La dame de teremundis et le samurai ( Pv Ana-chan )

Aujourd'hui, Anahé déambulait dans ce village de pêcheur à la tête d'environ cinq goules. Heureusement pour elle, son serviteur était resté à l'écart. Elle aurait la paix pour la journée. Il avait enfin compris qu'il était de trop certaines fois. N'ayant plus aucun plaisir dans la vie, la jeune espionne en avait pris un peu à semer la discorde. C'était amusant de voir tous ces gens courir. Ils étaient si idiots des fois! Elle ne souriait jamais sincèrement quand ceux-ci se faisaient dévorer par les goules ou par d'autres Teremundos, cependant, cela ne la repoussait plus. Elle était indifférente. Qu'ils meurent maintenant, qu'ils meurent demain, ils allaient mourir de toute façon si elle ne réussissait pas à s'infiltrer dans la ville Teremundos bientôt ou encore si elle ne se classe pas dans les huit. Elle devait avancer maintenant que son bouc émissaire avait pris un millième d'once de sérieux et de compréhension. Allait-elle manger des victimes aujourd'hui? Non, elle avait plutôt envie de manger de bons légumes. Des brocolis, des carottes, des tomates... et même de bons fruits. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas pu manger autre chose que de la viande humaine ou animale. Et encore, la viande animale se faisait rare. Plus le temps avançait et moins elle avait besoin de jouer un rôle, car elle avait l'impression d'être un monstre. C'était dur toute cette comédie, mais elle y excellait, alors, pourquoi ne pas en rajouter un peu plus, si elle le pouvait...?

Les goules avaient pris de l'avance et elle entendit quelques cris. De peur d'être observée, la jeune femme afficha un sourire sanguinaire. C'est alors qu'elle vit une lance s'abattre sur une goule... puis une personne tuer les deux autres au loin. Ce serait du suicide de s'en prendre à cet... homme armé, maintenant, dans ce village où plein de personnes pourraient lui venir en aide. Et puis, pourquoi tuer quelqu'un qui aidait sa cause secrète? Non, il ne fallait pas être agressive, il fallait jouer la comédie. Elle prit une démarche normale et une moue effrayée. Il s'approcha avant de s'adresser à elle. La martiale eut un petit rire sincère lorsqu'il lui demanda si elle était téméraire... ou forte. Anahé lui sourit gentiment avant de joindre ses mains ensembles dans un signe de «stress» qui n'en était pas réellement un. Elle ferait mieux de jouer la naive avec ce jeune homme qui maniait aussi bien ses lances. Il la fixait de son regard sage et calme qui inspirait une certaine confiance chez l'espionne. Elle posa ses yeux d'enfant plein de vie dans les siens avant qu'il ne se retourne pour voir que tout reprenait normalement. Elle avait été chanceuse, elle s'était tenue assez loin des goules pour que personne ne remarque qu'elle était avec eux. Il se retourna vers elle pour reprendre la parole. Sa question était bonne... elle avait l'allure de déesse avec sa légère robe aux manches bouffantes et au corset moulant et elle se trouvait dans un village de pêcheur. Que pourrait-elle utiliser comme excuse? Elle ne pouvait pas jouer les filles de riches... *Euh... oui, mais je peux jouer une fille de riches aventureuse, cela expliquerait même mon arc et mes flèches!*, pensa la martiale. Alors, en jeune fille courageuse, bien éduquée, mais un peu naïve, elle lui répondit :

- Bonjour Monsieur, je vous remercie de vous renseigner sur mon état. Je vais bien… j’ai eu peur à cause de ses… goules. Moi, téméraire? Oh, vous êtes flatteur monsieur… j’aime juste l’art de la pêche… un peu spécial! Vous avez raison… je ne suis pas d’ici. Je suis en vacances pour pêcher avec mes flèches, c’est mon caprice d’une fille de riches! J’ai toujours aimé l’aventure!

Elle pouffa adorablement avant de reprendre :

- Je ne pensais jamais rencontrer des goules ici... mon père non plus, sinon il ne m'aurait jamais permis de venir toute seule... même si je suis adulte. Du moins, enchantée Monseigneur Susanoo, je me nomme Anita Devenie.

