Un bon jour pour pratiquer un peu [PV Aten]

L

es employés se devaient –tacitement- de s’entraîner régulièrement au combat. Y compris le personnel non combattant. Par conséquent, un scientifique bien connu se dirigeait vers le bunker de la compagnie, profitant d’un convoi de personnel et de matériel. Il n’aimait pas plus se battre que ça mais ça lui ferait un peu de sport. Fallait se tenir à niveau dans tout ça.
Il se tenait vers le fond du véhicule et bouquinait tranquillement. Il était vêtu de son pantalon noir et d’un haut rouge, prévu pour être un peu plus à l’aise qu’en blouse, toujours équipé de son holster, de ses échantillons et de son arme habituelle. Il avait pris soin de baisser les effets de ses poisons, après tout ce n’était qu’un entraînement.

La forme massive du bunker approchait, belle structure. Il jouait avec sa pipe dans les mains. Il aurait bien fumé un peu avant d’arriver, mais il n’avait que peu de matière sur lui. Il regardait la mine renfrognée du personnel. De grands échalas, probablement des gardes. Dangereux hommes, sans aucun doute. Quelques collègues scientifiques, eux, restaient la mine basse.  Il ne savait pas pourquoi. Apparemment un projet compliqué faisait se casser les dents à bon nombres d’ingénieurs et de chercheurs. Courant dans ce genre d’hyperstructures.

Le convoi arriva à destination. Avant d’entrer, il s’arrêta dans le carré fumeurs (il ne prenait pas de tabac mais ne voulait pas déranger avec la fumée épaisse du composé qu’il prisait. Un grand homme qu’il ne connaissait pas cherchait dans ses poches de quoi allumer sa cigarette. Ryley craqua une allumette et alluma sa pipe, proposant la flamme à l’autre homme. Les briquets, n’étaient pas civilisés. Pas agréable en tous cas. Il pensait tranquillement en fumant sa pipe. Il regarda aux alentours, détaillant la masse pesante du bunker. Il n’aimait pas trop ce genre de choses, qu’il devinait être un essaim souterrain. Le soleil lui manquait désagréablement quand il se trouvait là-dedans.  

Il vida les cendres et se dirigea vers le bunker. Il activa la porte au moyen de sa carte, passa les fouilles de sécurité  et pris le chemin vers la zone d’entraînement. Il prit les escaliers, n’aimant pas trop les ascenseurs. Il descendait vers les bruits d’affrontements. Coups, coups de feu, terrain d’entraînement par excellence. Il entra dans la zone de tir. Utilisa une arme assimilée à une arme à feu de poing, il devait vider quelques chargeurs par mois. Il fit enregistrer son arme personnelle et l’abandonna temporairement au dépôt, prenant une arme plus traditionnelle et cinq chargeurs.
Il les vida en prenant son temps. Il manqua six fois sa cible. Pas trop mal. Il passa trois balles dans la tête du mannequin en carton, dans le même trou. Jolie chance. Bonne journée. Il vérifia la chambre, nettoya l’arme et déposa dans le râtelier cette arme qu’il n’appréciait pas tellement.

Il récupéra son holster et son arme favorite. Il passa la porte et pénétra dans la grande salle, l’entraînement au combat en situation. Combat en équipe, en duels, en mêlée. Beaucoup de possibilités pour l’entraînement. Il n’aimait pas se battre en équipe. Et puis il voulait s’échauffer un peu au moins. Hélas, beaucoup de groupes étaient déjà formés, les soldats se connaissant déjà depuis longtemps. Les nouveaux devaient batailler dur pour pouvoir s’intégrer. Il aperçut le grand type à qui il avait donné du feu  adossé contre un mur de la salle. Il buvait une tasse de café. Un grand demi-cercle de vide s’était formé autour de lui. Etrange. Tant mieux. Il se dirigea vers le fumeur à pas tranquille et le salua d’un signe de la main.

« Bonjour à nouveau - dit-il gentiment- cela vous dit de vous entraîner avec moi ? Je ne connais personne qui accepterait ici. » Il aperçut l’insigne de l’homme. L’insigne des bras droit. Un grand, très grand et très large sourire se dessina sur le visage du scientifique. Génial ! pensa-t-il. Il allait bien s’amuser.

L

e scientifique écouta attentivement son supérieur qui le conseillait sur la manière d’utiliser ses techniques au combat. Il n’avait pas particulièrement l’habitude de mener de vrais duels, encore qu’il avait déjà eu l’occasion d’assommer un ancien employeur un peu trop mécontent –ou du moins expressif- sur le coin d’un bureau.

« Je me nomme Ryley Kjell, je suis petit nouveau ici. J’appartiens à la division scientifique si l’information vous intéresse. Quant à dire que j’ai une spécialité au combat, c’est beaucoup dire. Disons simplement que je me débrouille bien avec les armes à feu et les poisons, pour la faire courte » dit il le sourire aux lèvres en s’inclinant un brin.
Il lui laissait la première attaque. Dommage. Il n’était pas très bon pour ouvrir l’offensive. Enfin, il ferait avec. Un spécialiste des attaques en puissance hein. Il allait devoir sérieusement compenser, et pas en force. Il s’injecta deux doses de battement de cœur, pour augmenter sa vitesse. Le muscle cardiaque s’activa en puissance. Il aimait cette sensation grisante.
« Prêt ? Je commence »
Il invoqua sa maîtrise du feu, préparant une sphère enflammée de la taille d’un ballon de handball. Une taille raisonnable vue l’instabilité dont elle faisait preuve. Il s’arrangeait toujours pour que sa magie du feu soit la plus bruyante possible, aussi les craquements de ses flammes faisaient penser à une bonne flambée chez les grands parents, les soirs de veillées. Enfin, dans certains civilisations, plus ou moins disparues vu que les cheminées avaient été remplacées par des chauffages relativement plus économiques et les veillées par des nuits blanches de travail ou de procrastination.

Bref. Il tira sa boulle qui fusa à bonne vitesse sur son adversaire. Il voulait s’arranger pour que son adversaire le sous-estime, et ce dernier avait l’air assez à cheval sur le « ne pas bourriner comme un âne avec des attaques plus efficaces en son et lumière qu’en effets concrets sur la partie adverse. La boule de feu n’avait en vérité qu’un seul objectif : cacher la fléchette de douleur liquide qu’il avait tiré quelques micros secondes plus tard, qui s’abriterait derrière la masse de la boule. Elle n’était pas très puissante aussi il avait bon espoir que le bras droit pare son coup d’un revers de main désinvolte et se fasse piquer dans le même temps. S’il utilisait sa chaîne, l’aiguille devrait être assez petite pour passer entre les maillons. Devrait. Pas sûr du tout. S’il esquivait sa solution serait tout autre, mais il espérait pouvoir se garder cette solution pour plus tard. Une fois ce mouvement fait, il alluma sa pipe et la coinça bien fort entre ses dents. Let’s play !