La ballade de Varig Atorias [SOLO/PV Etel]

Une grotte. La grotte. La roche froide et dure sous mes pieds. Les murs bruns aux arrêtes coupantes.

Confusion.

Un épais brouillard noir s'amoncelle lentement autour de moi et commence à s'animer et à prendre forme. Des ombres. Elles tournent autour de moi, comme une nuée de charognards, attendant le signal de la curée.

Angoisse.

L'air est moite. Épais. Étouffant. Respirer est une torture. Je veux sortir. Je veux fuir.

Douleur.

Je vois la lumière du jour qui filtre à travers une large faille dans la roche, là bas au loin. Sortir... Je veux courir vers la lumière mais mes membres sont faibles, mou et sans forces. Je veux hurler mais rien ne sort. Mes jambes se dérobent...

Faiblesse.

Je tombe. Je pleure, je gémis. Je rampe. Je m'arrache les ongles sur la pierre en tentant d'avancer. La souffrance n'est rien comparée à la peur. Peur. Se mot frappent sans cesse mon esprit, écho de ma propre terreur. Ma terreur nourrit les ombres... Elles sont de plus en plus épaisses, de plus en plus vivantes.

Peur.

Les battements de mon cœur résonnent comme des coups dans ma tête. J'ai mal. Les ombres qui tournoient autour de moi ricanent de ma faiblesse et de ma peur. Leurs yeux brillent d'une lumière bleue et glacée. Je n'ai pas besoin de lever la tête pour les voir; je les sent.

Panique.

La lumière est trop loin. Je n'y arriverait pas. J'ai beau m'entêter à avancer, je sais que je n'y arriverai pas. Mais je continue à ramper, à m'accrocher à ce vain espoir pour ne pas mourir. M'arrêter d'avancer, c'est mourir.

Terreur.

Une ombre se détache enfin de la nuée tournoyante et prend petit à petit forme. Elle se penche sur moi. Je ne la vois pas. Je n'ai pas besoin de la voir. Je sais de qui il s'agit. Je continue de m'arracher les mains sur la pierre. C'est inutile. Je n'avance plus. Je gémit, et mes larmes coulent dans la poussière. J'ai mal... Si terriblement mal...

Agonie.

L'ombre est froide et triste. Je la sent. Les autres commencent aussi à descendre. Plus aucune ne rit. Pourtant ce silence accusateur est encore plus terrifiant. Je les connais toutes. Lentement, elles m'encerclent. Je ne voit plus la sortie, seulement ce cercle hostile. Désormais, il n'y plus de lumière vers laquelle fuir.

Désespoir.

Elles ont refermé le cercle et s'approchent, silencieuses et accusatrices. Je ne veux pas les voir. Je me recroqueville tête dans les mains. C'est inutile, je les sent toujours. Je sent qu'elles me regardent. Je sent leur haine... Je brûle de l'intérieur. Tout mon corps sans force est emplit du douleur insoutenable. J'ai si mal... Et pourtant j'ai encore plus peur de mourir...

Souffrance.

Elles sont là. Elles sont toutes là. Elles s'approchent encore... C'est elle qui m'atteint le première. Ses yeux bleus flamboient, et sa main environnée du même brouillard noir que son corps s'approche. La douleur s'intensifie à chaque instant... Elle m'effleure.

Mort.


Ethera City

Varig ouvrit les yeux à ce moment. Un simple mot filtra entre ses lèvres, presque inaudible.

-Non.

Il était couché dans son lit, dans sa chambre d'Ethera. En sécurité. Ce n'étais qu'un mauvais rêve.
Durant tout le cauchemar, il n'avait pas bougé. Même sa respiration était restée calme et régulière. Comme à chaque fois, son corps s'était comme coupé de son esprit.
Il resta un long moment immobile à fixer le plafond, évacuant peu à peu les derniers lambeaux de peur. Puis il se leva et marcha jusqu'à la salle de bain.
Il se passa un peu d'eau sur le visage et fixa son reflet dans la glace, qui lui renvoyait une moue triste. Il planta ses yeux bleu dans ceux de son image.

"Ça faisait longtemps que se rêve n'était pas revenu... Enfin je m'y attendait. Comme si quitter le credo avait pu suffira à chasser mes démons... Fuir ne sert à rien, n'est ce pas?"

Varig parlait souvent avec Dieu, quoi qu'aucun murmure ne franchisse jamais ses lèvres. C'était sa manière à lui de ne pas vivre tout à fait seul. La méthode était efficace; il ne confiait ses secrets à personne d'autre, pas plus que ses sentiments. Trop dangereux.
Mais parfois, dans un moment de découragement, il se sentait très seul. Trop peut être... Un jour peut être, il craquerait. Ses cauchemar n'était qu'un symptôme... Il connaissait assez de psychologie pour savoir qu'il finirait par perdre le contrôle. S'arrêter et reposer pour toujours. Plus de souffrance. Plus de haine. Plus de questions. Rien que la paix...
Il chassa cette dernière pensée et aspergea le miroir d'eau. Son reflet devint trouble.
Il devait avancer. Continuer à avancer, et se battre pour vivre, jusqu'à son dernier souffle.
Quand l'eau coula et que son reflet revint, il arborait son éternel sourire ironique. Une nouvelle journée commençait.

Après s'être habillé et avoir mangé en regardant distraitement le journal télévisé d'Itchi (non sans devoir supporter avec résignation les habituels spots publicitaires de la Blitzness corporation), Varig avait décidé de sortir marcher un peu.
Son quartier était relativement agréable et paisible. Avec un peu de cynisme, Varig attribuait cela au prix des loyers qui, sans être démesurés suffisaient à éloigner les personnes les plus "problématiques"; le crime va souvent avec les problèmes d'argent... La réflexion le fit sourire. Pour un mercenaire, le double sens de la phrase apparaissait avec une certaine ironie...
Les unités de Blitzness qui quadrillaient les rues du centre ville et d'une partie de la périphérie avec régularité y étaient aussi pour quelque chose, il fallait bien le reconnaitre.
Varig se mêla à la foule matinale et se laissa porter par le courant. Il n'avait pour le moment rien d'autre à faire que de profiter de la nuit éternelle d'Ethera City... Peut être chercher un jardin ou un musée. Plus tard. Il leva les yeux vers le ciel étoilé, sans s'arrêter de marcher.
Protégé par la masse anonyme, il se sentait bien. Il faisait bon, et la nuit était belle. Du cauchemar de la nuit, il ne restait plus grand chose.
Il marcha un long moment au hasard jusqu'à ce qu'un discret vrombissement dans sa poche le rappela à la réalité. Il décrocha le petit téléphone sécurisé dont il ne se séparait jamais vraiment.

-Spectre.

Depuis qu'il officiait comme mercenaire indépendant, quelques semaines déjà, il avait adopté ce surnom. Au sein du credo, le nom était considéré quelque chose d'important, et appeler une personne par son prénom, son nom ou son surnom exprimait un certain degré de familiarité. Le tueur avait gardé cette habitude. Sur Gaea, seuls cinq personnes appelaient Varig par son prénom, et moins d'une trentaine connaissaient son véritable nom.

-Varig? Louis à l'appareil. J'ai un boulot pour toi... Axel Steel et le gang des Necraan, ça te dis quelque chose?

Lorsqu'il avait quitté le credo, Varig avait rejoint "Louis", également un ancien tueur de "l'organisation" qui travaillait maintenant en tant "qu'intermédiaire". Entendez par là, personne capable de founir à peu près n'importe quel bien ou service, légal ou illégal, pourvu qu'on le paye suffisamment.
C'était lui qui transmettait les divers contrats à Varig et qui le payait une fois le travail accomplit. Mercenaires et clients se rencontraient rarement. Mieux pour tout le monde...
Louis était pour Varig ce qui se rapprochait le plus d'un ami.

-Négatif. Qui est ce?

Le tueur sortit discrètement de la foule et emprunta une petite ruelle sombre, et surtout déserte.

-Des morts en sursit... Je t'envoie les infos sur ton PDA. C'est exactement ton genre de travail. Appelle moi s'il y a un problème.

La courte carrière de mercenaire de Varig comptait déjà quatre contrats réussis, ainsi qu'une dizaine de cadavres. Rien de complexe, mais de quoi lui assurer une bonne réputation. Il avait aussi refusé une ou deux offres trop... Ethiquement discutables. Le tueur s'était imposé des limites à ne pas dépasser. Une chose assez courante chez les mercenaires. Même eux avaient des limites... Contrairement au soleil noir.

-Nous sommes tous des morts en sursis, Louis. Je vais voir ce que je peux faire. Spectre, terminé.

