Rencontre sous les étoiles de deux Teremundo [PV Ellianne]

La journée touchait à sa fin. Impossible de le dire simplement en regardant le ciel, cependant, car à Ethera City, le ciel avait tout le temps l'apparence d'une nuit étoilée. Mais une invention prodigieuse réalisée de nombreuses années plus tôt permettait de connaître l'heure lorsqu'on la regardait. Aussi Stanley savait-il qu'il avait presque fini de travailler. En tant que patron de son entreprise, il pouvait déléguer les tâches les plus ingrates, toutefois, malheureusement, certaines choses ne pouvaient être confiées à d'autres et il s'acquittait de ses devoirs avec plus ou moins de bonne volonté. La majeure partie du temps, il devait signer des papiers, vérifier l'avancement dans les plannings pour s'assurer que les objectifs de la société allaient être atteints en temps et en heures, virer ceux qui se plaignaient trop ou n'étaient pas assez efficaces, mais il arrivait également qu'il doive participer à différents types de réunions qui le laissaient toutes mort d'ennui. Aussi le Teremundo déguisé était bien content quand arrivait enfin la fin de la journée, et le repos tant attendu et mérité qui l'accompagnait. Car cela constituait aussi le moment où il pouvait commencer ses traques. En effet, Stanley traquait aussi bien les jolies jeunes femmes que les autres humains sans autre intérêt que de pouvoir servir d'amuse-gueule.

Stanley se frotta les paupières, puis se leva, prit sa veste et son chapeau, salua ses employés avec une politesse calculée (lorsqu'ils se sentaient respectés, ils faisaient de bien meilleurs serviteurs), et il sortit dans la rue, son terrain de chasse préféré. Il commença dès lors à balayer les passants du regard. Il était toujours émerveillé par la diversité des mets qui lui étaient proposés. Pouvoir ainsi bénéficier de saveurs aussi différentes à chaque repas était un luxe qu'il appréciait à sa juste valeur. Quel arôme allait-il savourer ce jour-là ? Stanley jaugeait les personnes qu'il croisait, estimant quel goût devait avoir son essence. Puis, alors qu'il était en pleine estimation au sujet d'une personne qui lui semblait appétissante, une voix féminine le tira de ses pensées.

"Monsieur ?"

Le Gentleman au Papillon Violacé tourna la tête dans plusieurs directions avant d'apercevoir la personne à l'origine de cet appel. Il s'agissait d'une demoiselle à l'apparence frêle, néanmoins jolie, qui semblait plutôt timide, bien qu'elle ait eu l'audace d'interpeller un inconnu. La tenue de la jeune femme était simple, puisqu'elle portait un chemisier et un pantalon en jean. Stanley lui sourit pendant qu'il activait son charme magique, intimidant d'un coup la demoiselle.

"Que puis-je pour vous, Mademoiselle ?"

La jeune femme avait l'air d'avoir perdu ce qu'elle avait l'intention de lui dire, l'hésitation se lisait dans ses yeux marron. Puis elle prit une grande respiration et se jeta à l'eau, essayant de ne pas bégayer, ce qui lui ferait perdre toute crédibilité auprès de cet homme qui, maintenant qu'elle y faisait attention, était vraiment très élégant.

"Cela fait plusieurs jours que je vous ai croisé dans la rue, et mes amies là-bas..."

La jeune femme s'interrompit pour lui indiquer discrètement où se trouvaient les amies en question, un groupe de demoiselles qui regardaient la scène en essayant de paraître discrètes, puis elle reprit.

"... m'ont mise au défi de venir vous inviter à boire un verre. J'ai eu beau leur dire que je ne connaissais même pas votre nom, elle ne m'ont pas laissé le choix. Je suis désolée."

Stanley hocha la tête, ayant écouté en silence les paroles de la demoiselle. Puis il lui prit la main et déposa un baiser sur la peau douce. Il se redressa ensuite, sortant d'une poche intérieure de sa veste une carte de visite qu'il lui tendit.

"Je me nomme Stanley J. Hope, mais je vous en prie, appelez-moi Stanley. Je suis conscient de la situation épineuse dans laquelle vous vous trouvez, bien contre votre gré, malheureusement, il se trouve que je ne suis pas disponible ce soir. Mais prenez cette carte, et nous trouverons une date qui nous conviendra à tous deux. En attendant, donnons à ces dames ce qu'elles veulent voir."

