et tu m'as toujours pas dit ton nom ! Allez, tu dois bien en avoir un, non ?

- Je...Je suis Lyco.

- Lyco ? Pauvre vieux ? T'as pas encore attaqué tes parents en justice ? Où si ça se trouve ils sont morts, c'est ça ? Tu te sens seul alors tu cherches une gonzesse ?

- Mais non ! Je...Mais...toi...tu est...

- Moi ? Je suis le niveau au dessus de toi mon grand ! Tu as devant toi le plus grand hacker du continent ! Le beau, le grand, Spy !

Chapitre trois : Spy

J'ai beau tenter de ne pas y songer, mes pensées me ramènent constamment vers ce jeune homme, et encore plus vers son regard, à la fois dur et brûlant. Dur de rancœur, et brûlant de haine. Malgré mes réflexions, je ne sais toujours pas ce que j'ai pu lui faire pour qu'il m'en veuille à ce point. Où peut-être est-ce tous les humains qui me détestent comme ça ? J'ai eu peur de lui, c'est pour cela que je me suis enfuie. Je n'aurais peut-être pas du. Je demanderais à Suicune ce qu'il a pensé de lui là prochaine fois que je le verrais. Mais je sais que je n'arriverais pas à m'empêcher d'y penser. Pourquoi les humains doivent-ils se montrer si envahissant ? Ils m'ont déjà abandonnés, pourquoi veulent-ils me faire encore plus souffrir ?

- Spy ?

- Ouais ! Ça en jette comme nom pas vrai ? Rien à voir avec l'horreur dont tu te sert ! Bon alors, je t'écoute ! Pourquoi tu cherches tant que ça cette minette ? T'as le béguin pour elle ? Où alors elle te doit du fric ? Hum...quand je te vois je pencherais plus pour la deuxième possibilité...

- Mais...

- Mais si mais si...Regarde-toi ! Une vrai tête de sauvage ! Un peigne, ça te dit quelque chose ? Tu essaie de m'imiter peut-être ? Tu n'arriveras jamais à atteindre ce degré de classe ! Bah en tout cas tu m'as tout l'air du parfait jeune ermite ! Le jour où un type comme toi craqueras pour quelqu'un...il va se mettre à pleuvoir des Tengalices !

- ...

- Eh ! La politesse ça te dit quelque chose ? Quand quelqu'un te parles, tu lui réponds !

- Je n'ai pas vraiment l'impression que tu sois un exemple...

- Dis donc ! C'est pas parce que tu est un peu plus vieux que tu peux penser que tu peux me parler si familièrement ! Donc excuses-toi et...

Lyco perdit brusquement patience, il en avait vraiment marre de cet adolescent immature. Aussi, il se redressa et envoya brutalement son poing dans la mâchoire de l'insolent qui vacilla, manifestement surpris, avant de tomber sur le postérieur.

- Ok...Alors tu veux jouer à ça...

- Tu l'avais cherché.

Visiblement pas le moins du monde ennuyé, Spy se redressa, et bondit sans crier gare sur Lyco. Les deux garçons s'affalèrent lourdement sur le sol, roulant et s'échangeant des coups de poings, de coude, voir même des coups de tête. Lyco haletait, mais refusait de céder le moindre pouce de terrain à ce fichu Spy, qui paraissait soudainement beaucoup moins fier ! D'ailleurs, lui aussi affichait une mine déterminée, et chaque coup qu'il recevait, il le rendait à Lyco avec au minimum autant de hargne.

-Allez*PAF*, excuse-toi et....*PIF*, je te pardonnerai !

-Plutôt mourir que...*SBAF*, céder à un gosse comme toi !*PAF*

- On verra ce que tu...Aie ! Diras lorsque je...*SPAF* t'aurais cassé en morceaux !

- Ouch ! Je t'aurais...*BAM*réduit en miettes bien avant ça !

Les deux garçons continuèrent à s'échanger des coups, tout en continuant de rouler et à tenter de s'intimider. Cependant, ils furent obligés de s'arrêter, lorsque chacun d'entre eux fut au sol, dans l'impossibilité complète de frapper plus. L'un comme l'autre avait le visage en sang. Lyco, en sueur, allongé sur le sol, ahanait, tandis que Spy avait réussi tant bien que mal à s'adosser à l'arbre auquel il s'était suspendu tout à l'heure. Il dévisagea Lyco quelque temps, une lueur étrange dans les yeux, avant de lâcher :

- ...Ok, apparemment... tu n'est pas fort...qu'en gueule.

- Quand-est ce que...je me suis...montré...fort en gueule ?