Au grand jamais notre martiale aurait pu se permettre de lui donner l'un de ses vrais noms, surtout pas sur une place publique. La jeune femme eut un frisson pour démontrer sa peur bien actée. Elle plongea son regard émeraude dans celui d'or du guerrier avec des yeux qui demandaient de l'aide et lui dit :

-J'allais attraper des poissons sur le bord de la rive avec mon arc... pourriez-vous m'accompagnez? Peut-être que ces goules ne sont pas venues seules... vous savez?

Elle se tourna vers la mer en regardant arrière avec un sourire pour avoir sa réponse.

Après son rire cristallin, la belle remarqua le mince sourire qui s’afficha sur le visage fermé du jeune home qui se tenait devant elle. Puis, elle reprit la parole. C’est alors qu’elle eut un frisson et qu’elle pausa son regard dans celui de l’homme pour lui demander de l’accompagner. Le combattant sourit encore une fois très discrètement et hocha la tête. Contente qu’il puisse l’accompagner, la martiale fit elle aussi un léger sourire, peut-être pourrait-elle apprendre quelque chose d’utile de la part de ce Akechi Susanoo.

Elle avançait tranquillement lorsqu’il reprit la parole. Une autre question!? Ce qu’ils pouvaient être curieux les gens… la jeune femme remerciait sa formation intensive d’espionne qui lui avait donné une culture hors pair et des moyens ingénieux de mentir sans se faire repérer, même par un vrai détecteur de mensonges. Pour paraître décontractée, la jeune espionne rit légèrement à la question du jeune homme. La réponse lui paraissait pourtant simple! Surtout pour une civile. Elle se rendit compte que son rire se mêlait à celui de l’homme aux lances. Donc, ses paroles n’étaient que de la curiosité pur, il n’était pas là pour lui nuire, c’était déjà une bonne chose. Alors, en prenant un air rieur, elle répondit :

-Monsieur, dois-je vous rappeler que les poissons ne lancent aucun Quasar? Peut-être est-ce le fait que vous devez en combattre souvent qui fait en sorte que vous trouvez qu’ils sont aussi dangereux que des truites… Je dois avouer que j’étais pétrifiée… c’était la première fois que j’en voyais.


Anahé lui sourit et prit son arc. Ils arrivaient maintenant près du quai où de belles et énormes roches se dressaient. Les vagues venaient se fracasser sur certaines d’entre elles, mais d’autres restaient sèches. L’homme qui se tenait toujours près d’elle lui demanda d’où elle venait. La jeune femme se demandait bien quel endroit pouvait-elle prendre… pourquoi ne pas dire la vérité? De plus, elle était assurée qu’il y avait des familles Nobles vu qu’elle appartenait à l’une d’elles. Sa ville était l’une des plus riches, ou devrait-on dire son manoir était aux abords d’une des villes aux moyens le plus aisés. Alors, sur le même ton joyeux, l’espionne répondit au combattant qui marchait à ses côtés maintenant sur le quai :

-Je viens des récifs du sommeil… mes parents ont un chalet et un manoir là-bas, sans compter les cinq hectares de forêt et les trois km de plage qui nous appartiennent.


Voilà comment les mensonges d’Anahé arrivaient à paraître totalement vrais : elle y mettait des vérités et gardait la même gestuelle pour les dire, alors plus aucun signe de mensonges ne pouvait être repéré.

L’archère prit une flèche de son carquois et regarda le récif. Les hommes sur les bateaux la pointaient du doigt et riaient d’elle… l’idiote qui essayait d’attraper des poissons avec un arc, mais la martiale ne se laissa pas déconcentrer. Lorsqu’une vague arriva, elle décocha sa flèche et augmenta la vitesse de celle-ci à l’aide de la télékinésie. Une fois la vague passée, nous pouvions voir le bout de la flèche plantée dans la roche, mais ce n’était pas tout; comme elle l’avait calculé, un poisson, qui gigotait encore un peu, était pris à cause du projectile de la jeune femme. Celle-ci, réellement heureuse d’avoir réussi, car elle n’était vraiment pas sûre d’y arriver, se retourna vers l’homme combattant pour lui adresser un léger sourire et lui dire :

-Vous me suivez pour aller le récupérer ou vous m’attendez sur le quai?