Le Teremundo se déplaça de façon à se trouver de profil par rapport aux amies de la jeune femme. Il venait de mentir à celle-ci, mais il allait lui donner un acompte de ce qui l'attendrait lorsqu'elle appellerait le numéro. Aussi, avant qu'elle ne puisse lui demander ce qu'il voulait dire par là, il se saisit du menton de la demoiselle et embrassa celle-ci, lui volant une partie de son essence par la même occasion. Lorsque ses lèvres se décollèrent de celles de son interlocutrice, celle-ci battit des paupières, essayant de dissiper le vertige qui l'avait saisi, et dont elle parvenait pas à déterminer s'il était dû à la surprise ou au baiser lui-même. Stanley lui adressa un clin d'oeil et lui fit un signe d'au revoir en inclinant de quelques degrés son chapeau avant de le remettre en place puis il s'éclipsa, la laissant comme figée. Les amies de la demoiselle la rejoignirent presque instantanément, lui demandant tous les détails croustillants et la raison pour laquelle ce bel inconnu l'avait embrassée. Le Teremundo sourit, amusé par la naïveté de ces jeunes femmes. En agissant de la sorte, il s'était juste constitué une réserve. S'il côtoyait cette jeune femme, il allait faire la connaissance des autres, immanquablement. Il pourrait donc aller s'en nourrir, ou les transformer en Teremundo. Celle qui l'avait interpellée viendrait alors se réfugier dans ses bras, et il pourrait alors profiter de sa terreur, avant de se nourrir d'elle, la consumant dans un ultime baiser. Il n'y avait rien de tel que la nourriture demandant à être mangée, surtout lorsqu'elle n'en avait pas conscience.

Une fois suffisamment éloigné de l'endroit où il avait fait cette rencontre imprévue, Stanley se remit à guetter ses proies. Aucun humain digne d'intérêt ne tomba sous son regard, puis il remarqua une demoiselle vêtue assez différemment des autres humains. Assez grande pour une jeune femme, de longs cheveux blonds tombaient avec une fluidité semblable au cours d'une rivière sur son dos. Elle portait une longue robe ample, dont l'aspect et le tissu utilisé témoignaient assurément d'un train de vie convenable. Une certaine aisance se dégageait du déplacement de cette demoiselle. Stanley décida de l'accoster. Peut-être se contenterait-il pour cette fois de séduire des jeunes femmes, si elles se révélaient en mesure de devenir des repas par la suite. Suivre la demoiselle était une piètre stratégie, aussi se devait-il de trouver une façon plus élégante de l'accoster. Il fit un détour dans les ruelles, espérant qu'elle ne changerait pas d'itinéraire en cours de route. Une fois de retour dans la rue où il l'avait vue, il attendit de l'apercevoir de loin puis marcha dans le sens contraire, notant au passage que la jeune femme possédait des yeux vairons, dont les couleurs remarquables étaient loin de le repousser. Il attendit d'être presque à son niveau, réactiva son charme magique puis fit tomber son chapeau comme si de rien n'était. L'accessoire roula jusqu'aux pieds de la demoiselle, suivi par son propriétaire qui le ramassa et l'épousseta, prenant un air gêné.

"Je vous prie de m'excuser, Mademoiselle, j'espère ne pas vous avoir fait peur en me précipitant vers vous ainsi. Ce chapeau est fait dans un tissu assez cher, aussi serais-je navré de devoir le remplacer. Pour me faire pardonner de ce geste dénué d'élégance, me permettrez-vous de vous inviter à un restaurant de ma connaissance ? Ce sera le moins que je puisse faire vis-à-vis d'une demoiselle aussi charmante que vous."

Sur ces mots, Stanley fit apparaître le Papillon du Désespoir qui se posa gracieusement sur les cheveux blonds de la demoiselle. Le Teremundo simula un rire en voyant l'insecte sur la chevelure.

"Regardez, je crois que mon ami vous apprécie déjà !"

Stanley leva alors la main et le Papillon quitta son perchoir pour le gant immaculé du Gentleman.

[HRP] Pour un premier post RP sur ce fofo, je m'estime plutôt satisfait de moi-même ^^ [/HRP]

Sous le ciel étoilé maintenu ainsi par une magie familière à tous les habitants d'Ethera City, bien qu'aucun ne sache réellement quelle était cette magie ni qui en était l'utilisateur, Stanley écoutait, un sourire aux lèvres, la demoiselle qu'il avait accostée se présenter. Celle-ci le fit d'ailleurs très vite, bien que ses paroles furent nombreuses. Elle avait ri et applaudi lorsqu'il avait joué avec le Papillon, ce qui était bon signe. De plus, elle semblait très vive et s'agitait en parlant, ce qui amusa le Gentleman. Il était rare que les demoiselles avec qui il avait prévu de passer du temps soient aussi exubérantes. En l'occurrence, celle-ci, appelée Ellianne, l'assura qu'il ne l'avait pas effrayée, mais qu'elle acceptait volontiers son invitation puisqu'elle le trouvait amusant. De plus, elle lui laissait la possibilité de lui choisir le surnom de son choix, à condition de l'en informer au préalable, ce qu'il aurait fait de toutes les façons, courtoisie oblige. Lorsqu'elle eut fini de se présenter, elle lui demanda de se présenter à son tour, avant d'enchaîner sur le lieu où se trouvait le restaurant, ainsi que ce qu'ils allaient consommer. Puis, ne le lui laissant pas le temps de répondre, elle se jeta à son cou dans une étreinte qui témoignait d'une certaine force. Stanley rendit le câlin, puis la laissa reposer pied à terre. Le sourire qu'elle lui adressa alors était d'une telle joie qu'il en éprouva presque des remords d'avoir envisagé la possibilité de lui voler son essence vitale. Presque. Son chapeau à la main, car on retirait son couvre-chef devant une dame, le Teremundo s'inclina en une révérence exagérée, avant de se redresser et de répondre d'une voix amusée, mais néanmoins douce.