- Oh...ça va....Punaise c'est que...tu m'as fait mal ! Fumier...va !

Cependant, malgré cela, il ne semblait pas du tout énervé. Il semblait plus...joyeux ? Lyco se redressa également, le regard féroce.

- Toi...non plus...Tu ne t'est pas...montré tendre !

- Faut dire que...c'est toi qui avait commencé !

- La faute à...qui ?

La discussion s'anima de plus en plus, cependant elle n'avait pas la même connotation agressive que tout à l'heure. Au contraire, les deux garçons semblaient...heureux de se disputer. Frapper quelqu'un les avait visiblement détendus énormément, l'un comme l'autre, et ils commençaient seulement à s'en rendre compte. Finalement Lyco articula :

- Je suis désolé de t'avoir frappé...

Un silence de plomb suivi cette déclaration. Lyco détournait le regard. Il se sentait honteux d'avoir cédé à l'énervement et d'avoir usé de la violence en premier. Encore plus maintenant qu'il se rendait compte du bien que cela lui avait fait. Toute la rancune et la haine que les humains lui inspirait...Il avait pu se décharger de cela en quelques coups de poing. Même si il les détestait toujours autant, il avait réussi à s'enlever un grand poids du cœur.
Un marmonnement le tira de ses pensées.

- cuse...si...

- Pardon ?

Lyco dévisagea Spy. Ce dernier tournait ostensiblement la tête, dans l'espoir de dissimuler le rouge qui lui était monté aux joues. Espoir bien vain, et il dut s'en rendre compte puisqu'il fixa à nouveau le jeune homme en s'écriant :

- Oh mais ça va ! Je te dis que je m'excuse aussi, Ok ?

C'était si inattendu que Lyco ne pu s'empêcher d'afficher un air interloqué, la bouche ouverte et les yeux écarquillés dans un résultat assez...spécial. Suffisamment pour que Spy le dévisage un instant et explose brusquement de rire. Gêné, Lyco rectifia son air, rougit et... se mit à rire aussi. Pour être franc, il n'aurait jamais cru cela possible. Depuis l'épisode de la forêt, il n'avait jamais émis le moindre bruit pouvant être assimilé, de près où de loin, à un rire, et n'avais jamais imaginé pouvoir se détendre à nouveau.
Jusqu'à aujourd'hui.

Ils rirent pendant trois bonnes minutes. Trois minutes d'une détente totale, libre si...pure. Pour la première fois depuis longtemps, Lyco se sentait complet, comme à l'époque de ses dix ans, où il passait son temps à jouer avec des Pokémons, souvent différents. En fait, à y réfléchir, ce devait être la première fois où il riait à cause d'un autre humain.
En face de lui, Spy, au prix d'un bel effort, se remit debout. Il regarda Lyco, puis lui tendit la main. Un pâle sourire aux lèvres, Lyco la saisit, et s'en servit pour se lever également.
Où plutôt tenta de s'en servir, parce qu'alors qu'il était à moitié debout, le hackeur ne trouva rien de mieux à faire que de lui lâcher la main, provoquant la chute de Lyco, et un nouvel éclat de rire chez Spy.
Le brun s'épousseta un peu, avant de se relever, par ses propres moyens cette fois. Le jeune homme en face était toujours plié en deux :

- Tu aurais dû voir ta tête !

- Franchement...Tu n'as pas eu de jeunesse où quoi ? Les mômes de mon village s'amusaient à faire ça quand ils avaient huit ans...

Grand moment de silence. Puis Spy dit, une curieuse mimique aux lèvres.

- Allez ! Maintenant que l'on s'est bien défoulé tu peux me dire pourquoi tu y tiens tant à cette nana !

Lyco le considéra un instant, un vague sourire aux lèvres, avant de répondre, d'une voix qu'il voulait ironique, mais le résultat était plutôt pitoyable :

- Et pourquoi je te le dirais ? Notre rencontre s'est passé trop bizarrement pour que je te confie mes secrets, non ?

- Allez quoi ! Maintenant que l'on est potes tu peux me le dire !

Un silence plana. Lyco, tout rouge, répéta stupidement :

- Po...tes ?

- Qu'est ce que tu comprends pas dans potes ? Amis ! Copains ! Camarades ! Tu sais, les gens qui s'entendent bien les uns avec les autres ! Quoi, tu vas pas me dire que je te fais peur ?

- Tu...me considères vraiment comme un ami ?

- Bon, écoute. Tu m'as mit de belles droites tout à l'heure, j'ai fait la même chose. On est vivant, et à peu près en bon état tous les deux, ça suffit pour que je t'apprécie...Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?