Les marins riaient beaucoup moins maintenant, ébahis par la vitesse de la flèche, mais surtout par le fait que la jeune femme avait réussi à «pêcher» un poisson avec un arc et une flèche. Tout cela… Anahé le remarqua, mais n’y porta pas trop d’attention. Elle avait bien d’autres choses à faire. Elle devait se rapprocher un peu de l’homme pour avoir quelques informations… c’était sûr! Alors, en réfléchissant un peu, elle pensa à quelque chose qui pourrait lui permettre d’en apprendre plus. Sans plus tarder, elle lui parla une autre fois :

-Mais, j’y pense Susanoo…-sama, cela vous dirait de manger ma récolte ce soir avec moi? Cela ne me gêne pas du tout… j’en aurai trop pour moi de toutes façons! Du bon poisson cuit sur broche de bois avec les légumes que le port vend… ça vous irait?


La martiale lui sourit réellement honnêtement. Elle venait de parler de légumes… c’était tellement bon les légumes et elle ne pouvait tellement pas en manger souvent! C’était l’excuse parfaite : manger comme les humains, car elle essayait d’en amadouer un. Elle se souvint alors qu’elle avait un poisson à aller chercher.

-Et puis, vous venez ou vous attendez?

Le jeune homme arqua un sourcil, pour sa part la belle tira sa flèche et s'adressa à lui. Il n'avait pas l'air de la croire... pourtant c'étaient les seules parties qui étaient vraies! La jeune femme était déconcertée intérieurement. Qu'est-ce qui pouvait le faire tant douter? Les récifs du sommeil étaient les lieux qu'elle avaient habité toute son enfance! Quel détail n'était pas à sa place? Qu'oubliait-elle de si important? Ses parents l'avaient toujours laissé aller librement sur leur terre et même sur la plage où elle se baignait des étés entiers! La belle eut un flash-back, comment avait-elle fait pour oublier un détail aussi important? Sa famille était immunisée contre le maléfice du Récif, mais pas les autres. Cependant, elle ne savait toujours pas pourquoi il avait cette expression lorsqu'elle lui avait dit que les poissons ne lançaient pas de Quasars! C'était une pure vérité!

Toujours aussi déconcertée, l'espionne lui demanda quand même s'il voulait venir avec elle. C'est après son hochement de tête que celle-ci sauta du quai pour atterrir sur un rocher. Pour se reprendre, la combattante lui demanda s'il voulait manger avec elle, l'archère eut une réponse froide et directe de sa part. La jeune fille eut un sourire. Ce n'était pas faux ce qu'il venait de dire, cependant, sa famille était Noble et non guerrière. La forêt servait exactement à ça, empêcher le maléfice de faire effet. Celle-ci était loin d'être naturelle, elle était entretenue de génération en génération par la famille Alendiel. C'est d'ailleurs pourquoi son père était un fort magicien, tout comme son Maître. Pendant toutes ses années, ce n'était pas pour rien que la famille s'approvisionnait en gibier dans cette forêt.

Arrivée à sa flèche, la jeune femme se pencha pour la prendre, mais l’homme s’en chargea avant elle et lui donna son poisson. Le combattant plongea son regard frigorifiant dans celui qui se voulait rassurant de l’espionne. La combattante se sentait intimidée et ne savait pas trop quoi faire pour garder sa couverture. Son regard la transperçait de part en part. Ce regard la suivit tout le long du chemin retour, puis il s’adressa à elle. C’est en remontant sur le quai qu’il posa la main sur son katana. La belle eut alors un frisson et ses yeux se remplirent d’eau. Ses paroles furent sombres et autoritaires. Elle devait se sortir de ce mauvais pas sinon, il la démasquerait. Toujours dans son rôle, Anahé qui tremblait toujours après son frisson recula doucement de deux pas en laissant tomber sa flèche et le poisson qui se trouvait dans la même main. Démontrant des signes de peur et de nervosité, elle s’adressa à lui :

-Je… Pourriez-vous lâcher… votre arme? Ma mère est loin d’être une guerrière, elle est d’une famille très Noble si vous voulez savoir et les ancêtres de mon père ont trouvé un moyen d’y vivre sans être affecté par les effets de l’enchantement… je ne peux pas vous en dire plus.

