Un bon renseignement en vaut deux [Solo Plan C]

- Voici donc le village Leviath... Je l'imaginais pire.

Le teremundo, Vale Vânt, soupira à la vue du village. Il espérait cette fois-ci trouver ne serait-ce qu'un ou deux renseignements sur le teremundo Dva, Aokira Mind, son « grand-frère » comme il aimait l'appeler bien qu'en réalité il ne le connaissait pas. Il avait bien tenté de soutirer quelques informations à un membre de la B-Corp. dans le village voisin mais celui-ci l'avait trouvé louche et Vale dut abandonné la partie lorsque ses collègues vinrent à leur rencontre, c'était inutile d'attirer l'attention sur lui. Mais par chance, il a entendu dire que son grand-frère était passé récemment par le village Leviath, un petit patelin de pêcheurs vivant à l'écart des soucis du monde.

Le teremundo prit les photos d'Aokira jeune qu'il avait reçu lorsque qu'il était encore dans sa « prison » et les regarda un moment avec mélancolie, puis il soupira de nouveau en pensant à son grand-frère. Il rangea finalement les photos et entra dans le petit village. Le soleil était à peine levé sur le village et seuls quelques pêcheurs s'attelaient à leur barques en vue de la prochaine pêche qu'ils mèneraient. Quelques enfants étaient aussi de sortie pour aider leurs pères en les imitant maladroitement dans la préparation des filets de pêche. Une question titilla alors le jeune homme : Pourquoi le teremundo Dva serait-il venu ici ? Il n'y avait rien d'assez intéressant pour un teremundo dans ce lieu, les seules choses que possédaient les pêcheurs alentour étaient leurs maisons, leurs familles et au pire, leurs poissons dont ils en vivaient. Peut-être que ce village renferme un secret ? Un trésor ? Le teremundo le découvrirait de toute façon. Mais avant, il devait mener des recherches sur Aokira, son cousin, son « grand-frère ». Vale se dirigea alors vers un homme approchant la trentaine, qui était en train de préparer un harpon près de sa barque, et l'aborda sur un ton amical :

- Bonjour monsieur, pouvez-vous m'accorder un instant ?

Le pêcheur tourna lentement sa tête vers le teremundo, il ne semblait pas être totalement réveillé avec ses yeux mi-clos et regardant de travers Vale. Néanmoins, il lui répondit :

- B'jour, vous voulez savoir quoi ?
- Hé bien, je suis un mercenaire et je suis à la recherche d'un certain homme nommé Aokira Mind.

A peine qu'il eut fini de prononcer le nom de son cousin que le pêcheur écarquilla les yeux légèrement effrayé. Puis il se détourna de Vale d'un air grognon en jurant avant de retourner à la préparation de son harpon de sale humeur :

- J'connais pas et j'veux pas le connaître. Va voir not'e chef, il doit s'voir que'que chose.

Vale n'insista pas, mais il tenait enfin une piste vu la réaction du pêcheur en prononçant le nom de son cousin. Il laissa le pêcheur à son travail en le remerciant furtivement et chercha du coin l'oeil où pourrait habiter ce fameux chef. Ayant regardé le village rapidement, il remarqua une maison qui semblait être la plus grande et la mieux tenue du village placé sur des pilotis où on accédait à la dite maison par un escalier de bois. Le jeune homme esquissa un sourire et s'avança vers la maison, monta les escaliers en bois avant de se retrouver devant deux grandes portes en bois massif servant d'entrée. Au moment où il voulut toquer à l'une des portes, l'une s'ouvrit dans un léger grincement. Voyant cela comme une invitation, Vale s'engouffra dans la maigre ouverture et se retrouva dans une grande pièce. La pièce en question abritait des dizaines de harpons de toute taille ainsi que des trophées de poissons tout aussi gros les uns que les autres accrochés fièrement sur les quatre murs de la pièce. Le jeune homme toussota avant de regarder autour de lui d'un air interrogateur :

- Il y a quelqu'un ?