- Po...Pour rien !

- Eh ! Tu vas pas faire une crise de nerfs parce que j'ai dit que tu était un ami, au moins ?

- Roh mais lâche moi ! J'ai dit que c'était pour rien !

- Ah bah voilà ! Pendant un instant, j'ai cru que j'étais devenu l'ami d'un asocial !

Chapitre quatre : Musique dans la nuit

D'après Suicune, ce garçon n'est pas véritablement méchant. Juste traumatisé. Je ne comprends pas... Est-ce que c'est moi qui l'ait traumatisé ? Je ne vois pas pourquoi...mais il avait vraiment eu l'air choqué lorsqu'il m'avait vu. Qu'est ce que j'ai bien pu lui faire ?

- Dis...Spy ?

- Ouais ?

- La fille aux cheveux blancs...Tu l'as vu, toi ?

- La fille du boulanger ?

- Non, pas celle-la ! J'en cherche une...aux habits étranges... On dirait qu'elle a passée sa vie dans la nature...

Les deux garçons s'étaient traînés comme ils avaient pu jusqu'au logis de Spy. C'est à dire une minuscule maison, légèrement à l'extérieur du village. Enfin... la taille de la maison n'était certes pas exceptionnelle, mais c'était surtout le fait qu'elle était tellement bourrée d'outils informatiques en tout genre, que l'espace qui restait...était finalement très restreint.
Le hackeur, nonchalamment, avait dit à Lyco de s'asseoir sur une imprimante, tandis que lui s'asseyait sur une unité centrale.

- Hum...non écoute, ça me dit rien. Mais franchement...J'ai jamais vu un type chercher une nana avec autant de vigueur, par les couilles d'Anathos !

- Heu...Anathos...?

- Tu connais pas Anathos ? 'Spèce d’illettré va... Bon, tu connais Mew ? Il y a une théorie qui voudrait qu'il soit l'ancêtre de tous les Pokémons.

- Oui...et ?

- Eh bien des recherches classées secret-defense ont révélées que Mew n'était pas le premier des Pokémons ! Enfin...si, mais plus exactement qu'il avait un frère !

Lyco ne put s'empêcher de songer qu'en même temps, si c'était classé secret-defense, il n'avait aucun moyen de le savoir... avant de songer à comment est ce que Spy avait réussi à le savoir, lui.

- Mew ? Un frère ?

- Exactement ! Et si Mew a crée l'ADN de chacun des Pokémons, ce serait lui, Anathos, serait apparenté de manière proche à...Tiens-toi bien, à tous les Pokémons légendaires ! Mew aurait crée les Pokémons dit...on va dire plus commun, enfin...Mewtwo excepté, tandis que Anathos aurait été à l'origine de Sulfura...de Arceus même, enfin...tous ceux là quoi ! Mais personne n'a jamais réussi à le prouver, ça reste une théorie !

- C'est...assez inhabituel comme théorie...

- Tu l'as dit !Bon, à toi de me le dire...Tu la cherches pour quoi cette fille ?

- Je...C'est...Je cherche un idéal. C'est à dire que... Mon objectif... est de trouver une harmonie parfaite entre humains et Pokémons... Et la personne qui à l'air d'être le plus proche de cet objectif...c'est elle.

- Mouais...Je vois pas en quoi vivre avec des Pokémons c'est dur mais bon... Franchement, les miens se sont jamais plaint de quoi que ce soit !

- Tu as des Pokémons ? Je ne les voie nulle part...

Un petit cri attira soudain son attention. C'était un petit Abra, qui se cachait comme il le pouvait derrière un écran d'ordinateur...à la taille plutôt disproportionnée.

- Ah, lui c'est Core ! Un petit timide, je l'ai libéré d'un piège et depuis il ne me lâche plus. Sinon...les autres sont... là, regarde.

Lyco suivi du regard l'endroit qu'ils désignait, c'est à dire l'écran qui abritait Abra. Il ne comprit pas pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'une image apparaisse à l'écran de l'ordinateur. Trois images se promenaient à l'intérieur de l'écran. A savoir... Un Porygon, un Porygon-2 et un Porygon-Z .

- Je te présente Néo, Gamma et Data ! Leur plaisir, c'est de voyager à travers le Web pour glaner tout un tas d'informations sur tout et n'importe quoi. Ils me rendent souvent service pour tous ce qui est électronique.

- Forcer le système de sécurité d'une boulangerie par exemple...

- … Ouais, entre autres. Bon...dites les trois là. Vous avez entendus ce que l'on disait ?