"Je me nomme Stanley, mais appelez-moi comme vous le désirerez, Lady Ellianne. Quant au programme de cette soirée, nous allons nous rendre dans un lieu très agréable, qui ne sélectionne pas ses clients à la légère, mais qui permet une ambiance suffisamment détendue pour ne pas se sentir oppressé. Le gérant fait partie de mes connaissances, et depuis que je lui amené diverses matières premières qu'il pourrait utiliser en gastronomie, il me réserve un menu spécial à moi et mes invités quand j'en amène. Cependant, le goût est assez particulier, aussi ne le propose-t-il pas aux autres clients. Ne tardons pas trop, je n'aimerais pas être contraint de vous indiquer un restaurant moins digne de vous si nous ne trouvons pas de table."

En bon Gentleman, Stanley proposa son bras à Ellianne, dont il ne se doutait pas qu'il s'agissait d'une des plus redoutables Teremundo, la puissante Teremundo câlineuse, Ellianne Carpophorus. Il ne lui avait pas menti, toutefois. Il avait bel et bien amené différents morceaux très goûteux au gérant du restaurant et à son chef, après qu'il fut rentré dans le cercle des habitués. Ces morceaux de viande, étaient en réalité des morceaux de viande humaine, bien qu'il eût bien évidemment caché ce fait au gérant et à son cuisinier. Stanley avait ensuite obtenu des deux hommes qu'ils ne proposent pas les plats à base de cette viande particulière aux autres clients, et il assurait la venue de la marchandise, directement importée de Nabrest, ou plutôt de la cité souterraine dont il provenait depuis sa renaissance en Teremundo humanoïde. En amenant des invitées, une à la fois, évidemment, l'une d'elles avait un jour voulu goûter un morceau, ayant eu un plat différent. Lorsque Stanley lui avait ensuite volé son essence vitale, il s'était rendu compte que le fait de consommer de la viande provenant de leur espèce donnait aux humains un goût plus subtil, plus élaboré. Il avait donc décidé de continuer à amener certaines demoiselles dans ce restaurant, et à laisser les serveurs leur amener le menu spécial. Sur le chemin, il continua à alimenter la conversation, s'adressant sur un ton doux à sa compagne pleine d'énergie.

"La nature des plats restera une surprise, ne vous en déplaise. Si je vous le disais tout de suite, cela gâcherait le plaisir de les déguster."

Marchant d'un pas tranquille, les deux Teremundos finirent par atteindre le restaurant, dont Stanley poussa la porte d'entrée pour laisser passer Ellianne devant lui. Il salua ensuite le gérant et se dirigea vers la table qu'il occupait d'ordinaire, puis il tira la chaise pour sa compagne. Un serveur vint ensuite leur apporter une bouteille de vin rouge, puis la posa sur la table suite au bref hochement de tête du Teremundo. Il ne savait pas si Ellianne voudrait en boire ou non, mais il lui en servit par prévention avant de remplir son propre verre. Mieux valait qu'elle en ait sans en vouloir qu'en vouloir sans qu'elle en ait. En attendant que les plats viennent, Stanley écouta quelques secondes la musique calme diffusée en fond sonore, puis il commença à poser quelques questions à Ellianne.

"Je suis curieux de savoir quelle partie du monde a vu naître une aussi gracieuse jeune fille tel que vous, Lady Ellianne. Veuillez me pardonner, mais puis-je vous demander de me raconter quelques passages de votre vie qui, j'en suis sûr, est passionnante ? J'en ferai de même, bien évidemment. Cela nous permettrait de patienter de façon plaisante en attendait que soit servis nos plats, il arrive que l'on doive attendre un certain temps, aussi fais-je toujours en sorte de ne jamais m'ennuyer pendant ce temps."

Stanley prit alors son verre de vin et en but une petite gorgée, gardant les yeux fixés sur Ellianne, bien que son regard reste léger, de façon à ce qu'elle n'ait pas l'impression qu'il la dévisage. Il aimait entendre les histoires des demoiselles qu'il fréquentait. Elles étaient des fragments de vies qui, une fois reconstitués, donnaient naissance au plus merveilleux conte qui soit.