Le tueur raccrocha et atteint le fond de l'impasse. Après avoir vérifié d'un regard rapide vers le boulevard que personne ne faisait attention à lui, il sauta pour atteindre l'échelle incendie d'un des immeubles. Il escalada rapidement le support métallique avant de monter les escaliers quatre à quatre. La porte du dernier étage était verrouillée, mais pénétrer dans l'immeuble n'était pas son objectif. Il atteint le rebord du toit d'un bond et se hissa jusqu'en haut.
L'ensemble de la manœuvre ne lui avait pas pris une minute.
Il rajusta ses lunettes et le col de sa veste avant de faire quelques pas sur le toit. Il faisait toujours plus froid en hauteur, à cause du vent. Puis il retroussa sa manche gauche, révélant un petit écran fixé à son avant bras sur lequel il pianota quelques instants avant de parvenir au dossier envoyé par Louis.
Varig lu les pages de données sans cesser de marcher. Il s’interrompait régulièrement pour sauter les quelques mètres de vide entre deux immeubles; il avait pris l'habitude de se déplacer ainsi dès qu'il était en mission, caché par l'obscurité ambiante et la lumière éblouissante des lampadaires si quelqu'un avait eu l'idée de lever la tête dans la rue. Et de toute façon personne ne levait jamais la tête à Ethera.
Une fois sa lecture terminée, le tueur referma le fichier avec un sourire. Il allait avoir de quoi occuper sa journée finalement.

Confortablement installé d'un un fauteuil moelleux, ses lunettes et son pistolet posé devant lui, Varig se repassait mentalement le dossier de sa cible. Il saboté le panneau électrique de l'endroit en entrant et se trouvait dans le noir total, mais n'éprouvait aucune gène grâce à ses mutagènes.
Se rendre à l'appartement d'Axel Steel ne lui avait pris que quelques minutes, et en crocheter proprement la serrure pas plus de quelques secondes. Quand au système d'alarme, plus que sommaire, il n'avait pas causé plus de difficultés que la porte.
A cette heure "matinale", si l'on pouvait parler ainsi à Ethera city, il n'y avait personne dans l'appartement. Si les informations fournies par Louis était exactes, Steel ne rentrait et ne se couchait qu'aux alentours de midi. Même à Ethera City, les criminels vivaient quand les autres dormaient.
Il n'aurait probablement pas de chiens de garde. Le tueur sourit. Les gens étaient souvent plus facile à tuer dans les lieux familiers où ils se sentaient en sécurité.
Varig regarda encore une fois la photo de sa cible sur sur ordinateur de poignet. Un jeune homme marqué d'une longue cicatrice sur la joue. Un coups de couteau... Il survola à nouveau le texte qui accompagnait la photo.
Le dossier, bien que court, résumait le personnage. Axel Steel était né dans les bas quartier d'Ethera city dans une famille pauvre. Rapidement déscolarisé puis condamné une première fois pour agression, il avait monté son propre gang à sa sortie de prison. Le parcours classique du criminel lambda finalement... Mais ce qui le distinguait de ses pairs, c'était une intelligence nettement au dessus de la moyenne. Malgré ses crimes, aucune plainte n'avait aboutit contre lui ou son
gang. Il avait su habillement ne pas dépasser certaines limites et éliminer les preuves derrière lui.
Malheureusement pour lui, aucune preuve et aucun tribunal n'étaient nécessaires à Varig et tuer un criminel pour de l'argent ne lui posait aucun problème "d'éthique". Varig estimait qu'il ne tuait pas vraiment pour de l'argent. Il tuait parce que ses proies étaient nuisibles et méritaient de mourir. L'argent n'était qu'une récompense accessoire.
C'était aussi pour ça qu'il refusait certains contrats.
Le credo et ses agents avaient toujours largement réussi à équilibrer leur besoin moral avec leur fanatisme envers l’oblitération du mal. Et l'assassin n'avait aucune intention de renier cet héritage, même s'il n'appartenait plus à l'organisation. Ses objectifs et ses méthodes n'avaient pas beaucoup changés...
Détruire le mal. Purifier le monde de la souillure et du chaos en traquant et détruisant ses agents. Une guerre sans fin...

"Blitzness. Les Teremundos. Ces criminels... En ce monde, le mal a une infinité de visages... Peu importe. Nous en tueront autant qu'il sera nécessaire d'en tuer."

Le tueur s'étira et regarda rapidement sa montre. Encore une vingtaine de minutes... Il s'était habitué à attendre. La patience était l'une des premières qualités d'un bon assassin...
Il resta assis sans bouger encore un long moment. On aurait même pu croire qu'il dormait.
Pourtant dès que la porte d'entrée s'ouvrit, le tueur se leva silencieusement et rengaina son pistolet. Il n'en aurait pas besoin.

-Putain, pourquoi ça s'allume pas encore...

Varig avait sectionné les fils du disjoncteur. Qui fort pratiquement se trouvait être dans la cuisine... A l'autre bout de l'appartement. Un piège des plus grossiers mais qui marchait extrêmement bien.

-Qu'est ce qui se passe? Pourquoi c'est tout noir?

Une voix de femme. Pas prévu... Tant pis pour elle.

-T’occupe, amène toi. Je vais remettre le courant... Encore ce putain de disjoncteur... Cet immeuble est vraiment pourri.

L'homme entra lentement dans le salon plongé dans la pénombre, suivi d'une jeune femme. Une très jeune femme même. 16 ans peut être, vêtue de vêtements élégants mais sans ostentation... Il n'était nul part noté si Steel était célibataire. Peut importait au fond. Elle était là.
La jeune fille resta à l'entrée de la pièce. Quand à l'homme, Varig ne distinguait pas bien ses traits mais pouvait voir une longue cicatrice sur sa joue. C'était bien Axel Steel.
Celui ci avança lentement vers la cuisine, en maugréant contre le prix du loyer. La jeune femme ne disait rien, probablement mal à l'aise dans l'obscurité. Le tueur emboîta silencieusement le pas à sa proie; il s'occuperait de la fille plus tard. La pénombre ne le gênait pas outre mesure grâce à ses mutagènes.
Après quelques tâtonnements, l'homme parvint jusqu'au tableau électrique. Varig se rapporcha encore de lui et tira deux coups sec sur la molette de sa montre, délivrant un long filin d'acier. Les deux mains gantées du tueur passèrent doucement le filin devant la gorge de Steel qui cherchait le disjoncteur. Il n'eu pas le temps d'émettre le moindre son.
Le tueur se mit à serrer brutalement le filin autour de sa gorge. Surpris, l'homme se débattit, parvenant même à frapper l'assassin d'un coups de coude dans le ventre. Mais le filin ne se desserra pas pour autant. Rapidement étouffé, l'homme tomba à genoux. L'assassin resserra sa prise. A mesure que l'air venait à lui manquer, les mouvements de Steel devenaient de plus en plus désordonnés et sans force. Varig continua à serrer. Enfin les bras de l'homme retombèrent, inertes. L'assassin ne le relâcha pas immédiatement.

-Tu t'en sort?

La voix de la jeune fille était inquiète. Le silence et le noir lui faisaient peur manifestement. En fait elle avait toute les raisons du monde d'avoir peur, mais elle ne le savait pas. Varig relâcha la prise et étendit doucement le corps. Steel ne bougeait plus. L'assassin en vérifia tout de même le pouls. Cible éliminée. Il fouilla rapidement ses poches et empocha le portable de sa victime. Puis il se redressa et se dirigea vers le salon. L'ensemble n'avait pas pris plus d'une trentaine de secondes.

-Axel? Si c'est une blague, c'est pas drôle!

Varig fit jaillir sa lame rétractile. Elle coulissa en silence, prête à frapper. C'était une arme mortelle, long et effilé, aussi coupante qu'un rasoir. La fille n'aurait même pas le temps d'avoir mal.

-Je... S'il te plais... Je commence à avoir peur... Tu es où?

Elle se mit à avancer, les mains en avant. Elle ne fit pas deux mètres avant de s'embroncher dans la table et de s'étaler. Varig hésita un instant à frapper. Un coups rapide, et tout serait terminé.
Finalement il fit rentrer la lame et s'approcha d'elle, toujours silencieux.

-Axel?

L'assassin plaqua une main sur sa bouche pour l’empêcher de crier et saisit sa gorge. Comme sa première victime, elle tenta d'abord de se débattre, sans succès. Varig voyait ses yeux paniqués malgré l'ombre. Elle pleurait aussi. Une larme coula sur son gant. Il maintint la pression juste assez longtemps pour qu'elle s'évanouisse avant de relâcher doucement. Il se redressa et hésita encore une fois à la tuer.

"Juste au mauvais endroit, au mauvais moment..."

Le tueur la posa sur le canapé, lui lia les mains et les pieds et la bâillonna. Ça retarderait le moment où elle donnerait l'alerte. Puis il la regarda un petit instant. Elle était plutôt jolie, et bien habillée. Sans doute une amie de Steel. Le tueur détourna le regard. Il ne la reverrait sans doute jamais et elle n'avait rien pu voir d'utile contre lui. Pourtant il serait plus prudent de s'en débarrasser. Maintenant.
Il y a quelques années, il l'aurait tué sans hésiter. Pas aujourd'hui. Il commençait à avoir des doutes, des remords. Dangereux. Ça finirait sans nul doute par le tuer avec beaucoup plus d'efficacité que n'importe quelle balle. Une ombre de plus ou de moins dans ses cauchemars... Quelle différence au fond?
Il poussa un long soupir et marcha rapidement vers la sortie. Avant de partir définitivement il se retourna vers la jeune fille. Elle ne s'était toujours pas réveillée.

-Je regrette.