Les trois Pokémons d l'ordinateur hochèrent vigoureusement la tête. C'était amusant de voir que des Pokémons à l'origine complètement artificiels pouvaient manifester une telle joie de vivre. Lyco se demandait comment Spy pouvait avoir réussi à obtenir des Pokémons si rares... surtout en trois exemplaires !

- Bon, Lyco recherche une fille aux cheveux blancs, et aux habits euh... « naturels » on va dire. Vous vous sentez de chercher ça pour lui ?

Aussitôt, les trois Pokémons se dirigèrent vers l'icône « Pokénet » et s'y engouffrèrent tous. Lyco, qui n'avait jamais assisté à ce spectacle, restait interloqué. Spy lui attrapa l'épaule.

- Je suppose que une fois que tu sauras où elle est, tu vas y aller, non ?

- Oui... Mais tu penses que tes...

- Fais leur confiance. Si il y a quelque chose à trouver, ils le trouveront. En attendant, je serais toi, j'irais faire mes adieux à Martha. C'est une gentille personne...Et c'est elle qui t'as trouvé ce matin, non ? Tu devrais aller la remercier.

- Je crois que je ne préfère pas savoir comment tu sais tous ça.

Lyco se résolut finalement à aller voir Martha, et traversa le village au pas de course. Au passage, il s'arrêta à la boulangerie, où il remercia également le boulanger, et fit une petite tape sur la tête de Lynne, sa fille, avec un petit sourire, avant de continuer sa route vers la maison de la doyenne. Il frappa à la porte, et attendit que la gentille dame vienne lui ouvrir.

- Oh ! C'est toi Lyco ! Tu as pu voir Lynne ?

- Oui, merci pour tout ce que vous avez fait, Martha. Cependant...je ne vais pas tarder à quitter la ville, et je voulais vous dire au revoir.

- Tu vas partir ? Alors prend ça, et puis ça aussi, et tant que tu y est...

Cinq minutes plus tard, Lyco avait son sac qui pesait trois fois plus qu'auparavant. Martha avait insisté pour le remplir de sandwichs, ainsi qu'avec divers objets qui pourraient lui servir, et qu'elle tenait absolument à ce qu'il emporte, comme par exemple une carte de la région, une lampe torche... et tout un tas d'autres objets « essentiels » selon elle. Elle tenait tant à lui offrir que le jeune homme n'eut pas le cœur de refuser, aussi, même s'il était gêné, Lyco accepta.
Ensuite, d'un pas moins léger suite au poids qu'il transportait en plus, le jeune homme retourna chez Spy, qui l'attendait.

- Te voilà ! Data vient juste de revenir, et je crois qu'il a trouvé plusieurs choses qui devraient t'intéresser. Vas-y mon pote, montre-lui.

Sur l'écran, une image apparut. Une simple photo de famille, en forêt. Un père, à l'air légèrement neuneu tenait un bébé dans ses bras et un petit garçon était à côté de lui. Lyco leva un regard interrogateur sur son ami. En quoi cette photo était censé l'aider à retrouver la fille ?

- T'inquiète donc pas, pépère. Tu vois rien ? Regarde le ciel !

Lyco s'exécuta, en se rapprochant de l'ordinateur. Il écarquilla les yeux et tenta de scruter chaque millimètres carrés de ciel, jusqu'à apercevoir une tache noire.

- Oui, c'est ça. Data, tu lui montres l'agrandissement s'il te plaît ?

L'écran, comme s'il était doté d'un volonté propre, procéda à l'agrandissement de l'image, sur ce point, puis procéda à une amélioration de la qualité passant par une augmentation du nombre de pixels qui composait l'image. Et là, on voyait distinctement un Roucarnage, qui portait une jeune fille, aux cheveux couleur neige pure. Lyco sursauta en la reconnaissant.

- C'est elle ?

- Oui ! Où as été prise cette photo ?

- Selon Data, elle as été prise il y a environ une demi-heure aux alentours de Raipon City. Mais bon...vu comment elle est fringuée, je pense pas que cette nana va se balader en ville. Non, je pense qu'elle doit être dans le Parc Naturel.

- Le Parc Naturel ? C'est quoi ?