La jolie jeune femme fixait le katana du combattant avec une telle frayeur qu’elle en oubliait son arc. La terreur pouvait se lire dans ses yeux, comme si son cerveau se posait des questions du genre : «Vais-je survivre?, Pourquoi réagit-il ainsi?, Aurais-je dû lui faire confiance?». Prenant une inspiration la belle continua de répondre aux questions de l’homme, c’était un vrai interrogatoire! :

- Cela faisait partie de mon éducation... mes parents m'ont appris à chasser pour que je sache me débrouiller lors de mes expéditions. Ils ont aussi tint à ce que j'en apprenne le plus possible sur les menaces qui planent sur ce monde pour que je puisse mieux me débrouiller en situation de crise, Monsieur. Cependant, je dois avouer que dans les livres, personne ne mentionnait : «Risque de se faire tuer par un katana qui appartient à un homme qui ne semblait pas dangereux...».

La combattante prit une autre pose, au fur et à mesure, elle tentait de se détendre, ses mots étaient moins tremblants, elle prenait un peu de confiance pour continuer son rôle de jeune fille téméraire. Elle reprit la parole plus confiante :

- Oui, l'art occulte...

Pour lui montrer, la jeune femme se mit à l'éviter à une dizaine de centimètres du sol, pour rajouter seulement dans l'esprit du jeune homme :

«Je suis télépathe et j'utilise aussi la télékinésie.»

L'espionne lui fit un mince sourire avant de reposer gracieusement ses pieds au sol. Elle resta à une bonne distance de l'homme et dit :

- J'espère que cela répond à vos question Susanoo-Sama... l'interrogatoire est-il fini?

Les derniers mots de la belle avaient été dits avec une certaine frustration. Ils avaient été si indiscrets, lui et son épée. La martiale le regardait maintenant avec un regard aussi dur que le sien. C'était avec son évolution de confiance qu'elle avait pu se rendre à ce point, comme si elle s'était dit : «Et pourquoi agit-il ainsi, ce n'est pas de ma faute, je n'ai rien à me reprocher!». La jeune femme reprit sa flèche et son poisson en attendant la réponse du combattant.

Les paroles de l’homme résonnaient profondément dans la tête de la jeune femme. C’était son but à elle aussi, cependant, elle devait se souvenir qu’elle était infiltrée et qu’elle ne devrait faire aucune erreur. Irrespect… il en avait du respect pour sa vie privée lui? Malgré tout, la martiale ne pouvait pas lui en vouloir. À un certain moment, tenir couverture par-dessus couverture venait très complexe et en restant mystérieuse sur certains détails, cela attirait les questions des habitués… plus Anahé lui parlait et plus elle se posait aussi des questions à son sujet. Il devait être très puissant pour vouloir débarrasser la ville entièrement des Teremundos. La jeune femme ne répondit pas à sa question ou plutôt elle n’eut pas le temps, car le combattant se mit à marcher en direction des criques. Son pas était toujours calme, alors, avec la même grâce, l’espionne le suivit, sans dire un mot.

La suite des mots de son compagnon lui firent serrer les poings. Elle se mordit la lèvre inférieure en retenant la colère qui montait peu à peu en elle. La barbouze devait se souvenir qu’elle était une gentille petite fi-fille à papa. Ce qui, réellement, était totalement faux. Comme si elle allait réellement s’attaquer à quelqu’un qui défendait les mêmes idéaux qu’elle! Si cela continuait ainsi, elle serait sûrement obligée de déverser sa rage sur quelque chose et ce serait sur les goules.

Elle stoppa net sa marche en affichant un regard dur lorsque l’homme se retourna vers elle. Un léger rire de sa part se fit entendre, tandis que les joues de la jeune femme devenaient d’un rouge colérique. Il s’adressa à elle, l’invitant à se défouler. Allait-elle accepter? Allait-elle refuser?

Pour sa part, le samouraï avait toujours sa main sur son manche et il se mit de profil entre elle et les goules.