Puis il sortit. Steel avait laissé la porte d'entrée ouverte en arrivant, probablement pour profiter d'un peu de la lumière du couloir. Varig referma derrière lui et remit ses lunettes de soleil. Puis il se dirigea rapidement vers le dernier étage.
Tuer le rendait rarement heureux mais la jeune fille avait rendu son travail vraiment désagréable. Enfin, c'était aussi le prix à payer pour avoir quitter le credo. Avoir le choix de tuer ou ne pas tuer. Sans personne pour décider à sa place.
L'assassin monta rapidement l'échelle menant au toit. Il referma derrière lui et fit quelques pas en regardant le ciel. L'air frais balaya rapidement ses derniers doutes.
Il avait fait ce qu'il fallait, rien de plus. Steel avait payé pour ses crimes et ne ferait plus de mal à personne; quand à la fille, elle passerait un mauvais moment, mais au moins, elle avait une chance d'oublier et de vivre le reste de sa vie. Ça ne tenait plus qu'à elle.
Varig sortit le portable du chef de gang et commença à taper un message. Son sourire ironique lui revint. La chasse continuait.

L’élimination de Axel Steel accomplie, Varig pouvait passer à la suite du contrat. Le corps ne serais sans doute pas découvert avant plusieurs heures. Voir seulement le lendemain. Mais dès que le meurtre serait connu, les membres de son gang se disperseraient, voir se cacheraient. C'est pourquoi il avait subtilisé le portable. Le chef de gang n'était pas assez stupide pour enregistrer les numéros de ses subordonnés, mais Louis avait facilement identifiés les numéros revenant régulièrement sur ses factures. Aussi Varig avait pu envoyer une "invitation" aux membres du gang, qui s'étaient docilement regroupés à l'endroit que l'assassin à l'heure tardive qu'il leur avait indiqué dans son message.
Appuyé sur une rambarde en béton, il observait tranquillement la vingtaine de voyous trentre mètre plus bas à l'aide de ses jumelles tactiques. Ces derniers bavardaient bruyament dans une petite rue, déserte à cette heure. Le tueur n'avait pas choisit cette rue au hasard. Les caméras du quartier avaient étés détruites depuis longtemps par la "faune" locale et Blitzness s'intéressait peu à la sécurisation de la périphérie. Les rues étroites de la "couronne" étaient bien trop difficile à contrôler.
Contrairement aux grands boulevards du centre qui profitaient de patrouilles nombreuses et régulières, la corporation n'y maintenait que des postes de sécurités et conseillait juste d'éviter certaines zones passée une cetaine heure. Ce qui, en l'occurence, arrangeait grandement Varig.

"Nombreux. Des armes blanches, quelques pistolets... Probablement quelques arts occultes aussi. Rien d'ingérable. Il faudrait juste que je neutralise leurs motos pour qu'il n'y ai pas de fuyards...

Varig leva son objectif vers l'immeuble d'en face, pourvut d'une grande enseigne lumineuse ventant les mérites des brosses à dents Blitzness.

"Je peut peut être faire chuter l'enseigne sur eux avant d'attaquer. La corporation mettra bien un quart d'heure avant d'envoyer du monde. J'ai amplement le temps de les..."

Le tueur n'eu pas à mettre en application son programme. Un jeune homme déboucha au bout de la rue et marcha d'un pas décidé vers le petit groupe de motards. Varig fronça les sourcils et ses jumelles sur lui.

"Il en a marre de vivre lui? J'en connait un qui va passer un..."

Le jeune inconnu releva la tête. Ses yeux avaient viré à un rouge sanglant et débordaient de magie. Ses bras semblaient luire eux aussi. Pris d'une subite inspiration, Varig enclencha la caméra de ses lunettes.

"Un Teremundo..."

Varig haïssait les Teremundos, des animaux pour lui. Même sans contrat à la clé, il allait traquer et tuer celui là avant qu'il ne s'attaque à des civils de préférence.
Le tueur aurait même pu déscendre immédiatement et attaquer le Teremundos en profitant de la gène occasionée par les voyous. Toutefois, il préféra observer les téchniques de son futur adversaire, tout en lui laissant le soin d'éliminer le gang.
La mélée fut rapide et inégale. En quelques attaques brutales de son katana, le Teremundo élimina ses adversaires les plus proches. Les plus intelligents (ou plus probablement, les moins courageux) enfourchèrent leurs véhiculent et démarrèrent en trombe. Varig eu un rictus méprisant. Des lâches...
Les survivant s dotés d'armes à feu eurent la présence d'esprit de tirer, mais le Teremundo figea les balles d'un geste méprisant avant de les leur renvoyer à pleine vitesse, déchiquetant littéralement les malheureux tireurs. En moins de dix secondes, il avait décimé toute l'opposition.

"Impressionant."

Mais il ne semblait pas encore satisfait. Le carnage n'était pas encore total. Il enfourcha une des motos dans le but manifeste de poursuivre les fuyards. Sur le toit, le tueur (quoi qu'on puisse se demander qui était vraiment le tueur en l’occurrence) grimaça et se redressa. Courser des motos à pieds... La routine.
Il commença à courir sur le toit. En bas, dans la rue, la moto du Teremubdos était partie comme une flèche. Varig courait de plus en plus vite. Il atteignait une vitesse inhumaine grâce à ses mutagènes. En quelques secondes il avait franchit la cinquantaine de mètres qui le séparait du premier rebord. Sans ralentir, il prit appuis sur le rebord le séparait du toit suivant décollant littéralement. Il y avait plusieurs mètres entre les deux toits, pourtant l'assassin n'avait pas hésité. Il se réceptionna d'une roulade impeccable avant de reprendre sa course. Même si la magie des mutagène le rendait quasi inhumain, il savait qu'il ne rattraperait pas les motos. Il cherchait juste à ne pas perdre sa proie trop longtemps.
Heureusement pour lui, les motards n'étaient pas allés loin, pas plus de 600 mètres. Le tueur avait dut sauter quelques immeubles et courir à son maximum mais sa proie était encore là. Quand Varig arriva, le Teremundos avait achevé sa besogne et reprenait déjà un aspect plus humain malgré le sang dont il était couvert. Plusieurs carcasses de motos brûlaient et des cadavres mis en pièces (par la chute?) témoignaient aussi du massacre. Il n'en avait oublié aucun. Varig sourit.

"Un travail de finis..."

Le Teremundos quitta les lieux sans courir, mais sans s'attarder. Il n'avait pris le temps de dévorrer personne. Par peur des renforts de Blitzness? Possible... Le tueur profita du répit pour chausser une oreillette et enclencha un numéro enregistré, sans perdre de vue sa nouelle cible. L'intermédiaire décrocha rapidement, en grognant comme à son habitude.

-Varig. T'as intêret à avoir une bonne excuse. Je bosse moi.
-Le problème de Steel et de son gang est réglé. Par contre j'aurai besoins d'informations. Sur ce type. Je t'envoie les photos.

Varig fit quelques gestes précis pour transmettre les images de ses lunettes tactiques. Il y eu un petit silence suivi d'un bruit de clavier. Quand l'intermédiaire lui répondit, le ton était devenu professionnel.

-Désolé mais ton Teremundo n'est pas fiché, même pas au fichier des personnes disparues récemment. Soit il a muté il y a peu, soit il est drôlement discret...

Le tueur enjamba un rebord en béton et sauta au dessus du vide avant de se hisser sur le toit suivant pour ne pas perdre sa cible. Son esprit tournait à grande vitesse.

-Il va falloir combien de temps pour savoir qui s'est?
-Faudrait que j'aille farfouiller dans les archives... Franchement je dirait plusieurs jours. Voir plusieurs semaines.

Varig se mordit la lèvre, sans cesser de courir. Trop long... La seule chose qu'il pouvait faire, c'était continuer à le suivre et attendre qu'il se trouve dans un endroit suffisamment isolé pour qu’il puisse l'abatte. Les troupes de Blitzness devait déjà arriver et ce n'était pas vraiment le moment de les attirer en tirant comme la section 0 dans une prise d'otage. Même si le carton était tentant...
Varig continua la poursuite, sagement et à distance.
A cette heure, il y avait peu de gens dans les rues, et le Teremundo prenait soin de raser les murs. Il marcha un bon moment avant de s'engager brutalement dans une petite ruelle encore un peu plus sombre que les autres. Probablement pour se reposer un peu...
Varig le perdit de vue une seconde. Il vit seulement une boule d'un liquide sombre voleter jusqu'à un tas d'ordures. Il accéléra.
Arrivé au dessus de la ruelle, il s’arrêta.
Sa cible était bien en bas. Il aidait une jeune fille qu'il avait manifestement bousculé à ramasser ses livres.

"Un Teremundo qui aide une...? Ils doivent se connaitre, je ne vois que ça..."

Varig connaissait bien les Teremundos. Certains tueurs du credo se faisaient volontairement transformer pour gagner en puissance. En fait il ne les haïssait pas tant en temps que race, mais haïssait surtout leur cruauté et leur indifférence teintée de mépris pour la vie humaine. Il savait aussi à quel point ils étaient irrationnels. Certains s'attachaient à des humains, qu'ils les ai connus et aimés en tant qu'humains ou qu'ils se soit rencontrés tardivement...
Leurs voix montèrent de la rue.