- Attends...tu connais vraiment rien... Le Parc Naturel est la fierté de la région ! C'est un énorme espace vert, qui s'étend sur des dizaines de kilomètres carrés ! Le maire de Raipon City prône l'importance de laisser la nature en état pour que les Pokémons puissent y vivre, aussi il a embauché un équipe de plus de cents personnes qu'il a choisies lui-même pour garder en état ce lieu, et qu'il soit le mieux adaptés aux Pokémons qui y vivent ! Il a même envoyer plusieurs millions de Poké Dollars pour que l'on remette la forêt qui vient de brûler en forme, alors que l'incident ne s'est produit qu'hier ! C'est vraiment un chic type ! Pour en revenir à ton problème, le Parc n'est pas ouvert aux visiteurs, sauf exceptions, mais bon... Si tu utilises ça, ça devrait pas être un problème.

Spy fouilla dans une mallette, puis en sorti une carte magnétique, qu'il fourra dans la main de Lyco.

- C'est un passe universel, je l'ai conçu moi-même. Avec ça, tu peux ouvrir n'importe quelle porte magnétique qui fonctionne avec carte.

- Merci, Spy ! Juste une dernière question... Tu ne sais pas comment je pourrais m'y rendre ? Raipon City es quand même loin d'ici...

Le hackeur le regarda pendant quelques secondes, puis attrapa la main de Lyco et la lui serra vigoureusement.

- Allez à plus Lyco ! Je suis sûr que l'on se reverra !

- H...Hein ?

- Core, utilise Téléport.

Avant qu'il n'ait le temps de comprendre, Lyco vit l'Abra qui se cachait derrière l'écran bondir sur lui, et brusquement, le décor changea. Du décor sombre de la maison de Sky, il se retrouvait face à... une voiture, qui arrivait droit sur lui. Lyco eut juste le temps de voir Core qui disparaissait à nouveau avant de plonger sur le côté, atterrissant sur le trottoir. Il regarda autour de lui, interloqué. Les passants le regardaient, médusés. Il en attrapa une par l'épaule :

- Excusez-moi...Où sommes-nous ?

La dame qui l'avait attrapé le regarda d'un air très digne, le genre de regard qui signifiait qu'il n'avait même pas le droit de lui adresser la parole, mais que dans sa grande gentillesse, elle allait accepter de l'éclairer, misérable pouilleux qu'il était :

- Nous sommes à Raipon City, bien sûr ? Ne voyez vous pas l'architecture des bâtiments, qui indique que nous sommes dans...

- Merci.

Laissant derrière lui femme courroucée qui se répandait en invectives sur les jeunes même plus capables d'êtres polis. Lyco déambula un peu dans la ville, à la recherche de l'entrée du Parc Naturel. Il constata que les véhicules n'étaient pas motorisés, même la voiture qui avait failli le renverser fonctionnait au tout électrique... Et la ville était probablement alimentée par...la gigantesque éolienne qui surplombait toute la ville. Dire qu'une seule éolienne produisait de l'électricité pour une ville tout entière...
Il ne fut pas difficile de trouver le Parc, il suffisait de trouver le bâtiment qui était le plus gros de la ville, excepté l'éolienne. Mais il était bien gardé. La gigantesque clôture qui entourait le Parc empêchait Lyco de passer par là, et l'entrée était gardée par deux gorilles.
Le jeune homme résolut d'attendre la nuit pour entrer. En pleine nuit, il pourrait passer plus facilement, pour peu qu'il réussisse à détourner l'attention des gardes. Mais comment allait-il devoir s'y prendre...?

Lorsque la nuit tomba, Lyco réfléchissait toujours à la manière de faire déplacer les armoires à glace qui étaient fréquemment remplacées. L'idée lui vint lorsqu'il aperçu, à la lueur d'un lampadaire, la même dame que tout à l'heure qui marchait, toujours avec son air pincé. Lyco s'élança, profitant de l'obscurité, et lorsqu'il fut derrière elle, il cria un grand « BOUH ! ». La dame en question se mit à hurler qu'un assassin était en train de l'agresser, qu'il voulait probablement la tuer pour vendre ses organes au marché noir. Pendant ce long monologue, Lyco avait déjà décampé, et ce qu'il avait prévu arriva. Alarmés par les hurlements, les deux armoires à glace avaient abandonnés leur poste... Lyco en profita pour se glisser furtivement dans le bâtiment. Personne. Il était tard après tout.
Il avisa d'un grande porte, avec un système de carte magnétique. Il y avait écrit dessus « Entrée du parc Naturel, interdite aux personnes non-autorisée ». Sans hésiter, il passa le passe que lui avait fourni Spy. Après une série de « blip », la porte s'ouvrit, laissant le jeune homme pénétrer dans le Parc Naturel.