Il n'eut aucune réponse dans l'instant qui suivait, Vale s'avança dans ce qui semblait être la salle principale de la maison. Puis, des pas se firent entendre, le jeune homme se tourna vers la source et se retrouva face à deux hommes : un vieillard ainsi qu'un colosse qui avait l'air de faire plus de deux mètres. Vale les jaugea rapidement d'un regard : le vieillard semblait n'avoir aucune capacité, mais en ce qui concerne le géant qui le regardait d'un œil sévère... C'est une autre paire de manche. Le colosse se mit alors à parler :

« Nouvelle porte ouverte. Un vent d'hiver souffle. La curiosité née. »

Vale était étonné par son langage, il croyait avoir affaire à une mastodonte ne sachant pas aligner deux mots correctement et le voilà en train d'entendre un homme qui faisait... Des haïkus ? En le détaillant d'un peu plus près, le teremundo remarqua que cette montagne de muscle à l'air sévère et strict portait... Un t-shirt rose. Les hommes étaient vraiment en train de tomber en pleine décadence... Et pourquoi pas des oreilles de lapins tant qu'on y est ? Vale faillit lâcher un soupir, mais se retint en voulant faire bonne impression devant ses convives. Le géant inspira longuement, comme si il avait une chose importante à dire, puis il expira d'un souffle :

«  Fort comme un taureau. Gracieux papillon. Je suis... Tayukai. »

Quand il eut fini sa phrase, le vieil homme ne put s'empêcher de lâcher un petit rire en le regardant :

«  Mon ami poète, ta façon de t'exprimer me surprend toujours ah ah aha. »

Puis il se tourna vers le jeune homme d'un air désolé en s'avançant lentement vers l'un des fauteuils de bois :

« Bien mon enfant, je suis le guide des pêcheurs... Le dernier chef est mort tout récemment j'en suis navré. Que lui vouliez-vous ? Je pourrais peut-être vous répondre. »

Ainsi, l'ancien chef était mort ? Alors qu'il avait enfin trouvé une piste ? Stupide. Vale s'approcha du vieil homme d'un air compatissant tandis que le colosse, du nom de Tayukai, se mit derrière ce dernier en regardant le jeune homme.

«  Curieux visiteur. Visiteur curieux. Aura ses réponses. »

Le jeune teremundo s'inclina légèrement devant ses convives de sorte de montrer ses intentions pacifiques. Il devait se méfier de ce Tayukai, qui sait qu'il pourrait se douter de quelque chose ? Avec ce molosse, il ne pourrait pas torturer le vieillard jusqu'à qu'il crache une réponse... A moins qu'il se montre coopératif, ce qui avait l'air le cas. Vale s'adressa alors au vieillard assis dans un fauteuil qui l'observait silencieusement :

- Mes respects, monsieur le guide, monsieur Tayukai. Mon nom est... Pavel, je suis un mercenaire.

Il fit une pause avant de reprendre la parole, posant sa main sur le pommeau de sa rapière sous le regard attentif de ses auditeurs :

- Je suis navré pour la perte de votre chef et je suis attristé de devoir rouvrir cette plaie du passé... Mais j'ai besoin de renseignements qu'il possédait avant qu'il ne rejoigne l'autre monde.

Le silence était palpable dans la pièce, Vale marqua de nouveau une pause de sorte qu'il réussisse à persuader le vieux guide à donner les informations qu'il souhaite sans qu'il ne fasse douter le géant :

- Je suis à la recherche d'un homme. Un homme dangereux. Du nom d'Aokira Mind, savez-vous quelque chose sur lui ?

Vale attendit sa réponse tandis que le vieil homme réfléchissait avec une certaine lenteur dut à son grand âge, Tayukai réfléchissait lui aussi à son tour en s'interrogeant lui-même.

A peine avait-il finit sa phrase que le géant réagissait au nom d'Aokira. Savait-il quelque chose à propos de son cousin ? Le colosse fit quelques pas vers lui dans une étrange démarche, cela ne prévoyait rien de bon. Vale commença à préparer secrètement une attaque dans sa main dans le cas où Tayukai lui chercherait des crosses.

Soudain, tout se passa très vite, la mastodonte commença à pleurer devant lui avec un large sourire aux lèvres avant... D'enlever ou plutôt arracher sa tenue pour se retrouver en slip de bain moulant, Rose de surcroit, avant de poser ses puissantes mains sur les épaules du teremundo toujours en pleurant de joie. Vale était tétanisé par l'attitude du géant, si bien qu'il oublia sa défense. De tous les hommes qu'il avait rencontré... Tayukai gagnait pour le moment le lauréat de la décadence humaine dans la catégorie « mœurs et attitudes ». Puis le jeune homme reprit ses esprits lorsque le géant commença à lui parler dans un étrange accent en pleurant toujours :