Tout en buvant son vin, Stanley se remémora les événements s'étant déroulés quelques minutes auparavant. Juste avant de se présenter, la révérence du Teremundo avait plu à Ellianne qui avait ri de bon coeur, puis elle avait semblé se perdre dans ses pensées pendant qu'il la conduisait au restaurant. Mais le mot "surprise" l'avait tiré de ses réflexions et avait provoqué un son qu'il considéra comme une marque suggérant qu'elle appréciait l'idée. Et il l'avait à nouveau perdue en parlant longtemps lorsqu'il lui avait proposé de lui raconter son histoire. Mais elle avait fini par ramener son attention sur le Gentleman et s'était lancée dans un récit dont la longueur n'avait rien à envier aux paroles de Stanley, mais le débit de la demoiselle était bien plus rapide. Si Stanley avait voulu la défier à ce petit jeu, elle l'aurait battu à plate couture, la compétition n'était même pas possible. Tout en l'écoutant avec attention, Stanley avait continué à boire à petites gorgées le contenu de son verre. La demoiselle semblait aimer les néologismes, puisqu'elle inventait énormément de mots, mais dans l'ensemble, le Teremundo parvenait à la comprendre. Elle avait eu une vie très remplie, pour une demoiselle aussi jeune qu'elle. Et le fait qu'elle soit née dans une forêt jurait avec la qualité des tissus dont étaient faits ses habits. Cela dit, il n'était pas impossible qu'elle soit parvenue à acquérir un train de vie confortable, en dépit de l'absence d'une présence maternelle et d'un soutien paternel. Cela ressemblait à ce qu'il avait dû endurer lorsqu'il avait décidé de revenir dans le monde des affaires, bien qu'il fut bien plus puissant que s'il avait eu à le faire lorsqu'il était encore humain, et que ses parents, qui n'étaient plus que des souvenirs depuis longtemps, étaient encore vivants.

Stanley reporta son attention sur Ellianne, et vit qu'elle le fixait, et il sentait bien qu'elle était pressée de connaître l'histoire de cet homme qui l'avait accostée quelques minutes plus tôt. Le Teremundo reposa son verre, et prit son temps avant de commencer à raconter.

"Tout d'abord, je tiens à vous prévenir que mon histoire risque fort d'être bien moins intéressante. Je suis né dans une famille qui descendait d'une ancienne noblesse, et qui jouissait allègrement des privilèges que cela impliquait. Descendait, car je suis le seul membre encore vivant de ma famille. Lorsque j'étais plus jeune, et que je travaillais avec mon père, j'ai été envoyé en voyage d'affaires, un voyage qui m'a pris beaucoup de temps. Quand je suis revenu, tout avait changé, et plus aucune trace de ma famille. Sans doute un incendie a-t-il ravagé la maison alors que mes parents s'y trouvaient, et l'emplacement de la demeure a sans doute alors été racheté. Mais je ne me suis pas laissé aller pour autant, j'ai cherché une entreprise qui aurait besoin de mon expérience, et je suis rapidement monté en grade. Puis le directeur a mystérieusement disparu, et, étant son conseiller, je l'ai remplacé. J'ai procédé à quelques changements assez radicaux, je dois l'admettre, mais il fallait bien ça. Vous avez peut-être entendu parler de la marque Hope. Le symbole de l'entreprise que je dirige désormais est un papillon violet, semblable à celui qui s'est posé sur vos cheveux tout à l'heure."

Les serveurs choisirent cet instant précis pour apporter les plats. Le mets principal était un morceau de viande de belle taille, avec une sauce dont l'onctuosité était visible. Des légumes étaient disposés en couronne autour de la viande, pour la mettre en valeur. L'odeur qui se dégageait de l'assiette était vraiment tentante, et rien que la humer suffisait presque à nourrir Stanley. Celui-ci remercia les serveurs, et prit ses couverts.

"Je crains fort d'avoir déjà fini mon histoire. Fort heureusement, le service est arrivé à temps pour m'éviter d'avoir à inventer une suite qui aurait risqué de vous ennuyer profondément. Mangeons, si vous le voulez bien, ce plat est bien meilleur tant qu'il est chaud, il serait dommage de le laisser perdre de sa saveur. Bon appétit, Lady Ellianne."

Stanley disait encore une fois une demi-vérité. Il n'avait mentionné le fait que sa naissance remontait déjà à plusieurs décennies, et que c'était lui qui était à l'origine de la disparition de son ancien patron. Mais les détails n'intéressent personne, pas vrai ? Le Teremundo planta sa fourchette dans le morceau de viande et découpa un petit bout qu'il dégusta lentement, pour en tirer toute la saveur. Il n'y avait pas à dire, le chef était vraiment doué. La chair des humains était délicieuse lorsqu'il la tirait directement à la source, mais une fois cuisinée elle révélait tout son potentiel. Stanley alla un peu plus vite pour les bouchées suivantes, accompagnant certaines avec les légumes habilement disposés. Puis il s'interrompit pour s'humecter les lèvres avec une gorgée de vin avant de s'enquérir de l'avis d'Ellianne.

"Alors, ma chère, qu'en pensez-vous ? Ce plat répond-il à vos attentes ? Je serais étonné si vous me dites que vous avez déjà goûté à pareil délice."

En parlant ainsi, il se limitait les possibilités qui lui permettrait de s'en sortir. En effet, si elle lui demandait de quoi il s'agissait et qu'il décidait de ne pas lui mentir, il n'aurait d'autre choix que de la dévorer, et si elle reconnaissait la nature de la viande, cela voudrait dire qu'elle était elle aussi Teremundo, ou bien une humaine cannibale. Et si elle faisait partie de sa race, alors elle se douterait probablement de la véritable identité de Stanley. Mais cela ne serait pas vraiment dramatique, sauf bien sûr si elle se mettait à le crier sur tous les toits. Là cela deviendrait plus gênant. En attendant, Stanley reprit quelques bouchées de ce savoureux morceau. L'humain qui avait servi à préparer ce repas devait avoir été en bonne santé de son vivant.