C’en était assez. De les voir, de ne pouvoir rien faire. Si seulement elle pouvait tous les exterminés aux Catacombes. Il n’en aurait plus et elle remplirait enfin sa tâche. Cette mission retardait tout dans sa section. En sept mois, la martiale n’avait que très peu avancée dans sa mission. Elle n’avait même pas encore rencontré de Teremundos puissants. Ses membres tremblaient de colère et d’impuissance. Mais pouvait-elle réellement rien faire à ce qui se passait dans ce village? Non, elle pouvait faire quelque chose, dans la vie elle avait toujours eu le choix et ça ne changerait sûrement pas aujourd’hui!

Décrispant ses poings, lâchant le poisson inutile et plaçant sa flèche sur son arc, Anahé contourna Susanoo-Sama en courant et décocha sa flèche sur une goule au loin. La pauvre bête n’eut pas le temps de réagir et la reçut en plein cœur… ou du moins, ce qu’il en restait. La mort d’une de leur congénère fit réagir les autres qui au lieu de ne pas faire grand-chose, se mirent à avancer vers la demoiselle. Celle-ci regarda son carquois… il ne lui restait certainement pas assez de flèches pour tuer toutes ces goules. Elles étaient très nombreuses et elles avaient l’air affamées… La jeune femme ne dénombrait qu’une vingtaine de flèches dans son récipient. Elle devrait s’arranger pour les récupérer avant la fin du combat et peut-être même user de ses shurikens empoisonnés. Mais pour l’instant, il y avait encore une trentaine de goules qui avançaient vers elle, alors ce n’était pas le temps de prendre une pause-café. Elle décocha une autre flèche à toute vitesse vers une goule. La combattante se rapprocha un peu de ses ennemies et aperçut une dizaine de Teremundos bestiales… et trois Teremundos humanoïdes. Où était son épée dans ce genre de situation? Mais bien sûr! Avec son serviteur! Maintenant, elle avait une grande faiblesse en combat rapproché. La femme recula de quelques pas pour se remettre à tirer à l’arc. Et de trois, puis de quatre… le problème était cependant toujours là, les flèches disparaissaient de son carquois lorsqu’elle atteignait une cible.

Des Quasars étaient lancés dans sa direction. La martiale les évitait du mieux qu’elle le pouvait en faisant des acrobaties de toutes sortes et elle y réussissait bien cependant, lorsqu’elle était occupée à éviter les Quasars, elle ne lançait plus d’attaques. Alors, elle se décida à utiliser plus en profondeur les arts-occultes :

-Lames de l’esprit, s’exclama-t-elle, sa main en direction des goules.

Les tranchantes et longues aiguilles tuèrent à elles seules près de cinq créatures, autant des goules que des Teremundos bestiales. Pendant ce temps, elle atteint un Teremundos avec une flèche à l’épaule. Celui-ci, sans aucune trace de douleur, retira la flèche de son épaule et se mit à courir dans sa direction. Elle avait attiré sa colère, elle en était sûre. Cela ne prit que quelques instants avant qu’il ne soit plus qu’à cinq mètres d’elle. Sentant que son adversaire ne se laisserait pas battre aussi facilement que les goules, la belle détacha un morceau de tissus à sa taille pour laisser paraître sa ceinture de shurikens. Elle en prit un derrière son dos, puis le lança en direction de la bête. Celui-ci l’évita sans aucun problème, il était plus rapide qu’elle ne l’aurait pensé…

-Les civils ne devraient pas s’attaquer à nous, ils auraient peut-être la chance de vivre un peu plus longtemps, dit le Teremundo en riant de la demoiselle.
-Je ne suis pas une civile, grinça Anahé entre ses dents.

La martiale décocha une autre flèche en sa direction, évita un Quasar, puis se dépêcha de prendre un autre shuriken pour le lancer vers son adversaire qui évita la flèche, mais reçut le projectile en pleine poitrine. Il ria encore une fois en enlevant l’arme de son torse, puis l’homme se mit à trembler et tomba au sol, mort. Le poison se répandait énormément vite si la personne n’avait aucun antipoison ou aucun dopant dans le sang. Le remède le plus efficace était celui que contenait le sang de la jeune femme qui était l’une des rares à avoir reçu un tel antipoison.