«  Un mercenaire cherchant le mal pour le purger ! Quelle émotion ! Quelle histoire ! Moi Tayukai ! Suis ému ! Bouhouhouhouhouhouh ! Cela me donne envie de réciter un poème ! »

Tayukai recula alors de manière tout aussi étrange que son comportement en... Faisant de ballerine de façon ridicule, il avait été frustré pendant son enfance ou quoi ? Vale comprenait de moins en moins la situation qui se présentait à lui, mais au moins il n'était pas le seul à trouver la « parade » de Taykai... Bizarre, le vieux chef était aussi figé que Vale face à cet étrange spectacle. Tayukai ne fit pas attention à la réaction de ses compagnons et continua son show en prenant diverses positions qui dégoutaient le teremundo avant de chanter avec émotion avec une lenteur incroyable qui ne fit qu'allonger le supplice des deux autres hommes :

«  Un homme tel le Yukai, qui voulait vaincre la faille ! Chassait le méchant Ao, sans jamais tourner le dos ! AH ! Douce ironie du sort, son chemin le conduisit à la mort. Dans un village tout de gris, il semblait aguérie. AH EMOTION ! AH EXALTATION ! AH ! PA~PI~LLOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!! »

Un silence s'installa à la fin de sa chanson, puis le chef se racla la gorge alors que Tayukai semblait être dans son monde en faisant... Euh... Un câlin à lui-même. Le laissant dans son délire, le vieux guide, assis dans son fauteuil, s'adressa à Vale dans un profond soupir :

«  On ne trouve trouve pas le Dva mon enfant, c'est lui qui vous trouve... Les seuls capable de le trouver, sont sans doute les sien... Pour ce qui est des information le peuple du sud du continent ou la blitzness seraient plus à même de te répondre. Qu'en penses-tu Tayukai ?

La mastodonte baragouina quelques paroles qui semblaient être rattaché à son délire, il n'y avait plus rien à en tirer de lui. Le jeune homme était déçu, sa recherche n'avait donc rien donné ? Le vieil homme ne semblait pas mentir, et Tayukai était irrécupérable. Bien que contrarié, Vale conserva son calme et s'adressa au vieillard d'un air respectueux :

- Ce n'est pas grave, c'est juste que j'ai cherché au mauvais endroit... Au mauvais moment.

Il regarda du coin de l'oeil le colosse qui continua à marmonner d'étranges choses dans un coin de la pièce, mais le jeune homme ne fit pas attention et regarda de nouveau le vieil homme :

- Mais je vous remercie pour votre conseil monsieur le guide, je tacherai de le suivre.

Puis Vale salua le vieil homme et se dirigea vers la sortie d'un pas pressé, il ne voulait rester une seconde de plus dans la même pièce que ce géant immature. Soudain, la porte s'ouvrit à la volée, laissant place à deux enfants qui ne devaient pas faire plus de huit ans qui courraient en direction du vieux guide. Le premier de ces enfants était une petite fille qui pleurait tandis que le second était un jeune garçon qui cachait derrière son dos un mini harpon en bois dont la pointe était en fer. La petite fille montra son doigt qui semblait saigner au vieil homme.

« Grand-Papi ! Ralf m'a blessé avec son harpon ! »
« J'ai pas fait exprès... »

Alors que le « Grand-Papi » regardait la blessure de la fillette en tentant de la rassurer, Vale ne put s'empêcher de fixer le doigt ensanglanté. Cela fait plusieurs dizaines d'heure qu'il n'avait pas manger et la vue de ce fluide lui attisa... L'appétit. Il passa sa langue sur ses canines avec un léger plaisir. Sans se rendre compte, le teremundo perdit la fausse teinte de ses yeux, ces derniers redevinrent de couleur rouge sang qui continuaient à fixer le doigt de la fillette. Le vieil homme leva sa tête dans sa direction et fit une expression d'horreur. Vale ne comprenant pas réaction tourna la tête vers le miroir brisé d'un mur de la pièce et vit que sa couverture était tombée à l'eau. Sans attendre et en dépit de son grand âge, le vieux chef cria aux enfants interloqués :

« Monstre ! Fuyez les enfants ! »

Mais le jeune homme n'attendit pas la fuite des enfants, il leva rapidement son bras et l'abattit dans le vide d'un coup sec :

« Lame-Vent »

Une lame sortit alors du bras du teremundo et fonça droit sur ses trois prochaines victimes, Vale se réjouissait pour son prochain déjeuner; N'avait'il pas le droit d'avoir une petite compensation pour cette perte de temps ?