Stanley s'attendait à ce qu'Ellianne soit étonnée par la saveur de ce qui leur était servi, mais pas vraiment à ce que le goût lui soit légèrement familier. Heureusement, elle ne voulait pas qu'il lui dise de quoi il s'agissait, ce qui arrangeait bien le Gentleman, qui se serait retrouvé dans une bien mauvaise posture s'il avait dû lui expliquer qu'elle mangeait actuellement de la viande humaine. Toutefois, il sentait que la soirée risquait de prendre une tournure peu agréable, et il grinça imperceptiblement des dents, tandis que ses lèvres se serraient très légèrement. Il se devait de garder un air détendu et serein. S'il affichait sa contrariété, il allait attirer l'attention de quelques autres clients sur eux. Ellianne complimenta son histoire, bien qu'il ait aperçu la moue qui s'était dessinée sur son visage lorsqu'il lui avait dit que son histoire était terminée. Elle lui avoua également ne pas connaître sa marque, bien qu'elle trouvât très beau le papillon qui lui servait d'emblème. Stanley s'apprêtait à lui dire quels types de produits son entreprise commercialisait, mais la demoiselle interrompit son élan avec un grande exclamation. Elle mentionna la nature de la viande, mais heureusement, sa vitesse étant toujours aussi élevée lorsqu'elle parlait, les clients s'étant tournés vers eux ne l'avaient visiblement fait qu'en raison du bruit occasionné, et non des propos tenus par la blonde jeune fille. Un rapide coup d'oeil sur les côtés et Stanley s'assura qu'ils n'étaient plus au centre de tous les regards. Ellianne avait déjà goûté à la saveur que procurait la chair humaine. Il avait envie de se frapper le front en raison de son imprudence, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même, il aimait tant le risque... Il en était maintenant certain, Ellianne devait être, comme lui, un membre du peuple Teremundo déguisé en humain. Stanley continua de manger, sans répondre tout de suite à son interlocutrice. Puis il leva les yeux, et sa voix suave se durcit légèrement.

"En effet, vous avez raison. Toutefois, je ne répondrai à certaines de vos questions qu'une fois que nous serons dans un endroit plus... discret. Chez moi, par exemple. Pour l'heure, nous sommes pareils aux comédiens d'une pièce de théâtre. Sous les projecteurs, nous sommes vus sous nos plus beaux atours et sommes admirés. Mais à la moindre erreur dans nos paroles ou nos gestes, nous sommes hués et chassés. Je vous demanderai donc de patienter quelque peu, Lady Ellianne, à moins que vous ne désiriez quitter cette table dès maintenant."

Le Teremundo reprit une gorgée de vin et se concentra sur sa respiration pour se calmer. Autant redonner à la conversation son agréable ton, sinon cette soirée allait s'en trouver singulièrement gâchée. Il redessina donc un sourire sur ses lèvres et reprit la parole d'un ton plus léger.

"La marque Hope est une marque de prêt-à-porter impregné de magie occulte. Nous faisons également quelques bijoux, mais moins souvent. Non, l'essentiel de nos ventes réside dans les vêtements que nous vendons. Nous avons une gamme assez variée, allant de la tenue pratique à celle revêtue pour souligner l'élégance naturelle. Comme vous l'avez deviné, nous ne commercialisons pas de bonbons, mais cette idée peut se révéler intéressante, aussi en parlerai-je très prochainement avec mes employés. Offrir des friandises pour l'achat de produits de la marque Hope... Cela pourrait attirer les gourmands coquets."