-... Je suis très maladroit parfois alors ne faites pas attention à moi.

Apparemment ils ne se connaissaient pas. De plus en plus étrange... Le Teremundo avait faim. Varig savait reconnaître les signes de la faim chez les créatures. Et celui ci devait ne pas avoir mangé depuis plusieurs jours... En bonne logique, il aurait du dévorrer les motards. L'assassin avait d'abord supposé qu'il avait peur que Blitzness n’interrompe son pique nique. Or ici, rien ni personne ne l’empêchait de se jeter sur elle...

-Je m'appelle Etel Aposel, et toi?
-Enchantée Etel. Moi je m'appelle Elaine, Elaine Evans. Encore désolée de vous avoir bousculé, j'étais un peu ailleurs.

Varig chuchota l'information dans son oreillette. Si c'était leur vrai noms... La conversation continua un petit moment. Le tueur était de plus en plus perplexe... C'était vraiment un drôle d'animal qu'il avait ferré là.

-Je les ai. Tu vas rire... Pour Aposel, il est officiellement mort et enterré depuis des années.
-Classique pour un Teremundos. Et la fille?
-Oh, elle c'est juste une tueuse d'enfant en fuite, mais elle est loin de chez elle. Du coups personne n'a fait le lien avec l'étudiante du même nom que je viens de trouver à Ethera. Elles ont le même age et la même tête donc c'est bien les mêmes... Je vais finir par croire que tu as de mauvaise fréquentations.
-Moi aussi. Rien d'autre?
-Il n'y a pas de prime. Je lâche quand même les chiens de Blitzness à ses trousses?
-Négatif. Ne fait rien. Donne la priorité à la collecte de renseignements sur Aposel.



Quelques minutes plus tard, après une poursuite qu'il est inutile de narrer et dont je dirais seulement qu'elle fut éprouvante, Varig se trouvait sur le toit d'un petit immeuble et observait toujours sa... Enfin ses deux cibles maintenant.
Ils semblaient sur le point de se séparer, à regret manifestement. Varig n'hésita pas sur celui qu'il devait suivre. Elaine Evans serait facile à retrouver plus tard.
Et de toute façon c'était le Teremundo qui l'intéressait le plus. Son comportement était celui d'un Runikad, pas d'un Neruni (deux termes du credo qu'il est complexe de traduire; Runikad signifie littéralement "âme épée" et désigne un Teremundo qui fait voeu de servir et de protéger l'humanité alors qu'un Neruni, ou "sans âme", est un Teremundo massacreur d'humains lambda). Et Varig connaissait tous les agents du credo, y compris ceux en formation. De plus aucun agent du credo n’accepterait jamais de porter des vêtements aussi sales, et il avait prétendu être fauché et sans travail. Alors qui était il?
Le Teremundo regarda la jeune fille entrer et resta une minute planté devant l'immeuble et se fondit dans la foule. Varig décida de l'y aborder. Il courut jusqu'au rebord du toit et se laissa tomber dans la ruelle qui jouxtait l'immeuble. Il se réceptionna sans effort 20 mètres plus bas avant de s’engouffrer dans la foule à la suite de sa cible. La chasse continuait... Mais cette fois, il n'était pas bien sûr de qui était la proie.

Le tueur avait commencé à sentir que quelque chose n'allait pas au bout de quelques minutes de filature. Non seulement le Teremundo faisait tranquillement les boutiques, mais en plus il s'attardait inutilement sur certains stand sans jamais rien acheter avant de sortir brutalement. Il accélérait ralentissait...
Bref il cherchait à savoir si on le suivait. En temps normal, Varig aurait réglé le problème assez rapidement; coller un traceur puis suivre la cible à distance. Sauf que les Teremundos pouvaient se téléporter à volonté à leur repaire. Et traquer un Teremundo sur le Pugnent Isfel n'était pas au programme... Au pire, il suffirait de questionner la fille, ou même d'attendre qu'il revienne la voir. Mais ce n'était pas du tout une méthode sure.
Aussi le tueur se fit il le plus discret possible. Raser les murs, se cacher dans la foule, s'éloigner de la cible, refaire ses lacets...
En fait, il aurait pu croire que ça avait fonctionné si Etel ne s'était pas brusquement engouffré dans une ruelle sombre et déserte. Lui même se servait souvent de ce genre de méthodes pour se débarrasser d'un inconnu trop collant. L'attirer à l'écart et l’interroger. Varig hésita un petit instant. Et puis il s'engouffra à sa suite. Tout valait mieux que de perdre la cible.
L'instant d'avant, le Teremundo était devant lui. L'instant d'après il était derrière. Le tueur n'avait perçu le léger courant d'air que grâce à ses mutagènes. Il n'avait pas finis de se retourner quand le Teremundo le saisit au col et le plaqua contre le mur le plus proche, fermement mais sans brutalité excessive.

-Qui êtes-vous et pourquoi vous me suivez?

Bon, Varig avait fait mieux question prise de contact. Toutefois la manière d'agir du Teremundo le passionnait. Non seulement il ne l'avait pas tué, mais en plus il prenait garde de ne pas lui faire mal. D'autant que peu d'individus étaient capables de battre Varig de vitesse. Enfin, il restait un Teremundo. Donc une créature dangereuse et irrationnelle... Il allait falloir être prudent. Il leva lentement les mains, paumes ouverte.

-Du calme... Je ne te veux pas de mal. Seulement discuter.

Etel ne le lâcha pas. Sa voix était devenue plus dure.

-Qui êtes-vous?

Varig soupira intérieurement. Ça partait mal. Enfin au mis, sa main était assez haut. S'il faisait sortir sa lame rétractile maintenant, elle embrocherait la tête du Teremundo. Quoi que si Etel décidait de le tuer, il n'en aurait pas le temps.

-Je suis un... Indépendant. Quelqu'un qui connait votre... Petit problème et qui peut vous aider si vous le désirez... Je peux vous proposer du travail aussi. Intéressé?

Le Teremundo l'avait lâché et enchaînait les questions déductions à grande vitesse.
Varig souriait. Etel faisait preuve d'agilité mentale, et apparemment d'une grande adaptabilité. Du potentiel... Mais surtout aucune agressivité. En fait il ne semblait même pas surpris, tout juste méfiant. Sans le talisman de chasseur qui chauffait doucement son poignet, Varig aurait douté d'être en face d'un Teremundo.
Il le laissa terminer sans parler en époussetant sa veste. A quelques exceptions prêt, ses déduction étaient exactes... Et ses remarques pleines d'informations.
Varig commençait à entrevoir la manière dont il allait procéder. Quand le mitraillage de questions fut terminé, il rajusta tranquillement ses lunettes.

-Et bien mon cher monsieur Aposel -vous permettez que j'utilise votre nom? - je répondrait avec grand plaisir avec toutes ces questions mais je craint que ce ne soit ni le moment ni le lieu idéal... Aussi je vous invite à me suivre le temps de terminer quelques formalités. Ensuite nous pourrons discuter "affaires". Que diriez vous d'acheter quelque chose à manger et quelques vêtements plus... Élégants?

Le tueur se dirigea vers la sortie de l'impasse et lâcha:

-Je suis sûr que ça plairait beaucoup à votre amie... Mademoiselle Evans c'est bien ça?

Sans attendre de réponse, il s'enfonça dans la foule. Etel le suivrait, il en était sûr. Ne serais ce que par curiosité... Varig commençait à le comprendre.
Ils passèrent presque trois heures à faire les boutiques. Etel prenait son temps pour choisir chaque chose... Varig en profita pour passer un coups de fil à Louis qui ne posa aucune question quand à ses demandes. En quelques minutes, il avait acheté un appartement où ils pourraient se rendre.
Quand ils eurent terminés les achats, que Varig régla puisque le Teremundo n'avait pas d'argent, ils se dirigèrent vers l'endroit en question.
L'intermédiaire avait bien fait les choses. Le logement était entièrement meublé et l'immeuble presque totalement désert.
Il avait l'habitude des goûts de discrétion de Varig.
Le tueur inspecta rapidement les pièces avant de se laisser tomber dans un des sièges. Etel le suivit, vaguement mal à l'aise...

-Voulez vous bien prendre une douche et vous changer? lança le tueur d'une voix aimable. J'ai l'odorat extrêmement sensible et vous sentez encore le sang... Ensuite nous pourrons parler. Je vous attend ici... Si vous voulez partir, c'est le moment ou jamais.




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[HRP]: je perd un "vêtement" que j'avais acheté en double et qui va dans l'inventaire de Etel ^^ la modi est faite dans mon inventaire je met juste ça à titre d'info.

Vêtements << Votre garde robe... Juste histoire de ne pas ressembler à une goule mal habillée. Et puis qui sait, quelques runes pourraient sans doute rendre cet inoffensif tissus bien plus redoutable... (Description personnalisable.) >> Prix : 100 Penas

[HRP]

-Bon, maintenant, vous pouvez répondre à mes questions. Tout d'abord, vous savez comment je m'appelle, mais j'ignore votre nom. Vous pouvez juste m'appeler Etel.