Sa première pensée fut que c'était...grand. Voir tout simplement énorme. Sa deuxième fut « Mais comment je vais m'y prendre pour retrouver quelqu'un là-dedans ? ». Cependant, l'endroit lui plaisait tellement qu'il se dit que de toute manière, il serait magnifique à visiter. La nuit ajoutait du charme à l'endroit, et Lyco s'émerveillait de voir à quels points les hommes avaient reproduits toutes sortes d'habitats naturels pour que les Pokémons se sentent à l'aide. Cela allait du Lac, déjà très grand, à un terrain où la température avait été augmentée artificiellement et où le sol avait été remplacé par du sable, pour simuler un désert. Lyco aperçut même un Cacnéa qui dormait, de loin. C'était vraiment un bel endroit...Ce fut là qu'il l'entendit.
Une simple note de musique, mais en tendant l'oreille, il en entendit quelques autres...
Une mélodie.
Envoûtante.

Le tout venait de la forêt là-bas, Lyco s'en approcha, à pas feutré. Quel genre de Pokémon pouvait bien faire un tel son ? Caché derrière un arbre, Lyco aperçut un tas de Pokémons qui dansaient. Des Pikachus couraient en cercle, des Feuforêves tournoyaient dans les airs en poussant des petits cris stridents, des Papillusions voletaient, répandant de la poudre de leurs ailes... Et tous ces Pokémons, qui habituellement se battent entre eux, étaient réunis, autour d'une silhouette, juchée sur un tronc d'arbre, qui jouait...de la flûte en bois sculpté.
C'était elle.
La fille aux cheveux blancs, qui réunissait tous ces Pokémons pour un spectacle d'une nuit... Et il y avait tant de grâce dans ses gestes, tant d'amour dans ses notes...
Peut-être qu'en fait, elle n'asservissait pas Suicune lorsqu'elle était montée dessus.
Peut-être qu'elle était juste son amie.
Lyco sentit son cœur meurtri s'agiter, ainsi qu'une larme couler sur sa joue.

Il venait de voir...l'exemple d'une harmonie parfaite entre humains et Pokémons...

Le mélange parfait se cassa, sur une fausse note.
Elle venait de le voir.
Et elle avait peur.

Chapitre cinq : Attaque dans la nuit

C'est lui ! Il m'a retrouvé ! Que dois-je faire, que dois-je faire ? Il risque de me tuer ! Non... Suicune a dit qu'il n'avait pas un mauvais fond... Mais... je me souviens encore du regard avec lequel il me regardait la dernière fois. On aurait dit que s'il avait pu me foudroyer du regard, il l'aurait fait ! Mais Aujourd'hui... il semble plus calme. Mais il reste un humain ! Il doit forcément être mauvais ! Oui...tous les humains sont mauvais... Pourquoi ? Pourquoi m'ont ils abandonnés ?

Oui...il doit être mauvais lui aussi... C'est un sale humain, comme les autres ! Mais lui...rien que son souvenir suffit à me faire peur...

Lyco resta planté là quelques secondes, hébété. La jeune fille, la flûte encore aux lèvres, semblait être en proie à de profondes réflexions, le regard baissé. De temps à autres, elle levait les yeux, et alors leurs regards se croisaient, mais aussitôt, la fille aux cheveux blancs affichait une mine effrayée, et regardait de nouveau le sol. Elle semblait être sur le point de s'enfuir, mais cependant, elle ne le faisait pas. Au contraire, son regard passait successivement des Pokémons qui regardaient cet être, peu habitués à voir d'autres humains qu'elle, à Lyco.

Et finalement, le jeune homme comprit. Elle voulait s'enfuir, parce qu'elle avait peur, mais avait encore plus peur qu'il fasse du mal aux Pokémons.

Il la regarda dans les yeux et la trouva très belle.

Belle parce la lune se reflétait sur ses cheveux blancs, leur donnant une couleur argenté.

Belle parce que sa tenue ne s'embarrassait pas de fioritures, c'était une tenue qui avait pour seul but de la protéger du froid.

Belle parce que, seule humaine au milieu de tout ces Pokémons, elle s'inquiétait pour eux.

Et... Magnifique, parce qu'elle vivait en véritable harmonie avec tous ces Pokémons.

Lyco tomba à genoux. Il avait enfin trouvé cette harmonie! Cette harmonie, qu'il recherchait désespérément depuis ces longs mois... qu'il pensait irréalisable depuis l'incendie de la forêt. Enfin, Lyco pouvait recommencer à espérer, espérer qu'un jour, lui-aussi arriverait à vivre dans cette si belle harmonie avec tous les Pokémons au monde !