Tout en continuant de discuter tranquillement, le Teremundo finit par terminer son plat. De temps en temps il venait seul et dégustait tranquillement le mets, mais le repas était nettement plus agréable lorsqu'il était pris en compagnie d'une demoiselle. Il arrivait de temps en temps qu'une dame appartenant à une famille aisée, accompagnée en général de sa fille ayant dans la plupart des cas la vingtaine, vienne à sa rencontre lorsqu'il arrivait ou repartait, et la lui présente. Cela se révélait toujours être un moment agréable, mais cette manie le fatiguait, à la longue. Aussi, il appréciait d'avoir un peu de tranquilité. Bien sûr, cela était valable lorsque ses invitées étaient plus discrètes qu'Ellianne, mais dans ce cas, elles étaient souvent également moins exubérantes et l'amusaient un peu moins. Quoiqu'il avait des souvenirs très agréables de soirées passées au bras de très charmantes jeunes filles dotées d'un esprit fin et d'un humour délicat, amenant des plaisanteries raffinées, au point qu'il regrettait, lorsque cela arrivait, de les vider de leur énergie vitale ou de les transformer en goule pour les torturer puis les dévorer. C'est également pour cette raison qu'il avait choisi de décider du sort qu'il réservait à ses compagnes en fonction de l'intérêt qu'elles fournissaient. Les plus ennuyeuses étaient ainsi transformées, celles qui ne tenaient pas en place étaient vidées de leur énergie, il continuait la soirée en compagnie de la demoiselle si celle-ci se révélait de très agréable compagnie. Quant aux autres, celles qu'il ne se décidait pas à dévorer mais avec lesquelles il ne désirait pas aller plus loin, il les raccompagnait puis la soirée se terminait ainsi. En ce qui concernait Ellianne, s'il devait se décider, il opterait sans doute pour la deuxième option, ou la dernière. Mais elle était sans doute une Teremundo, et il n'avait pas vraiment de moyen de connaître sa puissance. A vrai dire, les deux solutions qui lui semblaient disponibles étaient de la combattre ou de la regarder se battre. L'une et l'autre de ces options ne l'enchantaient guère, puisque si elle était plus puissante que lui, rien ne dit qu'elle le laisserait en vie, et si elle se battait contre quelqu'un d'autre dans cette ville, à moins d'être très discret, elle se ferait repérer, et lui avec s'il la regardait. Après plus mûre réflexion, le plus sage était sans doute d'attendre de voir comment allaient évoluer les choses, et de réagir en fonctuon. Après tout, un Gentleman ne doit jamais être à court d'idées, pas vrai ?

Selon toute vraisemblance, Stanley avait vexé Ellianne en lui parlant aussi sèchement. Quoique, finalement, elle ait l'air plus contrariée par le fait de quitter la table avant d'avoir terminé le repas, ce qui fut vite confirmé par ses propos. Mais elle vit un intérêt dans la description des produits de la marque Hope que lui fit le Gentleman. Elle en profita pour montrer à Stanley qu'elle était une gourmande invétérée, aussi le restaurant allait-il devoir se montrer à la hauteur des attentes de la demoiselle. Lorsque les deux amis eurent fini leur plat principal, un serveur vint s'enquérir de ce qu'ils désiraient en dessert.

"Je prendrai un fondant au chocolat, et n'hésitez pas sur le coulis."

Stanley attendit qu'Ellianne fasse son choix et, une fois que cela fut fait, le serveur débarrassa leurs assiettes. Sitôt l'homme parti, le Teremundo s'adressa à nouveau à son invitée.

"Veuillez me pardonner si mes propos vous ont froissée, Lady Ellianne. Vous avez raison, c'était bien de la viande humaine, mais j'espère que vous me comprenez si je vous dis que je ne souhaite pas que cela s'ébruite. Désirez-vous savoir autre chose ?"

Stanley se rendit compte avec un certain manque de confiance qu'il n'arrivait pas à prévoir ce qui allait se passer ensuite. Il aimait prendre des risques, mais il conservait en général une certaine marge de manœuvre en cas de problème. Or là, trop d'inconnues s'étaient immiscées. Et cela était très désagréable.

Si Stanley n'avait pas mis longtemps avant de choisir son dessert, Ellianne avait en revanche pris son temps pour choisir, et sa décision se porta sur une monumentale coupe de glace. Elle demanda de nombreux parfums, qui lui furent servis juste après qu'elle se fut demandé quand sa commande allait arriver. Les yeux de la demoiselle se remplirent alors de gourmandise, puis elle se jeta sur le dessert. Les quelques minutes qui suivirent ne furent remplies que par les bruits émis par les deux Teremundo. Stanley se demandait comment sa compagne faisait pour engloutir autant de nourriture, et surtout où celle-ci passait, mais puisqu'Ellianne semblait satisfaite, il ne devait pas y avoir de problème de ce côté-là, après tout. Vu la différence de taille entre leurs desserts, il termina le sien avant elle, mais il l'attendit, le temps qu'elle finisse. Puis il lui annonça qu'il était temps de quitter le restaurant. La commande serait mise sur sa note, puis réglée aux frais de son entreprise.

"J'espère que ce repas vous a plu, Lady Ellianne. Il est cependant grand temps de prendre congé. Si vous avez un logement en ville, je me ferai un plaisir de vous raccompagner, ou bien à n'importe quel lieu de votre préférence, pour peu que ce soit à Ethera. Comprenez bien que passer plus de temps en votre compagnie serait un honneur, mais je me dois d'être suffisamment en forme pour travailler, demain."

Le Gentleman se leva, récupéra son chapeau et sa veste, puis offrit son bras à sa compagne pour l'aider à se relever. Il attendit ensuite que celle-ci le guide vers le lieu de sa convenance. Il commençait à se faire tard, par ailleurs, et bien qu'il n'eût aucun doute sur la capacité d'Ellianne à se défendre, il estimait plus sûr de l'accompagner. Connaissant le caractère fantasque de la demoiselle, cette offre pouvait lui plaire comme la vexer, néanmoins, un gentleman se devait de proposer une telle offre face à d'éventuelles menaces, même lorsqu'il constituait lui-même la menace.