Le petit sourire du tueur s'allongea légèrement. Enfin dans le vif du sujet... Il se pencha légèrement en avant.

-J'ai de nombreux noms... Appelez moi simplement spectre. Je suis... Ce qu'on appelle un indépendant. J'aide des gens à régler leurs problèmes, moyennant finance. Mais l'argent n'est pas vraiment ma motivation principale. J'essaye de rendre se monde un peu moins mauvais, même si je dois parfois faire le mal pour ça. Et j'ai besoin d'alliés pour m'y aider, des gens prêt à tout donner à cette cause...

Varig parlait lentement, modelant sa voix avec toute son expérience. Il se savait persuasif... Mais qui pouvait prévoir un Teremundo?

-Vous me demandiez pourquoi je vous suivait... Voyez vous, Etel, je connais bien les Teremundos. J'en ai tué beaucoup, et côtoyé certains... La plupart d'entre eux sont comparables à des animaux, sans offense... Ils ne font que suivre leurs instincts avec plus ou moins d'intelligence ou de folie. Et pourtant vous agissez de manière totalement différente de vos semblables. Je crois pouvoir dire sans me tromper que vous cherchez autre chose...

Le Teremundo ne dit rien, mais semblait intéressé.

-Vous avez tué ces criminels, sans hésitation ni pitié. Pourtant vous ne les avez pas dévorés, malgré la faim que je vois en vous. Vous n'avez pas tué votre amie non plus. Ni moi. Voila pourquoi vous m'intéressez. Par votre sang, vous êtes tueur. Mais vous êtes plus que cela... Vous refusez vos pulsions. Vous les dominez.

Varig fit une courte pause. Le Teremundo n'était plus "intéressé"; il buvait ses paroles.

-Être humain n'est pas une question de race. Être et rester humain se gagne... La Blitzness corporation peut prétendre le contraire mais ça n'y change rien. Sans aide, vous serez tôt ou tard découvert et traqué comme un animal. Et vous devrez tuer pour survivre... Jusqu'à redevenir un animal. C'est comme ça qu'ils font toujours...

Le tueur retira ses lunettes, révélant ses yeux bleus acier. Il les planta dans ceux du Teremundo.

-Je ne suis pas comme eux. Je crois que chacun en ce monde mérite sa chance... Et que vous pouvez devenir quelqu'un de bien. Il existe de nombreuse manière de concilier vos pulsions avec une vie d'humain... Je peux vous en offrir une. Ce que vous êtes ne compte pas. C'est ce qui vous déciderez de de devenir qui m'importe.

Il lui tendit la main.

-Rejoignez moi, et vous aurez une chance de devenir... Humain.

Le Teremundo avait fermé les yeux et réfléchissait intensément. Puis il serra la main fermement la main du tueur. Celui ci voyait les yeux du Teremundo et sentait qu'il ne prenait pas ce geste à la légère...

-J'accepte votre proposition. Mais, je vous préviens que je ne vous fais pas totalement confiance. J'espère que vous compreniez pourquoi... C'est bien beau de lancer de beau discours, mais seul les faits comptent. J'ai déjà commis une erreur par le passé et ça m'a fait devenir ce que je suis maintenant.

Le tueur inclina très légèrement la tête. Le contraire l'aurait déçu; seuls les imbécile ou les fous accordent leur confiance sur un discours... Il se promit aussi de revenir sur cette histoire de trahison qui l'avait rendu Teremundo. Plus tard...

-Je ne vous considère pas comme un ami ou comme un nakama (compagnon), mais juste comme un "collègue". Même si je suis un Teremundo qui ne mange pas les humains, ça ne veut pas dire que je suis gentil pour autant. Si je sens que vous faites un coup tordu derrière mon dos ou autre chose qui me déplait, je mettrai fin à ce partenariat.
-Je ne voyais pas les choses autrement...

La menace était voilée, mais Varig ne doutait pas que la "fin de leur partenariat" impliquerait la mort violente du fautif. Etel lui lacha la main

-Maintenant que tout est clair, je voudrais en savoir plus sur vos arts occultes. Si on veut que ce partenariat marche, il ne faudrait pas se faire des secrets entre nous, en commençant par votre vrai nom. Je vous appellerai Spectre, mais si vous voulez gagner ma confiance, il faut au moins que vous me dites votre vrai nom et je veux voir la vérité dans vos yeux.

Le tueur était surpris. Il ne s'attendait pas vraiment à cette exigence... Mais après tout pourquoi pas? C'était exactement de cette manière que procédait deux agents du credo lorsqu'ils allaient travailler ensemble...

-Très bien, je suppose que c'est juste. Je m'appelle Varig Atorias.

Varig le laissa fixer ses yeux un instant de plus avant de remettre ses lunettes. Il ne se doutait probablement pas de la marque de confiance qu'il venait de recevoir.

-Je suppose qu'il est normal que je vous en dise un peu plus de moi... Comme vous l'avez deviné, je suis un assassin. C'est pour ça que je suis né, et c'est à cela qu'on m'a entraîné. J'ai tué beaucoup de gens... Sans doute moins que vous, certes. Il y a peu de temps j'ai décidé de mettre un peu de distance entre moi et ma... Famille. Depuis je travaille comme chasseur de prime. Ça me permet d'avoir assez d'argent d'autres actions, dont je vous parlerai en temps utile.

Il n'avait pas besoin de tout savoir tout de suite. Le reste viendrai en son temps... Le tueur rajusta ses lunettes. Le Teremundo lui en avait déjà fait dire bien plus que ce qu'il aurait dut.

-Maintenant à vous. Nous avons tout le temps qu'il faut...

-Je suis le fils d'un défunt retraité d'un membre de la Bliztness Corporation. Un Teremundo a tué ma famille et pour me venger, j'ai parcouru le monde entier pour devenir plus fort et ma haine m'a ramené vers la folie, ce qui m'a fait devenir Teremundo. Il y a quelques mois, j'ai attaqué un village dans le continent Punent'Isfel et j'ai pris conscience qu'attaquer les gens comme je le faisais a fait naître une deuxième personne en moi. Une personne qui n'a rien à voir avec moi....Pour enterrer cette personne, je décida donc de ne plus m'attaquer aux personnes humaines. Cependant, les pulsions d'un Teremundo sont tellement fortes qu'il m'arrive à perdre le contrôle.

Varig rajusta ses lunettes, pensif. La vengeance, la souffrance, la haine... Des sentiments qu'il comprenait.
Etel était parvenu à enfermer ses pulsions de Teremundo seul et à rendre dominant ce qui restait de son humanité... Impressionnant. Les Runikad de l'organisation étaient préparés puis maintenus sous contrôle et se contentaient généralement de concentrer leur haine et leur cruauté sur les ennemis désignés par le credo... Qu'un Teremundo puisse arriver à un meilleur résultat seul était... Inattendu.

-Vous travaillez en solo? Comment faites-vous pour obtenir des informations?

Etel était revenu à des sujets plus pratiques. Apparemment, il n'aimait pas parler de son passé, mais quoi d'étonnant à cela?
Varig rangea les informations qu'il venait de récupérer dans un coin de son cerveau avant de répondre.

-Lorsque j'ai quitté mon ancienne vie, j'ai rejoint un ami qui travaille comme intermédiaire à Ethera. Il vend toutes sortes de choses, illégales surtout, à ceux qui en ont besoin. Dont des services dans de ceux que je... Que nous pouvons proposer. Il me donne un pourcentage de ce qu'il gagne sur chaque contrat... Si tu as besoin d'informations ou de matériel c'est à lui que tu dois t'adresser; par exemple c'est lui qui m'a fournit cet appartement. C'est lui qui donne les jobs, mais on est toujours libres de refuser... Tout dépend de la mission. Il est un peu... Particulier mais réglo et partage mes idées quand aux... Personnes dans votre cas. Il a pas mal baroudé et a vu pas mal de choses... Vous devriez bien vous entendre, si vous survivez à sa compagnie bien entendu.

Varig sourit légèrement. Louis pouvait être très déroutant lors des premières rencontres... Surtout pour les gens peu habitués à son maniement négligent d'explosifs de grosse puissance.
Il se leva et marcha vers la fenêtre.

-C'est lui qui vous introduira dans le "milieu". Je l'ai eu au téléphone il y a peu. Il avait d'ailleurs déjà un travail à vous proposer... Que pensez vous des trafiquants mon cher Etel?

Etel eu un petit rire vaguement amusé avant de répondre.

-Donc, ma première mission serait d'arrêter des trafiquants ou de les aider? Je n'ai rien contre eux personnellement, mais ceux qui vendent de la drogue ou des armes à feu pour des actes criminels ne sont et ne seront jamais dans ma liste d'ami. S'il fallait que je laisse mon instinct animal reprendre le dessus je n'hésiterai pas à les manger.

Il comprenait vite. Le tueur sourit franchement et se tourna à nouveau vers lui. Il avait un sourire... De loup. Quand aux yeux d'Etel, ils avaient un instant viré au rouge sanglant et le médaillon de chasseur avait désagréablement chauffé le poignet de Varig. Le Teremundo qui remontait à la surface probablement...

-Comment se nomme votre intermédiaire? Vous pouvez me tutoyer aussi.