La combattante se rendit invisible aux yeux de tous et lévita tranquillement sans faire de bruit pour aller récupérer les flèches qu’elle pouvait et surtout les deux shurikens qu’elle avait lancé en direction du monstre. Arriver à sa hauteur, elle remarqua d’autres formes humains ou quasi-humaine un peu plus loin : elle allait encore recevoir de la visite, ou devrais-je dire, ils allaient encore recevoir de la visite, car la martiale désirait plus que tout que son compagnon lui vienne en aide. Elle prit ses deux shurikens et ferma les yeux de la bête avant de se diriger, toujours invisible, vers les deux autres Teremundos. Leur vu était cachée par l’amas de goules devant-elles, mais elles étaient toujours en position de combat.

Pour leur part, les goules, comme à leur habitude, idiotes, ne s’étaient pas vraiment rendu compte que la belle avait disparu de leur champs de vision et elles avançaient toujours.

La martiale posa tranquillement les pieds au sol à côté des demoiselles. Elles se regardaient, l’une l’autre, se demandant ce qu’il se passait… le silence était tout à coup pesant. Mais pas pour bien longtemps, car la plus grande reçu un mawashi geri invisible au plexus, plus un yoko geri tout aussi invisible au visage. Sous l’impact, elle percuta son amie et toutes les deux tombèrent au sol. Celle qui n’avait pas été frappée se releva en se retournant sur elle-même. Anahé donna un otoshi au plexus de celle qui était toujours au sol… le coup fut fatal.

-Où êtes-vous?! Montrez-vous!, hurla celle toujours en vie.

La combattante se plaça derrière elle et posa sa main dans son cou en appliquant la technique de Morphée et en disant :

-Ici, bonne nuit!

La jeune femme avait juste fait cela pour que la Teremundo ne ressente pas de douleur, car après avoir appliqué sa technique, elle lui cassa le cou et prit son pouls. Quelques secondes après, son cœur avait arrêté de battre et l’espionne laissa doucement le corps inerte tombé au sol. Les autres humanoïdes s’étaient mis à courir en entendant le cri de celle qui avait reçu trois coups.

Anahé s’éloigna d’eux à reculons pour reprendre son souffle et s’attaquer aux goules. Quand elle se retourna, elle tomba nez à nez avec Susanoo-Sama…

Elle était face à face avec lui et s’apprêtait à faire un pas vers la gauche pour ne pas qu’il ressente son souffle quand il lui parla.

Sans attendre la réponse de l’espionne, il prit l’une de ses armes pour fracasser un Teremundo dans le mur qui se trouvait tout près. Il ne prit pas plus de temps pour se remettre en position de combat. Il était puissant, très puissant et bien plus puissant qu’elle l’était. Mais, peut-être avait-il décidé de l’aider? C’était une bonne chose après tout… juste à voir comment il maniait sa lance, on voyait qu’il avait beaucoup d’expérience.

La jeune femme eut juste assez de temps pour se revirer et voir qu’une goule fonçait vers elle. La créature était bien trop près pour que la martiale puisse utiliser son arc, mais elle avait toujours l’avantage d’être invisible. Elle décrocha l’un de ses shurikens de sa taille et le rentra elle-même profondément dans la bête qui s’écroula après que la combattante ait sortie son arme du corps inerte. La martiale se mit à courir pour rejoindre son coéquipier qui avait eu le temps d’en tuer six fois plus qu’elle. Anahé ne prit pas la peine de redevenir visible puisqu’il pouvait très bien la voir. Alors qu’elle arrivait à moins de quatre mètre de lui elle entendit ses paroles :

Une fois à sa hauteur, elle ne se gêna pas pour tirer sur une autre bête en usant de son arc et lui répondre :

-Ce n’est pas donné à tout le monde d’être aussi puissant que vous, vous savez… L’avant-poste… mouais… Si le monde était parfait, les Teremundos ne seraient pas là. Nous ne serions peut-être même pas là, nous-même. Je suis sûre que même dans la Blitzness Corporation, il y a des maillons rouillés et des gens qui font plus au moins leur travail. Rien n’est parfait Susanoo-Sama.