Conformément à ce que lui avait demandé Stanley, Ellianne délivra ses impressions sur le repas passé en sa compagnie. Et de toute évidence, celui-ci lui avait plu, et elle était prête à renouveler l'expérience, de manière plus traditionnelle. Cela, elle le lui dit tout en sautillant autour de Stanley, au point de presque lui donner le tournis. Puis elle lui demanda la raison pour laquelle il se nourissait d'humains. Et à la façon dont elle formula sa demande, il était désormais clair qu'elle était également une Teremundo. Et comme elle était elle aussi au stade de l'humanoïde, à moins que sa magie ne repose elle aussi sur la manipulation mentale, il était plus que probable qu'elle était plus puissante que lui. Aucun intérêt de s'en prendre à elle, donc. Avec un sourire mystérieux, Stanley prit son chapeau d'une main, et fit une révérence à Ellianne.

"C'est tout à fait cela. Stanley J. Hope, Teremundo au papillon, pour vous servir. Quant à mon ancien directeur, c'est exact, il m'a servi de repas. Nerveux comme il était, sa chair était filandreuse, mais à l'époque, je ne pouvais pas encore me permettre de faire la fine bouche, n'est-ce pas ?"

Se relevant, le Gentleman remit son chapeau sur sa tête et incita la demoiselle à le précéder dans leur marche. Enfin, dans sa marche à lui, et dans sa balade à elle. Car elle bondissait plus qu'elle ne marchait. Et il était vrai que Stanley aimait à la voir si pleine d'entrain. Cela lui changeait, de voir de la joie. La compagnie de cette demoiselle lui plaisait, si étrange qu'elle puisse être. Occupé à la regarder virevolter, il ne se rendait pas compte qu'ils s'étaient engagés dans une ruelle sombre. Jusqu'à apercevoir que des individus aux intentions plus qu'équivoques les avaient encerclés. Mais s'ils étaient assez bêtes pour s'attaquer à eux, tant pis pour eux, ce n'était pas le Teremundo qui allait le regretter. Bien qu'il ait déjà pris son repas, il gardait toujours un peu de place, au cas où. Ellianne ? Oh, en ce qui la concernait, c'était très simple, elle était actuellement en train de les saluer de la main, comme si elle revoyait de vieux amis. Les bandits se regardèrent, incrédules, puis reportèrent leur attention sur le couple visiblement riche qui s'était offert à eux.

"C'est not'territoire, ici. Pour passer, faut payer. Déjà qu'il faut être stupide pour passer dans not'coin... M'enfin c'est pas grave. Alors voilà comment que ça se passe. Soit vous payez, soit on vous crève. Après, on peut toujours s'arranger avec la jolie blondinette..."

Quel manque de raffinement éhonté... Et l'argent semblait encore et toujours se retrouver à la place de motivation principale aux pires exactions commises par les êtres humains. Organisés comme ils l'étaient, ces bandits auraient très bien pu s'en sortir en créant une entreprise et en travaillant un peu. Et en travaillant leur grammaire, aussi, mais ça c'était une autre histoire. Stanley s'avança d'un pas, en dépit des revolvers, des couteaux qui luisaient à la lueur des néons de la ville, et des probables magiciens qui faisaient partie du groupe. Tête baissée, chapeau rabattu, seul son sourire étincelait dans la nuit.

"Franchement, messieurs, est-ce ainsi que l'on répond à une Lady qui vous fait l'honneur de vous saluer ? Vous me décevez, vous me décevez beaucoup. Je crains que ce ne soit vous qui nous devrez de l'argent pour la leçon que vous méritez."

Théâtral, Stanley se retourna dans un mouvement ample, bras tendu de part et d'autre de son corps, vers la joyeuse demoiselle.

"Vous en conviendrez, nous ne pouvons pas laisser ces malotrus gâcher cette soirée. Pour la peine, ils devraient nous fournir un peu d'animation. J'ai pour cela ma petite idée. Néanmoins, pendant ce temps, vous allez devoir occuper un peu ces individus. Mais, de grâce, Lady Ellianne, ne les abîmez pas trop vite, et prenez le temps de savourer le spectacle."

Ceci étant dit, Stanley se tourna à nouveau vers le groupe de pillards qui se demandaient s'ils étaient tombés sur des fous. Tendant un bras, Stanley fit apparaître le Piano de la Complainte. Il ne pouvait lui faire jouer que très peu d'airs magiques pour l'instant, mais l'instrument illusoire pouvait toujours jouer des mélodies sans effets, juste pour la mise en scène. Surjouant un peu, le Gentleman s'adressa aux agresseurs.

"La musique est prête, votre invitée vous regarde, je n'ai plus qu'une chose à dire : en piste, messieurs !"