Varig rajusta ses lunettes.

-Tout le monde ou presque utilise un pseudonyme dans le "milieu". Je le connais sous le nom de Louis, mais je doute que ce soit... Son vrai prénom. Il t'en faudra un d'ailleurs, de pseudonyme.

D'un geste fluide et parfaitement maîtrisé, le tueur dégaina un couteau de sa botte et se mit à le faire tourner entre ses doigts jusqu'à le rendre flou. Il regarda la lame tourner quelques secondes.

-Quand à ta première mission... Les ordres sont on ne peut plus simple. Éliminer toutes les cibles. Ce sont des trafiquants de drogue qui souhaitent mettre une nouvelle substance sur le marché. Le client de Louis n'a donné que peu de détails, mais il semble que ce soit... Dangereux. Mener à bien cette mission sera un très bon départ pour toi dans notre... Association. Et je ne doute pas que cela puisse sauver des vies...

La lame fit un petit saut en l'air avant de revenir dans la main, sans cesser de tourner.

-Vos cibles ne devraient vous causer aucun problème et sont "marquées". Vous n'aurez pas à les cherchez. Tuez les et disparaissez du secteur. Des questions?

Le tueur avait rapidement pris congé d'Etel, non sans lui avoir laissé toutes les données dont il avait besoin pour mener à bien sa mission. Il était ensuite directement monté sur les toits. Il se sentait plutôt bien, vaguement perplexe. Certes il recherchait des alliés, et avait toujours fait en sorte d'être relativement apprécié de ses "camarades". Toutefois, il ressentait une vraie sympathie pour le Teremundo. Quelque chose de tout à fait inhabituel pour lui... Comme de ressentir de la pitié. Le pire, c'est qu'il ne regrettait même pas ses choix, tout en savant qu'il aurait été plus simple et plus prudent de tuer sans se poser de question.
Il soupira. Des sentiments... Serait il en train de s’amollir?
Il fit quelques pas sur les toits, observant le ciel étoilé comme pour y chercher une réponse, ou un peu de paix.
La sonnerie de son téléphone coupa court à ses méditations. Il décrocha sans cesser de marcher.

-Spectre.
-Varig? Louis à l'appareil. Alors comment ça c'est passé avec...?

Le tueur choisit ses mots avec soin pour être sûr de masquer ses interrogations.

-Il semble à peu près... Utilisable. Complètement paumé en tout cas. Tant mieux il en sera d'autant plus... Reconnaissant. Il fera du bon travail je pense. Je lui ai filé la mission des dealers, sur la nouvelle substance on vera comment il s'en tire.
-Oui, faire foirer un échange, liquider quelques gars et faire du renseignement, rien de bien inabordable pour un Teremundo aussi efficace... Tu ne craint pas qu'il y ai des victimes collatérales?
-Ça sera justement un bon test pour savoir où se trouve sa... Limite.

L'intermédiaire ne pouvait pas voir Varig, pourtant il sentit son sourire carnassier au son de sa voix.

-Mmm... C'est ta "recrue", à toi de voir. Au fait j'ai quelque chose qui devrait t'intéresser. Ça vient de sortir sur le Nexus.net. Le client tiens à ce que ça se règle au plus vite. Je transfert ça sur ton PDA. Bonne chance... Et bonne chasse.

L'intermédiaire raccrocha sans attendre de réponse. Varig rempocha le téléphone avant d'activer le PDA.
Au fond, que le Teremundo lui soit sympathique n'avait rien de trop gênant. Il restait utile. Il se pencha sur l'article.

"Itchi news, tuerie à Ethera City, la Blitzness corporation lance un appel à témoin... Bla bla bla... Meurtres sauvages... Bla bla... La propagande habituelle et... Oh."

Le tueur rajusta ses lunettes.

"Une des victimes présumées a survécu à ses blessures et se trouve actuellement en réanimation à l’hôpital Sainte-Estève, sous protection de nos vigilants soldats. Nul doute qu'à son réveil il permettra aux courageux enquêteurs de la Blitzness corporation de mettre le responsable hors d'état de nuire... Ben voyons."

Varig eu un sourire cruel et se mit à courir. Un meurtre lui ferait le plus grand bien et l'ivresse de la chasse et du sang effacerait ses doutes avec bien plus d'efficacité que le plus beau ciel étoilé du monde.


Ethera City, Hopital Sainte-Estève

Opération infiltration:


Le tueur s'était approché à deux toits de l’hôpital et préparait maintenant son plan. Il consulta à nouveau le schéma sur son PDA, toujours accroché à son poignet. Trouver le plan des locaux sur le site de l’hôpital avait été l'une des premières chose qu'il avait fait en arrivant. Une fois à l'intérieur, il voyait comment procéder. Mais entrer discrètement risquait d'être plus complexe...
La sécurité du site aurait pu paraître étonnante vu sa fonction, mais c'était le cas de nombre de bâtiments stratégiques d'Ethera City. Des soldats de la corporation montaient la garde à l'entrée de l’hôpital et toute une partie du rez de chaussée leur était dévolue. Même sur le toit, deux soldats en armure rouge étaient présent. Un drapeau rouge de la corporation, fixé à l'horizontale dans la paroi de l’hôpital flottait mollement dans le vent d'altitude.
Le tueur enfila une cagoule et chaussa ses lunettes tactiques qu'il braqua vers l’hôpital.
Les deux soldats qui discutaient en jetant de temps en temps un oeil sur le reste du toit s'affichèrent entourés d'un halo rouge. A cette distance, ils faisaient des cibles immanquables... Mais ce n'était pas l'objectif. Ouvrir le feu maintenant serait une erreur. Le tueur balaya le reste du toit. Un hélicoptère et cinq civils. Ils décollait régulièrement pour aller chercher des blessés. Les soldats restaient seuls sur le toit. Pas de caméras... Logique. Il était rare que des criminels ordinaires procèdent à une infiltration par le haut.
La porte d'accès au bâtiment se trouvait derrière les deux soldats qui ne semblaient pas très décidés à bouger. Au moins, le bloc en béton leur cachait il une bonne partie du toit... Varig réfléchit un instant. Il avait minuté les rondes de l'hélicoptère. S'il assommait ou tuait les soldats, il n'aurait pas plus de 4 minutes avant que les civils ne reviennent et s’aperçoivent de leur absence. Vraiment trop court pour exécuter sa cible. A moins que...
Le rotor de l'hélicoptère se mit à tourner. C'était le moment d'agir... Dans l'esprit tortueux du tueur, un plan s'était formé. Il fallait juste rester attentif au timing.

"300, 299..."

Le tueur se mit à courir, courbé en deux. En moins de trente secondes, il avait franchit la distance qui le séparait du rebord du toit de l’hôpital et sauté silencieusement d'un bâtiment à un autre. Accroché seulement par les mains, il entreprit de rejoindre l'angle mort des deux gardes, qui semblaient n'avoir rien remarqué.

"... 269, 268..."

Varig regarda en dessous de lui sans arrêter de compter. En bas, les voitures et les passants semblaient minuscules, comme des jouets. Le vent du à la hauteur le plaquait contre le béton. Mais il était habitué à ce genre d'acrobaties... Il avait même déjà fait bien pire. Et puis la certitude que même s'il tombait, il n'aurait pas la moindre égratignure grâce à ses mutagènes était assez rassurante. Il continua sa progression à la force des bars en se balançant légèrement pour amplifier sa vitesse. Il avait presque 50 mètres à parcourir avant d'arriver là où il pourrait remonter hors de vue, exactement sur le drapeau qui y était fixé.

"... 240, 239..."

Une fois parvenu à son repère, derrière le bloc de béton qui le masquait à la vue des gardes, le tueur se hissa sur le toit. Il se coula silencieusement comme une ombre le long du bloc en béton qui le séparait de l'escalier. Il entendait les deux soldats discuter.

"... 233, 232..."

D'un geste fluide et mainte fois répété il dégaina un pistolet et y vissa rapidement un silencieux.

"... 209, 208..."

Il avança de quelques centimètres et activa la vision thermique de ses lunettes tactiques. Les deux soldats lui apparurent clairement à travers le mur, comme si le béton était subitement devenu aussi transparent que du verre. Il se rapprocha encore jusqu'à l'angle du bloc, à peine à quelques centimètres d'un des gardes.

-... Mais le meilleur c'est quand même les ramens.

Varig jaillit derrière le soldat et le frappa d'un coups de crosse bien ajusté sur sa nuque, juste sur une des faiblesse de son armure. Avant même que les genoux de sa victime aient ployés, il passa son bras sous sa gorge l’empêchant ainsi de tomber et l'utilisant comme bouclier humain. Il braqua simultanément son pistolet par dessus son épaule, son silencieux touchant la visière de son camarade qui n'avait même pas eu le temps de lever son arme. Ce dernier hésita un instant puis il posa son arme et leva les mains.

-197. Fait mine de toucher ta radio et je te flingue. 194. Tu as le vertige?


Trois minutes plus tard.