Un petit cri attira son attention. C'était une petite Lumivole, qui voletait autour de la tête de la jeune fille, émettant une petite lueur colorée de temps en temps. Lyco, qui retrouvait là les activités de son enfance, la contemplait en souriant, goûtant l'harmonie de ce lieu, et se remémorant les souvenirs de son enfance. Ce fut là qu'il se rendit compte que la personne qu'il avait tant recherchée le dévisageait, intensément. La peur semblait avoir désertée son visage, pour être remplacée par une intense curiosité.

Lyco se remit maladroitement debout, et fit un pas mal assuré vers elle. Il brûlait d'envie de lui poser bon nombre de question, pour parvenir au même résultat qu'elle. Pour réussir à, lui aussi, vivre en harmonie avec les Pokémons.

Mais à son approche, elle fit un pas, en arrière, presque bestialement, manquant de tomber de sa souche. Elle réagissait exactement comme un animal qui l'avait pas été apprivoisé, et qui pour la première fois était approché par un homme. Lyco s'interrompit brusquement, il ne voulait pas l'effrayer, il ne l'avait pas cherchée pendant si longtemps pour la perdre de vue parce qu'il lui avait fait peur !

Ce fut à ce moment que la première bombe explosa.

Le souffle projeta Lyco à terre, et fit voleter un peu la robe violette de la jeune fille, qui était ébahie. Lyco se releva, frappé de stupeur. Il ne comprenait pas.

La jeune fille sembla soudain reprendre ses esprits, et d'une course rapide, elle courut vers l'endroit d'où la première explosion venait. Explosion qui fut suivie par d'autres.

Lyco leva vainement un bras pour tenter de la retenir, mais elle l'ignora superbement. Déjà, elle disparaissait derrière la barrière des arbres. Lyco, après une seconde d'incertitude, la suivi. Il ne voulait pas prendre le risque de la perdre de vue, pas après ce qu’il avait fait pour la retrouver.

Déjà, elle avait pris de la distance, dans cet environnement végétal, bien que crée par l’homme, elle se mouvait avec une aisance qui trahissait une vie loin des hommes. Dans sa manière de se déplaçait, elle ressemblait plus à un Pokémon qu’à une femme.

Encore une fois, même s’il la voyait de loin, Lyco la trouva belle. Mais une nouvelle déflagration le ramena à la réalité. Ce n’était pas le moment d’avoir ce genre de pensées ! Il fallait tout d’abord trouver la cause de ces problèmes, puis la stopper !

Le jeune homme la rejoignit à la lisière de la forêt. Elle s’était stoppée, comme pétrifiée, et observait comme un zombi le triste spectacle qui s’offrait à eux. Des flammes, des cratères encore fumants, voilà ce qu’ils pouvaient voir. La scène n’avait plus rien à voir avec la nuit pleine de quiétude que Lyco avait tant aimée tout à l’heure, non… Les flammes projetaient des reflets rouges sur le lac, et sur la végétation qui n’était pas encore touchée, donnant au tout l’apparence d’une guerre totale. Et au milieu de tout cela, des machines de guerres, sans âmes qui souillaient un paradis de pureté. Des machines qui incendiaient tout, qui faisaient fuir les Pokémons, lorsqu’elles ne les clouaient pas au sol d’une rafale de balles.

Une guerre totale, sans merci. Une boucherie.
Sur chaque machine, un unique symbole, écrit en lettres dorées.
PH.

Au milieu de cet orage, elle se tourna vers lui. Ses yeux étaient inondés de larmes, Lyco n’aurait pas su dire si c’était des larmes de colères, où de tristesse. En tout cas, elle était véritablement furieuse, et le regard qu’elle lançait au roux n’était vraiment, mais alors vraiment, pas amical. « C’est toi… », lâcha t’elle soudainement, sur un ton si froid que l’on aurait dit que chacun de ses mots était composé de venin. Un ton si froid que le jeune homme recula, effrayé par cette brusque tranformation.

- « C’est toi qui les a amené ici… », cracha t-elle, et son regard faisait tellement peur, était chargé d’une telle émotion, que Lyco eut envie de se camoufler sous terre, afin d’échapper à ce regard qui semblait vouloir le calciner sur place.

- « N…Non ! », protesta t’il faiblement. « Je n’y suis pour… Ce n’est pas moi ! »

- « Tais-toi ! », rugit-elle. « Tu n’es qu’un sale humain, comme les autres ! Vous n’êtes tous que des salopards, vous ne méritez même pas de peupler cette planète ! Avant que vous n’apparaissiez, les Pokémons vivaient heureux ! Sans vous ! Vous êtes des parasites, vous gangrenez la Terre ! VOUS NE MERITEZ QUE DE CREVER !