Reculant avec une révérence, en parfait maître de cérémonie auquel ne manquait plus que les applaudissements, Stanley déchaîna sa magie élémentaire, maniant le feu et le vent au rythme de la musique jouée par son piano, au rythme d'une valse. Un torrent de flammes circula parmi les bandits, accompagné d'ondes de vent, et pour les éviter, les infortunés bandits furent obligés de se regrouper devant les deux Teremundo. Mais une fois ainsi, Stanley manipula le torrent de flammes pour amener les pillards à eux-mêmes danser une valse. Voir des agresseurs danser en même temps qu'ils essayaient de trouver un moyen d'échapper aux flammes qui ne manquaient pas de sanctionner le moindre faux pas devait être assez drôle, toutefois le Gentleman devait se concentrer sur la musique et le rythme pour ne pas perdre le contrôle de sa technique.

Stanley comptait sur Ellianne pour occuper les malfrats, afin qu'ils ne l'interrompent pas pendant l'exécution de sa technique, qui requérait une grande concentration, mais celle-ci avait visiblement prévu de profiter pleinement du spectacle et se contenta de frapper des mains en rythme. Cela dit, au moins comme ça il ne risquait pas de perdre le rythme. Ellianne appréciait visiblement la danse forcée et lui suggéra de se représenter à la capitale des Teremundo. C'était une idée, c'est vrai, mais il avait des ambitions plus importantes quant à son avenir. Mais cela lui donnait toujours une possibilité de reconversion si ses plans ne s'annonçaient pas aussi réalisables que ce qu'il imaginait. Quoi qu'il en soit, la remarque d'Ellianne fit réagir les bandits, qui reconnurent en elle la Tri des Teremundo, ce qu'elle confirma. Cela faisait longtemps que Stanley ne s'était pas tenu informé sur le classement des Huit Grands, pour ne pas avoir reconnu l'une d'entre eux. A cause de la surprise, il faillit perdre le contrôle du feu et du vent, mais il tint bon. En réponse aux paroles plutôt grossières du malfrat, Ellianne lança un éclair qui le foudroya sur place. Les autres ne demandèrent pas leur reste et s'enfuirent à toutes jambes. Enfin, certains y arrivèrent. Car les flammes brûlèrent plusieurs malfrats grièvement, et ils s'effondrèrent. Stanley lâcha son contrôle sur les éléments, et constata qu'Ellianne les saluait à nouveau. Le Gentleman voulait bien croire qu'elle était assez puissante pour provoquer des dégâts conséquents là où elle passait, mais il était dur de se dire que cette demoiselle joyeuse et insouciante était volontairement responsable desdits dégâts. Par contre, il y avait encore un détail à régler. Car elle ne craignait peut-être pas d'être découverte, mais Stanley ne pouvait pas se permettre d'être dénoncé. Pas pour le moment, en tout cas.

"Voyons, après un spectacle, il est naturel que les comédiens saluent leur public. Mais puisque vous êtes décidés à nous fausser compagnie..."

Stanley tendit le bras, paume vers le haut, et un papillon violet s'éleva au-dessus de sa main en battant des ailes.

"Sir Butterfly, veuillez rattraper ces bandits, et leur infliger la punition qu'ils méritent. En avant, Papillon du Vide !"

En utilisant le pouvoir du Quasar, le pouvoir commun à tous les Teremundo, Stanley transforma le papillon violet en papillon noir. Puis il le fit se multiplier afin de former une nuée composée d'autant de papillons que d'individus en train de s'enfuir. Puis il les envoya les cueillirent. Chaque papillon s'enfonça dans le torse d'un bandit, explosant et creusant un trou béant dans leur poitrine. Ce furent une petite dizaine de cadavres sanguinolents qui tombèrent au sol. En comptant ceux qui avaient finis brûlés et le bandit foudroyé, on arrivait à une quinzaine, une bande organisée classique en embuscade dans une ruelle, en somme. Les hommes n'étaient pas sa nourriture préférée, et ils étaient dans un sale état, mais il n'allait pas refuser un supplément de nourriture, maintenant qu'il était prêt. Il se tourna vers la Tri et lui fit signe de se servir la première.

"Ils étaient en nombre impair, mais peu importe. Disons... Huit pour vous, sept pour moi ? Je vous laisse prendre les moins abîmés."

Stanley laissa Ellianne se servir, puis commença à aspirer l'énergie hors du corps des malfrats. La quasi-totalité des Teremundo mangeaient les cadavres de leurs victimes, ou se contentaient des parties contenant l'énergie du corps. Mais le Gentleman préférait prélever l'énergie directement. C'était largement moins salissant. Une fois le repas, enfin, le deuxième repas, achevé, Stanley se tourna vers la demoiselle qui l'accompagnait depuis le début de la soirée.

"Eh bien, je dois avouer que je n'avais pas fait attention au fait que vous étiez la Tri. J'espère que vous ne m'en tiendrez pas rigueur... et que vous ne tenez pas trop à votre place, car je prendrais volontiers celle-ci. Sans vouloir vous offenser. D'ailleurs, la place Dva ou de Ras ne me dérangerait pas non plus, à bien y réfléchir. Mais je suis encore loin d'en avoir le niveau, je le crains."

Certes, il pouvait être risqué de dire à la Tri qu'il prévoyait de prendre sa place, mais il pensait plus que probable qu'elle ne s'en offusquerait pas. Enfin, tout du moins l'espérait-il.