Dès que l'hélicoptère se rapprocha du toit, les infirmiers se préparèrent à descendre la civière où gisait "leur" blessé. Agir rapidement était souvent primordial pour sauver les patients de la section VIII. Quand l’appareil toucha le sol, ils se précipitèrent vers la porte d'accès au reste des bâtiments, proche du sans faute. Malheureusement pour leur timing presque parfait, une mauvaise surprise les attendait. Une des deux sentinelles était à terre, son camarade penché sur lui.

Après quelques minutes de panique, le soldat fut étendu sur une civière et emmené dans l’hôpital. Les infirmiers l'emmenaient quand il reprit conscience.
Il respirait avec difficultés et bougeait mollement les pupilles, incapable de parler ou de seulement cligner des paupières. Il entendait aussi les voix lointaines de ceux qui l'emmenait vers une chambre. Il comprit seulement "crise cardiaque" et "rapidement".
Des couloirs et les ascenseurs défilaient, il ne voyait qu'un kaléidoscope flou d'aveuglantes lumières blanches. Il avait mal à la poitrine et aux yeux. Mais malgré tout il se battait pour rester conscient. Si seulement il pouvait... Parler...
Par un effort de volonté surhumain il laissa tomber sa tête vers le côté. Un homme en armure rouge dont le casque ne laissait voir que la bouche et le bas des joues lui avait posé une main sur l'épaule lui parlait.

-Ça va aller. Ces messieurs t'emmènent... En réanimation.

La vision du blessé était flou pourtant, il aurait juré que le soldat lui souriait d'un sourire carnassier. Ce fut du moins la dernière chose qu'il pensa avant de sombrer à nouveau dans l'inconscience.

Quelques minutes plus tard dans les couloirs de l'hôpital...

-Comment va il docteur?
-Son état est stable... Il est tiré d'affaire. Je le garde en observation ici, mais il devrait reprendre conscience d'ici quelques heures... Il a eu de la chance de faire sa crise cardiaque ici, si j'ose ainsi dire.

Le soldat en armure acquiesça de la tête en faisant un demi sourire pour toute réponse.

-Bon maintenant si vous voulez bien m'excuser... Mes patients m'attendent.
-Bien sûr docteur. Je dois aller rendre compte d'ailleurs... Vous voulez que je passe compléter le registre des admissions?

Le docteur s’arrêta dans son mouvement.

-C'est très aimable à vous... Au bout du couloir à gauche.

Le médecin s'esquiva. Quand au soldat il le suivit du regard. Resté seul dans le couloir, il s'approcha de la poubelle la plus proche et après vérifié qu'il était bien seul, se débarrassa rapidement d'une seringue. Varig sourit et remit sa main sur la poignée pistolet de son fusil d'assaut avant de se diriger dans la direction qu'on venait de lui indiquer.

Le tueur n'aimait pas les hôpitaux. Les murs reflétaient trop la lumière blanche agressive pour ses yeux photosensibles et l'odeur de désinfectant brouillait son odorat. Mais c'était un endroit parfait pour tuer. On y entrait comme dans un moulin, ou presque, et les morts passaient rapidement pour naturelles.

Dans le couloir, en face de l'ascenseur se trouvait un guichet sur lequel s'étalait en grandes lettres noires "21ème étage, service de réanimation". Une secrétaire y tapait rapidement sur un ordinateur manifestement hors d'age. Le tueur tapota sur le comptoir pour attirer son attention.

-Mademoiselle? Je suis venu avec un camarade qui vient d'être admis ici. Serait il possible d'enregistrer son nom avant de redescendre?

La secrétaire pianota encore quelques secondes avant d'émettre un grognement qui aurait pu, avec un peu d'imagination, passer pour un acquiescement sans lever les yeux. Le tueur retint un soupire.

-Klundertrm von Elshenbartridnen. Admis à 1H36 pour une crise cardiaque, placé en chambre 29...

La secrétaire sembla planter un instant, les doigts soudains figés au dessus du clavier, avant de le regarder avec un air perdu.

-Euh... Vous avez dit comment?

Le tueur contourna le guichet tapa rapidement le nom imprononçable qu'il venait d'inventer.

-Voila, c'est écrit. Bon courage.

Il s'éloigna, un petit sourire aux lèvres vers les escaliers et changea de direction dès qu'il fut hors de vue. Il avait profité de l'instant devant l'écran pour regarder les données des autres chambres de l'étage, affichées à l'écran juste à côté du formulaire. Blessé par balle admis 25 minutes après le massacre d'Etel dans la ruelle... C'était le seul qui correspondait. Chambre 36. Bientôt le problème serait définitivement réglé. Le tueur se sentait bien. Dans son élément. En chasse...
Puis au détour d'un couloir, il croisa deux autres soldats en armure rouge sombre, qui patrouillaient. C'est à ce moment là qu'une petite voix familière à la frontière de son esprit se mit à murmurer distinctement le mot "danger".
Ce n'était pas des soldats ordinaires. C'était des forces spéciales de la section XI, facilement reconnaissables à leurs armures et leurs armes. Anormal. Et en infiltration anormal est souvent le synonyme de dangereux.
Il les salua d'un signe de tête mais il continuèrent leur chemin sans même faire attention à lui et disparurent à l'angle du couloir.
Quand il y repensait tout cela avait été un peu facile... Quand une chose n'était pas tel qu'elle devrait être, le tueur percevait comme... Une fausse note. Une impression de malaise, la certitude évidente que quelque chose n'allait pas. Hors les fausses notes s'accumulaient dangereusement.
L'annonce publique avec la position du seul témoin, dans un endroit bien gardé. La présence des forces spéciales... Ça sentait le piège. Il arrivait que les forces spéciales protègent des témoins... Mais la chambre 36 était juste là. Alors pourquoi n'y avait il pas de gardes?
Le tueur s’arrêta devant la porte, hésitant. Piège ou pas, il devait en avoir le coeur net... Pour en finir et garantir ses arrières et ceux de son nouvel allié.
Il l'ouvrit et entra. La chambre était plongée dans la pénombre. Sur le lit, presque entièrement sous les draps un homme était étendu, perfusé. Le tueur referma la porte et voulut s'en approcher quand le déclic caractéristique du cran de sûreté d'un pistolet que l'on hôte le stoppa net. Dans son esprit, le murmure devint hurlement.

-Alors soldat, on est perdu?

-Alors soldat, on est perdu?

Un homme en costume rouge brique, caractéristique des employés de la Blitzness corporation, apparut progressivement à côté de Varig. On aurait dit qu'un pinceau invisible le dessinait peu à peu sur l'air... Sans doute un art occulte d'invisibilité. Peut être un membre de la section des services secrets.
Mais moins que sa tenue, sa section ou son art occulte, c'était le sig sauer qu'il braquait sur sa tempe qui intéressait Varig.

-Enlevez doucement votre main de la crosse et posez lentement votre arme en la tenant par le canon. Ensuite, envoyez la sous le lit avec un petit coups de pied.

L'homme parlait doucement mais le ton était sans appel. Varig obtempéra.

-Qui êtes vous? Je me suis trompé de chambre je crois mais on est dans le même camp on? On...
-Ravalez vos mensonges. C'est bien essayé mais j'avais prévenu...

Le tueur se redressa lentement et tourna la tête vers son interlocuteur, gravant son visage dans son esprit. Le canon de l'arme n'était qu'à une vingtaine de centimètres de sa visière. Il leva lentement les mains, paumes ouvertes

-... Tout le monde ici. Vous n'êtes pas un vrai soldat, ce n'est qu'un déguisement n'est ce pas? Et bien vous êtes tombé dans mon piège. Je vous croyait plus malin...

Son piège? Il était donc le responsable de cet "appât"... Intéressant. Varig rangea soigneusement l'information dans un coin de son cerveau. L'agent sortit une paire de menottes et se rapprocha un peu pour les lui passer sans le lâcher du regard.

-Vous êtes donc en état d'arre...

Le tueur fléchit brusquement les jambes et attrapa le poignet armé de son adversaire de sa main droite en l'écartant brutalement, sa vitesse et sa force de mutagène prenant l'agent au dépourvut. Quand le coups de feu partit, le canon de l'arme était déjà braqué vers le lit. L'agent essaya de frapper Varig de sa main gauche, mais le tueur imprima une violente torsion au poignet droit le faisant lâcher son arme et envoya un violent coups de coude sous le menton de sa cible, qui décolla sous le choc et s'écrasa sur la table de chevet dans un vacarme assourdissant. Il était encore conscient et releva à demi la tête juste à temps pour voir la crosse de son pistolet s'abattre sur sa tempe, l’assommant proprement. Le combat s'était finit en quelques instants.
Varig se retourna vers le lit et braqua le pistolet qu'il venait de s'approprier. Lors de la mêlée, l'agent avait tiré deux fois mais il n'avait pas touché la bonne cible, à son corps défendant. Une tache de sang s'étendait déjà sur le drap, partant de deux trous sanglants dans le torse du blessé. L'homme portait un tatouage au visage, le symbole du gang Necraan. C'était bien lui. Le pistolet automatique tressauta deux fois de plus. Une balle dans le coeur, une dans la tête. Au cas où. Maintenant, il était temps de partir. Il hésita une demi-seconde à fouiller l'agent inconscient, mais les détonations allaient attirer toute la sécurité de l'immeuble.
Le tueur activa sa radio en mode réception et enfonça quasiment la porte avant de se mettre à à courir vers l'ascenseur, pistolet toujours au poing. Les deux forces spéciales débouchèrent à l'angle du couloir, devant lui. Il ne ralentit pas, mais un d'eux l’attrapa par l'épaule. Dans la radio, une voix vaguement paniquée demandait un rapport sur l'origine des coups de feu.