La vigueur de cette phrase, ainsi que la haine qu’elle y incorpora, le fit sursauter, et il recula d’un autre pas. Ce fut cela qui lui sauva la vie. Ainsi, lorsqu’elle lui sauta dessus, armée d’un couteau qui semblait être un croc de Seviper, il y avait de la distance entre eux. Assez pour qu’il ait le temps de réagir face à l’attaque, lorsqu’ils roulèrent l’un contre l’autre, Lyco tentant de juguler les bras de la petite démone qu’elle était devenue. Mais elle était plus forte, plus rapide, plus agile. Elle avait vécue plus longtemps que lui dehors, elle savait mieux se battre. Aussi, elle se retrouva rapidement sur lui, ses jambes lui immobilisant les bras, ses larmes coulant sur la joue du jeune homme. Le couteau devant la gorge, le piquant légèrement, et faisant couler un mince filet de sang sur sa gorge.

Elle lui infligea ainsi une longue estafilade sur la gorge, semblant presque se régaler de la douleur qu’elle lui infligeait, à un de ceux qui détruisait la planète. Mais un imprévu arriva, sous la forme d’une autre explosion qui la souffla quelques mètres en arrière, assez loin pour que Lyco se relève et la contemple, prudent.

- « Retiens-cela. », souffla-t-elle, alors que d’une impensable pirouette elle se remettait debout. « La prochaine fois que je te croise, je te tue. »

D’un bond souple, elle disparue dans un des rares fourré encore intact. Lyco, ignorant superbement le danger, tenta de la suivre. Elle était déjà loin, tentant de…charger, armée de son ridicule petit couteau, une des machines de guerre qui ravageait le parc. Lyco, presque stupidement, pensa qu’il fallait l’arrêter, comme s’il avait oublié qu’elle était trop loin, où qu’elle venait d’essayer de lui enfoncer un couteau dans la gorge. Mais, sans trop savoir pourquoi, il savait qu’il ne fallait pas qu’elle meure, qu’il fallait la protéger. Aussi il se mit à courir. Vers elle.

Trop tard.

Alors qu’elle grimpait comme une possédée vers la cabine où le conducteur de la machine se trouvait, probablement sans l’espoir de le saigner pour arrêter cette mécanique, un autre rafale de balles, tirées par une autre machine, la cueilli au ventre. Elle s’effondra, mollement, ne bougea plus.

Lyco hurla, tomba à genoux, alors qu’il était loin d’elle.

Pas maintenant. Ce n’était pas possible. Elle ne pouvait pas mourir maintenant, pas avec tout ce qu’il avait fait pour la retrouver, pas avant d’avoir compris ce qui la liait aux Pokémons… Ce n’était juste… pas possible.
Comme pour le lui prouver, ce fut à ce moment qu’elle remua. Une simple main, qu’elle réussit à approcher de ses lèvres, pour introduire deux doigts dans sa bouche. Et lâcher un long sifflement.

Dans un battement d’aile, un Etouraptor s’approcha de la jeune fille aux cheveux blancs, la saisit à l’aide de ses serres, et s’envola de nouveau, emmenant avec lui la blessée.
Lyco resta sur les genoux, ébahi. Elle s’était de nouveau envolée, il l’avait de nouveau perdue, alors qu’elle était blessée. Mais une pensée le fit bouger. Il voulait comprendre ce qui était en train de se dérouler ici, et pour cela… A peu de choses près, Lyco imita l’exemple de la jeune fille, et fonça vers la machine, et y grimpa. Encore une fois, les balles retentirent, mais peut-être que Lyco était plus chanceux qu’elle, en attendant, même si une lui écorcha la joue, les autres ne l’effleurèrent pas, et lorsqu’il réussit à atteindre la cabine, il n’eut aucun scrupules à choper le type qui dirigeait la machine de guerre à la gorge, et à le plaquer contre la vitre.

- « Toi…sale humain. », commença Lyco, d’une voix polaire. « Pourquoi vous faites ça…Pourquoi vous vous en prenez aux POKEMONS ? »

L’homme le regarda d’un air vide, puis se mit à déblatérer d’une voix fanatique « Pour la gloire des humains ! Pour la gloire des humains ! Ligue Pro-Humains ! Ligue Pro-Humains ! Rendons aux hommes la terre qu’ils méritent, et qu’ils doivent partager avec cette race inférieure ! Instaurons notre domination, et remettons les Pokémons à la place qu’ils auraient dû toujours occuper, celle d’esclaves ! ».