Elle fit naître quelques millilitres d’eau de sa main droite pour s’abreuver et en offrit à son compagnon avant de continuer sur un sujet différent, mais précédant :

-Vous dites qu’une voyageuse n’a pas ce genre d’enseignements martiaux, mais à mes 17 ans, je n’aurais été qu’une simple voyageuse et j’avais pratiquement les mêmes enseignements. Dans le conte du lièvre et de la tortue, la tortue n’a l’air de rien, mais c’est quand même elle qui finit par gagner Susanoo-Sama. Je ne me compare pas vraiment à la tortue, mais ce que je veux dire c’est que les apparences peuvent être trompeuses dans les deux sens…

Elle lança un shuriken sur une goule qui gênait sa progression et continua :

-Vous avez eu le flair de découvrir que je n’étais pas qu’une simple voyageuse, mais je suis bien fille de riches aventureuse. Vous n’êtes pas encore capable de détecter le vrai du faux quand les deux sont bien mélangés… moi non plus d’ailleurs, je me pratique le plus souvent possible pour être capable de les détecter. Alors, ne faites pas de conclusion trop vite.

L’espionne tenait à rester mystérieuse. Elle ne savait certainement pas tout de lui comme lui ne savait pas tout d’elle, ils étaient ainsi au même niveau en matière d’informations. La jeune femme ramassa le shuriken qu’elle avait plutôt lancé. Peut-être pourrait-il l’aider un jour ou l’autre maintenant qu’il savait qu’elle n’était pas vraiment une petite fille à son papa et qu’il la voyait combattre à ses côtés? Tout ce qu’elle espérait c’est qu’il ne dise rien à personne sur son identité et qu’il lui promette… sinon, elle serait obligée de combattre avec lui… jusqu’à ce qu’un d’eux y laisse sa peau et quelque chose lui disait que ce serait elle.

Les vagues se fracassaient sur le rivage de la plage. L'eau salée faisait sentir ses effluves marines et enchantées qui rappelaient de si bons souvenirs familiaux à l'espionne. Elle offrit gentiment de l'eau à son nouveau partenaire de combat, mais celui-ci refusa poliment. Peut-être avait-il peur que cela soit un piège quelconque? Pourtant, il n'avait rien à craindre de la martiale, par contre ça, il ne pouvait pas en avoir la moindre idée, surtout avec son double jeu. Alors, sans trop se soucier de la raison de son refus, Anahé continua ses paroles parsemées de fables.

La réponse de Susanoo-Sama fut composée de très sages paroles qui firent grandement réfléchir la jeune femme. Elle appréciait beaucoup le fait qu'il soit humble par rapport à sa critique sur ses capacités à décrypter le mensonge. De nos jours, plusieurs l'aurait mal pris même si c,était la pure et simple vérité.

Anahé aurait, elle aussi, bien apprécié savoir détecter le mensonge bien mené qui se présentait parfois, même souvent à elle dans son métier. Cependant, si cela n'était pas possible même pour un combattant de la force de celui qui se trouvait à ses côtés en ce moment, vous aurez deviné que cela ne l'était pas plus même pour une as de l,espionnage et de l'infiltration. Par contre, cela ne voulait pas dire pour autant que la jeune combattante ne savait pas quand on lui mentait. Elle avait souvent su détecter le vrai du faux et cela lui avait été très utile dans des situations qui pouvaient paraître sans issu.

La jeune femme pensait toujours autant aux paroles de l'homme quand il lui dit qu'il serait peut-être temps de partir même si elle était encore invisible aux yeux de pratiquement tout le monde. Malheureusement, il avait raison, la courte partie de plaisir était terminée.

La martiale rangea son arc et ses flèches, regarda à ce que tous ses shurikens soient en places et les recouvrit de la lanière de tissus qui les cachait pour garder l'effet de surprises. Elle releva la tête vers son compagnon pour s'adresser à lui:

-Quand vous saurez comment détecter le vrai du faux Susanoo-Sama, vous saurez me retrouver pour me donner les réponses tant entendues. Sur ce, je vous donne raison, je ferais mieux de partir. Merci pour m'avoir aidé et pour votre oublie, vous ne devez parler de moi, à personne! Peut-être que nos routes se croiseront à nouveau. Si tel doit être le cas, alors, ce sera avec plaisir.

La combattante tourna les talons en lui adressant un signe de tête respectueux. Puis, accentua le rythme de la marée en s'adressant à lui par la pensée:

La jeune femme se mit à longer l'eau, puis disparut au loin.

~FIN~