-Halte soldat! Qu'est ce qui se passe!?

La main droite de Varig lâcha le pistolet et vint frapper sa gorge du tranchant de la main. Le second force spéciale était derrière lui. Et commençait à lever son arme. Il n'était pas particulièrement lent mais pour le tueur et ses mutagène, il appartenait encore à un monde désespérément ralentit.
La main droite du tueur rattrapa le pistolet encore en l'air et sa main gauche effleura le fusil du force spéciale avant de se pivoter vers son adversaire. Celui ci appuya vainement sur la détente avant de recevoir un coups de crosse sous le menton suivi d'un violent coups de pied au plexus qui l'envoya frapper violemment contre le mur. Le tueur avait mit la sécurité de son fusil d'assaut, le rendant inopérant. Le premier corps avait à peine touché le sol que le tueur regardait déjà autour de lui, pistolet au poing, presque étonné d'avoir neutralisé tous ses adversaires aussi vite. La mêlée n'avait pas durée trois secondes et les deux soldats en armure gisaient pitoyablement au sol, mis hors de combat sans même tirer un coups de feu.

"C'est ça les terribles forces spéciales de Blitzness? Décevant."

Il se remit à courir vers l'ascenseur. Dans la radio, la voix continuait de réclamer un rapport.
La secrétaire s'était déjà enfuie, et la réception était vide. Le tueur enclencha la cabine vers le rez de chaussé avant de se précipiter dans les escaliers. Il était tombé dans un piège... Qui plus est, un piège grossier tendu par des agents de Blitzness. Peut être ne méritaient ils pas tous leur réputation de brutes arrogantes et sans cervelles après tout, pensa le tueur avec un petit sourire.
Il activa sa radio en mode émission.

-L'assassin se dirige vers le rez de chaussée via l'ascenseur stoppez le!

Ignorant les questions et demandes de précisions, il coupa la communication, recevant toujours. Son annonce avait en fait semé un peu plus de chaos mais d'après les ordres contradictoire qui fusaient, le commandant local semblait déjà complétement dépassé. Il n'avait donc pas vraiment besoin d'en rajouter. Il se dirigea directement vers le toit, ayant mémorisé le plan de l’hôpital avant même d'y entrer.
Il parvint sans encombre à son objectif, bousculant néanmoins quelques civils en train de fuir dans les escaliers. Sur le toit, personne n'avait bougé. Comme il l'espérait, personne n'avait pensé à remettre des sentinelles (ou peut être avaient elles étés appelées en renfort et pris un des ascenseur?) et les civils n'avaient pas entendu les coups de feu. Coups de chance l'hélicoptère était là, il n'aurait pas à attendre son retour.
Sans se soucier d'eux, pistolet toujours au poing, il récupéra un sac de toile noire fine posé sur le local donnant accès au bâtiment depuis le toit avant de se diriger d'un pas décidé vers l'hélicoptère. Un infirmier tenta de lui barrer la route.

-Qu'est ce que vous...?

Le tueur leva le pistolet et lui fit signe de dégager. L'homme blêmit et s'écarta en levant les mains. Les autres civils commençaient aussi à s’apercevoir que quelque chose n'allaient pas et se rapprochaient de la porte en chuchotant. Il n'y avait pas à dire, porter un uniforme ennemi avait vraiment du bon. Tout le monde mettait un temps fou à réagir.
Varig atteint la cabine de l'hélicoptère et interpella un des pilotes.

-Descendez. S'il vous plais.
-Hum?

Il braqua son arme sur la tête du copilote.

-J'ai dit "descendez, s'il vous plais."

L'homme tomba pratiquement de son siège tant il était pressé d'obéir avant de s'éloigner en courant. Varig sourit.

"On obtient toujours plus en étant armé et poli qu'en étant juste poli."

Il monta dans la cabine et braqua son arme sur la tempe du pilote, qui n'avait pas eu la présence d'esprit d'imiter son collègue. Il déglutit.

-Décollez.

L'homme ne réagit pas, apparemment au bord de l'attaque cardiaque. Dans la radio intégrée au casque, les ordres devenaient plus cohérent. Il était temps de partir. Le tueur claqua la porte de la cabine, faisant sursauter le pilote.

-Décollez, maintenant!

Subitement convaincu que ce qu'il devait espérer n'être qu'un cauchemar était bien la réalité, le pilote se jeta presque sur les commandes. Les rotor de l'engin se mirent à tourner et il s'élevèrent rapidement. Dans le casque une autre voix se fit soudain entendre, que Varig reconnut aussitôt.

-Ici... L'agent... De Crémont... Mon matricule est le 025164... L'assassin... Il a un casque... Changez de canal! Et que quelqu'un aille... Le toit... Passez sur le canal secondaire bandes d'imbéciles!

Le tueur retint un petit rire.

"Agent De Crémont, matricule 025164... C'est noté. Un peu trop tard malheureusement."

Il aurait volontiers formulé ça à haute voix sur le canal de communication, mais ça aurait été un caprice tout à fait non professionnel. Il se tourna vers le pilote.

-Prenez de l'altitude et volez plein sud.

Il vérifia rapidement le contenu du sac noir. Toutes ses affaires y étaient. Il laissa le pilote voler encore quelques minutes, observant la ville illuminé qui défilait sous l'appareil. Puis quand des lumières lointaines apparurent derrière eux, il arracha le fil du micro de la radio faisant sursauter son otage.

-Merci pour la ballade, je descend là.

L'homme ouvrit la bouche, sans doute pour faire remarquer qu'ils étaient à presque de 1500 mètres d'altitude. Mais il se ravisa et ne dit rien. Le tueur rengaina le pistolet, ouvrit le porte de la cabine et fit un salut à deux doigt, dans une parodie de garde à vous, avant de sauter dans la nuit.


Deux heures plus tard, toit de l’hôpital.

La petite visite du tueur avait semé un énorme chaos, notamment sur le toit. Les agents des renseignements et quelques soldats quadrillaient méticuleusement le secteur ou interrogeaient les civils qui leur décrivaient la scène. Au milieu de l'activité, un agent de très mauvaise humeur, un gros bandage sur le front déambulait lentement, un téléphone à la main.

-Absolument monsieur... Comment il a...? Et bien en fait il est arrivé par les toits... Là il a neutralisé deux de nos hommes... Oui monsieur mais...

Il contourna un homme en tenue blanche en train de relever une empreinte de pied.

-... Enfin on pense qu'il a pris l'armure de l'un d'entre eux et s'est fait passer pour lui. On le cherche toujours, on ne sait pas où il a mit son corps... Il a injecté un poison au second pour faire croire à une crise cardiaque... Un dérivé de curare sans doute... Ça lui a servit de porte d'entrée... Après une fois dedans il a trouvé la bonne chambre... J'ai faillit l’arrêter monsieur, je vous assure mais il m'a assommé par surprise... Comment? Non sans trop de gravité je vous remercie... Ensuite? Et bien il a achevé sa cible... Je sais que c'était dangereux mais une chambre vide n'aurait pas suffit pour un tueur de ce niveau... Et puis il était dans le coma, il ne nous aurait rien apprit, s'il s'était réveillé... Oui un légume monsieur. En état de mort cérébrale. Sinon je n'aurait pas... Oui monsieur...

L'agent shoota avec mauvaise humeur dans la cannette qu'un technicien avait laissé trainer. Celle ci fit un vol plané avant atterrir sur la tête de son propriétaire, qui regarda autour de lui, perplexe sur l’origine de ce projectile. Quand à l'agent il continua de marcher.

-... Ensuite il s'est dirigé vers le toit... Il a croisé deux des forces spéciales que vous m'aviez affecté... Non ils... Monsieur... Monsieur avec tout mon respect, ils n'étaient pas à la hauteur. Pour cette opération, les types dont personne ne veut n'avaient... Non monsieur je... Bien monsieur. Excusez moi monsieur... Notre homme les a neutralisés avant de monter sur le toit. Il a utilisé sa radio pour désorganiser et repérer nos hommes un peu plus... Oui exactement. Sur le toit? Il a pris l'hélicoptère et le pilote de l’hôpital en otage et il a... Sauté en vol on ne sait pas où exactement. Oui, un art occulte... Des mutagènes je pense. Il est anormalement rapide et... Oui monsieur... Disparu, absolument monsieur... Mais je vais le... Non non mais... Le bureau de Léafirma? Mais il ne se passe rien à... Monsieur s'il vous... Monsieur? Monsieur?

L'agent raccrocha avec un geste rageur et s'approcha du vide, pour s'isoler de la masse de personnel. Il respira profondément pour se calmer et baissa les yeux. Et s'étrangla à moitié.

-Nom de...!

Proprement ligoté à la hampe du drapeau fiché dans la paroi, un soldat en sous vêtement regardait le vide avec un air paniqué.

RP clot